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=== Construction des premières usines marémotrices (deuxième moitié du XX<sup>ème</sup> siècle) ===
Dans les années 1960, les projets d'usines marémotrices se concrétisent. En effet, à partir des années 1930, des idées de projets commencent à apparaître, notamment pour une centrale à '''Kislaya Guba''' en Russie en 1938 (dont les études dureront jusqu'en 1965), et de la '''Rance''' en Bretagne, dont les études de conception commencèrent en 1943. Ainsi, Kislaya Guba commence à être construite en 1968 et l'usine marémotrice de la Rance est mise en service en 1966. De plus, de nouveaux projets voient le jour comme l'usine d'<nowiki/>'''Annapolis Royal''' au Canada, datant de 1960. A cette période, au cœur des Trente Glorieuses, la classe moyenne se modernise, et a de plus en plus accès à la consommation et l'énergie. Il faut donc trouver de nouvelles sources d'énergie afin de répondre à cette '''demande''' en pleine explosion. C'est dans le même temps que commence à progresser l''''énergie nucléaire'''. La première centrale nucléaire sur le territoire français est construite en 1962. À mesure que le nucléaire monte en puissance, l'énergie marémotrice est délaissée. La production d'énergie par les usines marémotrices est dépendante de la géographie du site, tandis que pour une centrale nucléaire, si [http://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/eclairage/nucleaire-territoires-france les contraintes géographiques] sont respectées, la production sera constante quel que soit le site. C'est un avantage conséquent qui explique, selon nous, la croissance exponentielle de production d'énergie provenant des centrales nucléaires.
 
À partir des années 1980, un '''changement de mentalités''' s'amorce. Le monde entame une prise de conscience de son impact sur l''''environnement''' et commence à réagir. Le concept de "'''transition écologique'''", qui aspire à une sortie du pétrole et du nucléaire, naît en Allemagne. Les usines marémotrices d'Annapolis Royal et de '''Jiangxia''' sont mises en service en 1980 et 1984.
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Il détaille ses recherches dans son livre, intitulé ''L'utilisation de l'énergie des marées.''
 
 
 
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L'usine marémotrice de la Rance est actuellement gérée par EDF (entreprise privée depuis 2004). Ne disposant pas d'aide financière extérieure, elle doit faire face seule à la fois à la maintenance des installations mais également aux importants travaux de rénovation ayant débuté en 2012. Des négociations sont aujourd'hui en cours pour revaloriser le prix du kWh électrique du barrage marémoteur car l'électricité vendue ne permet pas de couvrir les frais liés aux travaux de rénovation du site, à la maintenance des installations fragilisées par le sel et l'organisation d'actions environnementales (liées notamment au désenvasement de l'estuaire).
 
L'usine marémotrice de la Rance est actuellement gérée par '''EDF''' (entreprise privée depuis 2004). Ne disposant pas d'aide financière extérieure, elle doit faire face seule à la fois à la '''maintenance''' des installations mais également aux importants travaux de '''rénovation''' ayant débuté en 2012. Des négociations sont aujourd'hui en cours pour revaloriser le prix du kWh électrique du barrage marémoteur car l'électricité vendue ne permet pas de couvrir les frais liés aux travaux de rénovation du site, à la maintenance des installations fragilisées par le sel et l'organisation d'actions environnementales (liées notamment au désenvasement de l'estuaire).
L'usine marémotrice de la Rance a établi un partenariat avec la centrale marémotrice de Sihwa en Corée du Sud pour permettre aux salariés coréens de venir se former en France. Toutefois, la construction du barrage a été menée par des entreprises coréennes uniquement. A travers le monde, les usines partagent donc leurs connaissances et leur expérience sur le sujet pour améliorer les installations implantées.
 
L'usine marémotrice de la Rance a établi un partenariat avec la centrale marémotrice de Sihwa en Corée du Sud pour permettre aux salariés coréens de venir se former en France. Toutefois, la construction du barrage a été menée par des entreprises coréennes uniquement. AÀ travers le monde, les usines partagent donc leurs connaissances et leur expérience sur le sujet pour améliorer les installations implantées.
 
=== Organisation du service public d'électricité en France : énergie d'origine marémotrice ===
[[Fichier:Organisation du service public d'électricité en France.jpg|centré|vignette|898x898px|Organisation du service public d'électricité en France]]
 
 
Les prix de rachat successifs de l'électricité changent d'un service à un autre suivant l'origine de la production électrique. Le prix de rachat de l'électricité produite par une centrale hydraulique est d'environ 40€/MWh. En raison du faible développement des centrales marémotrices, les professionnels de l'énergie ne peuvent à ce jour établir le prix de rachat de l'électricité provenant de l'énergie marémotrice au sein de l'énergie hydraulique.
 
=== D'autres acteurs : Association Rance Environnement ===
L'[https://www.rance-environnement.net/ Association Rance Environnement], association citoyenne pour la défense et la protection de la nature et de l'environnement, remet en question l''''impact environnemental''' de l'usine marémotrice de la Rance et en particulier l'[http://www.glossaire-eau.fr/concept/envasement envasement] de l'estuaire. Elle pointe du doigt l'investissement d'EDF, jugé insuffisant, pour lutter contre ce phénomène.
 
Nicolas Chiron, guide et manager de l'espace découverte de la Rance interviewé par nos soins, précise que les arguments avancés par Rance Environnement (développés plus haut) sont tronqués et se doivent d'être confrontés à ceux apportés par EDF. D'une part, des études menées sur le site montrent que la vase présente dans l'estuaire viendrait de la Manche et non de la Rance (fleuve). Le barrage serait donc un moyen pour empêcher la vase d'entrer dans l'estuaire plutôt que d'en sortir. D'autre part, EDF ne nie pas son impact sur l'estuaire mais remet en question le fait qu'elle doit porter toute seule la charge des coûts de lutte contre l'envasement. Pendant 10 ans, EDF a payé 80% des frais de la lutte contre l'envasement en construisant notamment un centre de traitement des sédiments permettant de produire un engrais agricole à partir de la vase. Mais aujourd'hui, au vu de la situation économique actuelle difficile en raison des frais de maintenance et de rénovation de la centrale, EDF ne peut plus participer aux frais avec le même investissement et contribue désormais à hauteur de 40%. Bien que l’État ait repris une partie de ce financement, la contribution financière totale pour la lutte contre l'envasement de l'estuaire a diminué. EDF demande donc aux collectivités, aux villes situées au bord de l'estuaire et aux riverains de contribuer au financement de ce projet étant donné qu'ils bénéficient des atouts de l'usine marémotrice (électricité et retombées économiques indirectes).
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L'association Rance Environnement met en évidence le problème de la vase pour la biodiversité tandis qu'EDF y voit plutôt un inconvénient pour l'Homme : elle perturbe la navigation et impacte l'esthétique et l'odeur du site.
 
La gestion de l''''envasement''' de l'estuaire est le plus important impact auquel l'usine marémotrice doit faire face aujourd'hui ; le souci principal étant son '''financement''' et les personnes devant y contribuer.
 
=== Faire connaître l'usine marémotrice de la Rance ===
L'usine marémotrice de la Rance est la deuxième centrale la plus visitée de France avec environ 60.000 visiteurs par an. Depuis les années 80, EDF a ouvert des '''centres d'information''' et fait de la pédagogie sur les énergies ; c'est pourquoi l'usine marémotrice est ouverte une grande partie de l'année aux visiteurs et propose un '''musée''' sur le site afin d'expliquer son fonctionnement.
 
Des représentants EDF de l'usine participent également à des '''événements locaux''' pour présenter les actions faites au quotidien sur le site. Ils seront par exemple en mai 2019 à la [https://fetedelanature.com/usine-maremotrice-de-la-rance Fête de la Nature] (événement qui a pour but de valoriser la biodiversité en France) pour proposer des visites sur les bords de Rance et observer la biodiversité actuelle et la comparer à la biodiversité présente avant la construction du barrage.
 
== Potentiel énergétique ==
 
=== Potentiel marémoteur mondial ===
Le '''potentiel mondial''' de l’énergie marémotrice est faible. Le potentiel total des marées s'élèveest estimé à 2200 TWh/an tandis que le potentiel utilisable est de l’ordre de 380 TWh par an. Ceci s’explique notamment par les contraintes géographiques qui lui sont liées. Par ailleurs, la '''nature cyclique''' des marées limite à 25% la durée de fonctionnement d’une usine à pleine puissance au cours d’une année. C’est-à-dire: qu’uneune usine marémotrice fonctionne environ 2500 heures sur les 8760 disponibles dans une année. Ainsi, même si le caractère cyclique des marées présente des avantages pour la prévisibilité, il est aussi un frein pour lel'exploitation du potentiel énergétiquemarémoteur.
[[Fichier:Potentiel-NASA.png|alt=Le potentiel mondial des marées|centré|500x500px|Le potentiel mondial des marées]]
 
 
 
La figure ci-dessus montre le potentiel mondial des marées. Les zones en rouge représentent les zones où le '''marnage''' (différence entre la hauteur de la mer à marée basse et à marée haute) est le plus fort tandis qu'en bleu ce sont les zones où les marées sont très faibles.
 
On peut observer que les cinq usines marémotrices implantées aujourd'hui dans le monde ont été construites dans des zones où le potentiel des maréesmarémoteur est très fort (zones en rouge). Toutefois, il reste des aires qui ne sont pas encore exploitées. Il y a par exemple la côte africaine, à proximité de Madagascar, qui présente un fort potentiel marémoteur mais sur laquelle aucune installation n'a été implantée, sûrement par faute de moyens et de développement. Le sud du Mexique (proche du Nicaragua), le littoral Brésilien, les côtes australiennes ou encore la Nouvelle-Zélande pourraient être des zones à étudier pour l'implantation de futures centrales marémotrices.
 
=== Part de l'énergie marémotrice ===
AÀ l'image du potentiel de l'énergie marémotrice, la part de l'énergie marémotrice dans la production d'électricité reste très faible. En 2016, la part de la production brute d’électricité par l’énergie marémotrice par rapport aux autres énergies renouvelables en France s’élève à 0,5% d’après le site de l’[https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/85536_vision_2030-2050_document_technique.pdf ADEME] ((Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie). Par ailleurs, pour la même année en France, les énergies marines représentaient 0,2% de la production primaire d’énergies renouvelables. AÀ l'échelle mondiale, l'énergie marémotrice représenterait 1,5% à 2% de la production électrique annuelle.
 
AÀ titre de comparaison, les plus grosses usines marémotrices actuelles produisent environ 250MW, une usine nucléaire en produit entre 900 et 1450 MW et les barrages hydroélectriques produisent jusqu'à 1,8GW pour le barrage de Grand-Maison en Isère. Même si les nouveaux projets s'appuyant sur des lagons artificiels annoncent des puissances installées de plus de 1000MW, les usines marémotrices restent un moyen de production d'électricité assez faible.
 
=== Rentabilité et taux de retour énergétique ===
Le coût de construction de l'usine marémotrice de la Rance est estimé à 50 milliards d'ancien francs (francs de 1960) ce qui correspond au coût des grands barrages hydrauliques à l'époque. Toutefois il est important de mentionner que la centrale a été construite à une époque où la technologie nécessitait plus d'investissement qu'actuellement. Ce chiffre n'est donc qu'un '''ordre de grandeur''', difficilement comparable au coût de construction du barrage coréen estimé à 200 millions de dollars, d'autant plus que ce dernier n'est pas construit ex-nihilo (la centrale marémotrice de Sihwa s'est basée sur une digue déjà existante pour y implémenter l'installation).
 
Selon l'[https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/85536_vision_2030-2050_document_technique.pdf ADEME] Bretagne, le coût de production pour une centrale marémotrice telle que celle de la Rance s'élèverait à 185€/MWh soit 18,5 centimes par kWh tandis que pour une centrale nucléaire, il est d'environ 20 centimes par kWh. La centrale marémotrice de la Rance étant en pleine campagne de rénovation, le coût de production s'écarte actuellement de l'estimation fournie par l'ADEME (le chiffre officiel reste confidentiel). Il est donc difficile d'évaluer un '''seuil de rentabilité''' pour ce type d'exploitation, ded'autant plus que de nombreux facteurs rentrent en compte. Par exemple, pour le barrage de la Rance le but premier n'était pas économique mais social. (cf. Fonctionnalités du barrage : l'exemple de l'usine marémotrice de la Rance)
 
Le taux de retour énergétique d'une usine marémotrice c'est-à-dire l'énergie utilisable acquise à partir de l'énergie marémotrice par rapport à la quantité d'énergie ayant été dépensée pour obtenir cette énergie, ne peut pas être évalué. En effet, les centrales marémotrices sont toutes en cours d'exploitation, on ne peut donc pas déterminer l'énergie nécessaire en 'fin de vie' (destruction de la centrale ? réaménagement de la zone ?...). De plus, on ne parvient pas à estimer son véritable coût ni combien elle a vraiment rapporté étant donné que l'on ne dispose pas d'éléments de comparaison.
 
Le taux de retour énergétique<ref>{{Chapitre-B|langue=fr|titre chapitre=Taux de retour énergétique|titre ouvrage=Wikipédia|date=2019-04-15|lire en ligne=https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Taux_de_retour_%C3%A9nerg%C3%A9tique&oldid=158466455|consulté le=2019-05-07}}</ref> de l''''énergie hydroélectrique''' est évalué à 11,2. En considérant qu'une usine marémotrice produit de l'électricité un quart du temps par rapport à un barrage hydroélectrique, on pourrait approximer le taux de retour énergétique de l'énergie marémotrice à 2,8 (quatre fois moins important que celui du barrage hydroélectrique). Toutefois, il faut bien garder à l'esprit qu'il n'est pas possible pour le moment d'évaluer cet indicateur selon les raisons mentionnées ci-dessus.
== Sources ==