« Topologie générale/Complétude » : différence entre les versions

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*'''Première construction de <math>\hat E</math>.''' On peut plonger <math>E</math> dans l'espace <math>B(E,\R)</math> des fonctions bornées de <math>E</math> dans <math>\R</math>, [[#Suite de Cauchy|qui est complet]] pour la [[Topologie générale/Espace métrique#Définition et exemples|distance uniforme]] <math>d_\infty</math>. C'est le [[w:Plongement de Kuratowski|plongement de Kuratowski]] : on fixe arbitrairement un point <math>a</math> de <math>E</math> et l'on définit une injection isométrique de <math>E</math> dans <math>B(E,\R)</math> en associant, à tout élément <math>x</math> de <math>E</math>, la fonction <math>y\mapsto d(x,y)-d(a,y)</math>. On prend alors pour <math>\hat E</math> l'adhérence dans <math>B(E,\R)</math> de l'image de <math>E</math> (c'est un espace métrique [[#Espace complet|complet, comme tout fermé dans un complet]]).
*'''Seconde construction de <math>\hat E</math>.''' On peut aussi, en mimant la [[w:Construction des nombres réels#Construction via les suites de Cauchy|construction des nombres réels par les suites de Cauchy de rationnels]], construire <math>\hat E</math> comme un ensemble de [[Relation (mathématiques)/Relation d'équivalence|classes d'équivalence]] de suites de Cauchy.<br />Notons <math>\mathcal C</math> l'ensemble des suites de Cauchy de <math>(E,d)</math> et considérons l'application <math>f:\mathcal C\times\mathcal C\to\R_+,\ (u,v)\mapsto\lim_{n\to\infty}d(u_n,v_n)</math>. Cette application est bien définie car, les suites <math>u</math> et <math>v</math> étant de Cauchy, la suite <math>(d(u_n,v_n))</math> est une suite de Cauchy de <math>\R_+</math>, donc une suite convergente (car <math>\R_+</math>, muni de la distance usuelle, est complet). Cette application vérifie toutes les propriétés d'une distance sauf une : <math>f(u,v)=0</math> n'implique pas que <math>u=v</math>.<br />On y remédie en quotientant <math>\mathcal C</math> par la relation d'équivalence <math>\mathcal R</math> définie par : <math>u\mathcal R v\Leftrightarrow f(u,v)=0</math>. Sur l'ensemble quotient <math>\hat E:=\mathcal C/\mathcal R</math>, on obtient une distance <math>D</math> en posant : <math>D(U,V)=f(u,v)</math>, où <math>u</math> (resp. <math>v</math>) est un élément arbitraire de la classe <math>U</math> (resp. <math>V</math>). Cette définition est indépendante des représentants choisis.<br />L'espace <math>(E,d)</math> est plongé (isométriquement) dans ce quotient <math>(\hat E,D)</math>, par identification d'un élément <math>x</math> de <math>E</math> à la classe d'équivalence de la suite constante de valeur <math>x</math>.<br />On obtient ainsi un espace complet <math>(\hat E,D)</math> dans lequel <math>E</math> est dense.
*'''Propriété universelle.''' Soit <math>\hat E</math> un espace complet dans lequel <math>E</math> est dense (obtenu par exemple par l'une des deux constructions précédentes). Alors, :<center>toute injection isométrique <math>i</math> de <math>E</math> dans un espace métrique complet <math>F</math> (est Cauchy-continue donc) s'étend de façon unique en une applicationinjection continueisométrique <math>j</math> de <math>\hat E</math> dans <math>F</math>.</center>En effet, <math>i</math> est Cauchy-continue donc s'étend en une application continue <math>j</math> (unique par densité de <math>E</math>), qui est alors isométrique non seulement sur <math>E</math> mais (par densité) sur <math>\hat E</math> tout entier.
*'''Unicité.''' Soient <math>\hat E</math> et <math>\hat E'</math> deux espaces complets contenant <math>E</math>, non nécessairement obtenus par l'une des deux constructions précédentes, mais vérifiant tous deux la propriété universelle ci-dessus. Montrons qu'il existe entre <math>\hat E</math> et <math>\hat E'</math> une bijection isométrique fixant les points de <math>E</math>. L'inclusion de <math>E</math> dans <math>\hat E'</math> s'étend en une applicationinjection continueisométrique <math>f</math> de <math>:\hat E</math> dans <math>\to\hat E'</math> (par hypothèse sur <math>\hat E</math>) et de même, l'inclusion de <math>E</math> dans <math>\hat E</math> s'étend en une applicationinjection continueisométrique <math>g</math> de <math>:\hat E'</math> dans <math>\to\hat E</math>. La composée <math>fg\circ g</math>,f:\hat de <math>E\to\hat E'</math> dans lui-même, est alors unune prolongementinjection continuisométrique deprolongeant l'inclusion de <math>E</math> dans <math>\hat E'</math> donc (par hypothèse d'unicité des prolongements à <math>\hat E'</math>) c'est l'identité de <math>\hat E'</math>. De même, <math>gf\circ fg</math> est l'identité de <math>\hat E'</math>.
*'''Variante.''' On peut démontrer de la même façon l'unicité à l'aide d'une autre propriété universelle vérifiée de même par tout espace complet <math>\hat E</math> dans lequel <math>E</math> est dense :<center>toute application uniformément continue de <math>E</math> dans un espace métrique complet <math>F</math> s'étend de façon unique en une application uniformément continue de <math>\hat E</math> dans <math>F</math>.</center>
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Si cette procédure est appliquée à un espace vectoriel normé, on obtient un [[Espaces vectoriels normés/Espaces de Banach - Complétude|espace de Banach]] contenant l'espace original comme sous-espace dense.