« Recherche:Journée d'étude — Nouvelles intermédiations dans les dispositifs de co-recherche » : différence entre les versions

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L’institutionnalisation des recherches participatives résulte d’une double dynamique. Initiée par des acteurs émergents (groupes concernés, mouvements du libre, open source,...) et de l’économie sociale et solidaire (éducation populaire, innovation sociale....), elle est désormais relayée par les établissements publics d’enseignement supérieur et de recherche autour de concepts normatifs tels que les « sciences en société », l’open science, l’innovation par les usagers...et l’utilisation des savoirs d’expérience de contributeurs amateurs pour les sciences citoyennes (bird watchers, collecteurs de tiques...). De leur côté, les entreprises privées enrôlent des beta testers, des usagers et des pro-sumers (Stephens et Barbier, 2021). Depuis une dizaine d’années, des collectifs hybrides, parfois issus de ces courants alternatifs, renforcent cette dynamique : Alliss, ECSA, réseau bresilien de sciences citoyennes, concours IGEM, collectif des chercheurs-consultants, le Gathering for Open Science Hardware, les fablabs et livinglabs etc.
 
Pour tenter de refléter cette double dynamique, nous faisons référence aux processus de recherche et d’innovation qui impliquent des acteurs du tiers secteur de la recherche et des chercheurs académiques (Joly, 2020). Dans un bref retour historique, nous rappelons que les naturalistes amateurs ont été les premiers à observer les ravages de l’industrialisation sur l’environnement ��(Audier, 2017) et que des féministes revendiquant la réappropriation des savoirs gynécologiques et obstétriques ont contribué à la légalisation de l’IVG et à l’interdiction de molécules féto-toxiques ��(Bonneuil et Joly, 2013). A partir des années 80, des collectifs autonomes tels que les hackerspaces, le Mouvement Wikimedia, les acteurs du Libre (logiciel et autres) et une myriade de communautés épistémiques ont largement contribué à l’innovation numérique. Les mouvements associatifs, que ce soient les associations de malades qui ont milité pour la prise en compte de leur avis et la reconnaissance de leur expertise ou ATD-Quart Monde, association pionnière de l’empowerment radical en France, ont contribué à l’évolution des politiques de santé et de solidarité ��(Jaeger, 2017, �CarrelCarrel, 2017) à travers les lois du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-sociale et du 4 mars 2002. Des chercheurs académiques se sont engagés dans ces mouvements sociaux, qu’ils soient bénévoles au sein de collectifs militants ou dissidents dans leur institution. Ainsi, les recherches de scientifiques critiques ont contribué à mettre en évidence les impasses de l’agriculture industrialisée et de proposer des modèles alternatifs ��(Bécot et Pessis, 2014). Lorsqu’à la fin des années 70, l’Inra a pris le virage des biotechnologies et renforcé ses liens avec les industries agroalimentaires, un département scientifique interdisciplinaire a été créé pour des chercheurs engagés dans une approche systémique de l’élevage, en réaction à une zootechnie rationnelle dont ils avaient l’intuition qu’elle menait à une impasse ��(Cornu et Valceschini, 2019). Leurs collègues du secteur végétal se sont engagés seuls, et souvent contre leurs pairs, dans des expérimentations originales avec des viticulteurs en Alsace ��(Moneyron et al., 2017) ou sur la sélection participative avec le réseau Semences Paysannes ��(Demeulenaere et Goldringer, 2017). Ces différentes formes d’engagement révèlent la diversité des épistémologies et des postures des acteurs des recherches participatives. Elles révèlent aussi que différentes formes de co-production de connaissances et de savoirs ont précédé la mise à l'agenda de l'Open science.
 
= Objectifs de la journée d’étude =