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[[File:(3 sur 3) Les rôles sociaux des chercheurs, mythes et réalités (360p).webm|thumb|3/3 Les rôles sociaux des chercheurs, mythes et réalités. Intervention de Léo Coutellec au colloque N°2 Recherche Responsable. (29 Mai 2018)]]
 
Merci. Merci pour l'invitation et merci pour les deux interventions précédentes.
Transcription en cours
 
 
Alors effectivement je vais finalement m'aligner sur (et ça marche ? bon c'est pas très fort est ce que ça va quand même sinon je parle plus fort alors)..
 
Je me suis appuyé effectivement pour ce petit propos, très préliminaires évidemment, sur un texte évident comme l'a fait Fabrice, le dernier rapport du COMET, du comité d'éthique du CNRS, que vous avez peut-être lu.
Il s'agit pour le COMET de prendre part aux débats sur les fake-news où les vérités alternatives ou in-fox, ça dépend les termes effectivement, quand on lit ce rapport, qui cite beaucoup un sociologue en particulièrement, monsieur Grenet.
Lorsqu'on lit ce rapport on est, enfin moi en tout cas je suis, interpellé par quelque chose qui me en tant qu'épistémologue, qui me saute aux yeux, c'est cette idée qu'il existe une communauté scientifique. Et qu'il faudrait la défendre. Face à quoi ? Face à des attaques de l'idéologie, de la morale, de la politique, des religions, des industriels... Et effectivement la voie préconisée pour défendre la communauté scientifique, cette entité ontologique, ça serait de mieux communiquer sur ce que fait cette communauté scientifique, de mieux expliquer.
Parce que finalement il y aurait une incompréhension du public, des publics, sur ce qu'est vraiment la science. Et ses attaques sont principalement dus à cette ignorance de ce qu'est la communauté scientifique.
Il me semble que si on part là dessus on va pas aller très loin sur des questions de responsabilité. Puisqu'il s'agit de la question d'aujourd'hui. Parce que (je voilà) je considère plutôt, moi en tant qu'épistémologue, que la communauté scientifique n'existe pas, que c'est une fiction. Oui il ya des institutions évidemment qu'ils peuvent la dire la représenter.
Mais d'un point de vue des savoirs, moi je me situe vraiment au niveau des savoirs, et des connaissances scientifiques, dans la façon dont elles sont produites, de leur nature de leur portée et de leurs origines il n'y a pas de communauté scientifique.
La communauté scientifique et un ensemble de fragments.
Elle est fragmentée et il faut prôner la fragmentation de cette communauté, afin de se défaire de ce mythe de la défense ou de sauver la recherche ou de défendre la communauté scientifique.
Il me semble que c'est une première étape pour essayer d'aller vers (vers) une précision de ce que pourrait être dans ce contexte de fragmentation l'idée d'une responsabilité du chercheur ou de responsabilité de la science.
Alors de mon point de vue qui est très partielle et partiale et évidemment, moi je (je) préconise de prôner la fragmentation de la science pour une raison très précise qui est qu'elle est déjà fragmentée, réellement aujourd'hui, mais que le mythe de l'union, de l'homogénéité, le mythe finalement de la science une et indivisible, empêche de reconnaître son pluralisme constitutif.
Et en principe lorsque on s'aventure sur cette question du pluralisme scientifique on met en avant le fait que "Bah Si ! La science et pluriel. Parce que vous voyez, il ya une pluralité de thématiques et une pluralité d'institutions et à une pluralité de discipline".
Mais ce niveau-là, cette face visible de l'iceberg scientifique, ne suffit pas pour dire que la science est plurielle et reconnaître cette pluralité.
Il faut descendre à des niveaux beaucoup plus bas et un peu (voilà) comme le préconise Fabrice effectivement et de voir comment la science se produit et qu'est ce qu'elle produit,
(voilà) en terme de savoir et de connaissances.
Donc par rapport à ça, moi je pars du principe que casser le mythe de la science une et indivisible de cette communauté scientifique à défendre face à l'obscurantisme et à l'ignorance d'un public dont on connaît pas d'ailleurs non plus la consistance, elle nous permet de dépasser les deux logiques que vous avez dénoncé à la fondation Sciences Citoyennes depuis de nombreuses années, qui sont ''les logiques de l'explication et les logiques de l'application''.
Évidemment, bon, on voit ça, on est OK là dessus.
Mais pour aller vers quoi ?
Donc effectivement, il y a des critiques sur les logiques participatives, il y a des critiques sur l'ensemble des relations que peuvent entretenir sciences et sociétés.
Donc moi je préconise de la logique de l'implication.
Bon, qui serait _ qui n'est pas du tout une région de la science, comme les sciences participatives mais qui serait _ ontologiquement (ce que) la façon dont on pourrait penser le rapport de responsabilité que la science entretient avec son environnement, avec son milieu.
'''La logique de l'implication, si je pouvais la formuler en deux mots : c'est penser l'indissociabilité d'une réflexion scientifique et sociale et ou autrement dit d'une réflexion épistémologique et l'éthique.'''
Et cette application, c'est finalement une lutte, faut le prendre vraiment comme un outil de lutte contre l'indifférence, (on en avait parlé).
Parce que je crois que le pire des maux aujourd'hui de la recherche scientifique c'est l'indifférence.
*L'indifférence aux conséquences. Ça a été dit ici. pour moi je l'appelle sa l'implication ontologique. La science produit des connaissances qui changent le monde. Et voilà, le chercheur effectivement a à s'intéresser aux conséquences, qu'elles soient prévisibles ou pas, à court terme et à long terme.
*Une indifférence au pluralisme. Quand on dit la science est plurielle, Ah bah oui, il y a des disciplines, oui il y a des institutions, oui il ya des thèmes. Mais qu'il y ait des styles de raisonnement scientifique plurielle, qu'il y ait des méthodologies plurielles, qu 'il y ait des temporalités plurielles, qu'il y ait des ingrédients de la démarche scientifique pluriels, ça c'est pas accepté.
*Et une indifférence face à ce que la science peut produire, créer, dans tout si on respectait vraiment ça cette pluralité de ses ingrédients
*Et puis une indifférence au contexte. C'est ce que moi j'appelle l'implication axiologique. C'est à dire cette idée encore très présente que science et contexte sont deux choses séparées. Alors que évidemment la science influence énormément le contexte tout comme le contexte influence énormément la science. Et ici c'est la question de la place des valeurs dans la production des connaissances scientifiques, valeurs qui n'interviennent pas après lorsqu'il s'agit d'appliquer ou d'expliquer ou de dupliquer la science, mais valeurs qui sont constitutives de la façon dont on produit des connaissances.
Alors face à cette série d'indifférences, l'application peut être un moyen de lutte.
Pourquoi ?
Pour une lutte pour la reconnaissance, la reconnaissance dans la science de son pluralisme constitutif et donc c'est lutter ici contre toutes les formes de monisme[http://www.cnrtl.fr/definition/monisme] ou d'idéalisme scientifique selon lesquels effectivement il n'y aurait qu'une seule façon de faire de la science, il y aurait des disciplines maîtresses et des sous disciplines etc. Enfin toutes les choses que vous connaissez.
 
'''Mais pour préciser ici le moyen pratique et pragmatique de lutte contre cette indifférence au pluralisme, moi ce que je préconise c'est une démarche, une approche orientée objet.'''
C'est à dire, c'est de défaire la suffisance disciplinaire.
Parce que, je crois qu'aujourd'hui, c'est ce qui bloque.
*Le climat n'est pas l'objet de la climatologie
*le paysage n'est pas l'objet de l'écologie scientifique
*l'obésité n'est pas l'objet de la diététique ou de "l'épidémio"
*la maladie d’Alzheimer n'est pas l'objet de la neurologie
Quand on aura compris que les objets auxquels nous avons à faire ne sont pas des productions d'une discipline, une théorie...
Je travaille beaucoup sur la maladie d’Alzheimer.
Aujourd'hui la maladie d’Alzheimer est piégée en tant qu'objet au sein d'un paradigme théorique qui est l'hypothèse de la cascade amyloïdes.
Et du coup toutes les pluralités disciplinaires stylistiques temporelles et méthodologiques qui pourraient faire en sorte qu'on comprenne mieux cet objet sont piégés dans cet objet qui est contraint et fort clos par un cadre théorique bien précis.
Donc une reconnaissance du pluralisme scientifique demande en d'épistémologie de sortir d'une approche théorique théorico-centrée et ou disciplinairo-centrée pour aller vers une approche orientée objet.
Je pense que ça, ça ouvre vraiment la science à la société. Parce qu'on va aller chercher précisément des fragments. Je suis pour une épistémologie des fragments.
 
Reconnaissance des savoirs pertinents et ici ça va rejoindre les questions d'éthique de la recherche.
Reconnaissance des savoirs pertinent pour lutter contre l'indifférence notamment aux conséquences. Et ici il me semble qu' '''il faut distinguer'', ce que ne font pas les rapports effectivement sur l'éthique de la recherche, ''robustesse méthodologie, pertinence sociale et légitimité politique''.
C'est-à-dire redéfinir les critères de qualité des connaissances.
Lorsque l'on regarde aujourd'hui des études qui commence à essayer de faire des corrélations entre des scores de pertinence d'une connaissance pour l'action, par exemple la conservation des abeilles sauvages... Il y a une étude qui est sortie il y a deux ans là dessus.
Lorsqu'on établit des scores de pertinence de connaissances qui sont produites sur la préservation des abeilles sauvages et qu'on essaie de les corréler avec l'Impact Factor (r) de revue qui ont vérifié, enfin, qui ont essayé d'apporter des preuves scientifiques à ses connaissances, on voit que la corrélation est très faible.
Donc la robustesse méthodologique d'un cadre de publication bien précis n'est pas fortement corrélé (C'est pas décorrélé attention. C'est pas décorrélé mais c'est faiblement corrélé.)
On pouvait s'attendre à que ça soit fortement corrélé puisque tout le système de reconnaissance académique est basé sur l'impact factor.
Mais c'est faiblement corrélé au score de pertinence.
C'est à dire à ce que ses connaissances pourraient apporter réellement pour une action précise ici d'importance, c'est quand même la conservation des abeilles sauvages, qui est un sujet éminemment important.
Et enfin une reconnaissance '''des''' responsabilités de la science, pour ici concevoir des mécanismes de vigilance d' alerte et de réflexivité.
J'insiste sur les trois termes '''les mécanismes d'alerte''' sont importants mais ils ne suffisent pas il faut absolument prenez aussi des '''mécanismes de réflexivité''' pour s'interroger sur les pratiques concrètes des scientifiques.
Et là, ici moi ce que ce que j'essaye de défendre, en recherche et puis dans les actions c'est l'université Paris-Sud, Paris-Saclay, c'est '''une autre conception de l'éthique de la recherche''', qu'effectivement la conception anglo-saxonne, qui a été sacralisée en France, dans les guides que tu as cité [''Léo Coutellec faisant un geste en direction de Fabrice Flipo, intervenant précédant.''] c'est à dire une éthique de la recherche essentiellement centrée sur l'intégrité du scientifique.
Alors moi je crois beaucoup à l'intégrité scientifique.
Je crois que toutes ces questions de publication, de plagiat, d'erreur de construction des données, sont très importantes et elles ont un lien direct avec la responsabilité sociale des sciences.
Mais il faut que l'on arrive à penser '''une éthique de la recherche comme indissociabilité d'une réflexion''' on va dire '''communautaire''' même si effectivement cette communauté est éclatée, c'est à dire une réflexion sur l'intégrité scientifique d'un corps, d'un corps éclaté de pratiques scientifiques, une réflexion sur la responsabilité sociale des sciences et les deux ensemble pour faire une éthique de la recherche qui essayent évidemment d'avoir une approche réflexive sur les valeurs et les finalités de toute procédure, tout processus de production des connaissances scientifiques.
Donc aujourd'hui je crois que les mouvements comme la fondation Sciences Citoyennes et globalement les mouvements critiques des sciences doivent s'emparer de cette question d'éthique de la recherche pour qu'elle ne soit pas kidnappée par l'approche anglo-saxonne de l'intégrité du scientifique et que l'on arrive à faire en sorte de penser l'éthique de la recherche comme quelque chose qui permet de composer entre des matériaux différents, qui sont : les matériaux de l'intégrité scientifique, globalement les principes et les normes ; les matériaux de la responsabilité sociale des sciences, globalement les conséquences et le contexte ; et les matériaux propres à proprement parler ''stricto sensu'' de l'éthique qui sont les valeurs et les finalités.
'''Je pense qu'une éthique de la recherche qui composent entre ''normes, principes, valeurs, finalité, contexte et conséquences'' aujourd'hui dans une approche participative au sein de la science et dans ses interfaces avec la société est une approche à défendre. Et qui pourrait nous permettre, voilà, d'assumer peut-être mieux ses responsabilités que moi j'appelle épistémologique''', que j'ai exposés précédemment voilà dix minutes.
Je peux pas faire plus.
 
===De quoi les scientifiques peuvent-ils être tenus pour responsables ?===