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[[Fichier:Oficina Chambre.jpg|thumb|Photo n<sup>o</sup>13: Chambre dans laquelle j'ai logé à l'Oficina de Artes.|upright=1.2]]
 
Quand je suis arrivé le lendemain, j'ai dû insister auprès d'Omara pour qu'elle accepte l'argent que je lui avais promis. J'appris par la suite que le jour-même tout avait été dépensé dans l'achat de nourriture pour la petite communauté. Sans trop comprendre, je n'ai jamais eu de grandes conversations Passarinho (de son nom capoeiriste) avec qui je partageais la chambre. Il n'était pas très loquasse et répondait juste à mes questions sans jamais m'en rendre de retour. Malgré cela, la cohabitation fut très agréable et il est toujours resté très sympathique et très attentif envers moi. Dès mon arrivée j'ai insisté pour que nous partions jusqu'à sa maison, mais nous ne sommes partis que l'après-midi. On y est arrivés en vélo, lui sur un vélo acheté en Europe suite à un stage donné dans l'école du frère d'Omara, moi sur son ancien vélo tout juste en état de marche. Sa maison était située dans les campagnes de l'île. L'eau courante venait juste d'être installée dans le cartier deux semaines auparavant. Le bâtiment en construction se situait juste à côté de la maison de la tante de Passarinho à qui nous avons rendu visite. L'avancement des travaux se limitait à la construction des murs car malheureusement la situation financière de Passarinho ne lui permettait pas d'acheter les matériaux nécessaires pour continuer la construction. Le petit bâtiment était composé en tout de quatre pièces en rez-de-chaussée. Passarinho avait grandi jusqu'à {{unité|20 |ans}} dans ce milieu rural. Âgé maintenant d'une bonne trentaine d'année, il avait roulé sa bosse dans les métiers de la construction et puis comme professeur de capoeira, pour se retrouver actuellement sans emploi et quelque part obligé de loger chez Omara en échange de ses services de professeur de capoeira. Il était impossible de trouver du travail sur l'île disait-il, et donner des cours de capoeira en Europe à l'heure actuelle était devenu impossible tant il existait déjà de nombreuses écoles et professeurs. Son seul espoir était de retrouver du travail dans le bâtiment via son frère installé sur le continent à proximité de l'île. Mais encore une fois, c'est le logement qui posait problème, car on lui cherchait toujours une place pour le loger. Finalement, Je me serai rendu qu'une seule fois jusqu'à la maison de Passarinho durant tout mon séjour, il n'y est lui-même retourné qu'une fois sans vouloir que je l'accompagne à cause d'une crevaison à la roue arrière de son ancien vélo.
 
[[Fichier:Oficina artes salle.jpg|thumb|upright=2|Photo n<sup>o</sup>14: Salle des activités de l'Oficina de Artes.|upright=3.5]]
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Suite à la visite de la maison de Passarinho, j'ai retrouvé Omara en train d'écrire sur son ordinateur les textes du prochain spectacle de théâtre dans l'idée de les imprimer et de les distribuer aux comédiens. Comme je lui avais dit que j'étais intéressé pour l'aider dans ses ateliers de théâtre, elle m'a demandé de bien vouloir animer l'atelier pendant qu'elle finissait son travail. Je le fis avec grand plaisir en mettant à profit ma propre expérience théâtrale dont je lui avais fait part les jours auparavant. L’atelier fut donné sur une grande terrasse protégée d'un grand auvent. A la fin de l'atelier, nous sommes redescendus pour rejoindre l’entraînement de capoeira que le fils d'Omara avait déjà commencé. Au moment de la « roda » ( Moment de lutte proprement dite où les capoeiristes forment un cercle musical dans lequel les participants s’affrontent un à un dans un système de tournante improvisée ), Omara fit une intervention très sévère en raison du manque d’énergie manifesté par l'ensemble des participants. Son discourt était moralisateur et il y en eu bien d'autres durant les activités de l'Oficina de Artes et ce tant au niveau de la capoeira qu'au niveau du théâtre.
 
Le soir-même après l’entraînement, Omara sortit un gâteau d’anniversaire qu'elle avait préparé pour les {{unité|31 |ans}} d'une des capoeiristes et participantes de l'atelier de théâtre. La fille reçut aussi en cadeau d'Omara un très joli collier affricain aux couleurs bleues dont je reconnaissait la fabrication touareg. Quand la fille remercia Omara, elle l'appela maman. Il est courant me dit un jour Omara, que des jeunes dont elle s'occupe l'appellent maman, la première fois que cela lui est arrivé me dit-elle, cela lui permit de réaliser que « ha pesoas que presisem de um abrito afectivo » (Il y a des personnes qui ont besoin d'un abri affectif). Le soir de cette journée bien remplie après avoir reçu les clefs de la porte d'entrée du bâtiment, je me suis endormi pour la première fois depuis mon arrivée au Brésil dans un état d'esprit tout-à-fait serein.
 
[[Fichier:Capoeira Itaparica.jpg|thumb|upright=2|Photo n<sup>o</sup>15: Roda de capoeira dans la salle de l'« Oficina de Artes ».|upright=3.5]]
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Le lendemain, Omara est partie à Salvador pour faire des examens médicaux concernant ses pierres aux reins. Durant son absence, Passarinho a cuisiné pour la petite communauté composée du fils de Omara, trois jeunes capoeiristes envoyées de suisse par le frère d'Omara, une jeune brésilienne venant de la campagne et logeant ici pour pouvoir terminer ses études secondaires, Passarinho et moi-même sans oublier Sapeca et Vida, la chatte et la chienne de la maison. J'ai remarqué que durant l'absence d'Omara les tâches et activités étaient beaucoup plus négligées. Ce jour-là par exemple, les restes de repas préparés la veille qui n'ayant pas été mis au frigidaire ont dû être jetés. Quand j'en fis la remarque à Omara à son retour de Salvador, elle dit « quando o gato sai, o rato sobe na mesa » (Quand le chat est parti les souris dansent).
 
Nous avons eu de nombreuses conversations avec Omara. Deux de nos conversations furent enregistrés durant lesquels elle me dévoilait sa vie sans gène et sans tabou. Omara était une personne qui avait assez vécu pour n'avait plus rien à prouver. « Tudo é complicado » (tout est compliqué) me disait-elle d’emblée la première fois que l'on a abordé son histoire de vie. Sans entrer dans des détails trop intimes, je dirai juste qu'a {{unité|52 |ans}}, Omara a toujours eu des difficultés relationnelles dans son enfance dans une famille dont le père était originaire de l'île. Après multiples péripéties, Omara est arrivée sur l'île en 1996 et a ouvert l'Oficina de Artes en 1998. Elle vit actuellement depuis plusieurs années séparée de son ex-mari, père de ses trois enfants, avec qui elle s'était mariée par amour à l'âge de {{unité|20 |ans}}. Ce mariage lui permit aussi d'accéder enfin à une liberté d'adulte qui lui a toujours été confisquée par sa mère. Il y a eu de grosses crises avec son mari, mais leur amitié est restée très forte. Il continue à l'inviter régulièrement à des activités festives auxquelles j'ai pu assister à deux reprises. D'une vie de couple et d'un emploi stable elle s'est retrouvée petit à petit sans rien. En parlant de ses activités au sein de l'Oficina de artes, elle me dit que « O qu'estava para mim um ocupação secundária que se tornou uma maneira de sobreviver » (Ce qui était pour moi une occupation secondaire est devenu une manière de survivre). Avant de se retrouver dans sa situation actuelle, elle est passée par plusieurs emplois de courts termes et de nombreuses périodes de crises dans son couple. Aujourd'hui, l'Oficina de Artes me semblait être pour elle, à la fois une famille, une occupations et un gagne-pain. Le bâtiment appartient à son frère aîné, actuellement grand maître du groupe de capoeira Union et installé depuis de nombreuses années en Suisse, pays à partir duquel il a fondé plusieurs écoles de Capoeira en Europe. J'ai cru comprendre qu'elle ne lui payait pas de loyer mais qu'en échange, elle accueillait kes étudiants de l'école de son frère. Je n'ai pas cherché à rentrer dans les détails indiscrèts au niveau de sa vie, mais je peux dire que le prix des cours de Capoeira et de théâtre sont dérisoires et que le prix de l'hébergement varie entre la gratuité pour certains et cinquante réaux par jours nourriture incluse pour les personnes européennes ayant de bonnes ressources. Lorsque Omara décida de partager le cachet de la représentation théâtrale avec tous ses élèves alors que quelques jours plus tôt l'Oficina de Artes était resté une nuit sans électricité pour une facture d'électricité impayée, j'ai compris que le moteur du projet n'était pas l'argent.
 
[[Fichier:Rues Itaparica.jpg|thumb|upright=2|Photo n<sup>o</sup>16: Rues d'Itaparica.|upright=3.5]]
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== Conclusion ==
 
L'histoire d'Omara et de l'Oficina de Artes, illustre bien je trouve le fait que les êtres humains ont besoin de beaucoup de temps dans leurs [[w:construction identitaire|constructions identitaires]]. L'Oficina de Atres, tant le bâtiment que les activités qui s'y déroulent, n'a pas été construit en un jour et c'est aussi par exemple seulement après {{unité|40 |ans}} de vie, qu'Omara fini par trouver dans l'église messianique mondial l'abri spirituel qui lui convient. Toutes ces constructions prennent du temps et peuvent aussi aussi malheureusement disparaîtront du jour au lendemain lors d'un quelconque évènement imprévisible. Le monde des hommes est ainsi fait, il reste dans une instabilité permanente nécessaire à son changements.
 
Tous ce qui a été aborder dans ce travail permet aussi d'établir une multitude de liens entre la dimension matériel, socio-affective et spirituel du monde construit par les êtres humains. Un bâtiment tel que l'Oficina de Artes est un ensemble de matériaux (ciment, bois...) mais aussi un ensemble de groupes sociaux (théâtre, capoeira) et fut même à une époque, j'ai oublié de le mentionner, un lieu de rassemblement spirituel momentané pour la communauté de l'église messianique mondiale de la ville d'Itaparica à une époque où elle n'avait pas, ou plus, de lieu de réunion pour les activités du culte. Il y a donc ainsi dans le monde des hommes, un jeu permanent de va et viens entre les dimensions et composantes [[w:matière|matérielles]], [[w:société|sociales]] et [[w:spiritualité|spirituelles]]. Dans cette univers, tout ce qui est [[w:signifiant| signifiant]] est forcément étroitement lié à tout ce qui est [[w:signifié|signifié]]. Tout ce qui est matériel véhicule une valeur symbolique mais aussi, tout [[w:symbole|symbole]] crée par l'[[w:imagination|imagination]] humaine ne survivra à la mort de son auteur qu'après avoir trouver une représentation [[w:physique|physique]] permettant sa transmission que se soit dans la constructions d'objets ou de mots (son ou lettres) par exemple. Voici donc ce qui pourrait être les [[w:fondement|fondements]] de ce que l'on a pour habitude d’appeler [[w:Culture|Culture]]. La culture n'est elle pas un [[w:Héritage (droit)|héritage]] matériel (les biens), social (la parenté) et spirituel (les croyances) transmise de génération en génération ?