« Recherche:Témoignage, Médias & Parole » : différence entre les versions

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Le déversement médiatique de la parole des victimes de viol dans les médias de grande écoute et les espaces publics représente à cet égard une catastrophe sanitaire, éducative et civilisationnelle, dans la mesure où la reconnaissance publique du statut de victime par les tribunaux ne provient plus d’une autorité juridique, mais dépend d’un système de transparence individuelle dépersonnalisant. Non seulement les victimes se trouvent confrontées aux tenants du divertissement cynique, dans des affrontements intellectualisés morbides, mais en plus elles sont exposées au jugement de tout un chacun et à la stigmatisation, en livrant leur histoire personnelle à des millions de regards.
 
Des faits divers crus, glauques, bruts, excitant les tendances au voyeurisme, sont diffusés dans les foyers sans distinction d’âge à toute heure, avec des expressions de souffrance psychotraumatique peu élaborées et en tout cas bien loin d’un cadre bienveillant ou thérapeutique. Les représentations de la sexualité qui circulent ainsi véhiculent une méfiance entre les sexes, inoculée via la performativité médiatique, une culpabilisation des hommes dans laquelle la frontière entre le crime et la séduction devient de plus en plus ténue.
 
Cette situation médiatique rappelle, avec une ampleur sans commune mesure, les découvertes psychologiques du psychanalyste Sigmund Freud concernant l'hystérie féminine. Jeune médecin viennois, il s'intéresse à la guérison des symptômes physiques de l'hystérie de conversion (paralysie, cècité, surdité, hallucinations...). Il se rend à Paris pour se former à l'hypnose médicale avec le neurologue Charcot et le psychothérapeute Bernheim, qui lui enseignent des techniques de suggestion pour réduire les symptômes hystériques. De retour à vienne, il traite de cette manière les patientes viennoises en les recevant dans son cabinet ou en se rendant à leur domicile. L'une d'entre elles, Emmy von N., lui demande un jour de cesser de l'interrompre avec ses suggestions interprétatives, de se taire et de l'écouter. Une autre, Elisabeth von R., lui demande de la laisser associer librement sans intervention de sa part.<ref>Ellenberger H. F., Histoire de la découverte de l'inconscient, Fayard, 1994, p. 582</ref>