« Systèmes monétaires/Monnaie Locale & Complémentaire » : différence entre les versions

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== Introduction ==
 
En biologie, la (bio-) diversité permet à un milieu naturel d’être résistant à toute attaque virale ou parasitaire et de palier provisoirement à la disparition de telle ou telle espèce ou niveau trophique. La diversité est également source d’abondance et de richesse. En effet, chaque espèce présente des besoins spécifiques. Les inter-spécificités permettent grâce à la diversité, la coopération et les complémentarités. C’est cette organisation qui a été sélectionnée durant l’évolution.
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Dans un premier temps, nous présenterons les monnaies locales en définissant leur valeur, objectifs et limites. L’évolution des monnaies au cours de l’histoire constituera notre deuxième partie. Enfin nous terminerons notre présentation par une étude de cas de la région Nord Pas de Calais qui regroupe plusieurs monnaies locales.
 
== Présentation des monnaies locales ==
 
=== Objectifs ===
 
Les monnaies locales complémentaires sont des monnaies simples créées dans une zone géographique limitée. L’adjectif « complémentaire » souligne une articulation de ces monnaies au système monétaire en vigueur. Toutefois ces monnaies locales n’ont pas l’objectif, de remplacer l’euro, mais plutôt de pallier une partie de ses carences. D’après P. Derruder « il ne s'agit pas de faire en petit avec elles ce que les devises internationales font en grand » <ref name="P_Derruer">Philippe Derruer, Marie Fare, «Les monnaies locales complémentaires : pourquoi, comment ?», 2012 Editions Yves Michel (consulté le 20/04/16)</ref>.En effet, La crise de 2008 a montré les limites d’un système libéral dérégulé et dominé par la spéculation. Des initiatives de création de monnaies parallèles à la monnaie nationale (avec un usage à échelle réduite, principalement locale) ont vu le jour : « Partant du constat que seuls 2% de la masse monétaire circule au sein de l’économie réelle, nombreux sont ceux qui se sont saisis des MLC pour proposer une réappropriation de la monnaie par les individus et un retour à une économie respectueuse de l’humain et de son environnement au sens large du terme. » (Jean-Philippe MAGNEN et Christophe FOUREL)<ref name="Magnen_Fourel">Jean-Philippe Magnen et Christophe Fourel « D’AUTRES MONNAIES POUR UNE NOUVELLE PROSPÉRITÉ» Mission d’étude sur les monnaies locales complémentaires et les systèmes d’échange locaux. Disponible sur : [http://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/rapport_monnaies_locales_complementaires_2.pdf Rapport monnaies locales complémentaires] (consulté le 02/05/16 )</ref><ref name="Clerc_Foucauld">Partie « Monnaies, citoyenneté » du rapport, p 9. « En quoi la réappropriation de la monnaie par les citoyens est-elle importante aujourd’hui ? » (D. Clerc et J.B. De Foucauld)</ref>. Les MLC ont pour vocation d’être pérennes, comme nous pouvons le voir avec l’exemple du {{w|Banque_WIR|WIR}}, qui est une monnaie locale créée en 1934, et toujours en circulation en Suisse. Elle permet aux PME de maintenir leurs emplois grâce à ses effets contrats-cycliques (Lietaer / Tréhet) <ref name="Lietard_Trehet">Bernard Lietard et Pascal Tréhet « Plateforme de monnaie régionales autofinancées» Mission d’étude sur les monnaies locales complémentaires et les systèmes d’échange locaux. Disponible sur : [http://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/rapport_monnaies_locales_complementaires_2.pdf Rapport monnaies locales complémentaires] (consulté le 02/05/16 )</ref>.
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*Les MLC orientent la consommation vers des voies plus « responsables » (plus respectueuses d’un développement durable et éthique). Elles poussent les partenaires (acheteurs et commerçants) à créer des liens et à prendre conscience de la valeur de leurs échanges.
 
=== Limites ===
 
Cependant, les MLC sont confrontées à quelques limites. Tout d’abord une limite légale pouvant restreindre leur développement. En France, une monnaie complémentaire ne peut être créée qu'à condition d'être indexée sur l'euro. Ainsi, un citoyen voulant s'en procurer devra au préalable fournir la somme équivalente en euro. Dans certains systèmes la MLC ne peut circuler qu'à l'intérieur d'un réseau bien défini auquel tous les utilisateurs doivent adhérer. Il n’est donc pas possible de qualifier ces monnaies de « [[Systèmes_monétaires/Monnaie_libre|libres]] ». Si ces mesures peuvent paraître comme un frein à leur développement, elles permettent cependant de faciliter l'instauration d'un climat de confiance avec les commerces locaux et les consommateurs.
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D’autres limites peuvent également être mentionnées telles que les risques de blanchiment, ou encore les risques fiscaux (notamment concernant le paiement de la TVA). Cependant, ceux-ci restent bien supérieurs pour les monnaies « traditionnelles ».
 
== L’évolution des monnaies locales ==
 
=== Origine des monnaies locales ===
 
Depuis la sédentarisation de l’homme il existe des monnaies locales. On peut citer l’exemple de l’ostracon égyptien qui était géré par les scribes. Au moyen-âge on pouvait voir la prolifération de ce type de monnaie. On en trouve par exemple 17 rien que dans le Languedoc. Il s’agit ici de monnaies complémentaires de la monnaie royale. Les monnaies complémentaires ont donc accompagné les hommes depuis longtemps, attirés par leur aspect pratique et local.
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Dans les années 1920-1930, on peut constater la prolifération de monnaies locales en Afrique basées sur un système de « troc ». Les paiements dans de nombreux secteurs ne se font pas par des billets ou des pièces mais par des estimations des valeurs d’objets : « La monnaie est un système d’évaluation qui peut exister sans identifiant matériel » (Pierre Edoumba)<ref name="P_Edoumba">Pierre Edoumba « Aperçu sur les monnaies d'Afrique ». Disponible sur : [http://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_2001_num_6_157_2321 persee.fr] > (consulté le 07/05/16)</ref>.
 
=== Les années 1980 ===
 
Dès les années 1980 les premières MLC contemporaines voient le jour : les monnaies locales de première génération.
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L’apport principal de ces monnaies est l’impact qu’elles ont sur le comportement individuel : promotion du partage (covoiturage, location…), promotion de l’égalité, la solidarité et la valorisation de toutes les activités.
 
=== Après les années 2000 ===
 
En 2005, grâce aux projets des villes dites « en transition » initiés par Rob Hopkins et l’université de Kinsale en Irlande, les monnaies locales se sont démocratisées et depuis ne cessent de se multiplier en Europe et dans le monde. Qu’il s’agisse des Ithaca, Palmas, Regio… Toutes ces nouvelles formes de monnaies locales sont convertibles en monnaie nationale et l’émission de celles-ci est permise par des réserves en monnaie nationale. On peut insérer la monnaie locale dans la consommation quotidienne et les cercles d’échanges ne sont plus restreints aux adhérents mais à un territoire entier.
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Vers des monnaies de cinquième génération : cela serait un type de monnaies locales qui s’inscrirait sur le progrès technique, des quotas de pollution et émissions de gaz à effet de serre. L’idée est d’affecter aux particuliers et entreprises des quotas sur une carte où l’unité de compte serait le carbone. Chaque paiement qui touche aux domaines de l’énergie, de l’électricité ou autre serait facturé en carbone. Cette monnaie ne pourrait émerger que du gouvernement et son fonctionnement serait national : il ne s’agit plus d’initiatives locales, et on ne cherche plus à relocaliser les échanges. Le but de cette monnaie est donc avant tout la préservation de l’environnement et la sensibilisation de la population à ce sujet.
 
== Étude de cas : les monnaies locales en Nord-Pas-de-Calais ==
 
=== Le SOL : monnaie à vocation économique, écologique et sociale ===
 
Au début du XXIème siècle, les acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) ont imaginé un projet à dimension Européenne : le SOL, abréviation de solidaire. Partant du constat qu’en parallèle de l’inégalité Nord-Sud, il existe également des inégalités au sein des territoires nationaux et régionaux, le philosophe Patrick Viveret, magistrat à la Cour de comptes et auteur du rapport «Reconsidérer la richesse»<ref name="P_Viveret">Patrick Viveret, Rapport «Reconsidérer la richesse» La Tour d'Aigues, Éd. de l’Aube, 2002. Sous le parrainage du PNUD (Pogramme des Nations Unies pour le Développement). (consulté le 09/05/16)</ref> initie le projet en collaboration avec Jean Philippe Poulnot, du groupe Chèque Déjeuner. Le SOL a été expérimenté dans cinq régions françaises : Alsace, Bretagne, Ile de France, Nord Pas de Calais et Rhône Alpes. Il bénéficiait de l'appui des Conseils Régionaux de ces trois régions, de la MACIF, MAIF, Crédit Coopératif et Chèque Déjeuner, ainsi que du Fonds Social Européen (Programme Equal)<ref name="site_sol">[http://www.dsi-experts.fr/sol/ Site du sol]. Le programme EQUAL du Fond Social Européen a soutenu de 2000 à 2006 le développement en Europe de projets innovants de coopération transnationale visant à combattre les inégalités et discriminations sur le monde du travail. (consulté le 09/05/16)</ref>.
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En juillet 2014 les MLC se démocratisent et prennent de la vigueur grâce à la légalisation de leur utilisation. Ce nouveau cadre juridique les rend beaucoup plus stables et pratiques puisque de nouvelles possibilités d’utilisation s’ouvrent à elles. Depuis, la volonté des citoyens Lillois et des collectivités locales de réamorcer une MLC propre à cinq territoires de la métropole à savoir Lille, Roubaix, Armentières, Villeneuve d'Ascq et Tourcoing relance le projet, en partenariat avec l’APES (Acteurs Pour une Economie Solidaire), organisme régional regroupant plus de 350 structures et associations œuvrant dans le domaine de l’ESS et la MEL (Métropole Européenne de Lille).
 
=== Le Bou’Sol ===
 
En mai 2013, une monnaie locale, le « Bou ’Sol », a été créée sur le territoire du boulonnais, lancée par Frédéric CUVILLIER, président de la Communauté d’Agglomération du Boulonnais, et de l’APMC (Association pour la Promotion de la Monnaie Citoyenne du Boulonnais). M. CUVILLIER souligne dans le magazine du Bou ’sol publié en novembre 2014<ref name="F_Cuvillier">Frédéric Cuvillier, « La lettre de l’économie sociale et solidaire en Boulonnais », novembre 2014. Disponible sur [http://www.agglo-boulonnais.fr/fileadmin/user_upload/06-Au_quotidien/bou-sol/Bou-sol-Mag-n2.pdf Bou'sol Mag N°2] (consulté le 02/05/16)</ref> que « Le Bou’ sol vise à dynamiser la production et la consommation du territoire. En renforçant les circuits courts, la monnaie locale peut améliorer la résilience du territoire, notamment en période de crise... Une monnaie locale n'est donc pas un gadget, mais avant tout un outil de coopération économique ».
 
==== Regroupement de 3 types d’acteurs dans le réseau « Bou’ Sol » ====
 
* La banque SOL (auprès de l’APMC, et des prestataires-relais), qui émet les Bou’ Sol et régule la circulation des billets.
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Afin d’améliorer la diffusion du Bou’ Sol, un partenariat avec « La Poste » a été mis en place cette année. Les solistes peuvent désormais se tourner vers de nombreux acteurs pour l’obtention de cette monnaie, tels le Crédit Municipal, la maison de l’Etudiant, ou encore certains prestataires (ex : Biocoop, La Poste).
 
==== Les particularités de cette monnaie ====
* Conversion des euros en Bou’Sol
:Chez les prestataires, 1€ vaut 1 Bou’ Sol. Pour ce qui est du consommateur, 100 € apportés à la banque SOL sont échangés contre 105 Bou’ Sols. Ce gain de 5% incite ainsi le consommateur à rejoindre le réseau Bou’ Sol. Selon la communauté d’agglomération du Boulonnais, le pouvoir d’achat des solistes s’élève à 6,6% si la monnaie est utilisée dans les 2 mois après son émission.
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:Au dos des billets figure une date, correspondant à la date d’émission du billet + 3 mois. En effet, le soliste a 3 mois pour utiliser son billet dès l’émission de ce dernier. Après la date d’expiration, le soliste ne peut plus payer avec ce billet expiré. Il doit ainsi passer par une banque SOL ou un point relais, qui réactivera alors son billet. La valeur du billet est ainsi toujours constante, mais juste inutilisable si la date est expirée. Cette monnaie fondante favorise ainsi la circulation de la monnaie, et non l’épargne des Bou’ Sol.
 
== Conclusion ==
 
Dans nos sociétés, la mesure de la richesse se calcule à partir d’activités économiques conduisant à des flux monétaires. Comme en témoigne le calcul du produit intérieur brut (PIB), cette méthode ne s’intéresse pas à la nature des biens produits et des activités réalisées, à ses impacts sociaux, écologiques et à la finalité de l’échange. Ainsi le PIB, indicateur suprême de la richesse d’un pays, comptabilise le nombre d’accidents, de destructions écologiques ou humaines, tant qu’un flux monétaires est engendré. En revanche, les plus-values environnementales, sociales et éthiques des activités de l’économie sociale et solidaire ne sont pas prises en compte.<ref name="Whitaker_Delille">Rapport “Le projet sol : pour retrouver le sens des valeurs” de C. Whitaker, P.Delille [http://monnaies.locales.free.fr/doc/WhitakerDelille.pdf] (consulté le 09/05/2016)</ref>
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Toutefois, comme le souligne avec lucidité Bernard Lietard, l’un des meilleurs spécialiste mondiaux de ce sujet : « Il serait naïf de considérer les monnaies locales complémentaires comme une potion magique susceptible de résoudre tous les problèmes présents et à venir. Néanmoins, repenser la monnaie est un élément indispensable à toute réflexion, si elle doit déboucher sur des solutions opérationnelles»<ref name="Lietard_Trehet" />. En effet, ces MLC ne sont pas assez développées pour permettre à elles seules, aux petits commerces locaux de s’en sortir rien qu’en étant payés par ce moyen. Il faudrait alors coupler ces monnaies à d’autres aides ou initiatives.
 
== Références ==
<references />
 
== Notes ==
* En juin-juillet 2016 = le tour de France des alternatives monétaires <sup>'''[ [[Discussion:Systèmes monétaires/Monnaie Locale & Complémentaire|voir]] ]'''</sup>