« ZMO : Zone Monétaire Optimale/Avantages et inconvénients » : différence entre les versions

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Version du 18 novembre 2016 à 14:37

Les motivations à participer à une ZMO

Nous allons maintenant étudier les avantages que présentent l’appartenance à une zone monétaire optimale. Si les pays sont motivés à appartenir à une ZMO c’est que les bénéfices sont supérieurs aux coûts. Nous pouvons distinguer plusieurs types d’avantages, les premiers sont liés à la réduction des coûts grâce à la fixité du taux de change, et les deuxièmes sont liés à l’appartenance à la zone monétaire elle-même.

Réduction des coûts grâce à la fixité du taux de change

Tout d’abord, un pays peut être motivé à participer à une zone monétaire car le taux de change fixe gagne en efficacité monétaire. En effet, lorsque les pays appartiennent à une zone monétaire avec une monnaie commune, lorsqu’ils commercent entre eux ils n’ont plus de coûts de transaction.

Les pays n’ont plus à supporter le coût d’éventuelle taxe sur les transactions financières que peuvent mettre en place des pays, et n’ont plus à se soucier des limites sur les quantités de changes que peuvent instaurer certains Etats.

De plus, les Etats sont moins soumis aux risques de variations des cours de changes des pays avec qui ils commercent. En effet, en change flexible il n’est pas possible de connaitre avec certitude les prix futurs des biens que l’on importe, ou le rendement des investissements que l’on fait à l’étranger. Si notre monnaie se déprécie par rapport à celle d’un de nos fournisseurs à l’étranger alors le coût de nos importations va augmenter, et créer un effet inflationniste.

Réduction des coûts grâce à l’appartenance à la zone monétaire

Les pays peuvent également être motivés à entrer dans une zone grâce à l’effet qu’elle apporte sur la taille du marché et le gain en réputation que cela apporte.

En entrant dans une zone monétaire, les pays réduisent les coûts liés à la spéculation sur leur monnaie. Les fluctuations des taux de changes sont utilisées pour spéculer. Lorsque des spéculateurs anticipent une hausse de la devise, que leurs anticipations soit rationnelles ou pas, ils vont acheter ces devises sur les marchés. L’achat massif de la devise va faire augmenter son cours, en l’éloignant de la vraie valeur de la monnaie. Bien que les spéculateurs aient conscience que la monnaie soit surévaluée, ils continuent d’en acheter, ce qui crée une bulle. Au bout d’un certain temps les anticipations d’évaluation de la devise vont cesser, et la bulle va éclater, en faisant brutalement chuter le cours de la monnaie. Le marché des changes étant étendu et profond dans une zone monétaire, la volatilité de la monnaie est moins élevée, donc il y a aura moins de spéculation contre la monnaie, que sur le marché des changes d’un pays isolé.

Un pays qui rentre dans une zone monétaire gagne en réputation, et pourra bénéficier de l’effet qu’à la zone monétaire. L’adhésion à une zone monétaire demande certaines preuves de convergences des économies et l’acceptation par les autres membres de la zone. Quand un pays est accepté à rentrer dans une zone monétaire cela signifie qu’il a une certaine stabilité économique, et que les autres pays pensent qu’il ne va pas « handicaper » la zone en lui donnant une mauvaise image. Cela confère une bonne image d’économie stable et forte aux nouveaux pays. Le pays peut donc emprunter sur les marchés à des taux plus bas que si il était isolé, car les prêteurs auront plus confiance à prêter à un pays qui a une monnaie internationale qu’à un pays qui a une monnaie nationale, car la monnaie est plus stable, et ils savent que les autres pays de la zone ne laisseront pas le pays se retrouver en cessation de paiement.

Les coûts à participer à une ZMO

Bien que l’appartenance à une zone monétaire optimale engendre plus d’avantages que d’inconvénients pour le pays, il est tout de même intéressant de regarder les coûts.

Nous pouvons les classifier en trois catégories. Il y a des coûts liés à l’abandon du taux de change comme un instrument de résolution des chocs, à la perte d’autonomie dans la conduite de la politique monétaire et des coûts plus minimes cette fois liés à la transition du pays.

Les coûts liés à la perte de change et la perte d’autonomie de la politique monétaire vont augmenter si le pays est mal intégré à la zone monétaire.

Perte de l’outil du taux de change

Le premier coût résulte du renoncement à la possibilité d’utiliser le taux de change comme un instrument de régulation. Le taux de change lorsqu’il est flexible permet de corriger les problèmes de demandes, de coûts et des prix entre les pays.

Le coût dépend du type de choc qui affecte la zone.

Si la zone subit un choc symétrique, c'est-à-dire une crise qui affecte de la même manière tous les pays de la zone monétaire, il n’y aura pas de coûts liés à la perte de flexibilité du taux de change, car la banque centrale de la zone interviendra pour baisser ou augmenter le cours de la monnaie.

Si le choc est asymétrique, c'est-à-dire qu’il touche qu’un pays de la zone à cause d’une crise politique par exemple, il existe un fort coût lié à la perte de la flexibilité de la monnaie, car la banque centrale de la zone n’a aucune raison d’intervenir sur le taux de change de la monnaie. Le taux de change flottant permet d’amortir automatiquement les effets des chocs asymétriques sur le marché des biens et du travail, en modifiant les prix relatifs et les coûts d’un pays par rapports aux autres pays.

Donc, la perte du taux de change comme instrument de régulation constitue un coût pour un pays appartenant à une zone monétaire, s’il subit un choc asymétrique.

Perte de l’autonomie dans la politique monétaire

Le deuxième coût est lié à l’abandon de l’autonomie de la politique monétaire puisque les pays n’ont plus la possibilité de mener la politique monétaire qu’ils veulent, mais applique celle qui leur est dictée par la Banque Centrale de la zone monétaire.

La politique monétaire d’un pays a pour objectifs finaux la stabilité des prix et/ou de croissance du PIB.

Pour atteindre ses objectifs, la politique monétaire a plusieurs outils comme la modulation des taux d’intérêt, des réserves obligataires etc. En rentrant dans une zone monétaire un pays renonce à tous ces outils pour stabiliser son économie. Lorsque le taux de change est fixe les efforts pour atteindre les objectifs sont plus difficiles, car le pouvoir de la politique monétaire n’influence plus le PIB. Si les pays d’une même zone n’ont pas au départ la même situation économique, la mise en place de la politique monétaire n’aura pas les mêmes effets et donc ne pourra pas remplir ses objectifs dans tous les pays.

Liés à la transition de l’économie

Enfin, les coûts liés à la transition du pays dans la zone monétaire optimal sont restreints mais méritent tout de même d’être relevés.

Si les pays créent une zone monétaire, il faudra créer une nouvelle banque centrale, ou une institution transnationale, qui supervise l’ensemble de la zone, ce qui engendre des coûts d’embauche de personnel, d’achat de biens immobiliers, etc.

Lorsqu’un pays adhère à une zone monétaire optimale déjà constituée bien souvent il change de monnaie, et cela engendre des coûts. Le pays doit imprimer de nouveaux billets, ou se les faire livrer de la banque centrale de la zone monétaire. Les entreprises et le marché financiers subissent également un coût car ils doivent s’adapter au changement de monnaie, par exemple un restaurateur devra refaire imprimer des cartes avec les nouveaux prix, les marchés doivent se doter de nouveaux logiciels avec la nouvelle monnaie, etc.

Donc les coûts résultent du renoncement à la possibilité d’utiliser son taux de change, sa politique monétaire, et à la transition.