« Psychanalyse & Robotique » : différence entre les versions

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* Dans la légende grecque de Cadmos, le fondateur de Thèbes créa des soldats, les spartes, en semant des dents de dragon. Dans ce mythe, la Création est militaire, inspirée par la puissance féconde de la créature mythologique, le Dragon, dont les dents sont plantées dans la matrice, la Terre. La Création devient utile, le robot n’est pas loin.
 
* Dans le mythe de Pygmalion, un sculpteur tombe amoureux de l’œuvre de son ciseau, la statue Galatée, à laquelle Aphrodite accorde la vie. Ici, c’est l’identité de l’être humain qui est en jeu, au travers des projections sur l’Autre, Création artistique et objet sexuel, mais aussi roche sans émotions, blancheur sublimée par l’action divine. La Création et l’Identité humaine sont deux thèmes centraux explorés par le Robot, que Pygmalion réunit.
[[Fichier:Cadmo luchando con el dragón Cadmus fighting the dragon.jpg|vignette|429x429px|Cadmos combattant le dragon, Marbre synthétique, José Manuel Félix Magdalena, 2016]][[Fichier:Gerome pygmalion-galatee.jpg|vignette|499x499px|Pygmalion & Galatée, Peinture à l'huile, Jean-Léon Gérôme (1824-1904), vers 1890]]Ici, c’est l’identité de l’être humain qui est en jeu, au travers des projections sur l’Autre, Création artistique et objet sexuel, mais aussi roche sans émotions, blancheur sublimée par l’action divine. La Création et l’Identité humaine sont deux thèmes centraux explorés par le Robot, que Pygmalion réunit.
* En mythologie classique, le Dieu des forges, Vulcain ou Héphaïstos créa des serviteurs mécaniques, certains intelligents, d’autres esclaves dorés, d’autres encore en forme de tables tripodes utilitaires mues par leur propre énergie. La création utilitaire apparaît explicitement, toujours dans le cadre de l’action divine, mais avec une précocité surprenante, presque anachronique. Le serviteur mécanique antique préfigure le robot moderne.
 
La création utilitaire apparaît ici explicitement, toujours dans le cadre de l’action divine, mais avec une précocité surprenante, presque anachronique. Le serviteur mécanique antique préfigure le robot moderne.
* Dans l’ancien Testament et dans la Kabbale juive, le Golem est un être humanoïde, artificiel, fait d’argile, animé momentanément de vie par l’inscription d’un verset biblique sur son front. Le Golem est un être inachevé, une ébauche, un matière brute sans forme ni contours. Dans le Talmud, le Golem est l’état qui précède la création d’Adam. Le Golem représente la Création humaine, et change les rôles : l’être humain devient le Créateur et quitte le statut de créature. Il se transcende par l’acte créatif, car celui-ci est réservé à Dieu. L’humain se fait volonté, action, forme de la créature passive, boue, matière, Terre. Ici, c’est la transcendance de l’humain qui apparaît liée à la Création, tout comme le thème du Robot explore le dépassement des limites humaines par le progrès.
=== Renaissance : ===
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* Le premier robot opérationnel connu est construit par Jacques de Vaucanson en 1738, c’est un androïde flûtiste. Il déclenche une vague littéraire sur les automates humanoïdes : ''L’homme au sable''<ref>([[s:L’Homme_au_sable|Lire en ligne]])</ref> de l'écrivain romantique Ernest Théodore Amadeus Hoffmann, paru en 1817, décrit une femme mécanique à l’allure de poupée. ''The Huge Hunter, or the Steam Man of the Prairies''<ref>(en) ([[wikisource:The_Huge_Hunter|lire en ligne]])</ref> d’Edward S. Ellis en 1865 exprime la fascination américaine de l’industrialisation. Citons également ''L’homme électrique'' de Luis Senarens paru en 1885.
 
* Parallèlement, et sans que cela ne soit directement relié aux robots, Nietzsche élabore une théorie du surhomme. Il est possible de voir dans le robot une expression du surhomme, de par la volonté de l’esprit moderne à dépasser les limites matérielles du corps et de l’esprit humain par le progrès scientifique, à transcender l’humain par l’outil mécanique et le calcul électronique. En effet, le Robot est Volonté de puissance, car il représente une fonctionnalité pure et un mode de description du réel : l’explication causale et scientifique, matérialiste. Le Robot symbolise le futur en progrès, et donc le devenir. Le Robot nous interroge sur l’identité du vivant, sur ses émotions et son existence.
[[Fichier:Leonardo-Robot3.jpg|vignette|400x400px|Modèle de robot basé sur les dessins de Léonard de Vinci, exposition de Berlin "''Leonardo da Vinci. Mensch - Erfinder - Genie", 2005'']]
* Frankenstein ou le Prométhée Moderne, de Mary Shelley, en 1818, est souvent désigné comme le 1er livre de Science-fiction, bien qu’imprégné de fantastique. Cet ouvrage porte une réflexion sur la création et ainsi une symbolique du Créateur et de la Créature, tous deux en quête d’identité sociale, sexuelle et transcendantale. C’est un livre clef de la culture gothique et du pessimisme romantique, considéré comme un des fondements du mouvement littéraire fantastique. Mary Shelley est aussi une des premières féministes. Frankenstein est non seulement caractéristique de la Science-fiction, par sa réaction pessimiste au progrès moderne, mais également de la littérature fantastique, car c’est la science qui fait surgir dans le réel l’impossible, l’atroce créature de Frankenstein. Ainsi, historiquement, ce livre signe un double acte de naissance des deux genres littéraires, qui resteront liés par cette genèse.
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La pièce tchèque de Karel Capek à l’origine du mot « robot » introduisit le concept d’une chaîne de montage pilotée par des robots qui tentent de construire d’autres robots.
Le terme « robot » prend ainsi une consonance économique et philosophique, et symbolise l’être humain face à l’absurdité de l’existence moderne.[[Fichier:Automates Vaucanson.jpg|vignette|450x450px|Les automates de Vaucanson, gravure tirée de l'''Histoire des jouets'' par Henri René D'Allemagne, Librairie Hachette, 1902 ([https://archive.org/stream/histoiredesjouet00alle/histoiredesjouet00alle#page/n335/mode/1up lire en ligne])]]Au cinéma, le robot a fait parler de lui dans des films comme ''Metropolis''<ref>[https://m.youtube.com/watch?v=64Bom8MEiq0 Voir en ligne]</ref> de Fritz Lang sorti en 1927, Star Wars, Blade Runner, ou Terminator.
 
Le film I Robot, sorti en 2004, s’inspirait directement de l’ouvre d’Asimov, mais prend des libertés scénaristiques l’éloignant considérablement de la pensée d’Asimov.
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- Inspecteur Elijah Baley : Inspecteur de police à New York chargé d’élucider des crimes impliquant des robots.
 
Il devient un intermédiaire entre les terriens et les mondes spaciens en collaborant avec les robots enquêteurs spaciens.
 
- Docteur Susan Calvin : Robopsychologue, spécialiste des Lois de la robotique et du cerveau positronique des robots, chargée de comprendre les dysfonctionnements des robots, de les réparer voire de les supprimer.
 
La robotique devient une science et une pratique psychologique s’efforçant de comprendre et d’analyser le comportement des robots. Tout comme la psychanalyse, la robotique analyse des conflits de force résultant en comportements peu compréhensibles au premier abord. La métaphore de l’être humain aliéné, robot ou « mouton » est portée par l’œuvre d’Asimov, qui s’inscrit dans une réflexion philosophique et historique sur la science. Le robot est l’occasion de s’interroger sur la liberté de corps et d’esprit de l’être humain moderne, face au progrès social, scientifique et technologique.
Tout comme la psychanalyse, la robotique analyse des conflits de force résultant en comportements peu compréhensibles au premier abord.
La métaphore de l’être humain aliéné, robot ou « mouton » est portée par l’œuvre d’Asimov, qui s’inscrit dans une réflexion philosophique et historique sur la science.
Le robot est l’occasion de s’interroger sur la liberté de corps et d’esprit de l’être humain moderne, face au progrès social, scientifique et technologique.
 
== Fondation ==
Dans le cycle de Fondation, Asimov imagine le futur de l’humanité. Ce cycle est la suite du cycle des robots. Il a pour thème l’effondrement d’un empire galactique en décomposition.
Ce cycle est la suite du cycle des robots.
Il a pour thème l’effondrement d’un empire galactique en décomposition.
 
Un savant, Hari Seldon, invente une nouvelle science, la psycho-histoire, inspirée de la Loi des grands nombres, du calcul des probabilités, de la psychanalyse et du marxisme. La psycho-histoire permet de prédire l’avenir en calculant les probabilités des différents avenirs. Elle tente de donner des bases scientifiques « dures » à l’étude du comportement humain et a pour but de prédire à très long terme l’évolution des sociétés.
La psycho-histoire permet de prédire l’avenir en calculant les probabilités des différents avenirs.
Elle tente de donner des bases scientifiques « dures » à l’étude du comportement humain et a pour but de prédire à très long terme l’évolution des sociétés.
 
Le scénario doit être compris dans son ensemble comme une allégorie historique pour être assimilé par le lecteur. L’empire galactique en décadence symbolise ainsi la fin des empires Romain et Ottoman. De même, l’ascension de personnalités charismatiques évoque des personnages historiques comme Alexandre le Grand, Jules César ou Napoléon Bonaparte. Le cycle de Fondation s’inscrit dans une vision psychanalytique de l’Histoire.
L’empire galactique en décadence symbolise ainsi la fin des empires Romain et Ottoman.
De même, l’ascension de personnalités charismatiques évoque des personnages historiques comme Alexandre le Grand, Jules César ou Napoléon Bonaparte.
Le cycle de Fondation s’inscrit dans une vision psychanalytique de l’Histoire.
 
Asimov cherche le sens de l’Histoire et s’interroge sur le futur des sociétés humaines, dans leurs aspects individualistes et collectifs.