« Psychanalyse & Robotique » : différence entre les versions

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Nous nous proposons d'explorer les mythologies afférentes à l'objet robotique, en reliant les notions psychanalytiques de représentation et de fiction culturelle avec les œuvres de science-fiction et de littérature fantastique qui ont émergé sous la plume des contemporains des pionniers de la psychanalyse.
== L’Univers de la Science-fiction ==
[[Fichier:Science Fiction Stories April 1943.jpg|vignette|425x425px|gauche|''Science Fiction Stories,'' Pulp magazine du 1er avril 1943]]
 
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La science-fiction devient dans ses aspects les plus réflexifs et philosophiques une démarche littéraire s’inspirant des sciences humaines, jusqu'à prendre chez les auteurs les plus chevronnés une valeur d'analyse de la complexité des processus de production culturelle et scientifique. Mais la Science-fiction n’est pas une science, car son action est focalisée par l’Imagination, et non par la Raison et la rationalité. Elle tend cependant vers une logique particulière et une cohérence historique. Ainsi, les futurs imaginés sont souvent caractéristiques de l’époque à laquelle ils ont été écrits et apportent de nombreuses informations sur les attentes et les craintes d’une société à un moment donné.
 
== La vie d’Isaac Asimov ==
[[Fichier:Isaac.Asimov01.jpg|vignette|363x363px|gauche|Dr Isaac Asimov avant 1959, Photographie de Phillip Leonian, ''New York World-Telegram & Sun'']]
Asimov est né le 1er Janvier 1920 en Russie et mort le 6 avril 1992 à New York. Issu d’une famille juive, il émigre avec ses parents aux Etats-Unis à l’age de 3 ans. Il apprend seul à lire à 5 ans. Il est naturalisé américain à 8 ans. Il commence vers 11 ans à écrire ses premières nouvelles. Ses grandes capacités d’adaptation lui permettent de servir de trait d’union entre sa famille déracinée et leur pays d’adoption.
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Nous retrouvons deux grands thèmes dans son œuvre : Les robots et Fondation.
 
== Les robots ==
[[Fichier:Science Museum - Robots - Metropolis (32781591336).jpg|vignette|400x400px|gauche|Maria de Metropolis, Exposition du Science Museum de Londres, 2017]]
Le mot « robotique » est attribué à Isaac Asimov, qui l’employa pour la 1ère fois en 1942 dans la nouvelle « Run around ».
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Un androïde est un robot artificiel mécanique ou organique, tandis que le Cyborg est un humain mécanique et organique.
 
=== Antiquité : ===
* En mythologie classique, le Dieu des forges, Vulcain ou Héphaïstos créa des serviteurs mécaniques, certains intelligents, d’autres esclaves dorés, d’autres encore en forme de tables tripodes utilitaires mues par leur propre énergie. La création utilitaire apparaît explicitement, dans le cadre de l’action divine, avec une précocité surprenante, presque anachronique. Le serviteur mécanique antique préfigure le robot moderne, à la différence que les esclaves dorés d'Héphaïstos ont été créés par une divinité et non par des humains. Ce n'est qu'en s'attribuant des pouvoirs magiques divins que les humains produiront à leur tour des créatures robotiques.
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[[Fichier:Cadmo luchando con el dragón Cadmus fighting the dragon.jpg|vignette|429x429px|Cadmos combattant le dragon, Marbre synthétique, José Manuel Félix Magdalena, 2016]][[Fichier:Gerome pygmalion-galatee.jpg|vignette|499x499px|Pygmalion & Galatée, Peinture à l'huile, Jean-Léon Gérôme (1824-1904), vers 1890]]
* Dans l’ancien Testament et dans la Kabbale juive, le Golem est un être humanoïde, artificiel, fait d’argile, animé momentanément de vie par l’inscription d’un verset biblique sur son front. Le Golem est un être inachevé, une ébauche, un matière brute sans forme ni contours. Dans le Talmud, le Golem est l’état qui précède la création d’Adam. Le Golem représente la Création humaine, et change les rôles : l’être humain devient le Créateur et quitte le statut de créature. Il se transcende par l’acte créatif, car celui-ci est réservé à Dieu. L’humain se fait volonté, action, forme de la créature passive, boue, matière, Terre. Ici, c’est la transcendance de l’humain qui apparaît liée à la Création, tout comme le thème du Robot explore le dépassement des limites humaines par le progrès technologique.
=== Renaissance : ===
* Léonard de Vinci réalise le 1er schéma d’un robot humanoïde vers 1495. C’est le dessin d’un chevalier mécanique capable de se lever, balancer les bras, bouger la tête et la mâchoire, issu de recherches anatomiques. Le chevalier mécanique réactualise la fonction militaire du robot, mais il perd sa consistance organique par abstraction du corps humain, en réduisant celui-ci à sa surface, à l'armure protectrice des chevaliers.
 
=== XVIIIème et XIXème siècles : ===
[[Fichier:Golem figure.jpg|vignette|292x292px|Le Golem de Prague, figurine, Martin Pauer, 2007]]
* Le premier robot opérationnel connu est construit par Jacques de Vaucanson en 1738, c’est un androïde flûtiste. Il déclenche une vague littéraire sur les automates humanoïdes : ''L’homme épingle'' d’Hermann Mac Coolish Rotenberg Caistria en 1809 raconte l’histoire d’un homme qui désire se transformer en robot par amour pour sa machine à coudre. ''L’homme au sable''<ref>''L'homme au sable'', E.T.A. Hoffmann, 1817 ([[s:L’Homme_au_sable|Lire en ligne]])</ref> de l'écrivain romantique Ernest Théodore Amadeus Hoffmann, paru en 1817, décrit une femme mécanique à l’allure de poupée. ''The Huge Hunter, or the Steam Man of the Prairies''<ref>(en) ''The Huge Hunter, or the Steam Man of the Prairies'', Edward S. Ellis, 1865([[wikisource:The_Huge_Hunter|lire en ligne]])</ref> d’Edward S. Ellis en 1865 exprime la fascination américaine de l’industrialisation. Citons également ''L’homme électrique'' de Luis Senarens paru en 1885.
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* Frankenstein ou le Prométhée Moderne, de Mary Shelley, en 1818, est souvent désigné comme le 1er livre de Science-fiction, bien qu’imprégné de fantastique. Cet ouvrage porte une réflexion sur la création et ainsi une symbolique du Créateur et de la Créature, tous deux en quête d’identité sociale, sexuelle et transcendantale. C’est un livre clef de la culture gothique et du pessimisme romantique, considéré comme un des fondements du mouvement littéraire fantastique. Mary Shelley est aussi une des premières féministes. Frankenstein est non seulement caractéristique de la Science-fiction, par sa réaction pessimiste au progrès moderne, mais également de la littérature fantastique, car c’est la science qui fait surgir dans le réel l’impossible, l’atroce créature de Frankenstein. Ainsi, historiquement, ce livre signe un double acte de naissance des deux genres littéraires, qui resteront liés par cette genèse.
[[Fichier:Duck of Vaucanson.jpg|vignette|280x280px|Le Canard de Vaucanson, intérieur supposé par un observateur américain, 1738]]
=== XXème siècle : ===
La technologie arrive au point où l’on peut prédire des créatures mécaniques non ludiques. Les réponses littéraires au concept de robot, qui suscite la crainte que les humains soient remplacés par leur propre création apparaissent.
 
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Le Robot évoque l’éducation des instincts animaux, par leur négation, leur conditionnement ou leur formatage. Il est aussi l’expression de principes économiques : l’industrialisation, les chaînes de montages, induisant une réflexion philosophique et politique sur la nature et l’identité humaines. L’humain est il autre chose qu’un travailleur ? Quel est son rôle dans la société et dans le devenir de la société ? De même, le Robot est un Éternel Retour, car il est une puissance créatrice créée elle-même par un créateur humain transcendé, lui-même créé par Dieu, le Créateur originel. Le robot symbolise une force créatrice qui se perpétue à travers les âges sous différentes formes, qui reviendrait éternellement afin de créer l’humain, puis la créature ou la création de l’humain, et enfin la fonction, l’utilité créatrice du Robot. Dès lors, la question de l’identité surgit : qui est le robot ? L’humain, le serviteur ? Dieu, le Créateur ? Le robot représente-t-il le principe d’action et de volonté du Créateur efficace, masculin, ou l'essence de la matière, de passivité de la Créature utilitaire, féminine ?
 
=== XXIème siècle : ===
* Définition du robot par le Petit Larousse 2003 :
 
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La robotique devient une science et une pratique psychologique s’efforçant de comprendre et d’analyser le comportement des robots. Tout comme la psychanalyse, la robotique analyse des conflits de force résultant en comportements peu compréhensibles au premier abord. La métaphore de l’être humain aliéné, robot ou « mouton » est portée par l’œuvre d’Asimov, qui s’inscrit dans une réflexion philosophique et historique sur la science. Le robot est l’occasion de s’interroger sur la liberté de corps et d’esprit de l’être humain moderne, face au progrès social, scientifique et technologique.
 
== Fondation ==
Dans le cycle de Fondation, Asimov imagine le futur de l’humanité. Ce cycle est la suite du cycle des robots. Il a pour thème l’effondrement d’un empire galactique en décomposition.