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La traite des esclaves, la prostitution, le travail forcé sont autant de phénomènes historiques qui remontent aux origines de l’humanité et indiquent que le fait de traiter une personne humaine comme un objet remplissant une fonction utilitaire est en soi profondément humain, inscrit dans la négativité des pulsions agressives et destructrices sur lesquelles s’étayent les conduites d’emprise et de domination. Cet état de fait, qui montre que statistiquement les humains se sont toujours traités les uns les autres comme des objets, ne justifie en aucune façon ce traitement.
Que cette objectalisation soit normale, fréquente, courante, incorrigible par les dispositifs médico-légaux au niveau sociétal, n’implique en aucun cas que cette disposition psychique ou les passages à l’acte associés soient sains ou anodins.<ref>Canguilhem G. Le normal et le pathologique, puf, 1943, Paris.</ref>
Cette dynamique conflictuelle implique des variations d’équilibre d’une époque à une autre, entre les systèmes juridiques, les moeurs et les morales collectives.
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L’écoute thérapeutique vise à rétablir l’intimité psychologique de ces personnes, par un travail relationnel de parole privée afin d’aider à la confiance en soi et en l’autre de se rétablir, pour que la sexualité ne soit plus vécue comme une intrusion vécue de l’extérieur, mais comme le résultat de pulsions, de désirs et de sensations internes et partageables. Les psychothérapeutes ont parlé de libération par la parole, car le lien thérapeutique de confiance, le secret professionnel ont permis dans de nombreux cas à ces femmes de reconstruire une intériorité psychologique suffisamment contenante et déculpabilisée pour pouvoir accepter et désirer à nouveau une pénétration génitale.
C’est ainsi paradoxalement l’écoute intime d’une parole qui libère, la réapropriation de son corps psychique avec un interlocuteur choisi, qui permet à une femme d’offrir à nouveau ce don de soi, ce sacrifice, ce partage d’une partie de son intimité avec un partenaire sexuel accueilli dans la joie.
Le déversement médiatique de la parole des victimes de viol dans les médias de grande écoute et les espaces publics représente à cet égard une catastrophe sanitaire, éducative et civilisationnelle, dans la mesure où la reconnaissance publique du statut de victime par les tribunaux ne provient plus d’une autorité juridique, mais dépend d’un système de transparence individuelle dépersonnalisant. Non seulement les victimes se trouvent confrontées aux tenants du divertissement cynique, dans des affrontements intellectualisés morbides, mais en plus elles sont exposées au jugement de tout un chacun et à la stigmatisation, en livrant leur histoire personnelle à des millions de regards.
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Ce déversement des récits les plus violents dans l’espace public a pour conséquence une propagation, sous la forme inversée, des rationalisations pathologiques des violeurs dont le point de vue et les actes se trouvent discutés, propagés comme des informations ordinaires.
Là où les commentateurs se félicitent d’une « libération » de la parole des victimes, survient dans le même temps la condamnation unanime des rares expressions osant parler du sexe féminin, du plaisir réflexe et protecteur ressenti dans certains cas de viols, de la jouissance masochiste de certaines femmes, ou de leurs fantasmes d’être violées ou importunées.
De fait, le mouvement de délation des agresseurs sexuels sur les réseaux sociaux n’est pas l’initiative d’associations de victimes ou de mouvements féministes, qui s’en sont saisi dans un second temps, mais bien une conséquence médiatique des nombreux scandales sexuels ayant secoué, essentiellement aux Etats Unis, le « starsystem » et la classe politique.
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Le clivage de classe sociale ne peut plus être analysé dans les cadres néo-libéraux, où le discours sur l’égalité n’est plus qu’une vaste manipulation médiatique faisant abstraction des déterminants contextuels de la violence sexuelle, en désignant des boucs émissaires (de préférence des immigrés maghrébins trainant dans les rues) et en tentant d’effacer les représentations d’une différence des sexes complémentaire, subconsciente et responsable.
<references />
[[Catégorie:Psychologie]]
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