« Psychanalyse & Robotique » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Epeclect (discussion | contributions)
mAucun résumé des modifications
Epeclect (discussion | contributions)
Aucun résumé des modifications
Ligne 7 :
[[Fichier:Science Fiction Stories April 1943.jpg|vignette|425x425px|gauche|''Science Fiction Stories,'' Pulp magazine du 1er avril 1943]]
 
La Science-fiction est un ensemble de références, qui plonge ses racines dans l’inconscient collectif, se nourrit de domaines aussi variés que la littérature enfantine, les mondes imaginaires, les utopies, les contes de fée, les mythes, la poésie, … Il est difficile de cloisonner hermétiquement Science-fiction et littérature fantastique ; Maupassant (Le Horla), Poe (Histoires extraordinaires), Lovecraft (Le mythe de Cthulhu), (…), sont des auteurs fantastiques dont les univers si particulièrement sombres imprègnent la Science-fiction dans son ensemble. Ainsi, Lovecraft explore les frontières communes des deux genres littéraires et les unifie.
Il est difficile de cloisonner hermétiquement Science-fiction et littérature fantastique ; Maupassant (Le Horla), Poe (Histoires extraordinaires), Lovecraft (Le mythe de Cthulhu), (…), sont des auteurs fantastiques dont les univers si particulièrement sombres imprègnent la Science-fiction dans son ensemble.
Ainsi, Lovecraft explore les frontières communes des deux genres littéraires et les unifie.
 
La Fantasy est également une cousine de la Science-fiction influente. Cette catégorie regroupe le pire et le meilleur, aussi nous contenterons nous ici d’évoquer Tolkien (le seigneur des anneaux), ou Henry Rider Haggard (Elle-Qui-Doit-Etre-Obéie). Parmi les références classiques de la Science-fiction, nous citerons : Jules Verne (De la Terre à la Lune), H.G. Wells (la machine à explorer le temps), Orwell (1984), Huxley (le meilleur des mondes), Bradbury (chroniques martiennes), Frank Herbert (Dune), Philip K. Dick. (Le maître du Haut Château), … La Science-fiction, en tant que genre littéraire collectif, est née aux Etats-Unis vers 1911 dans les pulps, ces magazines bon marché qui doivent leur nom au procédé de fabrication de leur mauvais papier à partir de pulpe de bois. C’est aux côtés des articles de vulgarisation scientifique qu’apparaissent peu à peu ces histoires, projetant dans le futur les rêves de progrès scientifique.
Parmi les références classiques de la Science-fiction, nous citerons : Jules Verne (De la Terre à la Lune), H.G. Wells (la machine à explorer le temps), Orwell (1984), Huxley (le meilleur des mondes), Bradbury (chroniques martiennes), Frank Herbert (Dune), Philip K. Dick. (Le maître du Haut Château), …
La Science-fiction, en tant que genre littéraire collectif, est née aux Etats-Unis vers 1911 dans les pulps, ces magazines bon marché qui doivent leur nom au procédé de fabrication de leur mauvais papier à partir de pulpe de bois.
C’est aux côtés des articles de vulgarisation scientifique qu’apparaissent peu à peu ces histoires, projetant dans le futur les rêves de progrès scientifique.
 
Pour Samuel Delany, Ecrivain et Professeur à l’Université du Massachusetts, la Science-fiction est un langage.
 
En enseignant la Science-fiction, il s’est rendu compte que les non initiés se montraient incapables d’appréhender de façon globale le monde décrit de manière fragmentaire par l’auteur. Alors que les initiés ont acquis le goût et le langage de la Science-fiction très tôt dans la jeunesse, par un processus que Samuel Delany appelle « apprentissage par Osmose ».
Alors que les initiés ont acquis le goût et le langage de la Science-fiction très tôt dans la jeunesse, par un processus que Samuel Delany appelle « apprentissage par Osmose ».
Parlant des gens pour qui ce genre de textes ne signifie rien, il dit : [[Fichier:Avon Science Fiction Reader 3.jpg|vignette|426x426px|''Avon Science Fiction Reader,'' Pulp magazine de 1952]]<blockquote>« Si l’on se met à lire la chose phrase par phrase avec eux de la même façon qu’avec un enfant qui commence tout juste à apprendre à lire, on s’aperçoit que ce qu’ils ne parviennent pas à faire, c’est à assembler le monde. »</blockquote>Il note ensuite que ces lecteurs-là sont incapables de se construire l’image d’un monde cohérent grâce aux petites touches, images et autres perches que l’auteur leur a tendues.
Puis il affirme qu’en faisant avec eux une lecture commentée, purement scolaire, en s’arrêtant sur chacun des éléments et en les interrogeant sur la signification qu’ils ont par rapport à l’histoire et au monde qu’elle décrit, ces lecteurs s’améliorent peu à peu et finissent par apprendre le « langage de la Science-fiction ». Samuel Delany a donc enseigné la Science-fiction comme une langue étrangère, en inculquant aux élèves le réflexe de s’interroger sur la signification de chaque élément, puis de relier ces divers éléments afin de saisir la nature et le sens de l’ensemble.
Samuel Delany a donc enseigné la Science-fiction comme une langue étrangère, en inculquant aux élèves le réflexe de s’interroger sur la signification de chaque élément, puis de relier ces divers éléments afin de saisir la nature et le sens de l’ensemble.
 
La Science-fiction est une branche de la littérature très indépendante et autonome du reste de la littérature : Les auteurs de Science-fiction sont tous d’anciens lecteurs de Science-fiction, et les incursions littéraires des auteurs issus de la « littérature générale » restent souvent des tentatives sans succès.
Ligne 35 ⟶ 28 :
== La vie d’Isaac Asimov ==
[[Fichier:Isaac.Asimov01.jpg|vignette|363x363px|gauche|Dr Isaac Asimov avant 1959, Photographie de Phillip Leonian, ''New York World-Telegram & Sun'']]
Asimov est né le 1er Janvier 1920 en Russie et mort le 6 Avril 1992 à New York. Issu d’une famille juive, il émigre avec ses parents aux Etats-Unis à l’age de 3 ans. Il apprend seul à lire à 5 ans. Il est naturalisé américain à 8 ans. Il commence vers 11 ans à écrire ses premières nouvelles. Ses grandes capacités d’adaptation lui permettent de servir de trait d’union entre sa famille déracinée et leur pays d’adoption.
Asimov est né le 1er Janvier 1920 en Russie et mort le 6 Avril 1992 à New York.
Issu d’une famille juive, il émigre avec ses parents aux Etats-Unis à l’age de 3 ans.
Il apprend seul à lire à 5 ans.
Il est naturalisé américain à 8 ans.
Il commence vers 11 ans à écrire ses premières nouvelles.
Ses grandes capacités d’adaptation lui permettent de servir de trait d’union entre sa famille déracinée et leur pays d’adoption.
Il se fait l’interprète de la culture américaine pour ses parents.
On retrouve ce thème de la médiation rendue nécessaire par la confrontation de cultures différentes, parfois opposées, dans le Cycle des Robots (Les Cavernes d’acier). Il obtient une Maîtrise en chimie, puis un doctorat en bio-chimie en 1948. Il enseigne 10 ans à Boston, avant de se consacrer pleinement à l’écriture.
Il obtient une Maîtrise en chimie, puis un doctorat en bio-chimie en 1948.
Il enseigne 10 ans à Boston, avant de se consacrer pleinement à l’écriture.
 
Asimov a été Vice-président de l’association Mensa, dont le seul critère d’admission est d’obtenir des résultats supérieurs à 98% de la population aux tests d’intelligence, des tests de Q.I. le plus souvent.
Ligne 64 ⟶ 50 :
Bien qu’issu d’une tradition familiale juive, Asimov est athée et rationaliste.
 
Son ego est sur-développé, mais son tempérament est adouci par un profond humanisme et un grand sens de l’humour. Asimov s’est distingué par ses prises de positions progressistes.
Asimov s’est distingué par ses prises de positions progressistes.
Farouche opposant à l’engagement américain au Vietnam, il s’est battu contre le retour des idées fondamentalistes et créationnistes qui ont marqué l’ère Reagan.
 
Pour Asimov, les styles tourmentés ne font que rebuter le lecteur. Son style est donc très simple, et seule l’histoire est mise en avant dans ses romans, qui se basent sur des dialogues entre protagonistes.
Son style est donc très simple, et seule l’histoire est mise en avant dans ses romans, qui se basent sur des dialogues entre protagonistes.
 
Avec un souci constant de clarté, il met à l’épreuve l’esprit hypothético-déductif du lecteur, avec toujours beaucoup d’humour.
Ligne 89 ⟶ 73 :
Dans ce mythe, la Création est militaire, inspirée par la puissance féconde de la créature mythologique, le Dragon, dont les dents sont plantées dans la matrice, la Terre. La Création devient utile, le robot n’est pas loin.
* Mythe de Pygmalion, un sculpteur qui tomba amoureux de l’œuvre de son ciseau, la statue Galatée, à laquelle Aphrodite accorda la vie.
[[Fichier:Cadmo luchando con el dragón Cadmus fighting the dragon.jpg|vignette|429x429px|Cadmos combattant le dragon, Marbre synthétique, José Manuel Félix Magdalena, 2016]][[Fichier:Gerome pygmalion-galatee.jpg|vignette|499x499px|Pygmalion & Galatée, Peinture à l'huile, Jean-Léon Gérôme (1824-1904), vers 1890]]Ici, c’est l’identité de l’être humain qui est en jeu, au travers des projections sur l’Autre, Création artistique et objet sexuel, mais aussi roche sans émotions sublimée par l’action divine. La Création et l’Identité humaine sont deux thèmes centraux explorés par le Robot, que Pygmalion réunit.
* En mythologie classique, le Dieu des forges, Vulcain ou Héphaïstos créa des serviteurs mécaniques, certains intelligents, d’autres esclaves dorés, d’autres encore en forme de tables tripodes utilitaires mues par leur propre énergie.
 
Ligne 95 ⟶ 79 :
* Dans l’ancien Testament et dans la Kabbale juive, le Golem est un être humanoïde, artificiel, fait d’argile, animé momentanément de vie par l’inscription d’un verset biblique sur son front. Le Golem est un être inachevé, une ébauche, un matière brute sans forme ni contours. Dans le Talmud, le Golem est l’état qui précède la création d’Adam.
 
Le Golem représente la Création humaine, et change les rôles : l’être humain devient le Créateur et quitte le statut de créature. Il se transcende par l’acte créatif, car celui-ci est réservé à Dieu. L’humain se fait volonté, action, forme de la créature passive, boue, matière, Terre. Ici, c’est la transcendance de l’humain qui apparaît liée à la Création, tout comme le thème du Robot explore le dépassement des limites humaines par le progrès.
Il se transcende par l’acte créatif, car celui-ci est réservé à Dieu. L’humain se fait volonté, action, forme de la créature passive, boue, matière, Terre. Ici, c’est la transcendance de l’humain qui apparaît liée à la Création, tout comme le thème du Robot explore le dépassement des limites humaines par le progrès.
[[Fichier:Gerome pygmalion-galatee.jpg|vignette|499x499px|Pygmalion & Galatée, Peinture à l'huile, Jean-Léon Gérôme (1824-1904), vers 1890]]
=== Renaissance : ===
* Léonard de Vinci réalise le 1er schéma d’un robot humanoïde vers 1495. C’est le dessin d’un chevalier mécanique capable de se lever, balancer les bras, bouger la tête et la mâchoire, issu de recherches anatomiques. Le chevalier mécanique réactualise la fonction militaire du robot, mais il perd sa consistance organique par abstraction du corps humain, en réduisant celui-ci à sa surface, à l'armure protectrice des chevaliers.
 
=== XVIIIème et XIXème siècles : ===
Aux XVIII ème et XIX ème siècles :[[Fichier:Golem figure.jpg|vignette|292x292px|Le Golem de Prague, figurine, Martin Pauer, 2007]]. Le premier robot opérationnel connu est construit par Jacques de Vaucanson en 1738, c’est un androïde flûtiste.
[[Fichier:Golem figure.jpg|vignette|292x292px|Le Golem de Prague, figurine, Martin Pauer, 2007]]
* Le premier robot opérationnel connu est construit par Jacques de Vaucanson en 1738, c’est un androïde flûtiste. Il déclenche une vague littéraire sur les automates humanoïdes : ''L’homme au sable''<ref>([[s:L’Homme_au_sable|Lire en ligne]])</ref> de l'écrivain romantique Ernest Théodore Amadeus Hoffmann, paru en 1817, décrit une femme mécanique à l’allure de poupée. ''The Huge Hunter, or the Steam Man of the Prairies''<ref>(en) ([[wikisource:The_Huge_Hunter|lire en ligne]])</ref> d’Edward S. Ellis en 1865 exprime la fascination américaine de l’industrialisation. Citons également ''L’homme électrique'' de Luis Senarens paru en 1885.
 
* Parallèlement, et sans que cela ne soit directement relié aux robots, Nietzsche élabore une théorie du surhomme. Il est possible de voir dans le robot une expression du surhomme, de par la volonté de l’esprit moderne à dépasser les limites matérielles du corps et de l’esprit humain par le progrès scientifique, à transcender l’humain par l’outil mécanique et le calcul électronique. En effet, le Robot est Volonté de puissance, car il représente un mode de description du réel : l’explication causale et scientifique, matérialiste. Le Robot symbolise le futur en progrès, et donc le devenir. Le Robot nous interroge sur l’identité du vivant, sur ses émotions et son existence.
Il déclenche une vague littéraire sur les automates humanoïdes :
Le Robot s’interroge sur l’identité du vivant, sur ses émotions et son existence.[[Fichier:Leonardo-Robot3.jpg|vignette|400x400px|Modèle de robot basé sur les dessins de Léonard de Vinci, exposition de Berlin "''Leonardo da Vinci. Mensch - Erfinder - Genie", 2005'']]IlLe robot prend des consonances psychologiques, (un patient peut être « normal » ou « malade », comme un robot est « normal » ou « dys-fonctionnel » ?), morales (, le robot est avant tout utilitaire, il n’est ni bien ni mal, mais utilité toujours fonctionnelle.), politiques (, les robots peuvent ilsse libérer de leur Créateur et se libérerebeller contre lui.
 
r de leur Créateur et se rebeller contre lui ?). Le Robot induitévoque l’éducation des instincts animaux, par leur négation, leur conditionnement ou leur formatage. Il est aussi l’expression de principes économiques : l’industrialisation, les chaînes de montages, induisant une réflexion philosophique et politique sur la nature et l’identité humainehumaines. L’humain est il autre chose qu’un travailleur ? Quel est son rôle dans la société et dans le devenir de la société ? De même, le Robot est un EternelÉternel Retour, car il est une puissance créatrice créée elle-même par un créateur humain transcendé, lui-même créé par Dieu, le Créateur originel. Le robot symbolise une force créatrice qui se perpétueraitperpétue à travers les âges sous différentes formes, qui reviendrait éternellement afin de créer l’humain, puis la créature ou la création de l’humain, et enfin la fonction, l’utilité créatrice du Robot. Dès lors, la question de l’identité surgit : qui est le robot ? L’humain, le serviteur ? Dieu, le Créateur ? Le robot représente-t-il le principe d’action et de volonté du Créateur efficace, masculin, ou celuil'essence de la matière, de passivité de la Créature utilitaire, féminine ?[[Fichier:Duck of Vaucanson.jpg|vignette|280x280px|Le Canard de Vaucanson, intérieur supposé par un observateur américain, 1738]]
. L’homme au sable d’Ernest Théodore. Amadeus Hoffmann en 1817 décrit une femme mécanique à l’allure de poupée. Steam of the prairies d’Edward S. Ellis en 1865 exprime la fascination américaine de l’industrialisation. L’homme électrique de Luis Senarens en 1885.
 
. Parallèlement, et sans que cela ne soit directement relié aux robots, Nietzsche élabore une théorie du surhomme.
Il est possible de voir dans le robot l’expression du surhomme, de par la volonté de l’esprit moderne à dépasser les limites matérielles du corps et de l’esprit humain par le progrès scientifique, à transcender l’humain par l’outil mécanique et le calcul électronique.
En effet, le Robot est Volonté de puissance, car il représente un mode de description du réel : l’explication causale et scientifique, matérialiste.
Le Robot symbolise le futur en progrès, et donc le devenir.
Le Robot s’interroge sur l’identité du vivant, sur ses émotions et son existence.[[Fichier:Leonardo-Robot3.jpg|vignette|400x400px|Modèle de robot basé sur les dessins de Léonard de Vinci, exposition de Berlin "''Leonardo da Vinci. Mensch - Erfinder - Genie", 2005'']]Il prend des consonances psychologiques (un patient peut être « normal » ou « malade », comme un robot est « normal » ou « dys-fonctionnel » ?), morales ( le robot est avant tout utilitaire, il n’est ni bien ni mal, mais utilité toujours fonctionnelle.), politiques ( les robots peuvent ils se libére
 
r de leur Créateur et se rebeller contre lui ?). Le Robot induit l’éducation des instincts animaux, par leur négation, leur conditionnement ou leur formatage. Il est aussi l’expression de principes économiques : l’industrialisation, les chaînes de montages, induisant une réflexion philosophique et politique sur la nature et l’identité humaine. L’humain est il autre chose qu’un travailleur ? Quel est son rôle dans la société et dans le devenir de la société ? De même, le Robot est un Eternel Retour, car il est une puissance créatrice créée elle-même par un créateur humain transcendé, lui-même créé par Dieu, le Créateur originel. Le robot symbolise une force créatrice qui se perpétuerait à travers les âges sous différentes formes, qui reviendrait éternellement afin de créer l’humain, puis la créature ou la création de l’humain, et enfin la fonction, l’utilité créatrice du Robot. Dès lors, la question de l’identité surgit : qui est le robot ? L’humain, le serviteur ? Dieu, le Créateur ? Le robot représente-t-il le principe d’action et de volonté du Créateur efficace, masculin, ou celui de matière, de passivité de la Créature utilitaire, féminine ?[[Fichier:Duck of Vaucanson.jpg|vignette|280x280px|Le Canard de Vaucanson, intérieur supposé par un observateur américain, 1738]]
=== XXème siècle : ===
La technologie arrive au point où l’on peut prédire des créatures mécaniques non ludiques. Les réponses littéraires au concept de robot, qui suscite la crainte que les humains soient remplacés par leur propre création apparaissent.