« Recherche:Quel abri pour l'être humain ? » : différence entre les versions

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Trois nuits après mon arrivée, sur plus d'une vingtaine de demandes personnalisées, aucune d'entre elles ne fut concluante et, chaque soir, je devais trouver une solution de dernière minute pour mon hébergement. Le 14 janvier, jour de mon anniversaire, une proposition d'hébergement qui déboucha sur un conflit en ligne, fut annulée vers 22 heures et m’obligea à trouver un logement de dernière minute chez un autre CouchSurfer rencontré dans un bar<ref> http://www.couchsurfing.org/group_read.html?gid=20846&post=7806668#gpid7806668</ref>. Le lendemain, à bout d'énergie et de motivation, je me suis donc résigné à prendre une chambre d'hôtel à cinquante réaux la nuit pour enfin me reposer de la fatigue du voyage et des difficultés d'acclimatation. Dans la ville de Salvador, les prix d’hôtel, complets pour la plupart à cette époque, pouvaient grimper jusqu'à cent cinquante réaux la nuit (concernant le change, il fallait compter environ un euro pour deux réaux). Deux nuits plus tard, je trouvais une place dans une [[w:auberge de jeunesse|auberge de jeunesse]], à quarante réaux la nuit avec un accès Internet gratuit.
 
Mais ma situation s'est compliquée à nouveau lorsque je me suis retrouvé sans ressource financière après le blocage de mes deux cartes bancaires. La première fut bloquée suite à une erreur répétée dans l'encodage du mot de passe, et la deuxième en raison de la nouvelle législation relative aux services de paiement et l’espace de paiement européen unifié<ref> http://economie.fgov.be/fr/binaries/Brochure_nouvelle_legislation_SEPA_201102_tcm326-128429.pdf</ref> qui a limité l'utilisationl’utilisation de ma carte de débit dans la [[w:zone euro|zone euro]] sans que j'en sois averti. Je me retrouvais de la sorte avec une quantité d’argent limitée pour terminer ce séjour de trois mois, et il me fallait donc trouver rapidement un lieu qui me permettrait de faire mon travail de terrain tout en vivant de façon économe. Sept jours et six nuits se sont ainsi écoulés avant que mes recherches aboutissent. Durant ce temps, je faisais connaissance avec d'autres personnes en manque d'abri, comme par exemple un jeune Belge en voyage de puis plus d'un an Amérique latine et temporairement installé Salvador ou encore un Bahianais quinquagénaire dormant dans la rue et blessé au bras suite à une agression. J’ai découvert dans les rues de Salvador de nombreux sans abris qui dorment le jour dans des lieux fréquentés, et veillent la nuit pour des raisons évidentes de sécurité. Toutes ces réalités quotidiennes liées à mes propres soucis de logement, m'ont posé réflexion sur la condition de l'être humain qui, depuis la nuit des temps, a besoin d'un abri physique pour garantir sa sécurité durant son sommeil, que ce soit une caverne ou un hôtel.
 
Suite à l'abandon du projet CouchSurfing, j’ai ensuite vécu d'autres expériences qui m'ont confronté à des besoins d'autres natures mais toujours proche du besoin conceptuel d'un abri. Quelques mois plus tard, dans ce travail de réflexion et d'écriture, j'en viens à développer cette idée que l'être humain a besoin de trois types d'abris pour vivre dans des conditions de sérénité :
 
* Un abri physique, pour se protéger des agressions due à l'environnement.
* Un abri social et affectif, dans lequel s’épanouir avec d'autred’autre personnes.
* Un abri spirituel pour se protéger des questions d'injustice et philosophiques sans réponse.
 
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La retranscription détaillée des enregistrements du dictaphone me demanda plus de trois jours complets durant lesquels j’ai rempli plus de 110 pages de cahier format [[w:Format de papier|A3]] et vidé complètement un stylo à bille dont je m'étais même assuré de la permanence des traits en cas de contact à l'eau. Mais, cette fois-ci, ce fut la taille de tous les fichiers photo réunis qui m’empêcha de les télécharger dans un temps raisonnable, vu le faible débit des connexions offertes dans les cybercafés. Ce système n'aurait donc pu fonctionner que lors d'une sauvegarde journalière, mais il était trop tard. La solution ultime après plus de 15 jours de recherche fut finalement de transférer régulièrement, grâce à l'ordinateur d'un cybercafé, les images de la carte mémoire de mon appareil photo vers une autre carte mémoire de type [[w:micro SD|micro SD]] que je gardais en lieu sûr et que j’imaginais même pouvoir dissimuler sous un [[w:sparadrap|sparadrap]] en cas de situation à risque. Aujourd'hui, je pense que cette solution reste la plus adéquate pour prévenir la perte ou le vol de mes données sur un terrain où l'accès à Internet est problématique voir impossible et où le vol et l'agression sont à craindre.
 
Concernant le dictaphone, je me suis rendu compte que la retranscription des enregistrements couvrant toute une période de terrain serait extrêmement longue et fastidieuse, même si la fonction de mise en pause et redémarrage automatique des enregistrements permet de réduire le temps d'écoute d'une façon appréciable. De plus, je me suis rendu compte que l'écriture apportait un plus par rapport aux observations faites « à chaud » sur mon dictaphone. Ce plus, c’était le temps de réflexion et d'analyse que suscitait la lenteur de l'écriture manuscrite. À tête reposée, la pratique régulière de l'écriture me permettait de prendre du recul par rapport à mes informations de terrain et, grâce à ce recul, il m'était permis de récolter des idées, des questions, des doutes et toutes sortes de pensées utiles à l'organisation de mon travail. Je réservais donc l'utilisationl’utilisation du dictaphone pour la sauvegarde des informations et des idées qui surgissent en pleine action ou à des moments peu propices à l'écriture. Un jour cependant, je me suis retrouvé dans l'incapacité de comprendre mes propres paroles concernant un lieu important où je devais me rendre. De cette mésaventure, j’ai ainsi appris qu’il était aussi très utile d’avoir toujours sur soi un petit calepin pour orthographier de manière précise et correcte les noms propres, numéros de téléphone, adresses et nouveaux termes inconnus, pour les recopier tous les soirs dans le carnet de terrain.
 
[[Fichier:Outils anthropo.jpg|thumb|Photo n<sup>o</sup>4: Ensemble des outils et source d'information rapporté du Brésil.|upright=1.2]]
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[[Fichier:Compteur électrique.jpg|thumb|Photo n<sup>o</sup>10: Coffret électrique composé d'un compteur, d'un disjoncteur unique et de deux porte-bonheur... : « Mãos de figa » (mains de figue).|upright=1.2]]
 
Depuis mon arrivée sur l'île, je croisais régulièrement Michel, l'un des deux Français que j’accompagnais parfois dans ses activités, mais j’évitais autant que possible de passer trop de temps en sa présence, d'une part à cause d'un manque d'affinité et d'autred’autre part, pour ne pas associer mon image à la sienne et risquer de tomber dans ce que Jean-Pierre Olivier de Sardan appelle « L'encliquage » {{Référence Harvard|de Sardan|2008|p=93}} ou, autrement dit, le risque de se voir enfermé dans une « faction » sociale liée aux expatriés locaux. Ceci risquerait d'une part de biaiser ma vision des choses et d'autred’autre part m’empêcherait de prendre contact avec des personnes qui déprécierait Michel et son entourage. Jour après jour, je me suis senti de plus en plus seul, me couchant, me levant, déjeunant dans une maison vide et passant mes journées à tenter de résoudre des problèmes de sauvegarde d'informations. Mon moral était en baisse et les problèmes d'éloignement par rapport à ma compagne n'en étaient que plus difficiles à vivre.
 
Cette situation suscita une nouvelle réflexion par rapport au besoin de l'être humain. L'abri physique que j’avais trouvé ne suffisait pas à mon bonheur ni à donner un sens à ma venue au Brésil. Il me fallait trouver un autre abri. J'avais trouvé dans cette maison une sécurité physiquement, il me manquait maintenant un endroit où je puisse m'épanouir dans une vie sociale qui me donnerait matière à réflexion pour mon travail d'anthropologie.
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Au départ de l’idée de spiritualité, je conçois donc l'abri spirituel non pas en tant qu'abri pour l'âme − l'âme à mon sens est un concept trop peu immanent pour être porteur dans le cadre d'observation anthropologique − mais bien en tant qu'abri pour certaines [[wikt:pensée|pensée]], [[wikt:idée|idées]], [[wikt:sentiment|sentiments]], ou [[w:émotions|émotions]] néfastes aux personnes. L'abri spirituel, se conçoit donc comme une manipulation de l'esprit qui permettrait à une personne de s'abriter de ses pensées, idées, sentiments ou émotions insupportables[[wikt:cognition|.]]
 
Durant mon voyage, j’ai croisé des hommes, des femmes, et des enfants confrontés à des souffrances physiques et morales importantes. La plus part étaient confrontés à la fatalité d’être né dans un milieu défavorisé, d'autred’autre de sont vu victime de processus sociaux impossible à contrôler. Devant ces différente injustices sociales ou naturel, aucune justification rationnelle n'existe vraiment. Sans réponse aux questions existentielles, sans solution face aux injustices subies, ces personnes sont d'autant plus réceptives à l’idée d'un abri qui leur permettra de se protéger de leurs idées noires ou de leur désespoir. Cette abri, certain le trouve dans la drogue. Le réconfort sera de courte durée, mais il permettra d'oublier ou de se distraire de la réalité le temps des effets de la substance. Il existe ensuite un autre type d'abri pouvant être de longue durée cette fois. Cette abri, c’est la croyance en différents principes transcendantaux véhiculés par les nombreux cultes représenté au Brésil qui permettront d'ajouté à la réalité de nouveaux concepts qui permettrons de rendre la vie plus supportable.
 
=== Se réfugier dans la drogue ou l'activité ===
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[[Fichier:Objets de culte.jpg|thumb|Photo n<sup>o</sup>30: Image d'un dieu hindou placée à côté des objets de culte l'église messianique mondiale|upright=1.2]]
 
Le mot « milagre » (miracle) est souvent apparu dans mes conversation et lecture concernant le culte de l'église messianique mondial et pour Omara, « cada pesoa que vem aqui [Oficina de Artes] e um milagre , você e um milagre aqui » (chaque personne qui vient à l'Oficina de Artes est un miracle, tu es un miracle ici). Cette vision très positive et encourageante du monde par le miracle semble être un sujet de discussion récurrent dans l'église messianique mondial. En tout cas, il m’est apparu à la fois à cérémonies (culto) à la quelle j’ai accompagné Omara, dans les discussions que j’ai eu avec son fils aîné et dans les deux revues papier que j’ai reçues. Dans une ces revues intitulée Izunome et accessibles en ligne sur la page de l'église messianique mondiale du Brésil<ref> http://www.messianica.org.br/revista/edicoes_anteriores.htm</ref> j’ai pu retrouver par exemple le témoignage, photo et journaux à l'appui, d'un marchant de voiture qui reçu « uma nova oportunidade de vida » (une nouvelle opportunité de vie) grâce à son Ohikari qui dévia un balle tirée en plein cœur par un agresseur.<ref> http://www.messianica.org.br/revista/Revista%20Izunome%2025/pag18-19.pdf</ref>. A côté de ces croyances, il y a aussi tout un discours très élaboré autour de ce que j’appellerai le « vivre sainement et respectueusement ». Tout un discours qui s'articule au niveau de la production d'une nourriture de qualité en respect de l'environnement et des animaux d'élevages comme peuvent en témoigner de nombreux articles de la revue Izunome mais aussi au niveau d'une certaine méfiance envers la médecine avec comme me disait Omara « O remedio, ele nao cura e provoca outras doenças » (le remède, il ne cure pas et provoque d'autred’autre maladie).
 
Enfin, si l'église messianique mondial a pris un tel essor au Brésil par rapport aux autres pays du monde, cela s'explique peut-être par le fait qu'elle permet un mélange de cultes auquel le peuple Brésilien semble habitué. Car en effet, la pratique de ce culte n'oblige n'engage à aucun renoncement d'une ou de toutes autres religions et comme en témoigne la photo n<sup>o</sup>31 prise dans la chambre d'Omara, le mélange avec des objets symboliques venus culte différent ne pose aucun problème.Mais je ne crois pas ce soit uniquement cette aspect du culte qui séduit Omara car en parlant de son église, elle me dit un jour: « eu nao precisava de modar nada de minha maneira de fei para segir esta religao » (je n'ai pas eu besoin de changer quoi que ce soit de ma manière d’avoir la foi pour suivre cette religion). Vis-à-vis de cette réflexion, je pense plutôt qu'Omara a tout simplement trouvé dans le culte de l'église messianique mondiale un message qui correspond parfaitement à sa personnalité. Car de fait, une personne comme Omara qui consacre une grande partie de sa vie aux autres et qui avoue parfois se sentir seule physiquement mais jamais spirituellement doit certainement se reconnaître dans ce message peint sur un mur intérieur de l'église: « Quem ama a vida e ajuda o proximo sera amado e protegido por Deus onde quer esteja » (Qui aime la vie et aide son prochain sera aimer et protégé par Dieu où qu’il sera).