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Il faut savoir qu'à cette époque, le marché de l'informatique était en pleine mutation, que l'habituel partage des programmes et des codes informatiques entre quelques rares étudiants ou chercheurs qui bénéficiaient d'un accès à un ordinateur était mis à mal. La fin du partage était liée à la commercialisation croissante des logiciels informatiques et l'apparition de nouveaux moyens techniques et juridiques visant à la privatisation de leurs codes sources. Apparurent ainsi des brevets, copyrights, et clauses de non-divulgation dans les contrats des employés au sein des firmes commerciales. Le climat de solidarité et d'entraide qui existait précédemment dans le monde de la recherche en informatique faisait donc rapidement place à celui de la concurrence et de la compétition du secteur commercial.
 
[[Fichier: IBM Electronic Data Processing Machine - GPN-2000-001881.jpg|alt=Photo prise en mars 1957 au Centre de recherche Langley capturantdans l"imagelaquelle apparaît d'une femme et d'un homme qui travaillentactifs sur machine de traitement électronique de données IBM type 704 utilisée pourdans la recherche aéronautique|vignette|Fig. 3.3. Photo prise en mars 1957 au [[w: fr: Centre de recherche Langley|Centre de recherche Langley]] dans laquelle apparaît une femme et un homme actifs sur machine de traitement électronique de données IBM type 704 utilisée dans la recherche aéronautique (Source : https://w.wiki/377h).|centré|900x900px]]
 
L'origineLes raisons de cette mutation futfurent sans aucun doute l'arrivée d'un nouveau marché provoqué depar l'essor des premiers ordinateurs domestiques tel que le [[W: Commodore 64|commodore 64]], apparu en 1982, le plus vendu au monde selon le [[w: fr: Livre Guinesse des records|livre Guinesse des records]], avec plus de 17 millions d'exemplaires<ref group="B">{{Lien web|langue=|auteur1=Brandon Griggs|titre=The Commodore 64, that '80 s computer icon, lives again|url=https://web.archive.org/web/20200706161515/http://edition.cnn.com/2011/TECH/gaming.gadgets/05/09/commodore.64.reborn|site=|lieu=CNN.com|date=May 9, 2011|consulté le=14 novembre 2020}}</ref>, ou encore l'''[[w: fr: IBM PC|IBM Personal computer]]'' (PC), produit à partir de 1981, et dont l'architecture ouverte fut à l'origine de l'apparition de toute une gamme d'ordinateurs personnels. CeÀ l'origine, ce nouveau type d'ordinateurs de tailles réduites répondait auxau besoinsbesoin ded'embarquer du matériel informatique au sein des engins de l'industrie aérospatiale. LeursLa mises au point de ce type d'ordinateur ne purentput se faire qu'après l'arrivée des premiers circuits intégrés, dont le coût s'est progressivement réduit durant les années 70, jusqu'à enpermettre faire un produit accessible sur les marchés publics. Unela dizainefabrication d'annéesordinateurs furent encore nécessaire pour que la technologie informatique devienne un produit de vente à usage domestiquedomestiques.
 
[[Fichier: Commodore64withdisk.jpg|alt=Commodore 64 avec disquette et lecteur|vignette|Fig. 3.2. Commodore 64 avec disquette et lecteur (Source : https://w.wiki/377 g)|500x500px]]
 
EnAu cours de l'année 1975, une société répondant au nom de [[w: Microsoft|Microsoft]] fut créée dans une optique tout à fait opposée à celle du projet GNU. EnSa 1998recherche cetted'un sociétémonopole commerciale fut accuséetelle dequ'elle fut identifiée tel un « ''hold-up planétaire'' »<ref group=B>{{Ouvrage|langue=French|auteur1=|prénom1=Roberto|nom1=Di Cosmo|prénom2=Dominique|nom2=Nora|titre=Le hold-up planétaire: la face cachée de Microsoft|passage=|lieu=|éditeur=France Loisirs|date=1998|pages totales=|isbn=9782744121760}}</ref> dans un ouvrage rédigé en 1998 par la journaliste [[w: Dominique Nora|Dominique Nora]] et par le maître de conférences en informatique [[w: Roberto Di Cosmo|Roberto Di Cosmo]]. À la lecture de celui-ci, jeon découvrisdécouvre qu'à cette époque, « 41 % des bénéfices des dix premiers mondiaux du logiciel » étaient réalisé par cette société et que les systèmes d'exploitation de Microsoft équipaient plus de 85 % des micro-ordinateurs de la planète. Plus de 20 ans plus tard, soit en 2020, cette situation de « quasi-monopole »<ref group="B">{{Ouvrage|langue=French|auteur1=|prénom1=Roberto|nom1=Di Cosmo|prénom2=Dominique|nom2=Nora|titre=Le hold-up planétaire: la face cachée de Microsoft|passage=15|lieu=|éditeur=France Loisirs|date=1998|pages totales=|isbn=9782744121760}}</ref> semble toujours d'actualité avec 76.56 % des ordinateurs de bureau fonctionnant sur Windows<ref group="B">{{Lien web|auteur1=Shanhong Liu|titre=• Desktop OS market share 2020|url=https://web.archive.org/web/20210121061237/https://www.statista.com/statistics/218089/global-market-share-of-windows-7/|lieu=Statista|date=18 janvier 2021|consulté le=2021-01-21}}</ref>, unalors chiffre confirmé au dessus desque 70 % parde les statistiques dela fréquentation du Web produitesse parfait laau [[w:travers fr:des W3schools|W3schools]]systèmes d'exploitation Microsoft<ref group="W">{{Lien web|langue=|auteur1=W3schools|titre=OS Statistics|url=https://web.archive.org/web/20201014194142/https://www.w3schools.com/browsers/browsers_os.asp|site=|date=|consulté le=2020-10-14}}</ref>.
 
Ce monopole faisaitfut suiterendu possible grâce à la signature d'un contrat entre IBM, constructeur des premiers ordinateurs personnels (PC) et la compagnie Microsoft, choisie pour fournir le système d'exploitation nécessaire au fonctionnement de ces ordinateurs. Le programme installé par Microsoft proviendra du Q-DOS, acronyme humoristique de « Quick (rapide) and Dirty (sale) Operating System » acheté à une PME, appelée Seattle Computer, pour la somme de 50 000 dollars. Après quelques modifications sommaires, il fut rebaptisé MS-DOS dans le but d'honorer le contrat<ref name=":0" group=B/>. Comme explique Di Cosmo interviewé dans ''Le hold-up planétaire'' :
 
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En parlant de puces, Di Cosmo fait ici allusion à un autre monopole, moins connu peut-être, apparu cette fois sur le marché des circuits intégrés. Il s'agit de celui de la société [[w: fr: Intel|''Intel Corporation'']] le premier fabriquant mondial de semi-conducteurs destinés à la production de matériel informatique ([[w: fr: Microprocesseur|microprocesseurs]], [[w: fr: Mémoires flash|mémoires flash]], etc.), qui, à titre indicatif, a atteint un record de 96.6 % sur le marché des serveurs informatiques en 2015<ref group="B">{{Lien web|langue=|auteur1=Ridha Loukil|titre=Les géants d'internet déterminés à briser le monopole d'Intel dans les serveurs|url=https://web.archive.org/web/20200922213137/https://www.usine-digitale.fr/article/les-geants-d-internet-determines-a-briser-le-monopole-d-intel-dans-les-serveurs. N394872|site=|lieu=Usine-digitale.fr|date=03 juin 2016|consulté le=2020-09-22}}</ref>. Le monopole atteint par Intel, tout comme celui de Microsoft dont il sera bientôt question, fera l'objet de contentieux portant sur des pratiques anticoncurrentielles. Dans ce cadre, et suite à un versement de 1.25 milliard de dollars d'Intel à la société [[w: fr: Advenced Micro Devices|Advenced Micro Devices]] (AMD) en 2009, cette dernière s'engagea à abandonner les poursuites<ref group="B">{{Lien web|langue=|auteur1=Agence Reuters|titre=Intel verse 1,25 milliard de dollar à AMD contre l'abandon des poursuites|url=https://web.archive.org/web/20201130181808/https://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/11/12/intel-verse-1-25-milliard-de-dollar-a-amd-contre-l-abandon-des-poursuites_1266494_651865.html|site=|lieu=Le Monde|date=12/11/2009|consulté le=2020-11-30}}</ref>.
 
Mais pendant que Microsoft et Intel développaient leurs monopoles économiques, un nouvel évènement majeur allait marquer l'histoire du logiciel libre. Son déclenchement fut de nouveau un appel à contribution, posté cette fois le 25 août 1991 par [[w: fr: Linus Torvalds|Linus Torvalds]], un jeune étudiant en informatique de 21 ans. Le message fut transmis via [[w: fr: Usenet|Usenet]], une application de messagerie reposant sur le récent réseau [[w: fr: Internet|Internet]] et apparu cette fois sur la liste de diffusion du système d'exploitation [[w: fr: Minix|MInix]], une sorte de UNIX simplifié dans un but didactique par [[w: fr: Andrew Tanenbaum|Andrew Tanenbaum]].
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Bien qu'il fût présenté comme un passe-temps, le projet répondant au nom de « [[w: fr: Noyau Linux|Linux]] », fut rapidement soutenu par des milliers de programmeurs de par le monde, pour devenir bientôt la pièce manquante du projet GNU. Le système d'exploitation développé par Richard Stallman n'avait en effet pas encore terminé la mise au point de [[w: GNU Hurd|Hurd]], son [[w: Noyaux de système d'exploitation|noyau de système d'exploitation]], ou autrement dit la partie du [[w: Code informatique|code informatique]] responsable de la communication entre les [[w: Logiciel|logiciels]] et le [[w: Matériel informatique|matériel informatique]]. La fusion du code produit par le projet GNU et Linux aboutit donc rapidement à la mise au point d'un système d'exploitation complet, stable et entièrement libre intitulé [[w: GNU/Linux|GNU/Linux]].
 
Au départ du code issu de l'union des deux projets, la communauté des développeurs aura ensuite vite fait de personnaliser les choses en créant de nombreuses variantes au système d'exploitation original que l'on appelle communément [[w: Distributions|distributions]]. CEt puisque c'est l'une de ces distributions, intitulée [[w:fr:Debian|Debian]], etla dontseule legrande projet semble être le seul grand distributeur GNU/Linuxgratuite qui ne soit pas produite une entité commerciale<ref group=B>{{Ouvrage|langue=French|auteur1=|prénom1=Christophe|nom1=Lazaro|titre=La liberte logicielle|passage=|lieu=|éditeur=|date=2012|pages totales=56|isbn=978-2-87209-861-3|oclc=1104281978}}</ref>, qui fut choisie pour le fonctionnement des serveurs quioù se hébergenttrouve l'ensemble des projets Wikimédia<ref group="W">{{Lien web|langue=|auteur1=Meta-Wiki|titre=Wikimedia servers|url=https://web.archive.org/web/20201030172738/https://meta.wikimedia.org/wiki/Wikimedia_servers|site=|date=|consulté le=2020-10-30}}</ref>. Ce, choixon apparaîtpeut donc telen unconclure doubleque héritagele enmouvement provenanceWikimédia duest mouvementun deshériter logicielsdirect libres.des Lelogiciel premierlibre d'ordreun technique assurera la fourniturepoint de programmesvue informatiqueslogistique pour faire fonctionner ses serveurs, tandis que le deuxième d'ordreet économique, permettra au mouvement de s'acquitter du paiement de licences d'exploitation.
 
À cesce deuxpremier héritageshéritage s'ajoute un troisièmeautre, méthodologique cette fois, que j'avaisai découvert en lisant un article intitulé « [[w: fr: La cathédrale et le bazard|''La cathédrale et le bazard'']] »<ref group="B">{{Ouvrage|langue=|auteur1=|prénom1=Eric Steven|nom1=Raymond|titre=Cathedral and the bazaar|titre original=Cathedral and the bazaar|traduction titre=La cathédrale et le bazar|passage=|lieu=|éditeur=SnowBall Publishing|date=2010|pages totales=|isbn=978-1-60796-228-1|oclc=833142152|lire en ligne=}}</ref>,. dansDans lequelcet écrit, [[w: Éric S. Raymond|Éric S. Raymond]] oppose, d'un côté, l'organisation du travail dite « cathédrale », pyramidale, rigide, statutairement hiérarchisée et habituellement présente dans les entreprises, et de l'autre, l'organisation dite « bazar », horizontale, flexible et peu hiérarchisée statutairement, qu'il avaitet expérimentée par lui-même dans le développement de son propred'un logiciel libre. enEn sedécrivant cette expérience il pétant ainsi s'être ralliantrallié au « style de développement de Linus Torvalds – distribuez vite et souvent, déléguez tout ce que vous pouvez déléguer, soyez ouvert jusqu'à la promiscuité »<ref group="B">{{Lien web|langue=|auteur1=Eric S. Raymond|traducteur=Sébastien Blondeel|titre=La cathédrale et le bazar|url=https://web.archive.org/web/20200203054716/http://www.linux-france.org/article/these/cathedrale-bazar/cathedrale-bazar-1.html|site=|lieu=Linux-France|date=1998|consulté le=2020-02-03}}</ref>.
 
Par la suite, enet réalisantlors de la réalisation d'un [[Recherche: Culture fr Wikipédia|travail de fin de master consacré à l'étude de la communauté des éditeurs actifs sur le projet Wikipédia francophone]]<ref group="B">{{Lien web|langue=|auteur1=Lionel Scheepmans|titre=Culture fr Wikipédia|url=https://web.archive.org/web/20201115145930/https://fr.wikiversity.org/wiki/Recherche: Culture_fr_Wikip%C3 %A9dia|site=|lieu=Wikiversité|date=2011|consulté le=15-11-2020}}</ref>, je me suis rapidement rendu compte que ce dernier projet, qualifié de « bazar libertaire » par le journal Le soir au cours de l'année 2012<ref group="B">{{Lien web|langue=|auteur1=Frédéric Joignot|titre=Wikipédia, bazar libertaire|url=https://web.archive.org/web/20170630065818/http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/01/14/wikipedia-bazar-libertaire_1629135_651865.html|site=|lieu=Le Monde|date=2012|consulté le=2020-11-08}}</ref>, avait aussi hérité du mode organisationnel des logiciels libres. Un simple extrait de l'un des cinq principes fondateurs surqui lesquelsservit s'estde construitbase à la construction de l'encyclopédie suffit, je pense, pouren illustrerapporter cetla preuve héritage :
 
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Le mouvement Wikipédia semble donc bel et bien un proche héritier des « héros de la révolution informatique » et des valeurs d'universalité, de liberté, de décentralisation, de partage, de collaboration et de mérite décrites par [[w: fr: Steven Levy|Steven Levy]] dans son ouvrage ''[[w: L'Éthique des hackers|L'Éthique des hackers]]''<ref group="B">{{Ouvrage|langue=French|prénom1=Steven|nom1=Levy|prénom2=Gilles|nom2=Tordjman|titre=L'éthique des hackers|éditeur=Globe|date=2013|isbn=978-2-211-20410-1|oclc=844898302}}</ref>. Quant à la venue de Richard Stallman en tant qu'invité de prestige de la première rencontre mondiale du mouvement Wikimédia de 2005 (voir figure 2.4), elle aurasymbolise certainementà symbolisécoup cesûr le rapprochement identitaire entre les logiciels libres et le mouvement Wikimédia, qui furent tout deux tributaires du réseau Internet dans leur développement.
 
=== L'InternetLe réseau mondial Internet ===
 
D'un point de vue technique, on peut considérer qu'Internet est né avec la [[w: fr: Suite des protocoles Internet|suite des protocoles Internet]] (TCP/IP) mis au point par [[w: fr: Bob Kahn|Bob Kahn]] et [[w: fr: Winton Cerf|Winton Cerf]] et dont la première mise en pratique fut réalisée en 1977<ref group="B">{{Ouvrage|langue=|auteur1=Laurent Chemla|prénom1=Djilali|nom1=Benamrane|nom2=Biens publics à l'échelle mondiale|nom3=Coopération solidarité développement aux PTT|titre=Les télécommunications, entre bien public et marchandise|passage=73|lieu=Une histoire d'Internet|éditeur=ECLM (Charles Leopold Mayer)|date=2005|pages totales=|isbn=978-2-84377-111-8|oclc=833154536|lire en ligne=|consulté le=2020-11-17}}</ref>. L'aboutissement du projet aura donc pris près de cinq ans puisque sa première présentation eut lieu en 1973, lors de la conférence internationale sur les communications informatiques de l'[[w: fr: International Network Working Group|International Network Working Group]].
 
Contrairement à certaines idées reçues, le réseau Internet ne fut donc pas produit par les forces armées américaines. CellesIl est vrai cependant que celles-ci ont par contre participé au financement de la ''[[w: fr: Defense Advanced Research Projects Agency|Defense Advanced Research Projects Agency]]'' (DARPA)<ref group="B">{{Ouvrage|langue=|auteur1=Laurent Chemla|prénom1=Djilali|nom1=Benamrane|nom2=Biens publics à l'échelle mondiale|nom3=Coopération solidarité développement aux PTT|titre=Les télécommunications, entre bien public et marchandise|passage=63|lieu=Une histoire d'Internet|éditeur=ECLM (Charles Leopold Mayer)|date=2005|pages totales=|isbn=978-2-84377-111-8|oclc=833154536|lire en ligne=|consulté le=2020-11-17}}</ref> qui fut à l'origine du réseau [[w: fr: RPANET|ARPANET]] qui, parconsidéré ailleurs,comme l’ancêtre d'Internet bien qu'il fonctionnait sur un protocole différent, de celui d'Internet intituléle [[w: fr: Network Control Protocol|''Network Control Protocol'']] (NCP), élaboré en décembre 1970 par le [[w: fr: Network Working Group|Network Working Group]], un groupe informel d'universitaires<ref group="B">{{Article|langue=|auteur1=|prénom1=Alexandre|nom1=Serres|prénom2=Christian|nom2=Le Moënne|prénom3=Jean-Max|nom3=Noyer|nom4=|titre=Aux sources d'internet: l'émergence d'Arpanet : exploration du processus d'émergence d'une infrastructure informationnelle : description des trajectoires des acteurs et actants, des filières et des réseaux constitutifs de la naissance d'Arpanet : problèmes critiques et épistémologiques posés par l'histoire des innovations|périodique=Thèse de doctorat|éditeur=Université Rennes 2|date=2000|issn=|lire en ligne=https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00312005/document|pages=481}}</ref>. CeCes groupe d'acteurs futmirent aussi celui qui mitensuite en place au sein d'ARPANET laune procédure intitulée ''[[w: fr: Request For Comments|Request For Comments]]'' (RFC ou appels à commentaires en français), qui est toujours aujourd'hui en application au sein du mouvement Wikimédia. etIl quis'agit la d'un héritage important puisque les RFC représentereprésentaient « incontestablement l’un des symboles forts de la « culture technique » de l’Internet, marquée par l’égalitarisme, l’autogestion et la recherche collective de l’efficience. »<ref group="B">''Id.'' 488</ref>
 
LPendant ce temps, l'armée américaine, pour sa part, aura fait le choix quant à elle, de développer son propre réseau appelé [[w: en: MILNET|MILNET]] en le séparant du réseau ARPANET, qui lui restera de son côté un « réseau pour la recherche et le développement »<ref group="B">{{Ouvrage|langue=|auteur1=|prénom1=Stephen|nom1=Denneti|titre=ARPANET Information Brochure|passage=4|lieu=|éditeur=Defense Communications Agency|date=1978|pages totales=46|isbn=|oclc=476024876|lire en ligne=https://web.archive.org/web/20200710174908/https://apps.dtic.mil/dtic/tr/fulltext/u2/a164353.pdf}}</ref>. Cette séparation s'effectua en 1983, précisément l'année où Richard Stallman lança le projet GNU via ARPANET qui comprenait alors moins de 600 machines connectées<ref group="B">{{Ouvrage|langue=French|auteur1=|prénom1=Solange|nom1=Ghernaouti-Hélie|prénom2=Arnaud|nom2=Dufour|titre=Internet|passage=|lieu=|éditeur=Presses universitaires de France|date=2012|pages totales=|isbn=978-2-13-058548-0|oclc=795497443|lire en ligne=|consulté le=2020-11-17}}</ref>. C'est donc par la suite seulement qu'Internet s'est ensuite développé avecsuite à l'apparition de l'''[[w: fr: Internet Society|Internet Society]],'' une ONG créée en 1992 par lesdes pionniers de l’Internet chargés de l'entretien technique des réseaux informatiques et chargés du respect des valeurs fondamentales du réseau<ref group="B">{{Lien web|langue=|auteur1=Étienne Combier|titre=Les leçons de l’Internet Society pour sauver la Toile|url=https://web.archive.org/web/20201024101959/https://www.lesechos.fr/2017/09/les-lecons-de-linternet-society-pour-sauver-la-toile-182263|éditeur=Les Echos|date=2017-09-19|consulté le=24 oct 2020}}</ref>.
 
D'unAu pointvue de vue culturel donc, le logiciel libre et la l'[[w: fr:Culture libreHistoire d'Internet|culturehistoire libred'Internet]], sontle apparuslogiciel libre est donc apparu bien avant la naissance de ce que j'appellerais l' « Internet interculturel »de nos jour et représenteque àl'on mespeut yeuxdéfinir uncomme réseau mondial de communication international, neutre et, indépendant, et ouvert à tout type d'utilisationsutilisateurs et d'utilisateursutilisations y compris commerciale. CeToutes réseauce necaractéristiques verran'apparurent en effet leque jourprogressivement qu'à partir de la suitefin dedes années 80, tout d'abord grâce à l'installation des premières [[w: Dorsale Internet|Dorsales Internets]] transnationales, fin des années 80, et bienensuite sûr,au suitetravers àde l'ouverture du protocole TCP/IP et son adoption au travers le monde qui restera certainement l'étape la plus importante de l'[[w: fr: Histoire d'Internet|histoire d'Internet]].
 
[[w: Michel Elie|Michel Elie]], pionnier de l'informatique et responsable de l'[[w: fr: Observatoire des usages de l'Internet|Observatoire des Usages de l'Internet]], témoigne de cette époque et de la naissance d'Internet dans un article intitulé ''« Quarante ans après : mais qui donc créa l'internet ? »''. Ilet dans écritlequel j'ai retenu cette citation ceci :
 
<blockquote>Le succès de l'internet, nous le devons aux bons choix initiaux et à la dynamique qui en est résultée : la collaboration de dizaine de milliers d'étudiants, ou de bénévoles apportant leur expertise, tels par exemple ces centaines de personnes qui enrichissent continuellement des encyclopédies en ligne telles que Wikipédia. <ref group="B">{{Lien web|langue=|auteur1=Michel Elie|titre=Quarante ans après : mais qui donc créa l'internet ?|url=https://web.archive.org/web/20200131180536/https://vecam.org/archives/article1123.html|site=|lieu=Vecam|date=2009|consulté le=2020-01-31}}</ref>
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[[Fichier: Internet map 1024.jpg|alt=Carte partielle d'Internet, basée sur les données de opte.org du 15 juin 2005. |vignette|Fig. 3.5. Carte partielle d'Internet, basée sur les données de opte.org en date du 15 juin 2005 (source : https://w.wiki/377ᵉ) |500x500px]]
 
Cette comparaison entre Internet et le projet Wikipédia futest bien sûr très interpellante dansau levue du contexte de mescette travauxprésente recherche. ElleMais meil permitreste auà boutexpliquer decomment, recherches plusau approfondiestravers de réaliserlogiciels àlibre quelet pointdu développement d'Internet, le mouvement WikimediaWikimédia pouvaitpeut apparaître quelqueà partce jour, comme une nouvelle résurgence de la [[w: Contre-culture des années 1960|contre-culture des années 60]] apparue aux États-Unis dans le contexte de la [[w: fr: Guerre du Viêt Nam|guerre du Viêt Nam]].

Dans son ouvrage titré : « ''Vers une contre-culture : Réflexions sur la société technocratique et l'opposition de la jeunesse »'' <ref group="B">{{Ouvrage|langue=French|prénom1=Theodore|nom1=Roszak|prénom2=Claude|nom2=Elsen|titre=Vers une contre-culture: réflexions sur la société technocratique et l'opposition de la jeunesse|éditeur=Stock|date=1980|isbn=978-2-234-01282-0|oclc=36236326|consulté le=2020-10-31}}</ref><ref group="N">Titre original : « ''The Making of a Counter Culture: Reflections on the Technocratic Society and Its Youthful Opposition »''</ref>, [[w: fr: Theodore Roszak|Theodore Roszak]]. définit en effet la contre-culture de la sorte :
 
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Le projet essentiel de notre contre-culture : proclamer un nouveau ciel et une nouvelle terre, si vastes, si merveilleux que les prétentions démesurées de la technique soient réduites à n'occuper dans la vie humaine qu'une place inférieure et marginale. Créer et répandre une telle conception de la vie n'implique rien de moins que l'acceptation de nous ouvrir à l'imagination visionnaire. Nous devons être prêts à soutenir ce qu'affirment des hommes tels que [[w: fr: William Blake|Blake]], à savoir que certains yeux ne voient pas le monde comme le voient le regard banal ou l'œil scientifique, mais le voient transformé, dans une lumière éclatante et, ce faisant, le voient tel qu'il est vraiment. <ref group="B">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Theodore|nom1=Roszak|prénom2=Claude|nom2=Elsen|titre=Vers une contre-culture. Réflexions sur la société technocratique et l'opposition de la jeunesse|passage=266-267|lieu=Paris|éditeur=Stock|date=1970|pages totales=318|isbn=978-2-234-01282-0|oclc=36236326|}}</ref>
</blockquote>
 
À la lecture de ce texte datant de 1970, il est intéressant de voir que le mouvement de la contre-culture au même titre que le mouvement Wikimédia utilisentmobilisent untout vocabulairedeux similairel'idée pourd'imaginer seun décriremonde enpour utilisants'auto chacundéfinir. uneMais visionil quiest imaginepar autrementcontre letout monde. Il sembleà cependantfait paradoxal qu'une culture qui voit dans la technique quelque chose d' « inférieur et marginale » et qui porte sur la science un regard « banal » puisse avoir influencé lela milieuphilosophie scientifiquedes et techniquepersonnes responsable de la naissancecréation d'Internet.

Il Ceest toutefois possible de résoludre ce paradoxe futgrâce toutefoisau résolutravaux parde [[v: fr: Fred Turner (professeur)|Fred Turner]] danset plus précisément depuis la parution de son ouvrage intitulé :« ''Aux sources de l'utopie numérique : De la contre-culture à la cyberculture, Stewart Brand, un homme d'influence »''<ref group="B">{{Ouvrage|langue=French|prénom1=Fred|nom1=Turner|titre=Aux sources de l'utopie numérique : de la contre-culture à la cyberculture : Stewart Brand, un homme d'influence|éditeur=C & F|date=2013|isbn=978-2-915825-10-7|oclc=891585534}}</ref><ref group="N">Titre original : ''« From Counterculture to Cyberculture: Stewart Brand, the Whole Earth Network, and the Rise of Digital Utopianism ».'' </ref>. Dans ce livre qui retrace la vie de [[w: fr: Steward Bran|Steward Brand]], Turner réussira en effet à établir un lien direct entre la culture Hippie des années 60 et l'esprit de la [[w: fr: Cyberculture|cyberculture]] au sein de laquelle Internet prit naissance.
 
En complément de la démonstration faite dans cet ouvrage, je citerai pour ma part les propos de [[w: fr: David D. Clark|David D. Clark]] qui, à mon sens, illustrent parfaitement l'influence de la [[w: fr: Contre-culture|contre-culture]] américaine au niveau des pensées de ceux qui furent les précurseurs d'Internet. Lors d'une plénière de la 24ᵉ réunion du groupe de travail sur l'ingénierie Internet David Clark prononça, en effet, cette phase cruciale qui marquera les valeurs techniques et politiques des ingénieurs à qui il s'adressait<ref group="B">{{Article|langue=|auteur1=|prénom1=Andrew L|nom1=Russell|titre='Rough Consensus and Running Code' and the Internet-OSI Standards War|périodique=IEEE Annals of the History of Computing|volume=28|numéro=3|date=2006|issn=1058-6180|lire en ligne=|pages=}}</ref> :« Nous récusons rois, présidents et votes. Nous croyons au consensus et aux programmes qui tournent »<ref group="B">{{Lien web|langue=|nom1=David D. Clark|titre=A Cloudy Crystal Ball: Visions of the Future,” plenary presentation at 24th meeting of the Internet Engineering Task Force|url=https://web.archive.org/web/20071001011231/http://ietf20.isoc.org/videos/future_ietf_92.pdf|site=|éditeur=Cambridge, Mass.|mois=juillet|année=1992|date=1992|consulté le=2007-10-01|page=13-17}}</ref><ref group="N">Texte original : ''« We reject kings, presidents and voting. We believe in rough consensus and running code'' ».</ref>.