« Nouvelles figures de l’utilisateur dans une économie de l’attention/L'économie de l'attention comme espace-problème » : différence entre les versions

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== [[w:Économie_de_l'attention|L'économie de l'attention]] comme discipline ==
Traditionnellement, c'est à Herbert Simon qu'on attribue la paternité de l'économie de l'attention, qui formulait le constat que :
{{citation|contenu= <blockquote>"« La richesse d'informations entraineentraîne une pénurie d'autre chose, une rareté de ce que l'information consomme. Or ce que l'information consomme est assez évident : elle consomme l'attention de ceux qui la reçoivent "» <ref>H. Simon "[https://digitalcollections.library.cmu.edu/awweb/awarchive?type=file&item=33748 Designing Organizations for an Information-Rich World]", in M. Grennberger, ''Computer, communications and the public interest''. Baltimore MD : The John Hopkins Press, 1971, p. 37-72</ref></blockquote>}}
Cette pénurie, nous la sentons tous, à chaque instant. D'ailleurs, en ce moment même, le cours que vous êtes en train de lire consomme une partie de votre attention, que vous n'aurez pas à investir dans d'autres contenus comme un article de presse ou un fil Twitter. De la même manière qu'en [[w:Microéconomie#D%C3%A9finitions|microéconomie]] chaque euros dépensé ne peut être investi pour acquérir un autre bien ou service, en économie de l'attention, chaque minute passée à lire un contenu ne peut utilisée pour en lire un autre.
 
Dès lors, on peut parler d'une économie de l'attention puisque celle-ci :
{{citation|contenu= <blockquote>"« comme toute autre forme d'économie, (...) est basée sur ce qui est à la fois le plus désirable mais surtout le plus rare, (en l'occurence) l'attention d'autres personnes "» <ref>
{{Lien web |langue= en |auteur= Goldhaber, M. H. (1996).|titre= Principles of the new economy (Besuch 11.06. ''URL:03)|url= <nowiki>http://www</nowiki>. well. comecom/user/mgoldh/principles. html|date= (Besuch|site= 11.06.|consulté 03)''.le=}}
</ref></blockquote>}}
 
== Les [[w:Designer|designers]] comme économistes de l'attention ==
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Le principe est relativement simple : nous sommes d'autant plus enclins à appuyer sur un bouton si celui-ci nous donne parfois une récompense, parfois rien du tout. Quand nous allumons l'écran de notre smartphone, ou bien nous avons plusieurs messages à consulter, ou bien rien du tout. Dans tous les cas, nous voulons savoir toutes les 10 minutes si nous avons de nouveaux messages. L'aliénation venant du fait que cette envie est incontrôlable puisqu'elle est suscitée par des mécanismes psychologiques automatiques et indépendants de nos processus de contrôle qui passent sous le radar de notre conscience.
 
Dans ce cadre, il est apparu évident pour [[wikipediaw:Richard_A._Lanham|Richard A. Lanham]], que les véritables économistes de l'attention n'étaient pas à chercher dans les départements d'économie des universités, mais plutôt dans ceux qui s'intéressent aux dispositifs stylistiques qui régulent et orientent notre attention, à savoir les designers. Charge à eux de construire des interfaces où : <blockquote>
" la substance rencontre le style. Le design d'un produit nous invite à nous en occuper d'une certaine façon, à lui prêter un certain type d'attention " <ref>{{Ouvrage|prénom1=Richard A.|nom1=Lanham|titre=The economics of attention : style and substance in the age of information|éditeur=University of Chicago Press|date=2006|isbn=0-226-46882-8|isbn2=978-0-226-46882-2|isbn3=978-0-226-46867-9|oclc=61253902|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/61253902|consulté le=2021-09-23}}</ref></blockquote>
'''Règle du jeu nº1 :''' Tout participant à ce cours sera considéré comme un designer en pleine démarche de conception d'un dispositif s'appuyant sur les mécanismes connus en économie de l'attention. Or, à la différence de nombreuses initiatives industrielles, l'objectif ne sera pas d'essayer de capter ou de consommer un maximum d'attention des utilisateurs du dispositif mais plutôt de leur permettre de regénérer leur capital attentionnel de façon qualitative et ainsi éviter de nombreux maux contemporains connus sous le nom de surcharge ou d'angoisse informationnelle <ref>{{Ouvrage|nom1=Wurman, Richard Saul, 1935-|titre=Information anxiety|éditeur=|année=|isbn=978-0-385-24394-0|isbn2=0-385-24394-4|isbn3=0553348566|oclc=18442022|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/18442022|consulté le=2019-04-06}}</ref>. Cette situation de surexploitation de notre attention dans laquelle nous plonge l'économie de l'attention est ici considérée comme l'espace-problème auquel le designer sera confronté.<br />
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Chicago</ref>, qui l'envisagent comme un intermédiaire entre l'état initial dans lequel un utilisateur se trouve et un état-but qu'il souhaiterait atteindre. Cet intermédiaire, c'est l'espace dans lequel le designer peut agir en faisant passer l'utilisateur par différents états intermédiaires (dits "mental states") qui l'amèneront jusqu'à l'état-but recherché.
'''Règle du jeu nº2 :''' L'économie de l'attention est considérée comme l'espace-problème qui permet le passage d'un état initial, en l'occurrence celui où les utilisateurs sont soumis à des manipulations attentionnelles quotidiennes, à un état-but, où les utilisateurs profitent d'applications qui régénèrent et respectent leur capital attentionnel. Autrement dit, il s'agira pour les participants de ce cours de mobiliser les mécanismes et caractéristiques propres à l'économie de l'attention pour permettre aux utilisateurs d'arriver à cet état-but.
Or, comme le souligne justement Emmanuel Kessous <ref>Emmanuel Kessous, [http://manuel.boutet.free.fr/Kessous2011attention.pdf L'économie de l'attention et le marketing des traces], Actes du colloque « Web social, communautés virtuelles et consommation » {{79e}}79ème congrès international ACFAS, Chaire de relations publiques et communication marketing - UQAM, Université de Sherbrooke, 11 mai 2011.</ref> :
 
<blockquote>"Malgré les efforts de formalisation de certains auteurs, l'économie de l'attention apparaît davantage comme une formule ''incantatoire'', qu'un champ de recherche bien structuré"</blockquote>