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→‎1783 : Saint-George à Londres garde du corps du duc d'Orléans par Talleyrand
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* 1783-1784 - {{bibliographie|Q28026028}}
** Description des expériences de la machine aérostatique de MM. de Montgolfier, et de celles auxquelles cette découverte a donné lieu ; Suivie...<br />* De recherches sur la hauteur à laquelle est parvenu le ballon du Champ-de-Mars. Sur la route qu'il a tenue ; sur les différents degré de pesanteur de l'air dans les couches de l'atmosphère ;<br />* D'un mémoire sur le gaz inflammable & sur celui qu'ont employé MM. de Montgolfier ; sur l'art de faire les Machines aérostatiques, de les couper, de les remplir, & sur la manière de dissoudre la gomme élastique, &c, &c. ;<br />* D'une lettre sur les moyens de diriger ces machines, & sur les différents usages auxquels elles peuvent être employées.<br />* Ouvrage orné de neuf planches en taille douce, représentant les diverses Machines qui ont été construites jusqu'à ce jour, particulièrement celle de Versailles, & celle dans laquelle des hommes ont été enlevés jusqu'à la hauteur de 324 pieds, &c, &c.
 
=== Saint-George à Londres garde du corps du duc d'Orléans par Talleyrand ===
 
{{Citation bloc|Pendant que je fis ce voyage, le duc d'Orléans vint à Londres. J'aurais voulu, dans son intérêt, qu'il ne sortît plus de Paris : ses ennemis avaient tellement égaré l'opinion sur son compte, que, chaque jour, il avait à supporter une nouvelle avanie. Nul Anglais de qualité ne le visitait, ne répondait à ses invitations, ou ne l'appelait chez lui; aux théâtres on le sifflait : j'ai vu des matelots lui jeter du parterre des pelures d'orange. Un soir, j'étais dans une des loges du Wauxhall à causer avec Fox et Shéridan, un brouhaha plus fort qu'à l'ordinaire attirant notre attention, nous reconnûmes qu'il provenait de la présence du prince français. Peu à peu, chacun s'écarlant, comme pour éviter son contact ou sa conversation, il demeura seul au milieu de la salle immense, comme s'il eût été un objet curieux et redoutable , tant on mettait de l'affectation à le regarder de loin. Sa situation nous loucha, et tous trois, d'un commun accord, descendîmes pour ne pas le laisser avec Sillery (Genlis), Latouche, Laclos et Saint-George, qui l'accompagnaient.<br>
Celui-ci était un créole singulièrement organisé pour la musique, la danse, l'escrime, l'équitation et de plus doux travaux. Élégant, magnifique, très à la mode, joueur, libertin, il n'avait pas d'égal dans tout ce qu'il éludiat ; il faisait de charmants opéras-comiques (le chant s'entend, car il n'était pas heureux en paroles) ; aux échecs il eût pu lutter avec Philidor, et aujourd'hui M. de La Bourdonnaye. Le duc d'Orléans, l'ayant pris en belle amitié, l'avait nommé officier dans ses gardes. Saint-George, fort aimé des dames et des hommes du grand monde, était alors tombé en disgrâce complète, parce qu'on ne lui pardonnait pas sa reconnaissance envers son bienfaiteur.<br>
Je l'ai entendu raconter un effet singulier de l'imagination, car sa philosophie ne lui a pas permis de voir quelque chose d'extraordinaire dans ce fait si singulier ; voici comment il le racontait :<br>
Un matin que je sortais de mon logis, à Paris, où je me trouvais alors, je fus heurté par une jeune fille singulièrement belle, qui pouvait avoir dix-huit à dix-neuf ans : j'en avais vingt-deux. Frappé d'une réunion de charmes très remarquable, je la suis, et en même temps il me semble que son cœur et le mien causent de bonne amitié, et qu'il lui dit:
 
− Prenez-y garde! si vous m'aimez, il faut m'aimer bien, sans quoi la mort ne nous séparera même pas."
 
J'observai son jeu de physionomie, il n'était repoussant. Enfin j'aborde cette merveille, elle me répond; je propose de la conduire chez elle, refus de sa part; j'insiste, elle alors :
 
− Monsieur, prenez-y garde ! si vous m'aimez, il faut m'aimer bien, sans quoi la mort ne nous séparera même pas.
 
Confondu d'entendre sa bouche répéter mot à mot ce que j'avais entendu mentalement, je ne mets que plus d'énergie à l'assurer de mon amour :
 
− Eh bien! alors, dit-elle, je me fie à votre parole. Je n'ai jamais eu d'amant, il m'en faut un. Voici ce que vous devez faire ; conformez vous-y de tout point. Vous avez, dans la maison où vous logez, un pavillon élégant qui s'ouvre sur le jardin ; laissez, à onze heures du soir, tous les mardi et vendredi, la porte ouverte ; n'ayez avec vous que des armes, du courage et de l'amour, je viendrai vous trouver exactement, mais prenez-y garde ! si vous m'aimez, il faut m'aimer bien, sans quoi la mort ne nous séparerait même pas.
 
− Encore plus étonné que les localités de ma demeure lui fussent si bien connues, frappé désagréablement de sa phrase de menace mystérieuse, j'hésite un instant ; puis, entraîné par la fougue de l'âge, je promets tout, consens à tout et j'obtiens tout en effet. Nous étions au jeudi de la semaine, dans la nuit du vendredi au samedi, je laissai la porte du pavillon ouverte ; le jardin était là ; et, deux minutes après les onze coups frappés, ma séduisante maîtresse m'apparut, belle, belle à en être jolie comme Vénus. En me quittant, elle mit à mon doigt une alliance que j'ouvris après son départ. N'y trouvais-je pas gravée sa phrase de tendresse assommante !
 
Six mois s'écoulèrent, jamais je ne fus si heureux. Surpris de ma constance, je ne la voyais plus que sans terme ; hélas ! cette erreur dura peu et fut cruellement détruite.
 
J'avais cru porter mon hommage à une Parisienne, je m'étais trompé ; ma maîtresse n'appartenait pas à cette ville commode, où le plaisir ne touche ni au poignard, ni au poison, ni à la mort, où une infidélité rentre dans les événements de la vie commune (dit en 1790). J'aimais, j'étais aimé d'une Sicilienne ardente, passionnée ; des malheurs, disaitelle, avaient amené sa famille en France, mais cette famille, qu'était-elle ? je ne l'ai jamais connue.
 
Il y avait six mois de la durée de cette tendresse, et au bout de ce laps de temps, sans chérir moins Violenta (qu'elle était bien nommée !), je commençais à reconnaître que d'autres femmes, sans posséder ses qualités précieuses, pouvaient être néanmoins jolies ; je les regardais, ce que je n'avais pas fait ci-devant. Enfin, à l'Opéra, une danseuse, débutante enchanteresse, m'inspira le vif désir de l'admirer de près ; c'était le samedi au soir que j'obtins d'elle un premier rendez-vous, et ce ne serait que dans la nuit du mardi au mercredi que je reverrais ma Violenta ; cette distance me rassura, et je devins infidèle sans remords.
 
Le mardi arriva ; j'attendis la Sicilienne, non sans battements de cœur ; elle entra dans la chambre, s'approcha rapidement du lit où je veillais ; là elle s'arrêta, fit mine de humer l'air, puis se pencha sur les oreillers, les sentit, et aussitôt un cri terrible lui échappa.
 
− Une femme, dit-elle ensuite avec un accès de rage et de désespoir, une femme est venue ici et tu l'as reçue là où tu m'attendais.
 
Sa pantomime m'avait décontenancé, son propos me terrifia, j'essayai de balbutier une dénégation; elle m'écoutait avec une incrédulité visible, quand tout à coup ses yeux s'allumèrent, elle se baissa, sa main saisit quelque chose que la Sicilienne me montra en triomphe, c'étaient les poches de la danseuse que l'étourdie, en s'en allant dimanche matin, avait laissées par mégarde. Comment moi et mes gens ne les avions-nous pas vues ? je ne me l'explique pas ; cependant Violenta les fouilla et le premier objet qu'elle en retira, c'est le billet où, en invitant la danseuse à souper, je lui donnais mon adresse ; Violenta le lut, le glissa prestement dans son sein, puis d'une voix sourde se mit à dire :
 
− Ceci veut du sang, je remplirai ma destinée... mais prenez-y garde, si vous m'aimez, il faut m'aimer bien, sans quoi la mort ne nous séparerait même pas.
 
Elle achevait à peine sa phrase fatale, que je la vis s'enfuir avec une promptitude qui ne me laissa pas le loisir de la calmer ; mais à peine fut-elle partie, que me rappelant sa première phrase : ceci veut du sang, je pensai à l'innocente danseuse, et en me relevant je me mis à lui écrire, à lui conter la vérité, bien certain que son âme généreuse ne me bouderait pas ainsi que le ferait sa rivale ; je lui peignis celle-ci comme une femme dangereuse qui savait son adresse, et qu'il fallait redouter ; je la suppliais de ne pas sortir le lendemain avant que je n'eusse été m'entendre avec elle, et surtout vu M. le lieutenant de police.
 
Deux heures après, c'est-à-dire à une heure et demie du matin, le domestique que j'avais chargé de porter ma lettre, avec ordre de réveiller toute la maison de ma belle danseuse, plutôt que de s'en retourner sans lui avoir remis ma missive, reparut devant moi, mais avec une physionomie tellement renversée, et un tremblement nerveux dans tous ses membres si violent, qu'à sa seule vue je compris qu'il allait m'annoncer une horrible catastrophe ; je ne me trompai pas. La Sicilienne, en me quittant, avait couru chez la danseuse, le portier lui avait livré d'autant plus facilement le passage, que, ce soir-là, cette pauvre créature donnait à souper à certains de ses consœurs et de ses confrères en badinage : on prit pour une convive attardée l'effarée qui se précipita dans la salle à manger. Là, ayant appris d'un valet quelle était la dame du logis, elle s'était élancée vers elle, et en lui présentant d'une main mon billet, elle la frappa au cœur d'un poignard qu'elle tenait de l'autre, et cela en lui disant :
 
− Voici une lettre de change qu'il faut que tu acquittes.
 
Ce récit me parut affreux, cette catastrophe me fut très désagréable : d'abord j'eus à pleurer ce double trépas; puis je fus soumis à des tracasseries sans nombre de la part de la police, que mes amis puissants firent cesser ; mais les investigations les plus sévères, les recherches les plus minutieuses ne purent faire découvrir, à Paris, aucune trace de la famille de Violenta.
 
Je fus plusieurs jours dans un désespoir, une exaltation d'idées qui ne me laissa pas respirer; je ressentais une crainte vague, quelque chose de sinistre et de mystérieux qui me consternait. Le vendredi prochain, je me couchai de bonne heure, car depuis ce fatal événement je n'avais plus quitté ma maison ; au coup de onze heures, j'entendis ouvrir la porte de ma chambre, et je vis..., oui je vis Violenta pâle, défaite, vêtue de blanc, les yeux atones, la physionomie immobile, et de la blessure qu'elle s'était faite sortaient de gros bouillons de sang ; du moins tel était le spectacle où l'illusion de mon imagination ardente me présenta ; car le lendemain mes recherches les plus minutieuses ne purent me faire voir aucun reste de ce sanglant spectacle.
 
Je demeurai pétrifié, mes yeux fixes comme les siens, ma bouche également entr'ouverte et mon corps restant dans une immobilité absolue. La terrible vision s'approcha lentement, sans bruit, monta sur mon lit, souleva les draps et se coucha contre moi à mon horreur inexprimable. Un évanouissement m'aurait rendu heureux, et je le demandai à la nature ; elle me le refusa, ou peut-être dormais-je, et j'étais, sans m'en douter, sous l'empire d'un cauchemar abominable.
 
Cette visite infernale se prolongea jusqu'au moment où l'horloge de la paroisse sonna une heure du matin : alors l'ombre de Violenta se releva ; ses lèvres glacées posèrent sur les miennes un baiser fétide et puis dirent avec une lenteur désespérante : "Prenez-y garde ; si vous m'aimez, il faudra m'aimer bien, car, vous le voyez, la mort ne nous séparera même pas" ; ensuite elle s'éloigna, atteignit la porte qu'elle avait fermée, l'ouvrit, la dépassa, disparut..., et un coup affreux de tonnerre, me faisant tressaillir, rendit à mon sang glacé sa circulation interrompue... Je revins à moi ; j'étais trempé de sueur ; cependant je me retins d'appeler à mon aide ; ma veilleuse brûlait, j'allumai quatre bougies, et il était jour que je veillais encore.
 
Je me gardai de conter à mes amis cette apparition : la nuit suivante, j'avais placé plusieurs pistolets sur la table de nuit, afin de punir, pensai-je, le mystificateur habile qui se jouait de moi; je ne vis rien. La seconde, la troisième nuit furent également tranquilles, je respirais ; mais à la quatrième, celle du mardi au mercredi, voilà que le haineux fantôme revint avec le même jeu se coucher près de moi, y passa deux heures, me quitta en me baisant atrocement sur la bouche et en me répétant sa phrase détestable.
 
Depuis lors, et pendant onze mois, je fus poursuivi par la même hallucination; ce qu'il y avait de plus étrange, c'était que, chaque fois, je faisais le projet de passer ces deux nuits fatales de chaque semaine avec mes amis, dans le monde, au jeu ou en parties de débauches ; eh bien ! malgré moi, en quelque lieu que je fusse, une force invincible, irrésistible me ramenait chez moi, et tout en la maudissant, je lui obéissais, je rentrais, et à dix heures et demie, au plus tard, j'étais prêt à attendre la visite fatale.
 
Ce secret me consumait ; une mélancolie profonde me minait ; je voyais avec dégoût tous les plaisirs de la vie, et en moi se glissait déjà une manie sanglante du suicide. Onze mois, dis-je, me séparaient du jour de la catastrophe funeste, je venais de quitter une société charmante : c'était un vendredi ; je m'étais refusé à toutes les instances faites pour me retenir, et, de retour dans ma chambre, j'allais sonner pour qu'on vint me déshabiller, et moi rentrer ainsi dans ma longue agonie, lorsque mon regard, errant machinalement, s'arrêta sur mes mains et sur la gauche d'une façon toute particulière, et tout à coup y découvrit la bague, présent sinistre de Violenta, et dans laquelle était gravée la phrase cruelle. Cette vue me fit horreur, et je m'écriai avec l'Œdipe de Voltaire, et tout en le parodiant à la fin du second vers :
 
Et je ne conçois pas par quel enchantement
J'oubliai jusqu'ici ce cruel talisman.
 
Aussitôt, par un mouvement désespéré, je saisis cet anneau détestable, et, en le maudissant, je le lançai dans le feu... Il y tombait à peine que je me sentis dégagé d'un poids énorme ; mes idées, rafraîchies, cessaient instantanément de me tourmenter, je ne fus plus poursuivi par cette force infernale qui me contraignait à rentrer ; bien au contraire, une impulsion opposée me conseilla de revenir dans la maison charmante d'où je venais de sortir.
 
Me voilà sonnant non pour me faire déshabiller, mais pour dire que l'on remette les chevaux à ma voiture ; mes valets s'étonnent et ne font aucune observation, je ne le permettais pas ; et avant le coup de onze heures, j'étais au milieu d'un cercle rieur. Ce n'est pas que je fusse complètement tranquille ; je redoutais que le spectre vindicatif ne vînt me poursuivre en si bon lieu... j'en fus pour ma crainte : ni cette nuit, ni celle du mardi suivant, ni aucune autre, je ne revis plus la vision sans égale, fruit d'une imagination allumée et que j'aurais éteinte beaucoup plus tôt si, plus tôt, je me fusse avisé de me débarrasser de la bague qui, sans doute, alimentait cette illusion odieuse.
 
Dès lors, je fus heureux.
 
J'avais écouté Saint-George avec une attention extrême, et j'avoue que le dénouement de cette histoire si extraordinaire me parut singulier, et que ma raison ne put l'admettre ; je préférai croire à un cas plus naturel : c'est que pendant onze mois, et à la suite d'une, catastrophe horrible, sa raison avait failli et qu'elle lui était revenue quand la nature l'avait voulu. C'est de cette manière que l'on devrait expliquer un grand nombre d'histoires extraordinaires qui rentreraient dans le cas d'une maladie ordinaire.|Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Lamothe-Langon.- Extraits des mémoires du prince de Talleyrand-Perigord : ancien évêque d'Autun, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Chapitre VII, Volume 2<ref>Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Lamothe-Langon.- Extraits des [https://books.google.fr/books?id=_ZkXtAduyesC&dq=M%C3%A9moires%20du%20prince%20de%20Talleyrand%20%2B%20Saint-George&hl=fr&pg=RA1-PA183#v=onepage&q=M%C3%A9moires%20du%20prince%20de%20Talleyrand%20+%20Saint-George&f=false Mémoires du prince de Talleyrand-Perigord : ancien évêque d'Autun, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord], C. Le Clère, Paris 1838, Original provenant de Bibliothèque municipale de Lyon (Bibliothèque jésuite des Fontaines, {{BNF|307297781}}<br>
Cf. "Talleyrand & l'abolition de la traite au congrès de Vienne (1814-1815)", Londres, 1790
Portrait de Saint-George.− La bague talisman et la vision mystérieuse, anecdocte de 1783
Voir [https://books.google.fr/books?id=Sh70ZS5dC74C&dq=A%20moi%2C%20Saint-George&hl=fr&pg=RA1-PA43#v=onepage&q=Saint-George&f=false page 43].</ref>.)}}
 
== 1786 ==