« Recherche:Questions d'éthique concernant la publication scientifique » : différence entre les versions
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==Mise en contexte==
Voici en 2016, le cas de figure un étudiant en dernière année d'un master scientifique qui voulait, dans le cadre de son mémoire, avoir accès au dernier travail de son encadrant. Il se connecte à Internet, recherche le titre de l'article via Google et voici que le lien pointant vers l'article recherché apparaît en premier choix. Il clique sur l'hyper-lien proposé par Google et arrive directement sur la page d'un ''peer-reviewed journals'' comprenant plus de 1500 livres, une collection d'articles scientifiques et un service de mise à jour de la littérature scientifique. A la déception de l'étudiant, la page dédiée à l'article lui demande un paiement de £ 39,75 pour télécharger l'article sous format PDF. Ne voulant pas payer cette somme, l'étudiant se résigne à trouver une manière alternative pour se procurer le document. Il se renseigne d'abord pour voir si un accès gratuit au site n'est pas possible via le proxy de son Université, malheureusement ce n'est pas le cas. Une autre alternative, moins officielle cette fois, est de se rendre sur le site « SCI-HUB ». Ce site est affiché en caractère cyrillique dans le premier lien offert par Google. Pour trouver son article, il lui suffira d'écrire soit le nom de l'article au complet, soit l'URL de la page d'accès payant de l'article. Après avoir introduit un code pour prouver qu'il n'est pas un robot, l'étudiant voit l'article s'afficher sur son écran dans les deux secondes qui suivent. Il n'a plus qu'à cliquer sur le bouton télécharger ou imprimer pour garder le document sous format électronique ou papier.
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Enfin, comme alternative à la voie dorée, il existe la « voie verte » ou autrement dit, la publication de travaux scientifiques en libre accès mais pas toujours dans un système d'archives ouvertes géré par l'institution de recherche ou l'état comme cela devrait être le cas pour la France si l'article 9 du projet de loi pour une République numérique venait à se concrétiser.
==Questionnement éthique==
Au départ de cette mise en contexte, voici maintenant un ensemble de questions éthiques :
Est-ce normal qu'un étudiant doive dépenser de l'argent pour avoir accès à la dernière version des travaux de son encadrant ? Le prix à payer pour accéder aux études supérieurs n'est-il pas suffisant pour se voir garantir l'accès à tous les documents nécessaires à la réussite de celles-ci ? Peut-on accepter que la richesse d'un étudiant puisse influencer la qualité de ses travaux et donc fatalement ses capacités de réussite ? D'autre part, « L'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite »<ref>{{Cite web| Nations Unies|title=La Déclaration universelle des droits de l'homme|accessdate=2016-04-20|url=http://www.un.org/fr/universal-declaration-human-rights/index.html}}</ref> nous stipule l'article 26 de la déclaration
A toutes ces questions, la réponse d'un auteur philosophe tel que [[w:John Rawls|John Rawls]]
Est-ce normal d'autre part qu'une maison d'édition, fusse-t-elle un organisme non-lucratif, demande de l'argent pour publier un document sans y apporter elle même aucune modification, mais en faisant faire le contrôle et les modifications par des bénévoles ? La réponse d'un auteur tel que [[w:Karl Marx|Karl Marx]] serait certainement non, et ce en vertu de
▲« L'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite »<ref>{{Cite web| Nations Unies|title=La Déclaration universelle des droits de l'homme|accessdate=2016-04-20|url=http://www.un.org/fr/universal-declaration-human-rights/index.html}}</ref> nous stipule la déclaration universel des droits de l'homme. Mais est-il cohérent de promouvoir un accès égalitaire aux études supérieures sans garantir un accès égalitaire aux publications scientifiques ?
Est-ce normale
▲A ces questions, la réponse d'un auteur tel que John Rawls sera certainement non, et ce en vertu du principe d'égalité des chances.
A cette question, la réponse l'article 22 de la déclaration universelle des droits de l'homme répond que <blockquote>« ''Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays.'' »</blockquote>
▲Est-ce normal d'autre part qu'une maison d'édition, fusse-t-elle un organisme non-lucratif, demande de l'argent pour publier un document sans y apporter aucune modification ? La réponse d'un auteur tel que Karl Marx serait certainement non, et ce en vertu de l'idée d'exploitation d'une masse salariale.
Est-ce normal enfin, qu'une notoriété, qu'elle soit celle d'une revue ou celle d'un auteur, puisse apporter une valeur heuristique ou une garantie de qualité à un document scientifique ? Les comités de relecture et d'évaluation des travaux scientifiques se font à l'aveugle pour éviter d'influencer l'esprit critique du relecteur, pourquoi dès lors étendre cette esprit critique à l'ensemble des lecteurs qu'ils soient scientifiques ou non ? Autrement dit, peut-on accepter que la notoriété établisse une confiance chez les lecteurs qui baissera la vigilance de ces derniers quant à la véracité des informations ?
▲Est-ce normale enfin que des personnes aux ressources financières limitées, étudiants, chercheurs, enseignants, ou encore médecins des pays économiquement défavorisés ne puissent avoir accès aux savoirs scientifiques ? Est-il acceptable que ce refus de partage puisse avoir des conséquences dramatiques en termes d'éducation, de progrès scientifique, et d'efficacité dans des pratiques professionnelles telles que des soins de santé ?
A cette question, un
▲A cette question, la réponse l'article 22 de la déclaration universelle des droits de l'homme répond que <blockquote>« ''Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays.'' »</blockquote>Quand à la notoriété, qu'elle soit celle d'une revue ou celle d'un auteur, comment peut-elle devenir un gage heuristique ou une garantie de qualité scientifique ? Les comités de relecture et d'évaluation des travaux scientifiques ne se font-il pas à l'aveugle pour éviter d'influencer l'esprit critique du relecteur ? Pourquoi dès lors privés les lecteurs suivant qu'ils soient scientifiques ou non, de cette capacité d'esprit critiques en établissant des critères de notoriété sur les différents contenus scientifiques ? Autrement dit, qu'est-ce donc que la notoriété si ce n'est que l'établissement d'une confiance qui baissera la vigilance des lecteurs quant à la véracité des informations ?
Gardons
▲A cette question, un auteur tel que Popper répondra que la science se définit en terme de réfutabilité et non de notoriété.
A cette question, quelle scientifique serait prêt à répondre ? Probablement pas ceux qui profitent du système et qui ne veulent pas le remettre en question, ni ceux qui en sont exclu et qui craindront toujours d'être perçu comme de médiocre jaloux.
▲Gardons enfin à l'esprit que l’oligarchie lucrative établie par les maisons d'édition n'aurait pu s'établir sans le consentement d'une part des lecteurs qui acceptent de payer l'accès aux publications, et d'autre part des auteurs qui acceptent de remettre leurs droits d'auteur ou de payer pour publier leur travaux. N'est pas là l'indicateur d'une dérive élitiste sociale et institutionnelle au sein de nos sociétés ? Prenons aussi à témoin la sphère politique et ses élections médiatisées qui aboutissent au choix de représentants en fonction de leur prestance bien plus qu'en fonction de leurs vertus. Prenons aussi à témoin la sphère commercial dans laquelle le marketing détermine bien plus les ventes que la qualité des produits. Bien qu'elle serait certainement un éclairage utile, la réponse à cette ambitieuse question dépasse malheureusement les objectifs fixés dans ce travail.
== Notes et références ==
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