« Campagnes françaises au Moyen Âge » : différence entre les versions

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{{Histoire de la France médiévale}}
Au Moyen Âge, l'économie demeure essentiellement rurale et la vie quotidienne s'organise autour de la terre. Le fait urbain existe, mais il est minoritaire : la grande majorité des Français vit à la campagne.
= État de la documentation et débats historiographiques =
== Sources ==
La vie dans les campagnes apparaît en premier lieu dans les documents écrits :
*Les chroniques font état des famines et des disettes
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**L'archéozoologie examine les ossements et les cornes des bestiaux.
 
= Les produits de l'agriculture et de l'élevage =
Quelles étaient les principales productions agricoles au Moyen Âge ? Comment caractériser l'alimentation de cette époque ?
L'agriculture de la France médiévale est avant tout une agriculture vivrière et diversifiée. La polyculture est la règle générale, les productions d'un terroir sont plurielles afin de contrer les mauvaises récoltes ou les épizooties ; elle permet de varier le régime alimentaire. Si le paysan cherche à être autosuffisant et à nourrir sa famille, il lui arrive aussi de vendre ses excédents sur le marché le plus proche. Le vin était lui aussi souvent destiné à la commercialisation, voire à l'exportation plus ou moins lointaine.
== Le niveau et la qualité des productions ==
Il est difficile pour les historiens d'avancer des statistiques sûres, générales et précises sur l'état des récoltes ou sur les rendements. Plusieurs se sont risqués à cet exercice, dans le cadre de thèses et de monographies régionales.
De manière globale, on peut dire que la qualité et la quantité de nourriture sont tributaires de trois facteurs principaux : le niveau des récoltes, la région, la catégorie sociale et la période.
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* Enfin, l'homme du Moyen Âge ne se nourrit pas de la même façon toute l'année. Les périodes de l'Avent et surtout du Carême sont des moments de jeûne au cours desquels le régime alimentaire change. Pendant ces temps liturgiques de préparation à Noël et à Pâques, la consommation de poisson augmente.
 
=== Famines et disettes ===
Les crises des XIV{{e}} et XV{{e}} siècles ont donné lieu à des famines et des disettes fréquentes. Cependant, il serait abusif de généraliser ces situations dramatiques à l'ensemble du Moyen Âge français <ref>Laure Verdon, ''Le Moyen Âge'', Paris, Le Cavalier Bleu, 2003, page 10.</ref>. La rigueur exige également de bien distinguer les trois notions de malnutrition, de disette et de famine.
 
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Les chroniques du Haut Moyen Âge font état de famines fréquentes<ref>Article "famine" du ''Dictionnaire du Moyen Âge'', page 516</ref>. Au XIII{{e}} siècle, le spectre de la famine et de la disette semble s'éloigner<ref>Monique Bourin-Derruau, ''Temps d'équilibres ...'', page 12</ref>.
 
=== Rendements, productivité ===
Au Moyen Âge, une vache produit en moyenne 8 à 13 litres de lait quotidiennement et représente 150 à 170 kg de viande <ref>Samuel Leturcq, ''La vie rurale ...'', page 25.</ref>.
 
Finalement, au Moyen Âge classique, la nourriture semble suffisante même si elle présente des carences. L'alimentation repose sur les céréales, panifiées, préparées en bouillies ou fermentées pour les boissons.
=== Prépondérance et diversité des céréales ===
Avec l'essor agricole du début du XI{{e}} siècle, la surface des terres céréalières s'accroît : ce phénomène progressif s'appelle la « céréalisation ». Par contre-coup, les superficies utilisées pour l'élevage tendent à diminuer en valeur relative. Il existe plusieurs sortes de céréales, cultivées sur un même terroir. Les documents médiévaux évoquent les « blés » (''bleds'') : ce terme générique recouvre en réalité un éventail de diverses céréales : il peut désigner le froment, mais aussi l'épeautre, l'orge, l'avoine ou le millet <ref>Samuel Leturcq, ''La vie rurale ...'', page 13.</ref>. Ces « blés » sont de qualité inégale : le blé dur s'oppose au blé tendre (froment) ; le blé blanc désigne le froment, le blé noir, le sarrasin. Les céréales que nous consommons aujourd'hui sont devenues très différentes <ref>Article "céréaliculture" du ''Dictionnaire du Moyen Âge'', pages 239-240.</ref>. La préparation des céréales nécessite l'existence de meules installées dans les maisons paysannes. Au Moyen Âge classique, l'usage du moulin seigneurial est un monopole économique. Il donne lieu au versement d'une taxe au représentant du seigneur banal.
 
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* Le riz est cultivé dans les zones humides d'Espagne et d'Italie à la fin du Moyen Âge. On le retrouve sur les marchés des foires de Champagne <ref>Fernand Braudel, ''Civilisation matérielle ...'', tome 1, page 116.</ref>.
== Les autres cultures ==
Si la production de céréales a longtemps focalisé l'attention des historiens, il ne faut pas négliger les autres productions agricoles telles que la vigne, les fruits et les légumes.
Les vergers et les jardins étaient l'objet de soins intensifs tout au long de l'année. Le maraîchage était pratiqué sur de petits lopins proches des habitations ou à la périphérie des cités. Notons ici que l'espace urbain était mis en valeur pour donner différentes productions agricoles telles que la vigne par exemple. Cela donnait aux villes médiévales un aspect agraire bien différent de celui d'aujourd'hui.
Mais revenons aux campagnes maraîchères ; les terres étaient amendées par les fumures. Les productions intéressaient les activités et le marché urbains. L'industrie textile était demandeuse de plantes tinctoriales telles que la guède, le pastel ou la garance.
Avec l'essor des échanges commerciaux vers l'an 1000, des productions spécialisées s'orientent nettement vers la spéculation et reçoivent des investissements importants.
== L'élevage ==
Pendant le Haut Moyen Âge, la consommation de viande était relativement importante <ref>Article "céréaliculture" du ''Dictionnaire du Moyen Âge'', pages 239-240.</ref>. Fernand Braudel écrivait que ''Des siècles durant, au Moyen Âge, elle (L'Europe) a connu des tables surchargées de viandes et des consommations à la limite du possible'' <ref>Fernand Braudel, ''Civilisation matérielle ...'', tome 1, page 110.</ref>. L'élevage fournissait d'autres ressources telles que le lait, le cuir, la laine et la graisse. Il permit une civilisation de l'objet au XIII{{e}} siècle : le cuir était transformé en chaussures ; le parchemin était de la peau traitée. La laine alimentait l'industrie drapière. Les boyaux et les cornes entraient dans la fabrication d'instruments de musique.
 
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L'élevage fournissait de manière indirecte des fumures pour amender les terres.
=== Les animaux ===
Le cheptel français était constitué de bœufs, de moutons et de porcs essentiellement. La proportion de chaque espèce dépendait des régions : dans la zone méditerranéenne, les ovicapridés l'emportaient nettement en nombre. Elle dépendait aussi de l'époque : avec les grands défrichements, la proportion des porcs tend à diminuer. La fin du Moyen Âge voit l'essor de l'élevage spéculatif.
 
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* Le cheval n'était pas consommé pour sa viande car l'Église l'interdisait <ref>Article "cheval" du ''Dictionnaire du Moyen Âge'', page 282.</ref>. Le cheval est un animal à part car il sert de monture aux aristocrates et parce qu'il est très coûteux (35 livres tournois en moyenne en France au milieu du XIV{{e}} siècle <ref>Article "cheval" du ''Dictionnaire du Moyen Âge'', page 282.</ref>). Le destrier est un cheval de guerre, le palefroi sert à la chasse. Le cheval exige une nourriture abondante et de qualité (avoine, foin). À partir du XII{{e}} siècle, son usage se répand pour tirer la charrue en France septentrionale. Grâce au collier d'épaule qui remplace le collier de cou, il offre au paysan une puissance et une rapidité supérieures à celle du bœuf.
 
== Les productions alimentent l'artisanat rural ==
Les liens entre agriculture et artisanat sont étroits dans la France médiévale : l'agriculture fournit des matériaux indispensables à l'artisan. Le meunier réduit les céréales à l'état de farine. Le cordonnier utilise le cuir pour confectionner chaussures et vêtements. Le tavernier vend des boissons fermentées à base de céréales ou du vin. Dans l'autre sens, les paysans dépendent des produits de l'artisanat : ils se procurent divers objets en fer (versoir, fers à cheval ...) auprès du forgeron. Les vignerons ont besoin de tonneaux et de hottes.
 
Les activités liées au textile connaissent un formidable essor au Moyen Âge classique et se localisent à la campagne.
 
= Bois et forêts =
Les espaces forestiers sont le plus souvent la propriété éminente du seigneur : le bois fait partie de la réserve et le maître s'y réserve des droits. Avec les grands défrichements, la pression se fait de plus en plus intense sur cet espace inculte mais utile, si bien que la forêt se ferme à partir du XII{{e}} siècle<ref>Article "forêt" du ''Dictionnaire du Moyen Âge'', page 546.</ref>
 
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Enfin, la forêt est le cadre de la chasse et du braconnage. C'est pourquoi elle est entretenue par un personnel qualifié et dévoué au seigneur. Elle représentait un enjeu entre la communauté rurale et le seigneur qui imposait des droits d'usage et une réglementation précise.
= Techniques agraires =
== Rotation des cultures ==
La rotation des cultures est utilisée pour pallier les insuffisances de l'amendement <ref>Samuel Leturcq, ''La vie rurale ...'', page 38.</ref>. Elle consiste à faire se succéder sur une même parcelle différentes cultures selon les années, afin de ne pas épuiser la fertilité du sol. Exemple :
: année 1 : céréale d'hiver
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La rotation des cultures était pratiquée dans tout l'Occident médiéval selon des modalités très diverses <ref>Samuel Leturcq, ''La vie rurale ...'', page 39.</ref>.
 
== Outils ==
 
= La vie des paysans =
== Un travail cyclique ==
Le travail des paysans est d'une grande variété selon les saisons. La période creuse (entre novembre et mars) s'oppose aux grands travaux agricoles des autres mois. Les occupations étaient conditionnées par le climat et réglées par le temps liturgique et les contraintes communautaires.
* janvier : le mois de Janus, dieu à deux visages qui regarde l'un vers l'année passée, l'autre vers l'année avenir. Les paysans et les bêtes sont rentrés au chaud
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* décembre : abattage des porcs
 
== Fêtes et loisirs paysans ==
* Veillée en hiver
* Pâques : sacrifice de l'agneau
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* Feux de la Saint-Jean (24 juin)
 
= Mutations des espaces ruraux =
== Haut Moyen Âge ==
== Moyen Âge classique ==
=== Les grands défrichements ===
[[Image:Tapisserie agriculture.JPG|thumb|350px|Scène de défrichement. Tapisserie de Bayeux, XIe siècle]]
*Causes et chronologie
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*Les défrichements s'arrêtent ... Car la forêt est indispensable à la vie quotidienne ; on s'est rendu compte que certaines terres défrichées sont médiocres et donnent de faibles rendements. Avec les crises du XIV{{e}} siècle (déclin démographique provoqué par la peste noire et la Guerre de Cent Ans), la forêt regagne du terrain, surtout en Europe orientale. Les grands défrichements du Moyen Âge central restent un des symboles de l’expansion de l’Occident (colonisation germanique, Espagne).
=== De nouveaux paysages ===
 
**L'incastellamento
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De nombreux établissements sont datés du XIII{{e}} siècle ; on les appelle : sauvetés, castelnaux, bastides
 
== Fin du Moyen Âge ==
 
= Références =
<references/>
 
= Bibliographie =
 
*Samuel Leturcq, ''La vie rurale en France au Moyen Âge'', Paris, Colin, 2004.