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m →‎Poétique théâtrale chez Hegel et Brecht : Correction orthographique et grammaticale
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== Poétique théâtrale chez [[w:Hegel|Hegel]] et [[w:Brecht|Brecht]] ==
 
Chez Hegel la raison de l'action réside dans le caractère du personnage objet, à travers un déterminisme absolusabsolu alors que chez Brecht c’est l'environnement social qui est la cause de l'action le personnage n'étant que sujet intermédiaire. La poétique de Hegel est déterministe et dans ce sens idéaliste. L'action des personnages n'a pour limite deque celle des autres personnages. Celle de Brecht est emprunte de marxisme et traduit le monde dans ses rapport de classes et de dominations.
 
Nous voici devant deux type de dramaturgie qui chacune à sa manière pousse à la révolution en représentant la réalité de manière différente. Alors que Hegel fait appelleappel aux sentiments du spectateur pour l'inciter à l'action, Brecht fait appel à sa raison. De ce fait Brecht fait un premier pas vers la libération du spectateur. Plutôt que de privépriver le spectateur de sa capacité de libre arbitre dans ce qu’il appelle « une orgie émotionnelle » il l'invite plutôt à la réflexion et à se positionner en lui montrant comment sont vraiment les choses.
 
Nous découvrons ici qu’il y a plusieurs manières d'inviter le spectateur à l'action. Le théâtre s'il est reconnu comme outil politique semble donc un outil complexe que l’on peut utiliser différemment au bénéfice de différentes tendances. On peut penser que les auteurs et dramaturges s'influencent entre eux à travers leurs lectures. On peut aussi croire que la tendance politique de chacun doit jouer un rôle important dans ceces jeux d'influence. Pour exemple, Augustocomme Boalen partémoigne l'exemple ad'Augusto faitBoal.
 
Augusto comme Brecht, s'exprime avec des termes teltels que classes sociales, bourgeoisie, capitalisme, oppression, culture dominante, tous des mots issus du vocabulaire marxiste puisque touttous deux sont pour une politique de gauche. Ainsi, le fait qu'Augusto Boal choisichoisisse dans sa poétique de l'opprimé d'approfondir la démarche entamée par Brecht, celle de la libération du spectateur, est certainement lié au fait qu’ils partagent sans se connaitre les mêmes opinions politiques. L'art contrairement à la sciencesscience ne doit pas répondre auaux exigenceexigences du positivisme. Dès lors, son contenu souvent subjectif est donc susceptible d’être politiquement classé.
 
== Poétique théâtrale chez Augusto Boal ==
 
Dans la présentation de sa poétique Augusto Boal nous fait part de ses expériences, des évènements biographiques qui lui onont permis de concevoir le concept du théâtre de l'opprimé. Nous n'allons pas reprendre ici en détails tout ces informations, le but n'étant pas de faire un résumé de l'ouvrage, mais nous allons mettre en évidence et en relation les faitfaits biographiques marquants avec les différentes étapes de constructionsconstruction de la poétique.
 
=== Nationalisation du théâtre ===
 
Augusto Boal commence ses activitéactivités théâtralethéâtrales à une époque ou le théâtre Brésilien est encore aà créer. À ce moment, la préoccupation d'Augusto Boal est de concevoir une expression théâtrale originaloriginale empruntemprunte d'une identité brésilienne et en opposition au théâtre traditionnel européen. Le hasard et sans doute ses orientations politiques l'orienteorientent vers la pratique du théâtre de [[w:Stanislavski|Stanislavski]], un théâtre réaliste contemporain. Ce besoin de créer quelque chose de nouveau en opposition à ce que propose la culture du continent colonisateur fut certainement un point de départ à la création de la poétique d'Augusto Boal qui semble restérester très sensible au sujet de la colonisation lorsque dans son discourtdiscours présenté durant le Forum Social Mondial, il dit en parlant de l'affaire Cesare Battisti : « Notre Forum est pluraliste, et doit se manifester contre le colonialisme italien qui offense notre souveraineté ».
 
Durant toute cette période où il travaillait pour le théâtre Arena et l'école théâtrale de Sao Paulo, Augusto Boal, parcouru différents styles théâtralethéâtrales. Le style réaliste de Stanislavski avec le drame urbain et [[w:prolétariat|prolétarien]] coïncidant avec le nationalisme en politique et l'essor de l'industrialisation. Ensuite arriva ce qu'Augusto Boal appelle la nationalisation des classiques et qui consistait à traduire les classique en Brésilien pour les interpréter de façon libre. Vient ensuite l’introduction de la musique et la destruction des conventions théâtrales considérées comme obstacles au développement esthétique du théâtre. La dernière étape libératrice du théâtre traditionnel fut l’invention du « Joker »
 
=== Le Joker, liaison entre scène et publique ===
 
Le concept du Joker fut inventé lors de l'élaboration d'un spectacle sur le thème de « Zumbi ». [[w:Zumbi Dos Palmares|Zumbi Dos Palmares]] fut l'un des chefs de guerre les plus importants du royaume autonome des [[w:Palmares|Palmares]], fondé au XXII siècle par des esclaves insurgés dans le nord-est du Brésil [6]. Son histoire est très populaire et souvent racontée aux enfants durant leursleur scolarisationsscolarisation. Dans ce spectacle le texte fut donc une composition sur un thème typiquement brésilien. Quand au concept du JockerJoker, il s'agit d'un personnage voisin et contemporain des spectateurs qui opère une sorte d'herméneutique sur les évènementévènements qui se dérouledéroulent sur scène, il interprète les faits. D'un point de vue théâtrale la présence de ce personnage permet une grande liberté dans l’utilisation de techniques d'expressions. Ses interventions permettent un arrêt de l'histoire, des changements de styles, de techniques jusqu'à des permutations entre les acteurs et personnages, sans que le publique ne décroche ou en soit incommodé.
 
D'un point de vue anthropologique la présence du jockerjoker est une évolution dans les relations entre les personnes du publiquespublic et celles de la scène. Avec le JockerJoker, ce que l’on appelle le quatrième mur séparant la scène et les spectateurs disparait complètement. Le JockerJoker fait à la foi partie intégrante du spectacle et du publiquepublic. Dans le processus en construction de la poétique de l'opprimé il est une étape intermédiaire dans la libération du publique au niveau de l'action. Le jockerjoker montre au publiquepublic qu’il est possible de garder un esprit critique et d'interpréter ce qui se passe sur scène comme le suggère Brecht mais aussi montre et démontre au publique comme à Augusto Boal qu’il est possible d'intervenir dans le déroulement de l'histoire sans que le spectacle soit pour autant compromis.
 
=== Libération du spectateur dans l'action ===
 
Nous avons vu que chez Brecht le spectateur était libre de penser : « Brecht refuse que, comme les bourgeois leur chapeau, le spectateur laisse en entrant au théâtre sa cervelle au vestiaire » (Boal, 1996, p.169). Boal quand à lui, va libérer l'acteurle spectateur en lui offrant la possibilité de participer à l'action théâtrale. Dans la poétique théâtral de l'opprimé, le spectateur est libre de penser mais aussi libre d'agir.
La participation d'Augusto Boal au volet théâtralethéâtral d'une campagne d'alphabétisation nationale mit en place par le gouvernement révolutionnaire péruvien en 1973, lui permispermit de mettre en pratique sa poétique de l'opprimé. Il nous parle en détaille de cette campagne et nous expose deux des outils utilisés durant celle-ci que sont la photographie et le théâtre. C'est deux outils furent utilisés dans le soucis de rendre la population active dans son processus d'apprentissage. C'est ainsi qu’ils ont demander aux participants de prendre des photos en rapport à des mots simples vus pendant l'apprentissage de la langue pour en débattre ensuite. Dans le volet théâtral c’était la poétique de l'opprimé qui était mise en œuvre avec tous les problèmes qui se posent lorsqu'on demande à un ouvrier d'incarner un personnage autre que ce qu’il est dans sa vie de tous les jours. Ce fut l’occasion pour Augusto Boal d'élaborer un processus de transformation du spectateur en acteur, basé les quatre étapes suivantes: premièrement connaitre son corps, deuxièmement rendre son corps expressif, ensuite envisager le théâtre comme un langage et enfin envisager le théâtre comme un discourtdiscours. Ces différentes étapes sont décrites dans l'ouvrage mais il ne nous est pas nécessaire de les développer ici pour comprendre qu'en les élaborant et en les testant, Augusto boal apportait la dernière pierre à l'édifice de sa poétique. Cette dernière pierre est l’ensemble des instruments nécessaires à la transformation du spectateur en acteur. L'édifice enfin terminé, Augusto Boal pouvait maintenant publier toute cesses idées et cesses textes dans son livre « Théâtre de l'opprimé ». Ainsi entre sa première mise en scène en 1956 et la publication de son livre en 1974, s'est écoulé près de 18 années de maturation.
 
Nous voyons encore une foifois que la [[w:dramaturgie|dramaturgie]] influence la société autant que la société influence la dramaturgie. Augusto Boal conçoit sa dramaturgie comme un outil de changement de la société mais nous voyons que la société à son tour influence la dramaturgie. D'un autre point de vue, et comme le dit lui-même Augusto Boal dans son livre, « chaque publiquepublic veut des pièces qui confirment sa vision du monde » (Boal, 1996, p.62). Dans une société [[w:occident|occidentaloccidentale]] basée sur le profit économique où l'art est commercialisé, la dramaturgie se pratique parfois voir souvent, voir même principalement, dans un objectif de lucre. Dans ces conditions, et pour des raisons économiques évidentes le dramaturge offre au publiquepublic ce qu’il demande. Dans ce cas encore une foi, c’est la société qui agit sur la dramaturgie.
 
== L'arc-en-ciel de désir ==
 
Dans sa préface Augusto Boal, nous présente en quelques lignes les techniques introspectives et psychothérapeutiques du théâtre de l'opprimé dont il est question dans son ouvrage « l'arc-en-ciel du désir ». J’ai eu la chance de participer à un work-shop de trois jours où l’on à utiliserutilisé ces techniques. C'était avant de lire « Théâtre de l'opprimé » et fort de mon expérience en théâtre action, j’ai fait l'erreur de m'attendre à un atelier théâtral. J’ai donc été surpris de constaté qu’il ne s'agissait pas de faire du théâtre mais bien participer à ce que je considérais comme une sorte de thérapie collective et introspective. Dans les techniques proposées dans « L'arc-en-ciel du désir » l’idée de performance est tout à fait absente. Bien que cette expérience fut très enrichissante, je n'ai donc pas eu l'impression de faire du théâtre. À ce moment pour moi, faire du théâtre impliquait un soucis d'esthétique, un travailletravail du jeuxjeu d'acteur, une idée de représentation, de répétition... Mais seulement utiliser le positionnement du corps et l'improvisation comme outil d'introspection étaient insuffisants pour que je puisse me considéré en train de faire du théâtre.
 
Aujourd'hui, je constate avec grand intérêt qu'en terminant ce travail, ma position à changer et que j'aurais tendance à dire ce work-shop fut un stage de théâtre, pas tude théâtre traditionnel, ni même du théâtre action, mais bien du théâtre de l'opprimé. Je me rends ainsi compte qu'avant de lire l'ouvrage d'Augusto boalBoal, j'étais pris dans une vision limité de ce que pouvait être le théâtre puisque je ne connaissais pas la poétique de l'opprimé. Ce constat m'amène à croire que l'art est avant tout culture ou plus précisément « [[w:Habitus (sociologie)|habitus]] » pour reprendre le concept de [[w:Pierre Bourdieu|Pierre Bourdieu]]. Notre perception du théâtre, mais cela doit être vrai pour l'art en général, semble conditionnée par notre apprentissage de la vie, notre biographie en quelque sorte. Cet apprentissage varie grandement selon les informations qui nous sont accessibles et donc selon notre environnement social, notre culture.
 
Autre fait marquant et significatif d'un point de vue anthropologique, est celui de constater la nécessité qu'a rencontrer Augusto Boal d'élargir les outils de sa poétique de l'opprimé durant son séjour en Europe. Avec son arrivée en Europe, Augusto Boal changeait complètement de contexte et on imagine facilement le choc culturel qu’il pu ressentir. Les techniques élaborées par un réfugié politique torturé et condamné à l'exile après un travail avec des populations vivant dans la précarité ne pouvaient forcément pas convenir à la réalité des pays européens. Il lui fallu donc un temps d'adaptation pour qu'Augusto Boal comprenne ce qui opprimait les habitant européens. Il finit par comprendre qu'en Europe l'oppression est quelque chose d'assimilé et que les européens ne subissent pas une oppression externe mais interne. Une oppression qu’il qualifiera par la suite de « policier dans la tête ». De ce constat lui vint la nécessité d'élaborer des techniques d'introspections pour rendre sa poétique de l'opprimé opérationnelle. Il releva le défit et démontra ainsi que sa poétique est bien universel tout comme peut une expression artistique.
 
Dès lors, une nouvelle question se pose. Comment se fait-il qu'en Europe, mais nous pourrions probablement parler de la plus par des pays de l'hémisphère nord européen, l'oppression est-elle intériorisée dans la conscience voir le subconscient de ses habitants ? Nous avons déjà à travers le système catharsiquecathartique théâtralethéâtral répondu en partie à cette question. Mais dans son discourt lors du Forum Social Mondial de Belém Augusto Boal nous apporte un nouvel éclaircissement sur la question en nous disant ceci :
« Je crains que, même entre nous, beaucoup de gens pensent encore l’art comme ornement, et nous disons : ce n’en est pas un ! Le Mot n’est pas absolu, le Son n’est pas le bruit et les Images parlent. Ce sont les trois chemins réels de l'esthétique pour la compréhension : le mot, le son et l’image. Ce sont aussi les canaux de domination car les trois sont dans les mains des oppresseurs, pas des opprimés : le Mot des journaux, les Sons des radios, les Images de la TV et du cinéma étasunien dominent nos propres moyens de communications et envahissent nos cerveaux avec leur pensée unique, leurs projets impériaux et leurs marchandises. Le temps de l’innocence est fini... Le temps de la contemplation n’est déjà plus. Nous devons agir ! Mot, image et son, qui, aujourd’hui, sont les canaux de l’oppression, doivent être conquis par les opprimés comme formes de libération. Il ne suffit pas de consommer de la Culture : il est nécessaire de la reproduire. Il ne suffit pas de jouir de l’Art : il est nécessaire d’être artiste. Il ne suffit pas de produire des idées : il est nécessaire de les transformer en actes sociaux, concrets et continus. »
 
== Conclusion ==
 
Au terme de cet exposé nous pouvons donc dire que théâtre et société sont étroitement liés, l'un influence l'autre et vice versa. Quand à savoir si le théâtre est politique, cela reste à voir. Nous pouvons être certain que pour des gens comme Aristote, Brecht, Boal le théâtre est politique et pratiqué comme tel, mais qu'en est-il des autres professionnelprofessionnels amateuramateurs ... Une réponse prudente à cette question serait que cela dépend de l'intention que l’on donne à ce que l’on écrit, comment on le met en scène et comment on le joue. Car peut-on poser un acte politique sans s'en rendre compte, comme il nous est possible de subir un discourtdiscours politique sans en être conscient. Nous rentrons ici dans un autre débat qui mérite une réflexion plus profonde sur toutes formes d'art que l’on retrouve dans la publicité, la chanson, le cinéma, la télévision, radio, etc. Quels sont les artistes qui élaborent ou participent à un clip publicitaire en pensant qu’il pose un acte en faveur d'une politique de marché axée sur le consumérisme ? Quel sont les spectateurs de productions cinématographiques conscients de l'idéologie politique véhiculée dans chaque film ? Pour Augusto Boal tout cela semble évident, puisque pour lui, la politique se trouve dans chacun de nos gestes. Son point de vue est tout à fait défendable ce qui pour moi offre tout l’intérêt des dires et écrits de cettecet artiste politicien.
 
== Rélérences ==