« Critères de reprise du sport après une rupture du ligament croisé antérieur » : différence entre les versions

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La rupture du [[ligament croisé antérieur]] (LCA) est l’une des lésions les plus fréquentes chez les sportifs. Plus d’un tiers des athlètes sont incapables de reprendre leur sport au même niveau et un cinquième subira un nouvel accident lors de cette reprise, que ce soit sur le genou opéré ou le genou controlatéral après une rupture des ligaments croisés. Ainsi, le risque de nouvelles lésions des genoux est 15 fois plus élevé parmi les sportifs opérés que dans la population générale.
| idfaculté = médecine
| département = Médecine du sport
| niveau = 18
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La rupture du [[w:ligament croisé antérieur|ligament croisé antérieur]] (LCA) est l’une des lésions les plus fréquentes chez les sportifs. Plus d’un tiers des athlètes sont incapables de reprendre leur sport au même niveau et un cinquième subira un nouvel accident lors de cette reprise, que ce soit sur le genou opéré ou le genou controlatéral après une rupture des ligaments croisés. Ainsi, le risque de nouvelles lésions des genoux est 15 fois plus élevé parmi les sportifs opérés que dans la population générale.
 
Nous rappelons que le principal traitement est l’opération chirurgicale chez les sportifs : la ligamentoplastie. Celle-ci est une procédure chirurgicale qui permet la reconstruction du ligament rompu. Certains ligaments se cicatrisent très mal comme le LCA, ce pourquoi cette intervention est quasiment inévitable.
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Après une ligamentoplastie du LCA, il y a un déficit de la force musculaire, une diminution de la stabilité avec un déficit musculaire pouvant aller jusqu’à 2 ans après la plastie. On sait pourtant que l’objectif principal du sportif suite à cette opération est le retour au sport le plus rapidement possible. Le problème étant que le risque de récidive existe et les sportifs ne récupèrent pas forcément le niveau de performance d’avant la blessure.
 
D'après certaines études<ref name=":0">{{Article|prénom1=Sue D.|nom1=Barber-Westin|prénom2=Frank R.|nom2=Noyes|titre=Objective criteria for return to athletics after anterior cruciate ligament reconstruction and subsequent reinjury rates: a systematic review|périodique=The Physician and Sportsmedicine|volume=39|numéro=3|date=2011-09-01|issn=0091-3847|pmid=22030946|doi=10.3810/psm.2011.09.1926|lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22030946|consulté le=2017-05-11|pages=100–110}}</ref>, le taux de récidive de rupture avoisine de 3 à 24% d’atteinte controlatérale, et environ 12% de méniscectomies secondaires. Par conséquent, les chances de retour au sport chez ces sportifs sont diminuées et comportent un risque accru de progression vers l’[[w:arthrose|arthrose]].
 
Il faut savoir que la première cause d’échec, même si l’opération s’est bien passée, est psychologique. L’appréhension, la peur d’un nouvel accident expliquerait cette récidive. Il convient donc d’être très prudent avant d’autoriser les sportifs à pratiquer leur activité. Le délai post-opératoire seul ne suffit également pas pour donner le feu vert. Par conséquent, on doit respecter les critères de reprises du sport.
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== Disparition de la douleur ==
On réalise une '''[[w:Anamnèse (médecine)|anamnèse]]'''. La douleur est un critère primordial pour la reprise du sport. Elle doit avoir totalement disparue. On se base sur une échelle visuelle analogique (EVA) dans un premier temps. L’EVA se présente sous la forme d’une réglette en plastique de 10 cm graduée en millimètre, se trouvant sur la face présentée au patient, un curseur qu’il mobilise le long d’une ligne droite dont l’une des extrémités correspond à "''Absence de douleur''", et l’autre à "''Douleur maximale imaginable''". Le patient doit, le long de cette ligne, positionner le curseur à l’endroit qui situe le mieux sa douleur. Sur l’autre face, se trouvent des graduations millimétrées vues seulement par le soignant. La position du curseur mobilisé par le patient permet de lire l’intensité de la douleur. Il existe aussi d’autres échelles qui regroupent plusieurs items comme la douleur entre autres. Le patient coche alors les différentes cases qui correspondent à chaque item et en fonction des réponses il obtient un score : ce sont l’échelle de Lysholm et les scores Cofras, ARPEGE et IKDC. Il y a aussi le ressenti du patient qui va pouvoir jauger lui-même sa douleur, la décrire, la localiser.
 
Les douleurs peuvent être dues au traumatisme en lui-même, mais également à l’opération. En effet, le patient peut se plaindre de douleur lorsque l’on inspecte et palpe son genou, à des points précis souvent infectés. Les douleurs peuvent également se localiser à d’autres endroits comme par exemple au niveau des sites du greffon utilisé selon le type de ligamentoplastie, ou au niveau de muscles qui auraient été immobilisés trop longtemps. Elles peuvent se manifester, soit pendant les séances de kinésithérapie ou pendant les exercices sportifs.
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=== Mesure de laxité résiduelle ===
Il peut y avoir en suite à la blessure et à l’opération, une laxité du ligament qui sera un frein à la reprise du sport si elle est importante. Le ligament croisé antérieur est lésé et sa résistance est affaiblie. En temps normal, il est capable d’empêcher le [[w:Tibia|tibia]] d’avancer et de tourner sous le [[w:fémur|fémur]]. On va donc mesurer ces mouvements entre le tibia et le fémur en utilisant un arthromètre (KT-1000 ou KT-2000). Ces appareils sont capables de détecter des mouvements ultrafins. Le [[w:tiroir antérieur|tiroir antérieur]] (déplacement antérieur du tibia sous le fémur) ne doit pas dépasser 4mm.
 
=== Genou sec ===
Pour reprendre le sport pratiqué, il faut impérativement que l’épanchement qui mêle liquide synovial et sang soit totalement résorbé. Cet épanchement de sang suite à une lésion du ligament d’un genou est une [[w:hémarthrose|hémarthrose]], et va provoquer un [[w:œdème|œdème]] visible qui doit disparaître également<ref name=":0" />.
 
=== Amplitudes articulaires et mobilité articulaire symétrique des deux genoux ===
Les amplitudes articulaires symétriques sont un critère plébiscité par la quasi-totalité des médecins pour la reprise du sport. Sans une bonne flexion ou extension de genou, on ne pourra pas faire une activité physique normale. Il va donc falloir une rééducation efficace pour la récupération des amplitudes du genou opéré par rapport au genou sain. On va donc mesurer ces amplitudes plusieurs fois à des intervalles de temps régulier pour observer la progression. Les médecins vont se baser sur des différences de degrés seuil entre le genou sain et opéré pour autoriser le retour au sport. Prenons pour exemple l’extension : le genou sain est théoriquement à 0° voire 5° d’extension. Si on observe lors de la mesure d’extension pour le genou sain qu’il n’arrive pas à aller jusqu’à 0° d’extension (on notera par exemple -20° s’il manque au patient 20° pour arriver à 0° d’extension), alors on aura un [[w:Flexum|flexum]] qui compromettra la reprise et il faudra encore gagner ces degrés.
 
=== Symétrie ===
La différence de diamètre entre le genou opéré et le genou controlatéral doit être inférieure à 1 cm, ainsi que le diamètre de la cuisse à 15 cm du bord supérieur de la [[w:Patella (os)|patella]]<ref name=":0" />.
 
=== Stabilité fonctionnelle du genou lors d’un exercice physique ===
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== Mesure de force ==
Un déficit de force est souvent la cause principale de la baisse de niveau du pratiquant d’activité sportive par rapport à son niveau préopératoire. De plus, l’augmentation de la force musculaire des [[w:Muscle quadriceps fémoral|quadriceps]] et des [[w:ischio-jambiers|ischio-jambiers]] est une condition essentielle pour protéger l’articulation du genou et éviter ainsi une récidive de blessure.
 
Après une ligamentoplastie et avant de reprendre le sport, un athlète doit effectuer des tests de force musculaire.
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Pour un sport en général, lorsqu'un athlète est susceptible de reprendre son activité sportive compétitive sans restriction, il faut évaluer avec précision le risque de récidive. Pour cela, on réalise premièrement un bilan médical complet de l’athlète (historique de la blessure, symptômes, tests cliniques, tests de laboratoire et tests fonctionnels), composé de critères objectifs et subjectifs de retour sur terrain (RST) et des valeurs limite à atteindre.
 
Le football génère un nombre important de [[w:Rupture de ligament croisé|rupture du ligament croisé]] antérieur (LCA), et même si le chirurgien orthopédique intervient dans le suivi post-opératoire, le médecin du club est le seul garant de l’autorisation du RST. Les médecins préfèrent se baser sur un certain nombre de critères (variant de 8 à 11 selon les médecins) plutôt que sur un délai théorique de récupération après une chirurgie. Ceci est expliqué par le fait que chaque sportif est différent donc se baser uniquement sur des délais théoriques est totalement désuet et surtout dangereux en regard du risque de récidive potentielle.
 
Ces critères sont la stabilité fonctionnelle du genou lors d’un exercice spécifique de football, force musculaire analysé de la course, performance à un test spécifique de football, sensations subjectives rapportées par le sportif, disparition totale des douleurs, performance à un test proprioceptif, absence de laxité du genou, imagerie médicale, aptitudes complètes de flexion et extension disparition totale de l’œdème, niveau de condition physique et bien d’autres encore. Les critères les plus pris en compte sont la stabilité dynamique du genou lors d’un exercice spécifique, les performances musculaires et les amplitudes articulaires.
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La stabilité du genou lors d’exercice spécifique est appréciée par l’ensemble des médecins via les sensations subjectives du joueur (lors de discussions juste après l’effort) et les observations visuelles d’examinateurs expérimentés. On peut également intégrer une analyse biomécanique 3D lors de l’atterrissage d’un saut.
 
Le second critère que les médecins de club considèrent comme le plus important est celui de la performance musculaire. On la mesure souvent grâce à un [[w:Dynamomètre|dynamomètre]] iso-cinétique parfois complété par un testing manuel ou une évaluation sur un appareil de fitness. On évalue la force du quadriceps et des ischio-jambiers, car ce sont des muscles stabilisateurs de l’articulation du genou, donc il faut qu’ils conservent une force nécessaire pour éviter le risque de rechute. Pour ce faire, les médecins s’appuient sur des résultats comparatifs entre le côté pathologique et le côté sain controlatérale. Mais il n’existe pas encore à ce jour de consensus pour un pourcentage acceptable de différence entre les deux côtés. Certains estiment que la différence ne doit pas dépasser 5%, d’autres 10% voire 15%. Certains médecins utilisent le rapport agoniste/antagoniste ou le rapport IJ/Q en testant le quadriceps en concentrique car c’est un mode qui est très représenté au football, et les ischio-jambiers en concentrique et excentrique.
 
Enfin le troisième critère primordial pour un RST, le plus sécurisant, est la récupération des amplitudes articulaires de flexion et extension de genou. Que cela soit en mobilisations passives ou actives, la différence entre les deux côtés ne doit pas exister pour certains médecins, mais cela peut aller jusqu’à 15% chez d’autres. Encore une fois ici, difficile de réunir tous les médecins sur un pourcentage acceptable pour la reprise du sport. Mais il est important de mentionner qu’un léger déficit d’extension aura des implications plus importantes sur la [[w:Biomécanique|biomécanique]] de course ou de sauts qu’un léger déficit de flexion. En revanche le football de haut niveau demande parfois des mouvements d’amplitudes de flexion maximales lors d’un tacle par exemple donc une récupération totale des amplitudes serait quand même préférable.
 
Les médecins s’appuient énormément sur l’avis du kinésithérapeute et du préparateur physique qui sont au centre soit de la rééducation soit des performances physiques du joueur. En revanche les entraîneurs sont très peu consultés.<ref>{{Article|langue=|auteur1=|prénom1=F.|nom1=Delvaux|prénom2=P.|nom2=Rochcongar|prénom3=O.|nom3=Bruyère|prénom4=C.|nom4=Daniel|titre=Retour au sport après plastie du ligament croisé antérieur : critères utilisés dans les clubs professionnels de football|périodique=Science & Sports|volume=30|numéro=1|date=octobre 2014|issn=|doi=10.1016/j.scispo.2014.11.001|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/j.scispo.2014.11.001|consulté le=2017-05-12|pages=33–40}}</ref>
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== Notes et références ==
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{{Portail|sport|médecine }}