« Recherche:Recherche Responsable » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Ligne 84 :
[[File:(2 sur 3) Les rôles sociaux des chercheurs, mythes et réalités (360p).webm|thumb|2/3 Les rôles sociaux des chercheurs, mythes et réalités. Intervention de Fabrice Flipo au colloque N°2 Recherche Responsable. (29 Mai 2018)]]
 
Transcription (à relire et mettre un peu plus en coursforme au ...besoin)
 
<blockquote>
On avait convenu que je reparte un petit peu de certains documents autour de la responsabilité des chercheurs, d'un certain nombre de documents qui ont été émis par les institutions ces derniers temps et qui tournent autour de l'éthique et de la responsabilité du chercheur.
Alors j'en cite juste quelques uns, le rapport du CNRS qui est sorti en 2014 "Promouvoir une recherche intègre et responsable" voilà juste très rapidement (hein) pour planter un petit peu le décor de ce que dans les documents on appelle recherche responsable, au niveau du chercheur.
Vous allez voir un petit peu le contenu c'est vite fait donc on a pour le guide du CNRS :
* conduire une recherche responsable dans le traitement des données, le GDP notamment le règlement sur la gestion des données personnelles qui est mis en oeuvre actuellement
* les recommandations en termes de publications
* les remerciements
* l'ordre pour les signataires d'une publication, c'est passionnant
* les droits d'auteur
* la propriété intellectuelle
* l'égalité de traitement aussi dans le travail collectif des chercheurs
* les discriminations
* l'égalité professionnelle entre hommes et femmes
* l'encadrement des doctorants
* le travail collaboratif
* la souffrance au travail
Qui sont toutes des questions extrêmement importante, mais vous apercevez assez rapidement, je continue un petit peu, qu'on parle pas véritablement du chercheur en société.
C'est le chercheur dans le domaine, dans son activité de travail, c'est à dire sur le lieu de production, si on veut parler en sociologue du travail.
C'est le chercheur sur son lieu de production et quelles sont les bonnes pratiques d'une certaine manière.
Dont certaines sont tout à fait, (une bonne partie sont tout à fait) défendable.
Je remets pas en cause quelles sont les bonnes pratiques en termes de production de la science.
Et puis on a une toute petite partie dans ce guide là, mais c'est pareil dans le guide H2020 au niveau européen, on a une toute petite partie qui fait, deux pages sur les 30 à peu près que compte le document, qui sont :
* les acteurs de la recherche face à la demande sociétale,
* communication des lecteurs de la recherche avec les médias publics
* et l'activité des expertises l'expertise face à une situation de crise, une page ;
* protection des lanceurs d'alertes, même pas une page
* et confit d'intérêt, pareil même pas une page.
Ensuite on a d'autres (d'autres) éléments sur les questions de fraude de plagiat de etc. etc.
Quand on regarde le document H2020, c'est un peu la même chose en un petit peu plus court en terme de nombre de pages.
Mais ça a trait principalement à l'éthique dans la production de la recherche et ça ne questionne pas la finalité de la recherche (hein).
Et je pense que ça c'est un point tout à fait central que je voudrais souligner aujourd'hui.
Alors quand on regarde les solutions qui sont depuis ...
Je précise que je m'intéresse à l'écologie politique.
Peut être ça utile de le ... ça n'a pas été dit dans la présentation depuis longtemps.
Et que donc ce que je vais vous dire, c'est tirer de tout ce que j'ai pu observer, des débats autour des OGM, du climat, de toutes ces questions dites de développement durable sur lesquels je fais des courts depuis 20 ans à peu près et sur lesquels j'avais pas mal publiées.
Donc c'est tirer de ça.
On s'aperçoit que il y à 3, disons, attitudes dominantes (hein) des chercheurs par rapport à la société.
La première c'est de dire eh bien nous notre employeur c'est l'état.
Donc on communique principalement avec l'état.
Ce qui explique qu'on n'aille pas chercher les politiques, par rapport à ce qui a été dit tout à l'heure.
L'employeur immédiat c'est pas les politiques c'est l'état.
La deuxième attitude c'est : "c'est l'industrie".
Et comme je suis a "Mine télécom", je peux vous dire que l'industrie est extrêmement présente.
Et voilà ça pose pas vraiment de problème.
L'industrie est là parce que l'industrie a des problèmes et elle a besoin l'industrie de faire de la recherche pour savoir ce qu'il en est.
Et il y a tout un tas de chercheurs qui ont des sujets, qui sont sur des sujets technico scientifique.
Et bon, quand on pose les problèmes un peu différemment, ça les interpelle, mais ça leur fait pas forcément changer de trajectoire.
Et c'est là dessus que je que je vais arriver.
Et puis la troisième position, qu'on a vu beaucoup aussi notamment dans les manifs, sur et autour de la recherche chez c'est disons l'autogestion à c'est-à-dire les chercheurs vont gérer eux mêmes la recherche.
Alors si on regarde donc d'un peu plus près ce qui ce qui fait que dans aucune des ces trois solutions finalement la société n'est invitée à participer.
C'est la conclusion qui ressort.
Il y a une hostilité un peu générale contre les sciences participatives, contre les sciences citoyennes, qui sont caricaturées, qui sont vues d'une manière un peu, disons méprisante.
Je pense qu'on va avoir encore une fois une lecture de sociologie du travail et voir dans le fond qu'il s'agit d'un problème de comme on dit sur les questions de croissance et décroissance, il s'agit d'un problème de changement de la recette du gâteau, c'est à dire savoir qu'est-ce qu'on veut produire et que dans tout un tas de domaines, savoir ce qu'on veut produire est une question très difficile à poser sur le lieu de production.
L'image la plus, disons, de légende un peu d'une certaine manière dans le domaine de l'écologie politique, c'est le "nucléaire socialiste" comme quoi la gestion ou l'autogestion du nucléaire changerait tout au nucléaire, une suivant certaines personnes, certains partis alors que d'autres du point de vue écologistes en général on considère que ça changerait rien de fondamental par rapport au risque nucléaire.
Je pense qu'on retrouve en grande partie cette difficulté avec un ensemble de communautés de production, de savoirs, d'outils et de savoir.
Qu'ils sont aussi donc comme c'est la production de savoir, des communautés qu'on peut appeler épistémique, qui vont avoir tendance à défendre l'outil de production parce qu'elle en dépendent.
Et donc du coup on va avoir, ça c'est lié avec des disons, (un intérêt dans la journée précédente. Il a été évoqué la question de la justice cognitive. À, comment ça se fait que, c'est à dire, que on porte l'intérêt de la connaissance sur certains sujets et puis d'autres sujets sont invisibilisé.
Si on regarde l'outil de production de la recherche on comprend quand même assez bien, à partir du moment où (je donne souvent l'exemple de l'inra mais on peut donner mines télécom aussi)...
À partir du moment où il y a surtout des biologistes moléculaires et puis beaucoup d'agronomes, le projet enfin le problème, il va être cadré d'une certaine manière.
Et ce n'est pas une question de simplement de financement par l'industrie comme on dit souvent "oui, oui, y'a des conflit d'intérêt parce qu'il y a des financements".
Moi je pense que le problème principal est plutôt dans le cadrage cognitif.
Et le cadrage cognitif formate les problèmes et fait qu'il ya tout un tas de problèmes, tout un tas de manières de chercher qui sont battu en brèche.
Les mouvements actuels enfin ils ont la baisse des financements actuels, a plutôt tendance, me semble-t-il, à accentuer ça.
Avec les gens vont se refermer plutôt sur leur communauté épistémique, en essayant de faire de la science aussi bonne que possible.
Et la science aussi bonne que possible c'est : "aussi ancrée dans leur paradigme que possible".
Et c'est tout ce qui est plus risqué, d'aller sur les bords des paradigmes, passer d'un paradigme à un autre paradigme, faire de l'inter-discipline, du pluri-disciplinaire.
C'est plutôt ça qui va qui va être, disons, sacrifié en premier parce que c'est le plus risqué, c'est le moins défendables.
Donc on va se replier sur ce qui est le moins critiquable.
Mais ce qui est aussi le moins créatif, le moins ouvert, le plus (disons le plus) coeur de métier.
Donc la solution, si on va mettre (...)
Ça se répercute donc je veux pas être trop long non plus, mais ça se répercute évidemment sur l' expertise puisque à partir du moment où on invite un scientifique dans un rôle d'expertisé, à dire qu'est ce que c'est que l' expertise, et c'est un problème de décisions publiques, donc il y a j'ai une définition possible de l' expertise qui est des la norme nf mais j'utilise en cours et je trouve quand même, qui dit bien ce qu'elle veut dire c'est :
 
'''"Ensemble d'activités ayant pour objet de fournir à un client, qui peut être le politique, en réponse à une question posée, une interprétation, un avis ou une recommandation, aussi objectivement fondé que possible, élaboré partir les connaissances disponibles et de démonstrations accompagnées d'un jugement professionnel."'''
 
Bon on imagine très bien, que suivant le type de scientifiques et types de communautés épistémique mobilisé, on va avoir une expertise qui varient du tout au tout en suivant le cadrage.
Et il est tentant que ce soit du côté du client, de choisir la bonne communauté épistémique : celle qui va donner raison à ce qu'on pensait déjà.
Comme il est entendu, côté de l'expert, d'être sollicité, de passer à la télé, on en connaît tous parce que justement c'est le truc qui plaît, qui donne la réponse qu'on a envie d'entendre, il est - ... Tout ça est plus facile à défendre devant l'employeur que de dire : "non quand je suis sur un sujet qui est pas du tout à la mode et je suis marginalisés et tant mieux, mais c'est une question de recherche qui est vachement importante pour la société".
C'est beaucoup plus difficile.
Et je pense que c'est de ce côté là donc, ça rejoint à toutes ces questions de lanceurs d'alertes, mais je pense qu'il faut aller aussi peut-être plus loin et se rendre compte que pour (disons) "sauver la recherche", c'est un slogan, mais je crois vraiment pour la sauver il faut il faut l'ouvrir.
C'est à dire arriver à faire participer les citoyens.
Seuls les citoyens peuvent amener une (disons) une légitimité sur des cautionnements larges, qui ne soient pas liés à des intérêts immédiats, ni de communautés épistémiques, ni industrielles, ni de partis politiques, qui eux aussi ont leurs agendas, [citoyens qui ont] des questionnements qui sont beaucoup plus large, moins liés à des intérêts cognitif et donc plus susceptibles d'aller dans le sens de la justice cognitive.
Je donne juste deux exemples peut-être pour finir.
Parce qu'on parle beaucoup de techno science et de biologie physique, mais ça vaut pour les shs.
Vous savez qu'il y a un conflit très fort en économie.
Notamment entre les orthodoxes et les hétérodoxes.
C'est un exemple, faire entrer les citoyens là dedans serait vraiment un très bon, disons un allié évident pour les hétérodoxes, dans la mesure où si on prend l'exemple du climat, enfin les économistes ont verrouillé complètement le débat autour des taxes et des permis.
Je ne sais pas si vous avez lu le bouquin d'Antonin Pottier "Comment les économistes réchauffe la planète" [http://www.sudoc.abes.fr/DB=2.1//SRCH?IKT=12&TRM=195554736&COOKIE=U10178,Klecteurweb,I250,B341720009+,SY,NLECTEUR+WEBOPC,D2.1,Ec987fbf7-1,A,H,R109.17.168.206,FY].
Mais c'est très en dessous de la réalité.
Moi je suis le climat depuis 25 ans.
Et c'est en dessous de la réalité, la capacité des économistes à verrouiller tout le débat politique autour de la question climatique est quand même assez hallucinante.
Et ça vaut aussi, pour quand on parlait de justice cognitive, d'intérêt cognitive ...
Vous savez peut-être, c'est juste des exemples mais c'est pour conclure, que le bouquin de Patrick boucheron le l'histoire globale de la france <ref>[http://www.sudoc.abes.fr/DB=2.1/SRCH?IKT=12&TRM=197820093] (Histoire mondiale de la France)</ref> l'histoire la france dans le monde a été un super succès donc c'est bien la preuve que quand on raconte quelque chose qui intéresse les gens, mais le même patrick boucheron a été excessivement critiqué en interne non seulement parce qu'il n'a pas fait de l'histoire, comme il fallait faire mais en plus parce qu'il a eu du succès et je conclurai là dessus.
</blockquote>
 
====(3/3) Les rôles sociaux des chercheurs, mythes et réalités====