« Seigneurs et seigneurie » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
mAucun résumé des modifications
Ligne 27 :
==L'évolution de la seigneurie==
*Comme à l'époque carolingienne, la seigneurie foncière se divise en deux parties, réserve et tenures. Le mot manse et ses dérivés (mas, masure ...) survit<ref>Gauvard, ''La France au Moyen Âge'', p.184</ref>, de même que celui de "manants" (du verbe latin ''manere'', rester)<ref>Gauvard, ''La France au Moyen Âge'', p.154</ref>.
*Au Moyen Âge classique, les redevances dues au possesseur de la terre sont de plus en plus versées en argent. La tenure est en principe inaliénable. Les corvées sont devenues rares<ref>Gauvard, ''Dictionnaire du Moyen Âge'', p.236</ref>. Cette évolution peut s'expliquer par la mise en valeur de nouvelles parcelles, couplée au développement de l'hostise.
* À partir du Xe siècle, les défrichements permettent d'accroître la surface arable : le seigneur prélève alors le champart, redevance proportionnelle à la récolte.
* Le loyer est payé à l'automne, ou en plusieurs fois au cours de l'année. Si l'usage de la monnaie se répand, il peut être aussi acquitté en nature. Le seigneur pourra vendre ensuite ces produits au marché. Son montant varie selon plusieurs facteurs. Le tenancier doit apporter ce loyer au seigneur. Dans les autres cas, un agent seigneurial (sergent ou un censier) vient le collecter.
*Champart et métayage.
*Le bail : ''aprisio'' en Languedoc
*La tenure se transmet de façon héréditaire, contre un droit de mutation (''lods et ventes'') versé au seigneur.
*Le cens est désormais fixé par la coutume orale au nord, et les actes écrits au sud. Ce loyer est fixe, annuel et souvent mixte (nature/argent).
*La réserve est 5 à 6 fois plus étendue qu'une tenure<ref>Gauvard, ''La France au Moyen Âge'', p.154</ref>. Elle n'est plus cultivée par des esclaves. Elle comprend les forêts, sur lesquelles pèsent des droits d'usage.
 
==Le problème de l'alleu==
La question de l'alleu fait l'objet de nombreux débats dans la communauté des médiévistes. L'alleu domine dans le sud de la France jusqu'au XIe siècle<ref>Gauvard, ''Dictionnaire du Moyen Âge'', p.1372</ref>.
*L'alleu paysan
*L'alleu aristocratique
*À partir du XIe siècle, l'alleu tend à disparaître sous l'effet de l'encellulement seigneurial et des institutions féodo-vassaliques. Les alleux aristocratiques deviennent des fiefs, alors que les alleux paysans sont transformés en tenures. Il ne faut pas pour autant perdre de vue que les grands défrichements permettent à l'alleu de subsister dans certaines régions<ref>Gauvard, ''La France au Moyen Âge'', p.151</ref>. Enfin, si les alleutiers échappent au contrôle des seigneurs fonciers, ils sont souvent sous la dépendance d'un seigneur banal. La justice seigneuriale concerne en effet tous les individus.
 
==Les seigneuries ecclésiastiques==
Ligne 46 :
=La seigneurie personnelle=
==L'époque carolingienne : survivance de l'esclavage ?==
*Les non-libres : sont totalement dépourvus de liberté. Leur qualité d'esclave ("macule") est transmise par la mère. Ils peuvent être baptisés et se marier. Il sont parfois chasés sur une terre. Ils étaient exclus de l'armée et de la justice des hommes libres.
*Les non-libres
**Leurs origines : vente, guerre, condamnation de justice
==Les serfs au Moyen Âge classique==
Les débats historiographiques portent sur l'origine du servage : est-il une continuation de l'esclavage carolingien ou un nouveau phénomène apparu au XIe siècle ?
*Les affranchissements deviennent de plus en plus fréquents aux XIIe et XIIIe siècles
*Les paysans sont plus ou moins dépendants d'un maître : les serfs sont astreints à des charges serviles. Appelés également "hommes de corps" ou "hommes du maître", ils doivent le chevage, le formariage et la mainmorte. Leur servitude se transmet par les hommes et ils ne disposent pas de leurs biens. Ils doivent prêtr serment de fidélité (hommage servile) et ne peuvent quitter la seigneurie sans accord.
*Certaines régions n'ont pratiquement pas de serfs : Normandie, Forez<ref>Gauvard, ''La France au Moyen Âge'', p.187</ref>.
*Les domestiques
==L'immunité==
 
 
=La seigneurie banale=
==Origines==
Au cours du IXe siècle se met en place un contexte qui favorise l'essor de la seigneurie banale. Les raids scandinaves et les incursions sarrasines menacent l'Occident. Les Carolingiens se disputent, dilapident leur trésor et finissent par abandonner une partie de leurs pouvoirs aux princes territoriaux. Ces derniers subissent le même processus politique aux Xe et XIe siècle. Les gardiens de châteaux accaparent des droits, commeprésident celuides cours de justice seigneuriale, et prennent sous leur ascendant une partie de la population locale. Ces châtelains enserrent les individus dans le cadre seigneurial et exigent des taxes : monopole sur le moulin, le pressoir et le four domanial, demande un droit de passage sur le pont, imposition de droits sur la circulation des marchandises ... Le seigneur justifie ces taxes par le fait qu'il protège ses dépendants par son château et qu'il investit dans les infrastructures économiques (moulins, routes, ponts...).
==Les manifestations==
===La justice seigneuriale===
Elle se divise en deux catégorie : haute et basse justice selon le montant de l'amende. Sous les Carolingiens, le comte se chargeait de présider le tribunal public et se réservait une partie des amendes. Au XIe siècle, les seigneurs se sont emparés de ces revenus importants.
===Corvées au château===
*curer les douves
*renforcer les courtines
===Prélèvement de la taille===
La taille est un impôt arbitraire. Elle est transformée en redevance dans certaines régions à partir du XIIe siècle<ref>Gauvard, ''La France au Moyen Âge'', p.155</ref>.
===Taxes économiques===
*tonlieux
*péages
*droit de gîte
===Monopoles économiques===
Appelés aussi "banalités"
*Banvin
*Usage obligatoire et payant du moulin, du pressoir et du four seigneurial
=La remise en cause de la seigneurie à la fin du Moyen Âge=
==Crise démographique==
Ligne 71 ⟶ 92 :
*GAUVARD C., De LIBERA A., ZINC M., ''Dictionnaire du Moyen Âge'', Paris, PUF, 2002 : article "seigneurie".
*Gauvard Claude, ''La France au Moyen Âge'', Paris, PUF "Quadrige", 2004 ; p.153-157, "la seigneurie".
*Leturcq Samuel, ''La vie rurale en France au Moyen Âge'', Paris, Colin, 2004 ; chapitre 6 "Paysannerie et seigneurie".