« Colonisation et travail forcé aux XV-XVIème siècles » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
+ "s"
m Robot : Remplacement de texte automatisé (-qu'il +qu’il)
Ligne 16 :
Au Guatemala, dans le Yucatan, au Pérou, le processus se répète à peu près à l'identique. Les conquérants multiplient les massacres,les tortures et autres crimes. Les femmes sont éventrées, les nourrissons arrachés à leur mère. Les hommes sont embrochés par groupes et brûlés vifs. Voilà les horreurs qui sont décrites par les témoins, en particulier le prête Bartolomé de Las Casas. Les populations, qui voient d'abord dans les envahisseurs des dieux, restent passives ou réagissent tardivement.
 
Une fois la conquête achevée, la mise en coupe réglées des nouveaux territoires commence par l'exploitation des mines, pour laquelle la population locale est réquisitionnée. Mines d'or de Colombie, mines d'argent au Mexique et au Pérou, dont le Cerro de Potosi, ouvert vers 1545, constitue ce qu'ilqu’il y a de plus beau : l'extraction du métal nécessite le travail de milliers d'ouvriers, engagés de force par des chefs de corvées dans les régions environnantes. Sur dix mineurs recrutés, trois seulement survivent ; les autres périssent, victimes des dangers de la mine, du travail épuisant dans la fournaise des galerie souterraines ou, après quelques années,le silicose qui est la maladie typique des travailleurs miniers. " Dans les mines d'Oaxaca, sur une demi lieue à la ronde et sur une bonne partie du chemin, c'est à peine si l'on pouvait faire un pas sans toucher des cadavres et des ossements. Et il y avait tant d'oiseaux et de corbeaux pour dévorer les corps morts qu'ilsqu’ils faisaient de l'ombre au Soleil ", rapporte un témoin.
 
Accablés de travail, certains, plutôt que de se soumettre, fuient ou essaient de se révolter. Repris, les fugitifs sont battus, soumis de nouveau au travail foré ou parfois mis à mort. D'autres Indiens cherchent dans l'avortement, les infanticides, les suicides individuels ou collectifs, tel celui des Taïnos, à Haïti, qui s'immolèrent par milliers pour échapper aux exigences croissantes des colons propriétaires des mines d'or.
 
Les Indiens Taïnos étaient, en général, assez mal nourris et fragiles. Or ils n'avaient pas affaire aux encomiendas eux-mêmes le plus souvent, mais à des majordomes et des facteurs qui leurs imposèrent du travail du matin au soir. Il aurait fallu à ces surmenés davantage de nourriture pour pouvoir survivre. Le travail sur les placers diminua la production des vivres et augmenta donc la sous alimentation des Indiens. Très vite, d'ailleurs, le bétail européen proliféra et endommagea les cultures des Indiens. Ceux-ci n'offrirent aucune résistance aux maladies microbiennes apportées part les Européens telles que la rougeole, la variole, qu'ilqu’il ne soignaient qu'en se plongeant dans l'eau froide, les décimèrent. La natalité ne put compenser les pertes. De plus, faute de moyens pour remplacer le lait maternel, les Indiennes retardaient le plus possible le sevrage et allaitaient quatre ans. Le travail sur les placers tarit le lait maternel et obligea de sevrer beaucoup plus tôt : ce fut une hécatombe d'enfants.
 
Il s'y ajouta les effets sentimentaux de la domination par l'étranger, de l'isolement des individus dispersés entre les encomiendas, de la séparation des maris et des femmes, du trafic d'indiens, de la destruction des tribus et des clans. Ce fut un désespour et les Indiens se tuèrent ou se laissèrent mourir. Les Espagnols, manquant de main d'œuvre, allèrent razzier des Indiens aux Bahamas, aux Lucayes. Mais ceux ci furent très vite anéantis.
Ligne 28 :
== La question de droit posé par les Espagnols ==
 
En effet ces faits de maltraitance posèrent aux Espagnols la question de droit. Avaient-ils le droit de conquérir les Indes occidentales ? Avaient-ils le droit d'asservir les Indiens ? L'entourage des Rois d'Espagne soutint que le souverain avait un droit de propriété sur le pays, donc un droit de conquête. C'est d'un titre de seigneur que les Rois d'Espagne ont tiré la conclusion qu'ilsqu’ils étaient propriétaire du Nouveau-Monde.C'est pourquoi Charles Quint ordonna en 1519 l'incorporation du Nouveau Monde tout entier au territoire de la Couronne royale de Castille. C'est pourquoi ils estimèrent qu'ilsqu’ils avaient le droit, chez eux, de soumettre les Indiens.
 
Mais avaient-ils le droit de les asservir ? Les colons et beaucoup de théoriciens n'en doutèrent pa. Le plus influent fut Oviedo. En effet, il formula ses théories dès 1519 contre Las Casas, y revint en 1525 dans son ''Sumario de la nature de las Indias'', qui reflète l'esprit des colons. Oviedo adhère à la théorie d'Aristote ; il y a des races qui, par nature, sont tellement inférieures aux autres que, par droit naturel, elles sont destinées à l'esclavage. Or, les Indiens sont de cette catégorie. Ils sont paresseux, vicieux, mélancolique, couards, menteurs et bêtes. De plus, leur mariage est une collection de sacrilèges. Ils sont des idolâtres, libidineux, sodomites. Ils ne songent qu'à manger, boire, adorer des idoles païennes, commettre des obscénités bestiales. S'ils sont décimés, c'est qu'ilsqu’ils sont châtiés par Dieu, commes Sodome et Gomorrhe, pour leur péchés sexuels. Ils sont impossible à civiliser donc ils doivent être tenus en esclavage par la force et cela jusqu'à leur mort.
 
Heureusement tous les hommes n'ont pas la même vision qu'Oviedo. En effet,Montesinos défendait les Indiens. Il disait : « Les Indiens sont des êtres raisonnables ; ils ont donc droit au même traitement que les Espagnols ; il faut donc les instruire des vérités de la religion pour sauver leur âmes ; il faut les laisser libres, ne pas les accabler de travail, leur donner assez à manger, les soigner dans leurs maladies, les aimer. Les Espagnols, cruels, tyranniques et qui ne font aucune de ces choses sont tous en état de péché mortel. »