« Recherche:Quel abri pour l'être humain ? » : différence entre les versions

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Au cours de la conversation, j'apprends que Jean a de la famille à [[w:Rio|Rio]], mais qu’il ne possède pas les quatre cents réaux qui lui permettraient de faire le voyage. Il me dit aussi qu’il a bien un endroit où dormir à Salvador, mais qu’il n'a pas les trois réaux pour prendre le bus qui lui permettrait de s'y rendre. Bien qu’il vient de passé cette nuit à la rue, Jean m'informe qu’il a travaillé quinze ans pour la propriétaire du bâtiment qui se situe de l'autre côté de la rue où nous sommes en train de manger. Actuellement, à cinquante-cinq ans, il se considère trop vieux pour trouver du travail dans son métier de [[w:mécanicien automobile|mécanicien automobile]]. Si par chance il en trouvait, ce serait pour être sous-payé et mal traité. Regarde ce chien qui boite, me dit-il, c’est quelqu’un qui l'a blessé sans aucune raison...
 
Ce genre de témoignage, j’aurais pu en récolter mille si j'en avais eu le courage. Les rues de Salvador regorgent de sans-abris de tous genres allant de la personne déficiente mentale aux familles complètes avec bébé en couche-culotte, en passant par des enfants esseulés ou femmes enceintes. Tous ces gens dorment le jour et veillent la nuit pour des problèmes d'insécurité particulièrement dramatique à Salvador. Des gens qui vivent dans la rue, cela existe aussi dans la plupart des grandes villes européennes, et bien que chaque sans-abri ait sa propre histoire, les problèmes liés au manque d'abri sont souvent du même ordre : trouver de l'argentl’argent l'après midi, veiller la nuit dans une recherche de nourriture, de drogue parfois, puis dormir le matin dans des endroits cachés ou très fréquentés pour évité les risques d'agression.
 
[[Fichier:Maison Margerita.jpg|thumb|upright=2|Photo n<sup>o</sup>7: intérieur d'une maison sur l'île d'Itaparica.|upright=3.5]]
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[[Fichier:João Ubaldo Ribeiro.jpg|thumb|Photo n<sup>o</sup>12: João Ubaldo Ribeiro et sa compagne.|upright=1.2]]
 
Le lendemain, j'étais invité par Omara à une sorte de soirée de gala en l’honneur du célèbre auteur brésilien [[w:pt:João Ubaldo Ribeiro|João Ubaldo Ribeiro]] dont l'œuvre principale ''[[w:pt:Viva o Povo Brasileiro|Viva o Povo Brasileiro]]'' se déroule dans la ville d'[[w:Itaparica (ville)|Itaparica]]. Il y avait pour l’occasion une adaptation théâtrale de quelques textes de l'auteur par la petite troupe de théâtre d'Omara. Sous forme de petits sketchs, les textes abordaient des situations de la vie courante, comme par exemple une discussion entre une femme et son mari concernant l'éducation de leur enfant. Le spectacle de théâtre fut suivi de plusieurs spectacles de danse et de musique dont l'un était fait par un groupe de personnes déguisées en Indiens qui interprétaient, sans grande conviction, un texte et un chant sensés représenter, la culture indienne des premiers habitants de l'île. Itaparica est en effet un nom amérindien qui signifie « entouré de cailloux » bien qu'en réalité il ne s'agit pas de pierre mais de coraux. A la fin du gala, j’ai suivi la petite troupe composée de personnes dont l'âge pouvait varier de dix à trente ans voir plus. Sur une terrasse pas loin du lieu de représentation, nous avons mangé des « pastel de forno », sortes de petits chaussons salée en pâte feuilletée fourrés de légumes ou de viande. L’ambiance était très décontractée et je trouvais cela épatant que des gens d'un âge si différent puissent aussi bien s'entendre. De retour à l'Oficina de Artes, je me suis décidé à parler à Omara de mes problèmes d’argent et d'isolement pour en arriver à lui faire la proposition de lui donner la totalité de l'argentl’argent qu’il me restait pour pouvoir venir vivre le restant de mon séjour avec les personnes de l'Oficina de Artes. Comme il y avait un problème de place, c’est seulement après un jour de réflexion qu'Omara me fit une proposition. Elle nous rassembla, son fils, Passarinho un capoeiriste brésilien logeant sur place et moi pour proposer au capoeiriste que je partage sa chambre en échange de quelques coups de main que je lui donnerais pour construire sa maison en chantier. Le marché fut conclu et c’est avec un grand soulagement que je retournai passer ma dernière nuit dans la maison d'Olivia.
 
[[Fichier:Oficina Chambre.jpg|thumb|Photo n<sup>o</sup>13: Chambre dans laquelle j’ai logé à l'Oficina de Artes.|upright=1.2]]
 
Quand je suis arrivé le lendemain, j’ai dû insister auprès d'Omara pour qu'elle accepte l'argentl’argent que je lui avais promis. J'appris par la suite que le jour-même tout avait été dépensé dans l'achat de nourriture pour la petite communauté. Sans trop comprendre, je n'ai jamais eu de grandes conversations Passarinho (de son nom capoeiriste) avec qui je partageais la chambre. Il n'était pas très loquasse et répondait juste à mes questions sans jamais m'en rendre de retour. Malgré cela, la cohabitation fut très agréable et il est toujours resté très sympathique et très attentif envers moi. Dès mon arrivée j’ai insisté pour que nous partions jusqu'à sa maison, mais nous ne sommes partis que l'après-midi. On y est arrivés en vélo, lui sur un vélo acheté en Europe suite à un stage donné dans l'école du frère d'Omara, moi sur son ancien vélo tout juste en état de marche. Sa maison était située dans les campagnes de l'île. L'eau courante venait juste d’être installée dans le cartier deux semaines auparavant. Le bâtiment en construction se situait juste à côté de la maison de la tante de Passarinho à qui nous avons rendu visite. L'avancement des travaux se limitait à la construction des murs car malheureusement la situation financière de Passarinho ne lui permettait pas d'acheter les matériaux nécessaires pour continuer la construction. Le petit bâtiment était composé en tout de quatre pièces en rez-de-chaussée. Passarinho avait grandi jusqu'à {{unité|20|ans}} dans ce milieu rural. Âgé maintenant d'une bonne trentaine d'année, il avait roulé sa bosse dans les métiers de la construction et puis comme professeur de capoeira, pour se retrouver actuellement sans emploi et quelque part obligé de loger chez Omara en échange de ses services de professeur de capoeira. Il était impossible de trouver du travail sur l'île disait-il, et donner des cours de capoeira en Europe à l’heure actuelle était devenu impossible tant il existait déjà de nombreuses écoles et professeurs. Son seul espoir était de retrouver du travail dans le bâtiment via son frère installé sur le continent à proximité de l'île. Mais encore une fois, c’est le logement qui posait problème, car on lui cherchait toujours une place pour le loger. Finalement, Je me serai rendu qu'une seule fois jusqu'à la maison de Passarinho durant tout mon séjour, il n'y est lui-même retourné qu'une fois sans vouloir que je l'accompagne à cause d'une crevaison à la roue arrière de son ancien vélo.
 
[[Fichier:Oficina artes salle.jpg|thumb|upright=2|Photo n<sup>o</sup>14: Salle des activités de l'Oficina de Artes.|upright=3.5]]
 
Suite à la visite de la maison de Passarinho, j’ai retrouvé Omara en train d'écrire sur son ordinateur les textes du prochain spectacle de théâtre dans l’idée de les imprimer et de les distribuer aux comédiens. Comme je lui avais dit que j'étais intéressé pour l'aider dans ses ateliers de théâtre, elle m'a demandé de bien vouloir animer l'atelier pendant qu'elle finissait son travail. Je le fis avec grand plaisir en mettant à profit ma propre expérience théâtrale dont je lui avais fait part les jours auparavant. L’atelier fut donné sur une grande terrasse protégée d'un grand auvent. A la fin de l'atelier, nous sommes redescendus pour rejoindre l’entraînement de capoeira que le fils d'Omara avait déjà commencé. Au moment de la « roda » ( Moment de lutte proprement dite où les capoeiristes forment un cercle musical dans lequel les participants s’affrontent un à un dans un système de tournante improvisée ), Omara fit une intervention très sévère en raison du manque d’énergie manifesté par l'ensemblel’ensemble des participants. Son discourt était moralisateur et il y en eu bien d'autres durant les activités de l'Oficina de Artes et ce tant au niveau de la capoeira qu'au niveau du théâtre.
 
Le soir-même après l’entraînement, Omara sortit un gâteau d’anniversaire qu'elle avait préparé pour les {{unité|31|ans}} d'une des capoeiristes et participantes de l'atelier de théâtre. La fille reçut aussi en cadeau d'Omara un très joli collier affricain aux couleurs bleues dont je reconnaissait la fabrication touareg. Quand la fille remercia Omara, elle l'appela maman. Il est courant me dit un jour Omara, que des jeunes dont elle s'occupe l'appellent maman, la première fois que cela lui est arrivé me dit-elle, cela lui permit de réaliser que « ha pesoas que presisem de um abrito afectivo » (Il y a des personnes qui ont besoin d'un abri affectif). Le soir de cette journée bien remplie après avoir reçu les clefs de la porte d'entrée du bâtiment, je me suis endormi pour la première fois depuis mon arrivée au Brésil dans un état d'esprit tout-à-fait serein.
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=== Se réfugier dans la drogue ou l'activité ===
 
Une drogue très répandue au Brésil telle que le [[w:Crack (stupéfiant)|crack]] ou même l'alcool aident ainsi à se distraire de la réalité. J’ai eu de nombreux témoignage durant mon séjour concernant des gens ayant été agressés par des consommateurs de ce crack. Apparemment, le crack aurait un effet désinhibant comme en témoigne Yan qui a reçu un jet de pierre à la tête suite à une discussion dans laquelle il proposait à une femme de partager sa nourriture plutôt que l'argentl’argent dont il avait besoin. Selon un article de Wikipédia<ref>http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Crack_(stupéfiant)&oldid=65397659</ref>, les effets du crack sont connu pour être similaires à la [[w:cocaïne|cocaïne]], mais plus violents, rapides, et brefs. Ces effets sont caractérisés par une forte stimulation mentale et une impression de rêve qui s'achève à la descente et ne peut continuer qu'avec une nouvelle prise. Cette sensation semble se comparer à celle que l’on ressent juste après une épreuve stressant que l’on vient de réussit avec grand succès, comme une pièce de théâtre un examen devant un jury ou un exposer publique par exemple. On se sent très stimulé à la foi physiquement et mentalement, incapable de se reposer même en situation de manque de sommeil, on a le moral et on est à mille lieux de se poser des questions existentielles vu la puissance personnelle ressentie. C'est dans ce sens qu'une drogue tel que le crack, la cocaïne et probablement l’[[w:héroïne|héroïne]] peut être un refuge spirituel face aux questions insolubles. La drogue n'apporte pas l'espoir par des réponses de types transcendantales comme la religion mais elle est un moyens efficace de contourner les questions en les escamotant.
 
Certaines hormones sont aussi à l'origine d'un certain état de bien être tel que la [[w:dopamine|dopamine]] ou l’[[w:adrénaline|adrénaline]] qui peuvent être créées par une activité physique intense ou des situations sensationnelles. Un sport comme la capoeira par exemple − qui n'a rien à voir avec la religion selon Omara bien que certains capoeiristes de renom étaient aussi de grands pratiquants dans le culte du candomblé − peut ainsi être un excellent refuge pour l'esprit. On se sent bien après un entraînement durant le quel on a été absorbé par le contrôle des mouvements de son corps tout en produisant la dopamine qui apportera suite au sport, un effet relaxant.