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Le 11 janvier 2011, je suis parti pour [[w:Salvador de Bahia|Salvador de Bahia]], au Brésil, pour mon mémoire de fin de master en [[w:anthropologie|anthropologie]]. J’ai eu pour idée de départ de m'investir dans une [[w:observation participante|observation participante]], au sein d'un réseau mondial de rencontre et d'entraide pour l'hébergement appelé [[w:Couchsurfing|CouchSurfing]]. Ce réseau permet à ses membres, souvent des touristes mais pas uniquement, d'entrer en contact via Internet avec les autres membres de la communauté vivant dans les endroits qu’ils visitent. Les demandes de rencontre et d'hébergement au sein de la communauté se font via le site http://www.couchsurfing.org. Sur la page d’accueil, on peut lire le slogan : « Participez à la création d'un monde meilleur, canapé après canapé<ref> http://www.couchsurfing.org/index.html</ref> ! ». Comme le réseau s'organise aussi en groupes géographique, j’ai eu pour idée de partager la vie communautaire du groupe de Salvador da Bahia, composé de plus de deux mille membres<ref> http://www.couchsurfing.org/group.html?gid=1167)</ref>.
 
Mais, une fois rendu sur place, je me suis retrouvé devant une situation qui m'a rapidement fait changer d'avis. Durant cette période estivale, et à l'approche de la période de carnaval, la communauté CouchSurfing de Salvador était saturée de demandes de logement, et je devais encore trouver la bonne manière de m'adresser à cette communauté, tout en m'habituant à ce nouvel environnement que constituait la ville de Salvador. Tout ceci me faisait perdre énormément de temps et d'argent dans les [[w:cybercafés|cybercafés]]. J'avais fait le mauvais choix de partir sans ordinateur dans l'idéel’idée d'être plus proche de la population en fréquentant les cybercafés et en partageant une situation que je croyais être celle du CouchSurfer. C'était une fausse idée. Les premiers CouchSurfers que j’ai rencontrés, un jeune couple de Slovènes, voyageaient avec un ordinateur portable et justifiaient les inconvénients du transport par la facilité et la gratuité de l'accès [[w:Internet|Internet]] grâce à de nombreux réseaux [[w:wi-fi|wi-fi]] ouverts. Quand j’ai pris la décision d'acheter un ordinateur portable pour me faciliter la vie, il m'a été impossible d'en trouver un d'occasion ou d'en acheter un neuf, car au [[w:Brésil|Brésil]], les prix des produits électroniques importés se sont avérés deux fois plus élevés que ceux de [[w:Belgique|Belgique]].
 
Trois nuits après mon arrivée, sur plus d'une vingtaine de demandes personnalisées, aucune d'entre elles ne fut concluante et, chaque soir, je devais trouver une solution de dernière minute pour mon hébergement. Le 14 janvier, jour de mon anniversaire, une proposition d'hébergement qui déboucha sur un conflit en ligne, fut annulée vers 22 heures et m’obligea à trouver un logement de dernière minute chez un autre CouchSurfer rencontré dans un bar<ref> http://www.couchsurfing.org/group_read.html?gid=20846&post=7806668#gpid7806668</ref>. Le lendemain, à bout d'énergie et de motivation, je me suis donc résigné à prendre une chambre d'hôtel à cinquante réaux la nuit pour enfin me reposer de la fatigue du voyage et des difficultés d'acclimatation. Dans la ville de Salvador, les prix d’hôtel, complets pour la plupart à cette époque, pouvaient grimper jusqu'à cent cinquante réaux la nuit (concernant le change, il fallait compter environ un euro pour deux réaux). Deux nuits plus tard, je trouvais une place dans une [[w:auberge de jeunesse|auberge de jeunesse]], à quarante réaux la nuit avec un accès Internet gratuit.
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[[Fichier:Oficina artes salle.jpg|thumb|upright=2|Photo n<sup>o</sup>14: Salle des activités de l'Oficina de Artes.|upright=3.5]]
 
Suite à la visite de la maison de Passarinho, j’ai retrouvé Omara en train d'écrire sur son ordinateur les textes du prochain spectacle de théâtre dans l'idéel’idée de les imprimer et de les distribuer aux comédiens. Comme je lui avais dit que j'étais intéressé pour l'aider dans ses ateliers de théâtre, elle m'a demandé de bien vouloir animer l'atelier pendant qu'elle finissait son travail. Je le fis avec grand plaisir en mettant à profit ma propre expérience théâtrale dont je lui avais fait part les jours auparavant. L’atelier fut donné sur une grande terrasse protégée d'un grand auvent. A la fin de l'atelier, nous sommes redescendus pour rejoindre l’entraînement de capoeira que le fils d'Omara avait déjà commencé. Au moment de la « roda » ( Moment de lutte proprement dite où les capoeiristes forment un cercle musical dans lequel les participants s’affrontent un à un dans un système de tournante improvisée ), Omara fit une intervention très sévère en raison du manque d’énergie manifesté par l'ensemble des participants. Son discourt était moralisateur et il y en eu bien d'autres durant les activités de l'Oficina de Artes et ce tant au niveau de la capoeira qu'au niveau du théâtre.
 
Le soir-même après l’entraînement, Omara sortit un gâteau d’anniversaire qu'elle avait préparé pour les {{unité|31|ans}} d'une des capoeiristes et participantes de l'atelier de théâtre. La fille reçut aussi en cadeau d'Omara un très joli collier affricain aux couleurs bleues dont je reconnaissait la fabrication touareg. Quand la fille remercia Omara, elle l'appela maman. Il est courant me dit un jour Omara, que des jeunes dont elle s'occupe l'appellent maman, la première fois que cela lui est arrivé me dit-elle, cela lui permit de réaliser que « ha pesoas que presisem de um abrito afectivo » (Il y a des personnes qui ont besoin d'un abri affectif). Le soir de cette journée bien remplie après avoir reçu les clefs de la porte d'entrée du bâtiment, je me suis endormi pour la première fois depuis mon arrivée au Brésil dans un état d'esprit tout-à-fait serein.
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* Scène 4: Un vieillard sénile et aveugle est menacé par sa fille unique d'être enfermé sans ses traitements s'il ne répète pas exactement à l'assistante sociale ce qu'elle lui a dit.
 
A Itaparica, comme dans d'autres endroits, avoir une maison pour s'abriter physiquement ne signifie donc pas vivre en sécurité. Sur cette île réputée paisible par rapport à Salvador, l'idéel’idée d'un abri social ou affectif comme le dit Omara, prend donc tout son sens. Ainsi comme le conceptualisait Omara dans son expression, le danger de la rue, peut aussi surgir de la famille. Ce que je compris dès lors, c’est que l'Oficina de Artes n'était pas seulement un abri physique pour loger des personnes et accueillir des activités collectives mais aussi un abri social et affectif où les gens se retrouvent dans un cadre sain et sécurisé grâce à une morales édifiée sur base de règles transparentes et strictes. Pour exemple, il est interdit, et ce pour une question de respect, de marcher avec des chaussures dans le rond rouge (voir photo n<sup>o</sup> 14) qui délimiter la « roda » (voir photo n<sup>o</sup> 15). Il est aussi formellement interdit de rentrer dans la chambre d'Omara sans son autorisation ou d'inviter des personnes extérieures à la communauté à rentrer dans les autres chambres. Il est aussi interdit de participer aux activités de l'Oficina de Artes si on consomme de la drogue ou si on a de mauvais résultats scolaires. Etc...
 
Pour moi aussi l'Oficina de Artes était aussi devenu un abris social et affectif. Ce fut un lieu où je pouvais me sentir bien, même si après avoir résolu mes sauvegardes d'information, il me restait toujours la difficulté de vivre loin de la personne que j'aimais. Je trouvais dans ce lieu un sens à ma venue au Brésil en tant qu'anthropologue puisque l'endroit était propice à la réalisation de mon travail de terrain qui devait impérativement être l'observation d'une communauté sur base d'une observation participante. Et c’est ainsi qu'au fil de mes observations, j'en suis arrivé un jour à me poser cette question : Comment Omara pouvait-elle rester aussi souriante, accueillante, généreuse, autrement dit si épanouie, alors qu'elle vivait seule entouré de jeunes dont elle me dit un jour en blaguant « Eu tenho qu'administrar o hormônio da juventude » (Je dois gérer les hormones des jeunes) ? Ou trouvait-elle la force d'accomplir cette mission que aucun contrat ne l’obligeait à faire ? J'avais déjà trouvé une réponse partielle à cette question quand Omara m'informait qu'elle n'aimait pas l'inactivité dans laquelle surgissait parfois des moments de déprime. Mais il me restait encore à découvrir une autre chose dans laquelle Omara puisait sa force. Il s'agissait d'un autre type d'abri, qui cette fois n'était ni physique, ni social, ni même affectif. Ce troisième abri était conceptuel et pour tout dire [[wikt:spirituel|spirituel]].
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Quand on parle de [[w:spiritualité|spiritualité]], on pense souvent à la religion. Pourtant si l'on se réfère à la définition du mot [[wikt:spiritualité|spiritualité]] à savoir : « Qualité de ce qui est esprit ou [[wikt:âme|âme]], concerne sa vie, ses manifestations ou qui est du domaine des valeurs morales »<ref> http://www.cnrtl.fr/definition/spiritualité</ref>, on voit que le mot concept lié n'est pas celui de « religion » mais bien d' « esprit ». Quant à l’[[wikt:esprit|esprit]], il peut se définir à son tour comme « principe de vie immatériel » mais aussi comme « disposition psychique dominante d'une personne ou d'un groupe, déterminant le choix d'une attitude et l'orientation de l'action », « ensemble des dispositions psychiques dominantes qui déterminent et caractérisent les sentiments et les actions d'une personne ou d'un groupe social » ou encore « pensée dominante, idée centrale, principe qui anime une œuvre et lui donne son sens profond ; inspiration dominante et caractéristique d'un auteur, essence de sa pensée »<ref>http://www.cnrtl.fr/definition/esprit</ref>.
 
Au départ de l'idéel’idée de spiritualité, je conçois donc l'abri spirituel non pas en tant qu'abri pour l'âme − l'âme à mon sens est un concept trop peu immanent pour être porteur dans le cadre d'observation anthropologique − mais bien en tant qu'abri pour certaines [[wikt:pensée|pensée]], [[wikt:idée|idées]], [[wikt:sentiment|sentiments]], ou [[w:émotions|émotions]] néfastes aux personnes. L'abri spirituel, se conçoit donc comme une manipulation de l'esprit qui permettrait à une personne de s'abriter de ses pensées, idées, sentiments ou émotions insupportables[[wikt:cognition|.]]
 
Durant mon voyage, j’ai croisé des hommes, des femmes, et des enfants confrontés à des souffrances physiques et morales importantes. La plus part étaient confrontés à la fatalité d'être né dans un milieu défavorisé, d'autre de sont vu victime de processus sociaux impossible à contrôler. Devant ces différente injustices sociales ou naturel, aucune justification rationnelle n'existe vraiment. Sans réponse aux questions existentielles, sans solution face aux injustices subies, ces personnes sont d'autant plus réceptives à l'idéel’idée d'un abri qui leur permettra de se protéger de leurs idées noires ou de leur désespoir. Cette abri, certain le trouve dans la drogue. Le réconfort sera de courte durée, mais il permettra d'oublier ou de se distraire de la réalité le temps des effets de la substance. Il existe ensuite un autre type d'abri pouvant être de longue durée cette fois. Cette abri, c’est la croyance en différents principes transcendantaux véhiculés par les nombreux cultes représenté au Brésil qui permettront d'ajouté à la réalité de nouveaux concepts qui permettrons de rendre la vie plus supportable.
 
=== Se réfugier dans la drogue ou l'activité ===