« Recherche:Le théâtre comme instrument politique » : différence entre les versions

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== Augusto Boal ==
 
En consultant la page du site wikipédia en langue portugaise consacrée à , nous pouvons apprendre qu'Augusto Boal fils de boulanger est né le 16 mars [[w:1932|1932]] à [[w:Rio de Janeiro|Rio de Janeiro]] au [[w:Brésil|Brésil]]. Dans la transcription d'un entretien avec [[w:Emile Copfermann|Emile Copfermann]] des [[w:éditions Maspero|éditions Maspero]] en 1977 (Boal 1996, p.181), Augusto Boal qui se qualifie lui-même de « petit bourgeois, de la middle class » (Boal, 1996, p.194) nous apprend que jusqu'en 1952, il a fait des études de chimie et a terminé un doctorat au sujet des matières plastiques. Il partit ensuite aux [[w:États-Unis|États-Unis]] à l'[[w:Université de Columbia|Université de Columbia]] grâce à une bourse de spécialisation. C'est à ce moment qu'ilqu’il se mit à étudier le théâtre. De retour au Brésil, son diplôme de doctorat ne lui servira jamais car il consacra sa vie au théâtre sans pour autant avoir de diplôme dans cette discipline.
 
Tout au long de son ouvrage Augusto Boal nous fait part de son vécu impressionnant notamment quand à la quantité de pays où il a exercé ses compétences théâtrales. Après quelques expériences de mises en scènes dont la première fut en [[w:1956|1956]], il commence a travailler à [[w:Sao Paulo|Sao Paulo]] au [[w:théâtre Arena|théâtre Arena]] (réputé théâtre pour le peuple) en tant que directeur artistique à partir de [[w:1957|1957]]. À partir de cette date, il travaillera aussi simultanément à l'école dramatique de Sao Paulo en tant que professeur. À travers ces deux activités, il travail sur la recherche d'une expression théâtrale propre au Brésil. Cette expérience lui permet déjà d'effectuer de nombreux échanges avec d'autre pays du continent Américain. Son théâtre se spécialise, de distingue dans un style populaire mais l'expérience prend fin en [[w:1971|1971]] où il fut arrêté emprisonné et torturé.
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Libéré dans la même année, il rejoint sa femme en Argentine ou il vécu jusqu'en 1976. De là il fut appelé à travailler selon ses propos, « pratiquement dans tous les pays d'Amérique latine » (Boal, 1996, p.182) pour donner des cours d'apprentissage accéléré du théâtre. Durant cette période il réfléchit sur une nouvelle poétique de théâtre, un nouveau style qui pourrait aider les hommes et les peuples opprimés à sortir de leurs oppressions. Il achève la rédaction du livre « Théâtre de l'opprimé » en [[w:1974|1974]] pour l'éditer une première foi à Buenos Aires dans la forme de l'édition 1996 consultée pour ce travail. En [[w:1976|1976]], suite au coup d'état d'extrême droite en Argentine, Augusto Boal émigre en Europe où il fini par s'installer à Paris pour continuer ses activités théâtrales dans de nombreux pays du continent. Durant cette période, il développe les techniques introspectives et psychothérapeutiques du théâtre de l'opprimé tel que « l'arc-en-ciel du désir ».
 
De retour au Brésil en 1986 pour reprendre ses activités théâtrales, il est ensuite élu en tant que député à la chambre législative de Rio de Janeiro en 1992. Dans cette nouvelle fonction, Augusto Boal qui considère « Le théâtre comme premier langage de l'être humain » (Boal, 1996, p.4), réfléchit sur une manière de développer la démocratie à travers le théâtre. Il y arrive et met sur pied une cellule de théâtre [[w:législatif|législatif]] qu'ilqu’il considère comme une « somme de toutes les formes possibles du théâtre de l'opprimé » (Boal, 1996, p.II). Dans cette optique, le théâtre de l'opprimé a pour but d'aboutir à des actions directes et des propositions de loi avec de nouvelles techniques tel que la « chambre dans la rue » où tout le monde peut prendre la parole, demander des explications et donner son avis avec la présence d'experts si nécessaire.
 
Jusqu'à ce jour Augusto Boal s'investit et prend position contre toutes formes d'oppressions et de manipulations des hommes et des peuples. Nous avons pour preuve, ses propos tenus lors d'un discourt présenté durant le Forum Social Mondial de Belém au Brésil le 31 janvier [[w:2009|2009]]<ref>http://www.alterinfos.org/spip.php?article3148</ref>. Dans ce discourt, il parle des médias en ces termes: « Les médias ont des maitres et reflètent les opinions de leurs propriétaires », il parle la politique des États-Unis en ces termes: « Nous devons saluer la fin de l’ère Bush et de ses partenaires, mais nous devons rester attentifs à la nouvelle qui commence », il n'hésite pas à prononcer les terme de « génocides des [[w:Palestine|Palestiniens]] » pour condamner les actions de l'état d'[[w:Israël|Israël]] dans la [[w:bande de Gaza|bande de Gaza]], il n'hésite pas non plus à prendre position pour la libération de [[w:Cesare Battisti|Cesare Battisti]] [3], il réagir enfin face à la crise économique mondial en ces termes: « La majorité des pays qui sont en crise, ou qui s’en approchent, ont toujours dit ne pas avoir d’argent pour améliorer l’Éducation, la Santé, la Prévoyance sociale. Soudainement, pour venir en aide aux assurances, banques et à l’industrie automobile, ces gouvernements découvrent qu’ils avaient des milliards (...) d’où vient cet argent ? Qui sont ceux qui le cachait ? Quelle somme en reste-t-il ? Où sont-il ? »
 
Il nous est permis de croire que malgré ses fonctions politiques Augusto Boal restera toujours un homme de théâtre. Il le confirme lors du [[w:Forum Social Mondial|Forum Social Mondial]] de [[w:Belém|Belém]] lorsqu'illorsqu’il dit ceci: « Je suis un homme de théâtre et je ne peux pas arrêter de parler de l’Art et de la Culture je parle de Politique, parce que la Politique est un Art que la Culture produit. ». Son souhait pour l'avenir des hommes reste dans le domaine des arts. Toujours dans ce même discourt, il nous dit : « Je rêve à un jour auquel dans le Brésil tout entier, et le monde entier, il y aura dans chaque ville, village ou hameau, un Point de Culture où la citoyenneté puisse créer et s’exprimer par l’art, afin de mieux comprendre la réalité qui doit transformer. En ce jour, finalement, sera née la Démocratie ».
 
== Brève présentation de l'ouvrage ''Théâtre le l'opprimé'' ==
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== Interaction entre le théâtre et les hommes ==
 
Dans sa préface Augusto boal cite ses différents concepts théâtraux. Il est intéressent de voir qu'ilqu’il le fait en nous parlant de son histoire et de chaque époque où il ressenti la nécessité de d'évoluer dans son concept théâtral. L'idée de théâtre de l'opprimé serait née suite à son expérience d'arrestation, de torture, d'exil et de travail avec des populations pauvres. Les techniques de « l'arc-en-ciel du désir » sont rédigée lorsqu'illorsqu’il découvre les préoccupations des européens et celle du théâtre législatif suite à son élection comme député.
 
D'un point de vue anthropologique, ce témoignage nous aide à comprendre les liens qui peuvent exister entre le théâtre et la vie des hommes. Le théâtre comme ses arts annexes construisent un univers abstrait, fictif, mais les interactions avec la vie réel des hommes n'en sont pas moins réelles. Ces interactions dans le contexte de cette préface sont: actions de la société sur un [[w:dramaturgie|dramaturge]] et réaction de l'homme par la recherche et la création d'une nouvelle [[w:Poétique (Aristote)|poétique]] théâtrale autrement dit, une nouvelle façon de faire de la dramaturgie. Mais l'action-réaction entre le théâtre et les hommes est réciproque car la nouvelle poétique théâtrale utilisée par Augusto Boal a pour but d'agir sur les hommes en les appelant a réagir face à leurs situation d'oppression. Dans sa note pour la quatrième édition, Augusto Boal nous fait par de sa conception je dirais très anthropologique du théâtre. Il conçoit le théâtre « comme conscience du langage théâtrale que nous utilisons pendant toute la vie, toujours et partout, sans en avoir conscience » (Boal, 1996, p.5).
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== Théâtre et politique ==
 
Comme nous venons de le voir, faire du théâtre en tout cas au sens qu'Augusto Boal l'entends, est une activité qui permet aux hommes d'inter agirent entre eux dans le but de réorganiser de la société dont il font partie. Vu sous cette angle et en remplaçant le concept de société par celui d'état, pour Augusto Boal, faire du théâtre correspond à faire de la politique si l'on se réfère à la définition du CNRTL: « Qui a rapport à la société organisée »<ref>Voir: http://www.cnrtl.fr/definition/politique</ref>. Dans son avant-propos, Augusto Boal corrobore cette affirmation en écrivant « J'ai voulu dans ce livre , montrer que le théâtre dans son intégralité est nécessairement politique, par ce que touts les activités de l'homme sont politiques et que le théâtre en est une. Qui tente de séparer théâtre et politique tente de nous induire en erreur – c'est une action politique. ». Il nous informe plus loin qu'ilqu’il a voulu à travers ce livre « donner quelque preuves du fait que le théâtre est une arme » en tant qu'instrument de domination mais aussi de libération (Boal, 1996, p.7).
 
Si nous refusons le point de vue d'Augusto Boal, une question se pose: Dans quelle mesure les activités artistiques souvent présentées comme un loisir, une passion, un travail sont-elles des actes politiques? L'art provoquent ou empêche comme nous le verrons plus loin, des réactions dans le public. Ces réactions ou non réactions ne se limitent pas en lieu et en temps à l'espace artistique mais se répercutent dans la vie quotidienne. Ceci est d'autant plus vrai, qu'aujourd'hui dans les sociétés occidentalisées, l'art envahis les espaces publiques autant que les espaces privés à travers différents supports tel que la publicité, la télévision, la radio, le réseau internet etc.
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== Poétique théâtrale chez [[w:Aristote|Aristote]] ==
 
Dans son livre Augusto Boal nous présente la Poétique théâtrale chez Aristote comme un théâtre où le spectateur délègue ses pouvoirs au personnage pour que celui-ci agisse et pense à sa place. Sans entrer ici dans des explications philosophiques détaillées, ce théâtre permet ce qu'Aristote appel une catharsis, sorte de décharge inoffensive et agréable des instincts contraires à l'ordre établi. La catharsis est possible grâce à l'[[w:empathie|empathie]] que le spectateur développe avec l'acteur. Selon Boal, l'empathie se réalise grâce aux sentiment de pitié et de crainte et leurs passions voisines qui permettent au spectateur de se fondre au personnage. Grâce à l'empathie le publique ressent ce qui arrive à l'acteur comme s'il le vivait lui-même. Je comprends donc que par personnes interposées et sans contrôle sur les évènements, le public peut vivre une histoire dans laquelle il se libère de ses pulsions tout en intégrant les principes de l'ordre établi. Les scénarios possibles sont nombreux , et selon Augusto Boal ce qu'ilqu’il appelle le système tragique coercitif d'Aristote a survécu jusqu'à nos jours et reste un système de purgation très puissant ([[w:catharsis|catharsis]]). Il transparaîtrait dissimulé, à la télé, au cinéma, au théâtre. Son but reste inchangé. Il s'agit toujours de freiner l'individu, de l'adapter à ce qui lui préexiste.
 
Encore une foi ceci n'est que théorie et il ne tiens qu'a nous de croire ou pas au pouvoir coercitif du théâtre. Mais on ne pourra nier que dans nos sociétés occidentales la place la publicité sur les chaînes de télévisions a pour but que d'inciter les gens à consommer un produit commercial. Et qu'est ce qu'une publicité télévisuelle si ce n'est qu'une courte pièce de théâtre filmée et diffusée dans les foyer. Si l'on se réfère aux prix par unité de temps que coûte une telle diffusion, il semble raisonnable de croire en son pouvoir coercitif.
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== Poétique théâtrale chez [[w:Machiavel|Machiavel]] ==
 
Durant la période du Moyen Âge, c'est les nobles et le clergé qui constituaient la classe dominante. La lecture du chapitre consacré à la poétique théâtrale chez Machiavel nous informe que les personnages typiques du théâtre féodal ne sont pas des êtres humains mais de simples porte-paroles des valeurs qu'ilsqu’ils symbolisent. Les pièces de théâtre ont un caractère moralisateur. Il y a les bons immanquablement récompensés et les mauvais châtiés.
 
Succède ensuite la [[w:Renaissance|Renaissance]], le développement du commerce et de la bourgeoisie, les gens se met a penser la vie d'un point de vue personnel et les choses s'accélèrent car on ne peut plus attendre. Le dieu bourgeois nécessite une réforme de la religion, ce qui arriva avec le [[w:protestantisme|protestantisme]]. Selon Augusto Boal, dans ce contexte la bible perd sa fonction normative du comportement humain pour devenir un recueil de textes sujets à interprétation.
 
La bourgeoisie gagnait en pouvoir mais la naissance des bourgeois ne leur donne aucun privilège spécial. Tout lui vient de ce que Machiavel appel la « [[w:Nicolas_Machiavel#La_virt.C3.B9_d.C3.A9finie_par_la_Fortuna| virtù]] » et qui n'est rien d'autre que la capacité d'imposer sa volonté face à l'imprévisible avec laquelle les acteurs politiques doivent composer. L'art se tourne donc vers la réalité concrète. Les hommes se libèrent et devient sujet, le mal devient multiple et le personnage renait du concept bourgeois. Il cesse d'être symbole pour incarné qualités individuelles et abstraites. Les vérités éternelles sont démystifiées par l'excès, ce qui les rend absurdes et les histoires théâtrales deviennent purement circonstancielles. Le théâtre s'adresse au peuple par clarté et touche à sa raison sans qu'ilqu’il y ai de lien emphatique entre le publique et le personnage. Le théâtre de la renaissance appelle au changement à une révolution future et la catharsis d'Aristote perd de son utilité puisqu'elle tend à maintenir le système en place. Machiavel prêche par le slogan: « vouloir c'est pouvoir », il prônait la libération de l'homme de toutes les valeurs morales.
 
Devant cette nouvelle réalité historique, nous constatons à nouveau que le théâtre influence la vie des hommes tout comme la vie des hommes qui influence le théâtre. En période de changement de paradigme comme c'est le cas lors du passage du Moyen Âge vers la renaissance, chaque nouvelle découverte, idée, chaque nouveau concept joue en faveur d'une direction différente. Nous vivons en ce début de XXI siècle une période de transition avec l'ébranlement du système [[w:capitalisme|capitaliste]] en pleine crise écologique. On parle déjà de révolutions, les idées et concepts apparaissent et nous invitent à prendre parfois des directions opposées comme c'est le cas par exemple entre le concept de décroissance et celui du capitalisme nouveau mais personne ne peut prévoir l'avenir. Aussi s'il nous est facile d'argumenter les faits histoires en faveur de théories diverses, nous sommes bien incapables de prédire l'avenir de nos sociétés contemporaines.
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Chez Hegel la raison de l'action réside dans le caractère du personnage objet, à travers un déterminisme absolus alors que chez Brecht c'est l'environnement social qui est la cause de l'action le personnage n'étant que sujet intermédiaire. La poétique de Hegel est déterministe et dans ce sens idéaliste. L'action des personnages n'a pour limite de celle des autres personnages. Celle de Brecht est emprunte de marxisme et traduit le monde dans ses rapport de classes et de dominations.
 
Nous voici devant deux type de dramaturgie qui chacune à sa manière pousse à la révolution en représentant la réalité de manière différente. Alors que Hegel fait appelle aux sentiments du spectateur pour l'inciter à l'action, Brecht fait appel à sa raison. De ce fait Brecht fait un premier pas vers la libération du spectateur. Plutôt que de privé le spectateur de sa capacité de libre arbitre dans ce qu'ilqu’il appelle « une orgie émotionnelle » il l'invite plutôt à la réflexion et à se positionner en lui montrant comment sont vraiment les choses.
 
Nous découvrons ici qu'ilqu’il y a plusieurs manières d'inviter le spectateur à l'action. Le théâtre s'il est reconnu comme outil politique semble donc un outil complexe que l'on peut utiliser différemment au bénéfice de différentes tendances. On peut penser que les auteurs et dramaturges s'influencent entre eux à travers leurs lectures. On peut aussi croire que la tendance politique de chacun doit jouer un rôle important dans ce jeux d'influence. Pour exemple, Augusto Boal par exemple a fait.
 
Augusto comme Brecht, s'exprime avec des termes tel que classes sociales, bourgeoisie, capitalisme, oppression, culture dominante, tous des mots issus du vocabulaire marxiste puisque tout deux sont pour une politique de gauche. Ainsi, le fait qu'Augusto Boal choisi dans sa poétique de l'opprimé d'approfondir la démarche entamée par Brecht, celle de la libération du spectateur, est certainement lié au fait qu'ilsqu’ils partagent sans se connaitre les mêmes opinions politiques. L'art contrairement à la sciences ne doit pas répondre au exigence du positivisme. Dès lors son contenu souvent subjectif est donc susceptible d'être politiquement classé.
 
== Poétique théâtrale chez Augusto Boal ==
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Le concept du Joker fut inventé lors de l'élaboration d'un spectacle sur le thème de « Zumbi ». [[w:Zumbi Dos Palmares|Zumbi Dos Palmares]] fut l'un des chefs de guerre les plus importants du royaume autonome des [[w:Palmares|Palmares]], fondé au XXII siècle par des esclaves insurgés dans le nord-est du Brésil [6]. Son histoire est très populaire et souvent racontée aux enfants durant leurs scolarisations. Dans ce spectacle le texte fut donc une composition sur un thème typiquement brésilien. Quand au concept du Jocker, il s'agit d'un personnage voisin et contemporain des spectateurs qui opère une sorte d'herméneutique sur les évènement qui se déroule sur scène, il interprète les faits. D'un point de vue théâtrale la présence de ce personnage permet une grande liberté dans l'utilisation de techniques d'expressions. Ses interventions permettent un arrêt de l'histoire, des changements de styles, de techniques jusqu'à des permutations entre les acteurs et personnages, sans que le publique ne décroche ou en soit incommodé.
 
D'un point de vue anthropologique la présence du jocker est une évolution dans les relations entre les personnes du publiques et celles de la scène. Avec le Jocker, ce que l'on appelle le quatrième mur séparant la scène et les spectateurs disparait complètement. Le Jocker fait à la foi partie intégrante du spectacle et du publique. Dans le processus en construction de la poétique de l'opprimé il est une étape intermédiaire dans la libération du publique au niveau de l'action. Le jocker montre au publique qu'ilqu’il est possible de garder un esprit critique et d'interpréter ce qui se passe sur scène comme le suggère Brecht mais aussi montre et démontre au publique comme à Augusto Boal qu'ilqu’il est possible d'intervenir dans le déroulement de l'histoire sans que le spectacle soit pour autant compromis.
 
=== Libération du spectateur dans l'action ===
 
Nous avons vu que chez Brecht le spectateur était libre de penser : « Brecht refuse que, comme les bourgeois leur chapeau, le spectateur laisse en entrant au théâtre sa cervelle au vestiaire » (Boal, 1996, p.169). Boal quand à lui, va libérer l'acteur en lui offrant la possibilité de participer à l'action théâtrale. Dans la poétique théâtral de l'opprimé, le spectateur est libre de penser mais aussi libre d'agir.
La participation d'Augusto Boal au volet théâtrale d'une campagne d'alphabétisation nationale mit en place par le gouvernement révolutionnaire péruvien en 1973, lui permis de mettre en pratique sa poétique de l'opprimé. Il nous parle en détaille de cette campagne et nous expose deux des outils utilisés durant celle-ci que sont la photographie et le théâtre. C'est deux outils furent utilisés dans le soucis de rendre la population active dans son processus d'apprentissage. C'est ainsi qu'ilsqu’ils ont demander aux participants de prendre des photos en rapport à des mots simples vus pendant l'apprentissage de la langue pour en débattre ensuite. Dans le volet théâtral c'était la poétique de l'opprimé qui était mise en œuvre avec tous les problèmes qui se posent lorsqu'on demande à un ouvrier d'incarner un personnage autre que ce qu'ilqu’il est dans sa vie de tous les jours. Ce fut l'occasion pour Augusto Boal d'élaborer un processus de transformation du spectateur en acteur basé les quatre étapes suivantes: premièrement connaitre son corps, deuxièmement rendre son corps expressif, ensuite envisager le théâtre comme un langage et enfin envisager le théâtre comme un discourt. Ces différentes étapes sont décrites dans l'ouvrage mais il nous est pas nécessaire de les développer ici pour comprendre qu'en les élaborant et en les testant, Augusto boal apportait la dernière pierre à l'édifice de sa poétique. Cette dernière pierre est l'ensemble des instruments nécessaires à la transformation du spectateur en acteur. L'édifice enfin terminé, Augusto Boal pouvait maintenant publier toute ces idées et ces textes dans son livre « Théâtre de l'opprimé ». Ainsi entre sa première mise en scène en 1956 et la publication de son livre en 1974, s'est écoulé près de 18 années de maturation.
 
Nous voyons encore une foi que la [[w:dramaturgie|dramaturgie]] influence la société autant que la société influence la dramaturgie. Augusto Boal conçoit sa dramaturgie comme un outil de changement de la société mais nous voyons que la société à son tour influence la dramaturgie. D'un autre point de vue, et comme le dit lui-même Augusto Boal dans son livre, « chaque publique veut des pièces qui confirment sa vision du monde » (Boal, 1996, p.62). Dans une société [[w:occident|occidental]] basée sur le profit économique où l'art est commercialisé, la dramaturgie se pratique parfois voir souvent, voir même principalement, dans un objectif de lucre. Dans ces conditions, et pour des raisons économiques évidentes le dramaturge offre au publique ce qu'ilqu’il demande. Dans ce cas encore une foi, c'est la société qui agit sur la dramaturgie.
 
== L'arc-en-ciel de désir ==
 
Dans sa préface Augusto Boal, nous présente en quelques lignes les techniques introspectives et psychothérapeutiques du théâtre de l'opprimé dont il est question dans son ouvrage « l'arc-en-ciel du désir ». J'ai eu la chance de participer à un work-shop de trois jours où l'on à utiliser ces techniques. C'était avant de lire « Théâtre de l'opprimé » et fort de mon expérience en théâtre action, j'ai fait l'erreur de m'attendre à un atelier théâtral. J'ai donc été surpris de constaté qu'ilqu’il ne s'agissait pas de faire du théâtre mais bien participer à ce que je considérais comme une sorte de thérapie collective et introspective. Dans les techniques proposées dans « L'arc-en-ciel du désir » l'idée de performance est tout à fait absente. Bien que cette expérience fut très enrichissante, je n'ai donc pas eu l'impression de faire du théâtre. À ce moment pour moi, faire du théâtre impliquait un soucis d'esthétique, un travaille du jeux d'acteur, une idée de représentation, de répétition... Mais seulement utiliser le positionnement du corps et l'improvisation comme outil d'introspection étaient insuffisants pour que je puisse me considéré en train de faire du théâtre.
 
Aujourd'hui, je constate avec grand intérêt qu'en terminant ce travail, ma position à changer et que j'aurais tendance à dire ce work-shop fut un stage de théâtre, pas tu théâtre traditionnel, ni même du théâtre action, mais bien du théâtre de l'opprimé. Je me rends ainsi compte qu'avant de lire l'ouvrage d'Augusto boal j'étais pris dans une vision limité de ce que pouvait être le théâtre puisque je ne connaissais pas la poétique de l'opprimé. Ce constat m'amène à croire que l'art est avant tout culture ou plus précisément « [[w:Habitus (sociologie)|habitus]] » pour reprendre le concept de [[w:Pierre Bourdieu|Pierre Bourdieu]]. Notre perception du théâtre mais cela doit être vrai pour l'art en général, semble conditionnée par notre apprentissage de la vie, notre biographie en quelque sorte. Cet apprentissage varie grandement selon les informations qui nous sont accessibles et donc selon notre environnement social, notre culture.
 
Autre fait marquant et significatif d'un point de vue anthropologique, est celui de constater la nécessité qu'a rencontrer Augusto Boal d'élargir les outils de sa poétique de l'opprimé durant son séjour en Europe. Avec son arrivée en Europe, Augusto Boal changeait complètement de contexte et on imagine facilement le choc culturel qu'ilqu’il pu ressentir. Les techniques élaborées par un réfugié politique torturé et condamné à l'exile après un travail avec des populations vivant dans la précarité ne pouvaient forcément pas convenir à la réalité des pays européens. Il lui fallu donc un temps d'adaptation pour qu'Augusto Boal comprenne ce qui opprimait les habitant européens. Il finit par comprendre qu'en Europe l'oppression est quelque chose d'assimilé et que les européens ne subissent pas une oppression externe mais interne. Une oppression qu'ilqu’il qualifiera par la suite de « policier dans la tête ». De ce constat lui vint la nécessité d'élaborer des techniques d'introspections pour rendre sa poétique de l'opprimé opérationnelle. Il releva le défit et démontra ainsi que sa poétique est bien universel tout comme peut une expression artistique.
 
Dès lors, une nouvelle question se pose. Comment se fait-il qu'en Europe, mais nous pourrions probablement parler de la plus par des pays de l'hémisphère nord européen, l'oppression est-elle intériorisée dans la conscience voir le subconscient de ses habitants ? Nous avons déjà à travers le système catharsique théâtrale répondu en partie à cette question. Mais dans son discourt lors du Forum Social Mondial de Belém Augusto Boal nous apporte un nouvel éclaircissement sur la question en nous disant ceci :
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== Conclusion ==
 
Au terme de cet exposé nous pouvons donc dire que théâtre et société sont étroitement liés, l'un influence l'autre et vice versa. Quand à savoir si le théâtre est politique, cela reste à voir. Nous pouvons être certain que pour des gens comme Aristote, Brecht, Boal le théâtre est politique et pratiqué comme tel, mais qu'en est-il des autres professionnel amateur ... Une réponse prudente à cette question serait que cela dépend de l'intention que l'on donne à ce que l'on écrit, comment on le met en scène et comment on le joue. Car peut-on poser un acte politique sans s'en rendre compte, comme il nous est possible de subir un discourt politique sans en être conscient. Nous rentrons ici dans un autre débat qui mérite une réflexion plus profonde sur toutes formes d'art que l'on retrouve dans la publicité, la chanson, le cinéma, la télévision, radio, etc. Quels sont les artistes qui élaborent ou participent à un clip publicitaire en pensant qu'ilqu’il pose un acte en faveur d'une politique de marché axée sur le consumérisme ? Quel sont les spectateurs de productions cinématographiques conscients de l'idéologie politique véhiculée dans chaque film ? Pour Augusto Boal tout cela semble évident, puisque pour lui, la politique se trouve dans chacun de nos gestes. Son point de vue est tout à fait défendable ce qui pour moi offre tout l'intérêt des dires et écrits de cette artiste politicien.
 
== Rélérences ==