« Seigneurs et seigneurie » : différence entre les versions

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*Au Moyen Âge classique, les redevances dues au possesseur de la terre sont de plus en plus versées en argent. La tenure est en principe inaliénable. Les corvées sont devenues rares<ref>Gauvard, ''Dictionnaire du Moyen Âge'', p.236</ref> ou sont rachetées par la communauté paysanne. L'argent ainsi prélevé servait à payer des salariés agricoles pour cultiver la réserve. Cette évolution peut s'expliquer par la mise en valeur de nouvelles parcelles, couplée au développement de l'hostise. Les tenanciers ne travaillaient pas aussi bien sur la réserve que sur leurs tenures. La réduction de la réserve seigneuriale rend également inutiles les corvées.
La diffusion de la monnaie s'accélère à partir du XIe siècle : les redevances sont de plus en plus prélevées en argent, car les paysans parviennent à vendre leurs surplus sur les marchés.
*Les redevances tendent à s'affaiblir aux XIe et XIIe siècle à cause de la pénurie de main d'œuvre. La situation s'inverse au XIIIe siècle et jusqu'au début du XIVe siècle. Avec l'inflation et l'amélioration des rendements agricoles, le prélèvement fixe en argent devient problématique pour le seigneur, qui perd du pouvoir d'achat. Le cens est devenu une sorte de taxe recognitive de la situation juridique du paysan, une somme symbolique. Les contrats de métayage et de fermage, à durée limitée, constituent une parade utilisée par les seigneurs pour limiter l'érosion des prélèvements. Le fermier verse un loyer au seigneur pour les terres de la réserve qu'il cultive. Le seigneur peut réévaluer le loyer, alors qu'il ne peut toucher au cens sur les tenures. Le métayage est un contrat par lequel le seigneur procure les moyens de production et le métayer lui redistribue une partie de la récolte.
* À partir du Xe siècle, les défrichements permettent d'accroître la surface arable : le seigneur prélève alors le champart, redevance proportionnelle à la récolte, qui est bien adapté aux terres défrichées : pendant un certain temps, la nouvelle terre ne produit rien ; le prélèvement est nul. Dès que les récoltes arrivent, le seigneur bénéficie d'un revenu sûr. L'hostise est souvent soumise à de faibles redevances.
* Le loyer est payé à l'automne ou en plusieurs fois au cours de l'année. Si l'usage de la monnaie se répand, il peut être aussi acquitté en nature. Le seigneur pourra vendre ensuite ces produits au marché. Son montant varie selon plusieurs facteurs. Le tenancier doit apporter ce loyer au seigneur. Dans les autres cas, un agent seigneurial (sergent ou un censier) vient le collecter.
*Champart (au Nord : terrage, gerbage, frumentage ... ; au sud : agrier, tasque, tâche ...) est une redevance proportionnelle à la récolte ; métayage. Le taux du champart est inégal : lourd dans le sud et l'ouest (1/4 ou 1/5e) ; dans le nord : 1/8 à 1/16, en particulier sur les mauvaises terres. La tenure à champart se développe surtout au XIIe siècle"<ref>Leturcq Samuel, ''La vie rurale ...'', p. 126</ref> sur les nouvelles terres mises à disposition des tenanciers (mais pas uniquement). La redevance est fournie au champarteur, un agent seigneurial.
*Le bail : ''aprisio'' en Languedoc
*La tenure se transmet de façon héréditaire, contre un droit de mutation (''lods et ventes'') versé au seigneur.
*La censive : le cens est désormais fixé par la coutume orale au nord, et les actes écrits au sud. Ce loyer est fixe, annuel et souvent mixte (nature/argent). La dévaluation du cens. Le cens ne peut être révisé avant la mort du paysan et de ses héritiers<ref>*D. A. Davril, E. Palazzo, ''La vie des moines ...'', p. 264</ref>.
*Les droits de mutation :
**à l'entrée : "entrage", "abergement", "acapte"