« Recherche:Humanité·s numérique·s et socio-anthropologie numérique » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
m Robot : Remplacement de texte automatisé (-%C3%A9 +é)
orthographe
Ligne 6 :
De [[Utilisateur:Lionel Scheepmans|Lionel Scheepmans]].
==De l'anthropologie visuelle à l'anthropologie numérique et des espaces numériques ==
Il est difficile aujourd'hui d'entreprendre une recherche dans le champschamp de l'[[w:fr:anthropologie numérique|anthropologie numérique]] constituant quelque part la science s'intéressant à l'Humanité numérique, sans porter intérêt à ce qui se passe et ce qui se dit au niveau d'un autre domaine scientifique appellédesappellé des [[w:fr:Humanités numériques|Humanités numériques]]. C'est en effet au sein de cette discipline que semble se produire, de la manière la plus vive et la plus aboutie, les débats suscités par l'avènement de ce qui est commun d'appeler aujourd'hui la [[w:fr:révolution numérique|révolution numérique]]. Dans ce contexte, l'anthropologie comme toutes autres disciplines liées au domaine des [[w:fr:Sciences humaines et sociales|sciences humaines et sociales]], de l'art, des lettres ou de l'informatique doit donc nourrir sa propre réflexion. Mais la nouveauté et le changement continuel engendrés par une révolution en marche empêche, ou en tout cas gène, l'établissement d'un consensus clair au sein de la discipline. Il en revient donc à chaque chercheur de se positionner lui-même dans l'exercice de ses travaux. Une tâche ardue si elle se veut bien faite, car de l'avenue, de l'usage et de l'observation des nouvelles technologies de communication, découlent des questions épistémologiques, éthiques et politiques de premières importances. Les premiers explorateurs du monde, que l'on pourrait considérer comme précurseurs de l'[[w:|anthropologie socialsociale et culturel]] moderne rédigeaient des journaux de bord ou autres documents rendant compte de leurs expériences en pays lointains. Le 15 septembre 1800 déjà, [[w:Joseph-Marie de Gérando|Joseph-Marie de Gérando]] éditait au sein de la [[w:Société des observateurs de l'homme|Société des observateurs de l'homme]] l'ouvrage intitulé : ''« Considérations sur les diverses méthodes à suivre dans l'observation des peuples sauvages »,'' que l'on peut considérer comme le tout premier guide d'enquête ethnographique. Dans cette ouvrage, il était notamment question de la méthode d'[[w:Observation participante|observation participante]] redue plus tardivement célèbre par [[w:Bronislaw Malinowski|Bronislaw Malinowski]]. Pour compléter leurs récits et fournir les preuves de leurs observations, les grands voyageurs s'efforçaient aussi de rapporter au pays autant de témoignages de leur découvertes que constituesconstitue toute une sériessérie d'objets, d'êtres vivants, et d'êtres humains. Tous ces trésors de voyages trouvés, échangés, mais le plus souvent considérés comme volés par les populations des lieux d'origines, dépassaient par leurleurs simples présences toute description aussi complète qu'elle puisse être. De ces collections sont nésnées musés, zoos, et autres vitrines d'exposition dont les plus ignobles au vue de la morale d'aujourd'hui furent sans doute les zoozoos humainhumains. De cette époque, nous retiendrons la singulière histoire de [[w:Saartjie Baartman|Saartjie Baartman]] (~1789-1815) surnommée la Vénus hottentote, importée sous contrat depuis l'Afrique du Sud pour exposer ses particularités physiques au monde occidental. Après sa mort dans des conditionconditions d'extrême précarité, ses reliques furent conservées dans des musés avant d'être restitué en 2002 à son peuple d'origine après des décennies de demandes sporadiques.
 
Face à la complexité, au caractère onéreux et immoral de ces pratiques d'importation, l'anthropologie bientôt reconnue comme science, deviendra friande de techniques d'enregistrement les plus variés. L'appareil photo, la caméra, l'enregistreur audio-phonique, prirent place dans les valises des anthropologues dès leur apparition et le concept d'[[w:Anthropologie visuel|anthropologie visuel]] fut reconnu rapidement en tant que sous discipline. Parmi les précurseurprécurseurs notablenotables de celle-ci figure [[w:Rudolf Pöch|Rudolf Pöch]] (1870-1921) qui rapporta en Europe la preuve formelle de l'existence des Pygmées à travers une série d'enregistrements audio-visuels.
 
Avec la venue du numérique, ce sont de nouveaux outils d'observation, de récolte, de conservation, de partage, d'analyse, de discussion et d'évaluation qui furent adoptés par les anthropologues. Au delà de ces nouveaux outils, le numérique apporta finalement de nouveaux questionnements et de nouveaux terrains ethnographiques. Des thématiques préexistantes tel que la [[w:Culture matériel|culture matérielmatériele]], la dichotomie nature culture, le transhumanisme ou post-humanisme, furent remis au goût du jour. De nouveaux concepts firent leurs apparitions : ''Homo numericus'', cyberculture, cyberespace, le Web social ou Web 2.0, Internet des objets, Web des objets, le Web sémantique, le Web 3.0, l'E-santé, etc. Au sein de l'anthropologie numérique<ref>Le terme anglophone cyber anthropology a précédé à celui de digital anthropology et est toujours utilisé en langue allemande.</ref> enfin apparut le concept d'anthropologie ''du'' numérique clarifiant ainsi le fait que l'adjectif « numérique » s'applique avant tout aux nouveaux usages, espaces et communautés créés par la venue du numérique.
 
==Approches et principes en anthropologie numérique ==
Ligne 29 :
Au delà de cette typologie, six principes clef applicables à l'anthropologie numérique furent l'objet d'un consensus au sein d'un collectif de chercheurs pionniers en la matière<ref>{{Ouvrage|langue=|prénom1=Heather A.|nom1=Horst|prénom2=Daniel|nom2=Miller|titre=Digital Anthropology|éditeur=A&amp;C Black|date=2013-08-01|isbn=9780857852922|lire en ligne=https://books.google.be/books?id=9KuPzBgus7oC&printsec=frontcover&dq=%22digital+anthropology%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjrvsHY6qrYAhWiCMAKHV8eAg4Q6AEIJzAA#v=onepage&q=%22digital%20anthropology%22&f=false|consulté le=2017-12-27|auteur1=|passage=|lieu=|pages totales=}}</ref> :
* Le numérique intensifie la dialectique nature culture.
* Le numérique offre une meilleurmeilleure compréhension de la vie pré-numérique.
* Le numérique doit être abordé d'un point de vue holistique et comme partie intégrante de l'humanité.
* Le numérique n'est pas facteur d’homogénéisation mais au contraire réaffirme la notion de relativisme culturel.
* Le numérique apporte une ambivalence au sein de la vie politique et privée.
* Le numérique développe une nouvelle culture matérielmatérielle dans laquelle l’anthropologue se trouve lui-même imbriqué.
 
==Au delà de l'anthropologie numérique, la cyborg anthropologie ==
L'utilisation d'outils dans le but de dépasser ses capacités premières a toujours été reconnutreconnu comme trait caractéristique de l'être humain, mais la venue du numérique apporte une dimensionsdimension nouvellesnouvelle. C'est ainsi qu'en 1995<ref>{{Cite journal|last=Downey|first=Gary Lee|last2=Dumit|first2=Joseph|last3=Williams|first3=Sarah|year=1995|title=Cyborg Anthropology|url=|journal=Cultural Anthropology|volume=10|pages=264-269|via=Wiley Online Library}}</ref>, le concept anglophone de ''[[w:en:Cyborg anthropologie|cyborg anthropologie]]'' fit son apparition en tant que branche de l'anthropologie consacrée à l'étude de l'être humain en lien avec la [[w:Cybernétique|cybernétique]]. Quinze anans plus tard, en 2010, l'anthropologue [[w:Amber Case|Amber Case]]<ref>{{Lien web|url=https://www.ted.com/talks /amber_case_we_are_all_cyborgs_now|titre=We are all cyborgs now|auteur=Amber Case|site=https://www.ted.com|date=Décembre 2010|consulté le=}} ([https://www.ted.com/talks/amber_case_we_are_all_cyborgs_now/transcript?language=fr traduction française])</ref>, n'hésitera pas a qualifié de cyborg au sens neurologique du terme, ce que certains appelleront plus tard l' « ''homo connecticus »''<ref>{{Ouvrage|prénom1=Christophe|nom1=Médici|titre=Homo connecticus - Comment maintenir une Haute Qualité Relationnelle® à l’ère du numérique|éditeur=Dangles|date=2015-10-03|isbn=9782703311058|lire en ligne=https://www.amazon.fr/Homo-connecticus-maintenir-Relationnelle%C2%AE-numérique/dp/2703311052|consulté le=2017-12-30}}</ref>. Car de faite, l'accès audio visuel et instantané au contenu du Web et la capacité de contrôler des appareils à distance via un smartphone, de se géolocaliser ou de connaître et d'analyser son rythme cardiaque en temps réel avec une montre connectée, peuvent belle et bien être assimilés à des fonctions cybernétiques attribuées aux hommes. Avec ces fonctions, ce sont de nouveaux pouvoirs en matière d'omniscience et d’extension de la mémoire cérébrale au sein d'une [[w:Noosphère|noosphère]], mais aussi en matière d'auto-analyse physiologique et topographique, ou encore en matière de [[w:Télékinésie|télékinésie]] au sein de l'[[w:Internet des objets|Internet des objets]] et d'omniprésence, voir d'invisibilité via les nouvelles technologies de communication qui feront de l'homme un cyborg.
 
Au delà de l'homme connecté, existe aussi le cas de figure des avatars utilisés dans des jeux vidéo multi joueurs. Ne peuvent-ils pas à leur tour, être considérés tel des cyborgs numériques doués d'intelligence humaine ? Replacer dans un contexte hors ligne, les drones, notamment ceux utilisés par les forces armées, ne sont-ils pas pas non plus des robots doué de raison ? Au finalFinalement, resurgiront ainsi les questionquestions soulevées par le [[w:Transhumanisme|transhumanisme]] et le [[w:Post-humanisme|post-humanisme]] au sein de la cyborg anthropologie.
 
==Notes et références==