« DMS 1/Sémantique » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
mise en page
m revert (vandalism)
Balise : Révocation
 
Ligne 5 :
| suivant = [[../Linguistique/]]
}}
== MonographieMONOGRAPHIE n°2 Le mot ː un concept erroné ==
Le mot est l'exemple par excellence d'un concept erroné et malsain, source de confusion et de stress sémantique, plongeant la linguistique et la sémantique dans une impasse dont ces sciences ne peuvent sortir sans s'en défaire définitivement pour faire progresser la connaissance de l'esprit humain, du langage et du sens, et améliorer la communication.
Pourquoi ce concept est-il erroné ? Parce que, à partir de deux réalités : le signe, une réalité matérielle que nous pouvons voir, entendre et toucher, et le sens, une réalité mentale que nous pouvons éprouver dans notre conscience, constitutive de notre mémoire et chair de notre être, ce concept a voulu créer une unité indivisible qui ne peut pas exister, en contradiction avec le principe et la contrainte formelle de séparation de l'univers matériel spatiotemporel et de notre monde mental aspatial et présent. Une faute donc des plus graves, et d'autant plus grave qu'elle impacte directement notre communication et notre pensée.
 
Comment et pourquoi cette aberration incohérente a-t-elle pu se produire dans l'esprit d'éminents linguistes ? Par facilité d'abord. Par la volonté ensuite de donner à des signes collectifs du sens collectif. Un vœu louable, effectivement ce serait merveilleux, mais malheureusement ce n'est pas possible, on ne peut pas définir le sens d'un signe à partir d'autres signes, aucun signe n'ayant de sens en soi, et les signifiés collectifs n'existent pas quoique on puisse en croire. Ils appartiennent à la race des fantasmes, des licornes roses et des dieux de l'Olympe.
Pourquoi ce concept est-il erroné ? Parce que, à partir de deux réalités : le signe, une réalité matérielle que nous pouvons voir, entendre et toucher, et le sens, une réalité mentale que nous pouvons éprouver dans notre conscience, constitutive de notre mémoire et chair de notre être, ce concept a voulu créer une unité indivisible qui ne peut pas exister, en contradiction avec le principe et la contrainte formelle de séparation de l'univers matériel spatiotemporel et de notre monde mental aspatial et présent. Une faute donc des plus graves, et d'autant plus grave qu'elle impacte directement notre communication et notre pensée.
Ce qui existe ce sont des signes collectifs et des sens personnels, et chacun d'entre nous attribue et associe des signes, y compris ceux qu'il a lui-même créés à sa convenance et en fonction de ses besoins, à son sens personnel tel qu'il existe dans son propre champ sémantique. Ces champs que construisent nos expériences individuelles sont évidemment propres à chaque personne.
 
Comment et pourquoi cette aberration incohérente a-t-elle pu se produire dans l'esprit d'éminents linguistes ? Par facilité d'abord. Par la volonté ensuite de donner à des signes collectifs du sens collectif. Un vœu louable, effectivement ce serait merveilleux, mais malheureusement ce n'est pas possible, on ne peut pas définir le sens d'un signe à partir d'autres signes, aucun signe n'ayant de sens en soi, et les signifiés collectifs n'existent pas quoique on puisse en croire. Ils appartiennent à la race des fantasmes, des licornes roses et des dieux de l'Olympe.
 
Ce qui existe ce sont des signes collectifs et des sens personnels, et chacun d'entre nous attribue et associe des signes, y compris ceux qu'il a lui-même créés à sa convenance et en fonction de ses besoins, à son sens personnel tel qu'il existe dans son propre champ sémantique. Ces champs que construisent nos expériences individuelles sont évidemment propres à chaque personne.
 
== Sémantique ==
Pour l'étude du sens nous pouvons nous engager dans deux directions:
* La présence du sens tel qu'il s'est accumulé et structuré en mémoire.
* L'émergence du sens dans notre conscience, dont la réaction psycholinguistique au dire d’autrui n'est qu'une création mentale parmi un vaste éventail d’autres.
La réaction psycholinguistique n'est pas, comme nous aurions pu le croire, une interaction du sens et du signe. Les deux sont des produits inertes, le signe n'est qu'un cas particulier du sens, celui d’une microforme dont nous pouvons projeter l'image géométrique dans la spatialité du monde extérieur et l'inscrire dans la matière en lui conservant ses propriétés formelles, et inversement le reconnaître visuellement ou auditivement, donc le réintégrer dans notre mémoire.
 
Notre fonction volontaire a le pouvoir de choisir ces signes et notre fonction analytique celui de les associer à du sens, quel que soit ce sens, d'une façon pérenne au sein de notre mémoire. Dès lors, quand nous rencontrons à nouveau un de ces signes, notre fonction analytique le reconnaîtra et reconnaîtra aussi le sens auquel il l'aura associé, et livrera sens et signe mêlés au sein de notre conscience. C'est la base de la réaction psycholinguistique. Au début de l'aventure humaine cela a sans doute commencé par peu de chose, constatant que nous ne pouvons pas nous transmettre du sens alors que nous pouvons aisément échanger des signes, l'homme a vite compris l'intérêt de ces signes quand ils deviennent collectifs pour communiquer avec ses semblables. Il a développé le langage, puis l'écriture pour s'affranchir des contraintes temporelles et spatiales, phonèmes et signes écrits restant équivalents et pouvant se substituer les uns aux autres. Seulement reste depuis toujours un problème insurmontable : c'est que le signe et le sens ne sont pas solubles l'un dans l'autre, le sens est le produit complexe et personnel de l'ensemble de nos fonctions mentales, qu'il ne cesse de se transformer et de s'enrichir, qu'il ne reste attaché au signe qu'au sein de notre mémoire et que nous avons toujours besoin de notre fonction analytique pour en prendre conscience, et que celle-ci ne reconnaît que son propre sens, celui qu'elle a créé et auquel elle a attaché le signe, pas celui de l'autre. Le signe que nous projetons vers l'extérieur en direction de l'autre n'est pas attaché au sens, d'ailleurs il ne l'a jamais été. Le signe que j'écris là, que je lis là sur ce papier, c'est de la matière qui ressemble par ses propriétés formelles, dans son espace réel, à mon signe, mais ce n'est pas lui. Mon signe c'est un pur concept, spatialaspatial, il ne peut pas me quitter, je ne peux pas plus le donner à l'autre que mon sens. Heureusement pour l'autre nos visions et nos analytiques fonctionnent pareillement. Aussi nous pouvons supposer qu'au niveau de la conceptualisation des images géométriques, ils produisent les mêmes concepts de formes. Cela n'a d'ailleurs aucune importance, car même s'ils étaient différents ce qui importe c'est qu'ils se rapportent à la même image géométrique du signe matériel, qu'ils sont donc équivalents, ce qui nous permet de dire que ces signes sont collectifs.
La réaction psycholinguistique n'est pas, comme nous aurions pu le croire, une interaction du sens et du signe. Les deux sont des produits inertes, le signe n'est qu'un cas particulier du sens, celui d’une microforme dont nous pouvons projeter l'image géométrique dans la spatialité du monde extérieur et l'inscrire dans la matière en lui conservant ses propriétés formelles, et inversement le reconnaître visuellement ou auditivement, donc le réintégrer dans notre mémoire.
Dans notre intimité mentale l'association entre signe et sens est arbitraire, sans relateur conceptuel, il n'y a donc aucune chance que nous fassions naturellement les mêmes. Si nous étions des êtres très simples et que nous ne disposions que d'une centaine de sens élémentaires, et la capacité de nous réguler grâce à notre fonction volontaire, nous arriverions assez rapidement à partager les mêmes sens. C'est ce que font les mathématiciens avec leur langage formel et, comme leurs sens sont des universaux logiques, cela marche parfaitement bien. Seulement, nous sommes des êtres très compliqués, nous disposons de dizaines de milliers de signes et nos sens ne sont pas des universaux, mais le produit d'une agglutination d'une multitude d'expériences personnelles complexes d'une grande diversité (l'effet boule de neige) doublé d'une structure interactive globale (l'effet miroir). De plus, ces sens ont un caractère impératif car notre survie en dépend, il ne peut donc être question de les modifier à la légère, si bien que leur évolution est un jeu de processus que nous ne maîtrisons qu'en partie, dans lesquels notre esprit se perd et sur laquelle nous "surfons" du mieux que nous pouvons. En résumé, malgré tous nos efforts de régulation et bien que dans notre pratique quotidienne du langage un niveau de communication appréciable soit possible, nous ne pouvons pas partager les mêmes sens.
 
Dans notre champ sémantique au sein de notre mémoire, les natures de nos signes et nos sens sont radicalement différentes. Nos signes sont des microformes relativement simples, ils constituent des unités linguistiques. Alors que notre sens se présente comme un ensemble de plages multiqualitatives floues où se mêlent continu et discontinu, d'où émergent des reliefs plus précis, avec des ramifications, des entrecroisements et des frontières multiples, le tout structuré par l'analytique dans une architecture en partie empirique de contenants dominés par des concepts de catégories. Ces concepts de catégories auxquels s'accrochent en partie nos signes sont autant d'axes de régulation collective qui permettent notre communication. Mais cette structuration globale complexe est propre à l'aventure de sens de chacun d'entre nous et présente autant de divergences que de convergences. Cependant plus nous nous rapprochons de l'universel, des structures profondes de nos fonctions mentales, de leurs grilles, leurs principes, leurs valeurs fondamentales, plus la convergence l'emporte sur les divergences, c'est ce que font les sciences de l'homme comme celles de la nature.
Notre fonction volontaire a le pouvoir de choisir ces signes et notre fonction analytique celui de les associer à du sens, quel que soit ce sens, d'une façon pérenne au sein de notre mémoire. Dès lors, quand nous rencontrons à nouveau un de ces signes, notre fonction analytique le reconnaîtra et reconnaîtra aussi le sens auquel il l'aura associé, et livrera sens et signe mêlés au sein de notre conscience. C'est la base de la réaction psycholinguistique. Au début de l'aventure humaine cela a sans doute commencé par peu de chose, constatant que nous ne pouvons pas nous transmettre du sens alors que nous pouvons aisément échanger des signes, l'homme a vite compris l'intérêt de ces signes quand ils deviennent collectifs pour communiquer avec ses semblables. Il a développé le langage, puis l'écriture pour s'affranchir des contraintes temporelles et spatiales, phonèmes et signes écrits restant équivalents et pouvant se substituer les uns aux autres. Seulement reste depuis toujours un problème insurmontable : c'est que le signe et le sens ne sont pas solubles l'un dans l'autre, le sens est le produit complexe et personnel de l'ensemble de nos fonctions mentales, qu'il ne cesse de se transformer et de s'enrichir, qu'il ne reste attaché au signe qu'au sein de notre mémoire et que nous avons toujours besoin de notre fonction analytique pour en prendre conscience, et que celle-ci ne reconnaît que son propre sens, celui qu'elle a créé et auquel elle a attaché le signe, pas celui de l'autre. Le signe que nous projetons vers l'extérieur en direction de l'autre n'est pas attaché au sens, d'ailleurs il ne l'a jamais été. Le signe que j'écris là, que je lis là sur ce papier, c'est de la matière qui ressemble par ses propriétés formelles, dans son espace réel, à mon signe, mais ce n'est pas lui. Mon signe c'est un pur concept, spatial, il ne peut pas me quitter, je ne peux pas plus le donner à l'autre que mon sens. Heureusement pour l'autre nos visions et nos analytiques fonctionnent pareillement. Aussi nous pouvons supposer qu'au niveau de la conceptualisation des images géométriques, ils produisent les mêmes concepts de formes. Cela n'a d'ailleurs aucune importance, car même s'ils étaient différents ce qui importe c'est qu'ils se rapportent à la même image géométrique du signe matériel, qu'ils sont donc équivalents, ce qui nous permet de dire que ces signes sont collectifs.
La réaction psycholinguistique est une création de sens de notre synergie mentale à l'assemblage de signes qui lui est proposé. Si l'analytique y tient la place la plus importante, toutes nos fonctions mentales y jouent un rôle : la volontaire qui arbitre et décide, qui dirige la concentration, les bouffées d'émotions, de souvenirs, les vibrations péremptoires de la foi, la conscience, l'énergie et la motrice remplissent leur service ordinaire. L'interaction de tout cela crée du sens.
 
Notons que la réaction à l'écrit est plus riche que la réaction à la parole, soumise à la contrainte temporelle de la rapidité du discours. C'est donc celle qui doit être choisie en priorité pour cette analyse, bien que l'objet linguistique soit le même.
Dans notre intimité mentale l'association entre signe et sens est arbitraire, sans relateur conceptuel, il n'y a donc aucune chance que nous fassions naturellement les mêmes. Si nous étions des êtres très simples et que nous ne disposions que d'une centaine de sens élémentaires, et la capacité de nous réguler grâce à notre fonction volontaire, nous arriverions assez rapidement à partager les mêmes sens. C'est ce que font les mathématiciens avec leur langage formel et, comme leurs sens sont des universaux logiques, cela marche parfaitement bien. Seulement, nous sommes des êtres très compliqués, nous disposons de dizaines de milliers de signes et nos sens ne sont pas des universaux, mais le produit d'une agglutination d'une multitude d'expériences personnelles complexes d'une grande diversité (l'effet boule de neige) doublé d'une structure interactive globale (l'effet miroir). De plus, ces sens ont un caractère impératif car notre survie en dépend, il ne peut donc être question de les modifier à la légère, si bien que leur évolution est un jeu de processus que nous ne maîtrisons qu'en partie, dans lesquels notre esprit se perd et sur laquelle nous "surfons" du mieux que nous pouvons. En résumé, malgré tous nos efforts de régulation et bien que dans notre pratique quotidienne du langage un niveau de communication appréciable soit possible, nous ne pouvons pas partager les mêmes sens.
Toute lecture procède d'une intention du volontaire, soit affective, soit cognitive, soit un peu des deux, et s'accompagne d'un objectif. C'est cette intention, servie par l'analytique qui va déterminer le choix de l'ouvrage et le type de jugement demandé à l'arbitraire, très vite ce dernier, éventuellement secondé par le jugement de plaisir, jugera la qualité de l'ouvrage, l'efficacité de l'analytique et la satisfaction de l'objectif initial. Ces critères constituent un contexte mental permanent dans lequel l'analytique devra remplir sa mission d'interprétation. Si l'objectif est la détente, le divertissement et la satisfaction d'un plaisir esthétique, peu importera véritablement le sens de l'auteur (de l'autre) de la poésie ou du roman que nous nous apprêtons de lire, seules compteront les qualités artistiques de l'ouvrage et dans ce cas, en définitive, notre analytique sera principalement jugé sur la qualité de son propre imaginaire. Avec ces ouvrages je me promène dans mon propre sens en y retirant plus ou moins d'agrément, j'apprécie que l'auteur m'entraîne dans son propre monde, je jugerai peut-être aussi de sa finesse d'esprit, de sa cohérence, sa lucidité et de sa morale.
 
Si l'objectif est cognitif par contre, le problème qui se pose à l'analytique face à un texte, à supposer que chaque signe pris isolément appartiennent à ses signes, est de trouver un contenu conceptuel relatif à cet assemblage qui n'est pas le sien, et il se heurte aux difficultés évoquées dans la monographie traitant de la linguistique, ceci indépendamment du raffinement de l'auteur et du mien, car la structure de sa pensée n'est pas celle de son texte ni la mienne. Par conséquent, j'essaie de recréer sa pensée dans la mienne grâce aux indices que m'offre son texte. Ces indices sont des signes qui signalent du sens et d'autres, l'articulation de ce sens. Une grande partie de ces indices vise à raccourcir les possibles du sens. Mon analytique trie ces indices, sépare les "qualifiants" des "structuraux", élimine le superflu, le vide de sens et ajoute les articulations implicites. Ce schéma de signes peut alors donner naissance à un schéma mental non linéaire de sens, qui structure du sens, avec lequel l'analytique délivre son interprétation (avec mon propre sens) de la pensée de l'auteur. Et tous ces sens (qualités et articulations), explicites et implicites, que l'arbitraire juge (de stupide à excellent), permettent à l'analytique de développer mon propre sens en comblant les lacunes, en rectifiant les contresens (développement des qualités et des structures de sens), que l'arbitraire juge encore (mieux à excellent) ou simplement (je ne peux rien en tirer) puis (excellent). Tout cela va très vite.
Dans notre champ sémantique au sein de notre mémoire, les natures de nos signes et nos sens sont radicalement différentes. Nos signes sont des microformes relativement simples, ils constituent des unités linguistiques. Alors que notre sens se présente comme un ensemble de plages multiqualitatives floues où se mêlent continu et discontinu, d'où émergent des reliefs plus précis, avec des ramifications, des entrecroisements et des frontières multiples, le tout structuré par l'analytique dans une architecture en partie empirique de contenants dominés par des concepts de catégories. Ces concepts de catégories auxquels s'accrochent en partie nos signes sont autant d'axes de régulation collective qui permettent notre communication. Mais cette structuration globale complexe est propre à l'aventure de sens de chacun d'entre nous et présente autant de divergences que de convergences. Cependant plus nous nous rapprochons de l'universel, des structures profondes de nos fonctions mentales, de leurs grilles, leurs principes, leurs valeurs fondamentales, plus la convergence l'emporte sur les divergences, c'est ce que font les sciences de l'homme comme celles de la nature.
Il est certain que la connaissance que je tire de l'expérience de mes propres fonctions mentales me conduit vers des représentations différentes de celles qui ne sont fondées que sur des idées. Donc je me trouve toujours plutôt plus que moins en désaccord avec l'interprétation que je peux faire du sens de l'autre, concernant à la fois la qualité du sens et ses articulations. Le fait que du sens accompagne notre pratique du langage ne peut nous autoriser d'en faire un objet linguistique, pas plus que le corps qui nous accompagne puisse être un objet mental et inversement. Nous ne pouvons rien dire de l'homme qui ne soit fondé sur l'intimité de notre structure mentale, sinon de rester comparativement aux sciences de la nature dans un discours pré-galiléen.
 
L'opération inverse de la réaction psycholinguistique c'est la production linguistique, une création de signes dans un langage donné à partir du sens. Ce que nous avons à dire est d'abord la structuration d'un ensemble de sens, et le dit sa "traduction" en signes. Son analyse est facilitée si nous pensons hors du langage. Comme dans les paragraphes précédents je perçois des qualités et des relations que je peux associer à des signes. Évidemment si j'emprunte les signes de la langue française plutôt que mon système sémiotique personnel, le résultat pourra surprendre ici ou là. Pour les relations c'est plus difficile car le français est pauvre en relateurs, mais comme pour les qualités, j'invente autant de syntagmes inusités dont j'ai besoin tout en restant dans le cadre de ce que la langue peut admettre. Il en résulte un schéma bidimensionnel que j'écrase en linéaire et dont je raccorde les morceaux comme je peux, plutôt mal que bien.
La réaction psycholinguistique est une création de sens de notre synergie mentale à l'assemblage de signes qui lui est proposé. Si l'analytique y tient la place la plus importante, toutes nos fonctions mentales y jouent un rôle : la volontaire qui arbitre et décide, qui dirige la concentration, les bouffées d'émotions, de souvenirs, les vibrations péremptoires de la foi, la conscience, l'énergie et la motrice remplissent leur service ordinaire. L'interaction de tout cela crée du sens.
Si je me reconnais dans l'objet final de la production linguistique, c'est qu'ayant intégré ces signes comme mes signes, les sens qu'ils signalent restent mes sens, et quand l'autre utilise les mêmes signes, par empathie je sens que ce sont ses signes qu'il attribue à son sens dans lequel je ne peux pas en général reconnaître mon propre sens.
 
Ce qui montre une fois de plus que le signe ne possède pas de sens mais celui que chacun lui prête, et qu'une langue doit être considérée comme un éventail de signes associables en syntagmes et en combinaisons : les phrases, une corne d'abondance que chacun peut s'approprier pour dire son propre sens.
Notons que la réaction à l'écrit est plus riche que la réaction à la parole, soumise à la contrainte temporelle de la rapidité du discours. C'est donc celle qui doit être choisie en priorité pour cette analyse, bien que l'objet linguistique soit le même.
Dans ces conditions, la linguistique pourrait non pas rechercher un sens à des signes et groupe de signes, mais l'ensemble des possibles singuliers qu'ils offrent, tout en sachant qu'il y aura des contradictions. C'est d'ailleurs ce que font les dictionnaires avec leur polysémie ordinaire et son lot de citations, de variations de sens chez les auteurs. Si la sémantique peut être une science ce serait avant tout celle des structures mentales dont découle le sens.
 
Toute lecture procède d'une intention du volontaire, soit affective, soit cognitive, soit un peu des deux, et s'accompagne d'un objectif. C'est cette intention, servie par l'analytique qui va déterminer le choix de l'ouvrage et le type de jugement demandé à l'arbitraire, très vite ce dernier, éventuellement secondé par le jugement de plaisir, jugera la qualité de l'ouvrage, l'efficacité de l'analytique et la satisfaction de l'objectif initial. Ces critères constituent un contexte mental permanent dans lequel l'analytique devra remplir sa mission d'interprétation. Si l'objectif est la détente, le divertissement et la satisfaction d'un plaisir esthétique, peu importera véritablement le sens de l'auteur (de l'autre) de la poésie ou du roman que nous nous apprêtons de lire, seules compteront les qualités artistiques de l'ouvrage et dans ce cas, en définitive, notre analytique sera principalement jugé sur la qualité de son propre imaginaire. Avec ces ouvrages je me promène dans mon propre sens en y retirant plus ou moins d'agrément, j'apprécie que l'auteur m'entraîne dans son propre monde, je jugerai peut-être aussi de sa finesse d'esprit, de sa cohérence, sa lucidité et de sa morale.
 
Si l'objectif est cognitif par contre, le problème qui se pose à l'analytique face à un texte, à supposer que chaque signe pris isolément appartiennent à ses signes, est de trouver un contenu conceptuel relatif à cet assemblage qui n'est pas le sien, et il se heurte aux difficultés évoquées dans la monographie traitant de la linguistique, ceci indépendamment du raffinement de l'auteur et du mien, car la structure de sa pensée n'est pas celle de son texte ni la mienne. Par conséquent, j'essaie de recréer sa pensée dans la mienne grâce aux indices que m'offre son texte. Ces indices sont des signes qui signalent du sens et d'autres, l'articulation de ce sens. Une grande partie de ces indices vise à raccourcir les possibles du sens. Mon analytique trie ces indices, sépare les "qualifiants" des "structuraux", élimine le superflu, le vide de sens et ajoute les articulations implicites. Ce schéma de signes peut alors donner naissance à un schéma mental non linéaire de sens, qui structure du sens, avec lequel l'analytique délivre son interprétation (avec mon propre sens) de la pensée de l'auteur. Et tous ces sens (qualités et articulations), explicites et implicites, que l'arbitraire juge (de stupide à excellent), permettent à l'analytique de développer mon propre sens en comblant les lacunes, en rectifiant les contresens (développement des qualités et des structures de sens), que l'arbitraire juge encore (mieux à excellent) ou simplement (je ne peux rien en tirer) puis (excellent). Tout cela va très vite.
 
Il est certain que la connaissance que je tire de l'expérience de mes propres fonctions mentales me conduit vers des représentations différentes de celles qui ne sont fondées que sur des idées. Donc je me trouve toujours plutôt plus que moins en désaccord avec l'interprétation que je peux faire du sens de l'autre, concernant à la fois la qualité du sens et ses articulations. Le fait que du sens accompagne notre pratique du langage ne peut nous autoriser d'en faire un objet linguistique, pas plus que le corps qui nous accompagne puisse être un objet mental et inversement. Nous ne pouvons rien dire de l'homme qui ne soit fondé sur l'intimité de notre structure mentale, sinon de rester comparativement aux sciences de la nature dans un discours pré-galiléen.
 
L'opération inverse de la réaction psycholinguistique c'est la production linguistique, une création de signes dans un langage donné à partir du sens. Ce que nous avons à dire est d'abord la structuration d'un ensemble de sens, et le dit sa "traduction" en signes. Son analyse est facilitée si nous pensons hors du langage. Comme dans les paragraphes précédents je perçois des qualités et des relations que je peux associer à des signes. Évidemment si j'emprunte les signes de la langue française plutôt que mon système sémiotique personnel, le résultat pourra surprendre ici ou là. Pour les relations c'est plus difficile car le français est pauvre en relateurs, mais comme pour les qualités, j'invente autant de syntagmes inusités dont j'ai besoin tout en restant dans le cadre de ce que la langue peut admettre. Il en résulte un schéma bidimensionnel que j'écrase en linéaire et dont je raccorde les morceaux comme je peux, plutôt mal que bien.
 
Si je me reconnais dans l'objet final de la production linguistique, c'est qu'ayant intégré ces signes comme mes signes, les sens qu'ils signalent restent mes sens, et quand l'autre utilise les mêmes signes, par empathie je sens que ce sont ses signes qu'il attribue à son sens dans lequel je ne peux pas en général reconnaître mon propre sens.
 
Ce qui montre une fois de plus que le signe ne possède pas de sens mais celui que chacun lui prête, et qu'une langue doit être considérée comme un éventail de signes associables en syntagmes et en combinaisons : les phrases, une corne d'abondance que chacun peut s'approprier pour dire son propre sens.
 
Dans ces conditions, la linguistique pourrait non pas rechercher un sens à des signes et groupe de signes, mais l'ensemble des possibles singuliers qu'ils offrent, tout en sachant qu'il y aura des contradictions. C'est d'ailleurs ce que font les dictionnaires avec leur polysémie ordinaire et son lot de citations, de variations de sens chez les auteurs. Si la sémantique peut être une science ce serait avant tout celle des structures mentales dont découle le sens.
 
{{Bas de page