« Seigneurs et seigneurie » : différence entre les versions

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Au Moyen Âge, leLe mot "seigneur" recouvre plusieurs réalités :; il importe de bien distinguer A. l'usage médiéval et B. l'usage des historiens français contemporains :
* A
* le Seigneur (en latin ''dominus'', le maître) désigne, dans de nombreuses sources, Dieu et/ou son fils Jésus.
* 1 le Seigneur (en latin ''dominus'', le maître) désigne, dans de nombreuses sources, Dieu et/ou son fils Jésus.
* 2 le seigneur (en latin ''senior'', mot peu usité avant le XIII{{e}} siècle<ref>Gauvard, ''Dictionnaire du Moyen Âge'', p.1314</ref>) est le supérieur du vassal. Il lui offre sa protection et un fief, en échange de services (voir le chapitre 3).
* B
* le seigneur est le maître d'une seigneurie.
* 1 le seigneur disposeest le maître d'un pouvoir sur des personnes : il incarne laune seigneurie personnelle ou domestique.
* 2 le seigneur dispose d'un pouvoir sur des personnes : il incarne la seigneurie personnelle ou domestique. La seigneur détient le droit de ban, c'est-à-dire celui de commander, de contraindre et de punir.
 
La superposition et l'enchevêtrement des divers types de seigneuries rend la situation confuse : un même individu peut dépendre de plusieurs seigneurs. L'âge d'or de la seigneurie se situe au Moyen Âge central.
 
= De quand date la notion ?=
* Le terme "seigneurie", rare en ancien français, désignait l'exercice concret d'un contrôle direct sur tel ou tel individu ; il ne semble pas avoir été utilisé pour désigner un pouvoir exercé sur un groupe. En latin médiéval, la situation est encore plus nette : on ne trouve aucun terme qui renvoie, même de loin, à cette notion introuvable. Il faut donc ne jamais perdre de vue qu'il ne s'agit en aucun cas d'une notion médiévale, mais d'une construction ultérieure, dont la légitimité reste à démontrer. L'utilisation massive, non critique, du terme par les médiévistes français du 20e siècle pose un grave problème. Au demeurant, il suffit de considérer la pratique des médiévistes allemands, italiens, espagnols et anglais pour s'apercevoir que les cinq grandes traditions historiographiques européennes ont traité cette affaire de cinq manières bien différentes, le terme est parfaitement intraduisible. Aussi longtemps qu'une analyse détaillée des conditions d'apparition et de l'évolution des emplois de cette notion, à l'échelle européenne, n'aura pas été réalisée de manière satisfaisante, on devra considérer toute utilisation de ce terme avec une extrême suspicion.
* Au surplus, et c'est sans doute encore plus grave, diverses distinctions se sont peu à peu introduites ; un cas particulièrement flagrant étant la véritable invention du terme "seigneurie banale" par Georges Duby dans sa thèse sur le Mâconnais en 1953, invention qui s'est heurtée dès l'abord à des très vives critiques, notamment de la part de Robert Boutruche. Il faut savoir que la distinction entre "droits réels" et "droits personnels" est une construction des juristes et feudistes du 18e siècle ; à cette époque-là, une telle distinction était sans doute en train de prendre un sens (qui fut en somme entériné par la législation des assemblées révolutionnaires), mais on a toutes raisons de penser que la distinction est complètement anachronique lorsqu'on veut la transférer aux siècles médiévaux. De vives controverses se déroulèrent au 19e siècle sur ce sujet, qui portaient en réalité sur la légitimité des décisions révolutionnaires ayant abouti à la vente des "biens nationaux" ; et la distinction apparut encore plus nécessaire en Prusse dans les années 1860, lorsqu'il fallut trouver un fondement à l'alliance de la bourgeoisie rhénane et des junkers prussiens, qu'il devait urgent de transformer en véritables "propriétaires". C'est dans ces conditions que Georg Waitz tenta à son tour d'imposer l'idée d'une séparation entre "droits personnels" et "droits réels" dans la société médiévale, ce qui constitue un véritable coup de force, à la limite de la supercherie.
 
= La seigneurie foncière =