« Psychanalyse & Robotique » : différence entre les versions

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}}<blockquote>"La pulsion est un concept, une fiction métaphorique, une image abstraite ou une représentation qui incarne en même temps un lien et une séparation entre le corps et la vie psychique."<ref>''En-deçà des limites de la psychose et du féminin'', Aurélien Riglet, Mémoire de Master 1 de psychopathologie, co-dirigé par Yvette Dorey-Assédo & Olivier Douville, Université Paris Ouest Nanterre, 2013.</ref></blockquote>En janvier 1912, Sigmund Freud confie à Otto Rank (rédacteur en chef) et Hans Sachs la fondation de la revue ''Imago. Revue pour l'application de la psychanalyse aux sciences de l'esprit''. Sa visée consistait à éclairer les sciences humaines, en particulier l'anthropologie et la littérature, au moyen de la psychanalyse, en dehors du champ médical.
 
Cette revue ouvre le champ à la [[w:fr:Psychanalyse appliquée|Psychanalyse appliquée]]. Elle le fait avec un hommage à la littérature, par référence au roman du poète suisse [[w:fr:Carl Spittele|Carl Spitteler]]. La psychanalyse devient, en plus d'une discipline de traitement, d'examen et d'exploration des [[w:fr:névrose|névroses]] et des processus [[w:fr:Psychopathologie|psychopathologiques]], un mode d’investigation des faits psychiques collectifs et culturels ; du rapport du sujet à la culture. Dans un bouleversement de perspective clinique et [[w:fr:Epistémologie|épistémologique]], c'est désormais le normal qui vient éclairer la psychopathologie et non plus l'inverse, via une analogie entre [[w:fr:Hystérie|hystérie]] et création d'[[w:fr:Art plastique|art plastique]], névrose de contrainte et [[w:fr:Religion|religion]], [[w:fr:paranoïa|paranoïa]] et [[w:fr:science|science]]. Les deux articles de Freud parus dans Imago en [[w:fr:1912|1912]] et [[w:fr:1913|1913]] lui permettent de publier une première version de ''Totem et Tabou'' sous le titre «  ''Symptôme de la névrose et anthropologie des institutions archaïques''  ».
 
Freud proposera une théorie de la culture originale, comme le produit d'un langage destiné à inscrire le monde humain dans une généalogie déterminée qui assemble le corps, les images, les mots et la pensée, selon des modes de transmission de l’interdit en partie inconscients<ref>Présentation de la revue Imago, O. Douville (2017)|[http://olivierdouville.blogspot.fr/2017/01/presentation-de-la-revue-imago.html lire en ligne]</ref>. L'institution du langage, des lois de parole et des mythes fonde alors le rapport de la temporalité symbolique aux règles d'alliance, de nomination et de filiation. La démarche psychanalytique implique donc, par effet de retour, une connaissance du fantasme médiatisée par l'anthropologie, l'étude de la littérature et des mythes collectifs comme celui de l’œdipe Roi de Sophocle.
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Un androïde est un robot artificiel mécanique ou organique, tandis que le Cyborg est un humain mécanique et organique.
 
=== Antiquité : ===
* En mythologie classique, le Dieu des forges, Vulcain ou Héphaïstos créa des serviteurs mécaniques, certains intelligents, d’autres esclaves dorés, d’autres encore en forme de tables tripodes utilitaires mues par leur propre énergie. La création utilitaire apparaît explicitement, dans le cadre de l’action divine, avec une précocité surprenante, presque anachronique. Le serviteur mécanique antique préfigure le robot moderne, à la différence que les esclaves dorés d'Héphaïstos ont été créés par une divinité et non par des humains. Ce n'est qu'en s'attribuant des pouvoirs magiques divins que les humains produiront à leur tour des créatures robotiques.
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[[Fichier:Arbre vivant.jpg|vignette|544px|Arbre effrayant, 2017, Anonyme]]
Dans la mythologie celte, le poème du Cat Goddeu, le «Combat des Arbres», attribué au barde Taliesin, résulte d’une compilation confuse de différents textes antérieurs et relate une grande bataille sur le point d’être perdue par les guerriers bretons. Le magicien Gwyddion, fils de la déesse Dôn (la Dana irlandaise), et neveu du maître de la magie Math, métamorphose ses compagnons en arbres et végétaux divers qui vont s’opposer aux ennemis avec un grand courage. Le thème de la forêt qui combat se retrouve dans plusieurs récits irlandais. Dans le mythe de la Mort de Cûchulainn, trois sorcières, les «  filles de Calatin  », ennemies mortelles du héros, suscitent «  fantasmagoriquement une grande bataille entre deux armées, entre de magnifiques arbres mouvants, de beaux chênes feuillus  ». Le même élément apparaît dans la Bataille de Mag Tured où deux sorcières déclarent  : «  Nous enchanterons les arbres et les pierres, et les mottes de terre, si bien qu’ils deviendront une troupe en armes luttant contre eux, et qu’ils les mettront en fuite avec horreur et tourment  »<ref>Jean, Markale. «  Druides et Chamanes.  » Pygmalion, 2005, pp. 300-317</ref>. Les filles de Calatin rassemblent des chardons pointus aux feuillages acérés, de la digitale aux pointes légères ; elles forment des forêts volantes et fanées, elles en font des guerriers nombreux et armés, « si bien qu’il n’y eut ni sommet ni colline autour de la vallée qui ne fut rempli de combats et de batailles, qu’on entendait jusqu’aux nuages du ciel et jusqu’aux murs du firmament les cris horribles et sauvages que poussaient les enfants de Calatin aux environs, si bien que le pays fut plein de blessures et de dépouilles, d’incendies et de cadavres tombant rapidement, et que toute la contrée retentit de ce pouvoir magique des enfants de Calatin». Un autre récit, christianisé, la Mort de Muirchertach, reprend ce thème des végétaux ou des pierres transformés en guerriers. La mystérieuse Sin, dont le nom signifie à la fois « bruissement, tempête, vent rude, nuit d’hiver, cri, lamentation, gémissement  », est une femme-fée, une chamane souhaitant se venger du roi Muirchertach, responsable de la mort de ses parents. Elle le séduit en l’engluant dans ses sortilèges. En réponse à une question du roi, qui lui demande son origine et si elle croit en Dieu, elle répond qu’elle croit au «  même dieu que lui, mais qu’elle peut « créer un soleil, une lune, des étoiles radieuses, des hommes cruels, guerriers implacables, du vin de l’eau de la Boyne, des moutons de rochers et des cochons de fougères  ». «  Aussitôt, Sin s’avança et aligna deux troupes égales, aussi fortes et bien armées l’une que l’autre. Et il semblait qu’il n’y eût jamais eu sur terre de troupes plus vaillantes et plus braves, mais l’une d’elles attaqua l’autre et la vainquit en quelques instants en présence de tous.  » Plus tard, Sin suscite une armée d’ennemis que le roi combat avec fureur, au point que trois clercs venus le visiter le découvrent « acharné à frapper des pierres, des taillis et des tertres  ». Le thème des arbres qui marchent ou qui combattent ressurgit dans le Macbeth de Shakespeare avec la prophétie des trois sorcières. Celles-ci évoquent les trois filles de Calatin, qui se déplacent aussi dans le vent. Leur prophétie est doublée par l’apparition d’un enfant couronné, portant un arbre dans sa main, qui déclare  : «  Macbeth ne sera jamais vaincu jusqu’à ce que le grand bois de Birnam marche contre lui  » (Acte IV, scène I). Et Macbeth mourra à l’annonce de la marche de la forêt contre lui. Ces récits mythiques contiennent une allusion militaire au camouflage pratiqué par les guerriers, consistant à avancer en se cachant derrière des branches d’arbres. Toutefois, cette technique militaire se trouve contextualisée et légitimée dans le domaine magique de la puissance végétale. En effet les druides étaient impliqués dans les guerres, comme stratèges mais aussi afin d’utiliser leurs techniques magiques contre l’ennemi. Le poème du Cat Goddeu, en dehors de ce fameux combat des arbres, contient une référence précise à une pratique de magie végétale  : «  Quand je vins à la vie, mon créateur me forma par le fruit des fruits, par les primeroses et les fleurs de la colline, par les fleurs des arbres et des buissons, par les fleurs de l’ortie.  » Cette procréation végétale magique prend sens quand elle est mise en relation avec l’histoire racontée dans la quatrième branche du Mabinogi gallois, dont le héros est le magicien Gwyddion. Arianrod, fille de Dôn, sœur de Gwyddion, n’ayant pas voulu reconnaître le fils qu’elle a eu de l’inceste, frappe le héros d’une malédiction lui interdisant de « n’avoir jamais une femme de la race qui peuple cette terre en ce moment ». Gwyddion, qui élève l’enfant, va trouver son oncle Math, le roi magicien. Celui-ci lui propose de chercher à lui faire sortir une femme des fleurs en utilisant leur magie et leurs charmes réunis. «  Ils réunirent alors les fleurs du chêne, celles du genêt et de la reine-des-prés et, par leurs charmes, ils en formèrent la pucelle la plus belle et la plus parfaite du monde.  » Ainsi naît Blodeuwedd, la « née des fleurs  », dont la destinée tragique l’amène à être punie par son créateur qui la transformera en hibou pour l’adultère qu’elle a commis et le crime qu’elle a perpétré en tuant le fils de Gwyddion. («  J. Loth, Les Mabinogion, pp. 59-81) Dans un autre poème attribué à Taliesin, nous retrouvons le même récit : «  Le plus habile homme dont j’ai entendu parler, ce fut Gwyddion, fils de Dôn, aux forces terribles, qui tira par magie une femme des fleurs. (...) Du sol de la cour, avec des chaînes courbées et tressées, il forma des coursiers et des selles remarquables.  » Une explication se trouve également dans la quatrième branche du Mabinogi  : voulant s’emparer des cochons de Pryderi, qui sont les équivalents des porcs de Mananann et qui constituent une richesse magique, Gwyddion propose de les échanger en donnant à Pryderi des cadeaux somptueux : «  Il eut recours à ses artifices et commença à montrer sa puissance magique. Il fit paraître douze étalons, douze chiens de chasse noirs, douze boucliers dorés. Ces écus, c’étaient des champignons qu’il avait transformés.  » Merlin l’Enchanteur, dans les épisodes où il veut séduire la jeune Viviane, fait quant à lui apparaître à son gré des bâtiments, des vergers merveilleux et des êtres humains qui ne sont en réalité que des touffes d’herbes et des branchages. Ces mythes attribuent à Gwyddion la connaissance et l’utilisation d’une énergie végétale mystérieuse, comparable à la pierre philosophale des alchimistes dans le registre minéral, ou au Graal des chrétiens, procurant une panacée universelle, mais aussi des facultés divines de procréation et de métamorphose. La naissance de Blodeuwedd, dont le nom signifie «fabriquée à partir de plantes», forme une représentation de cette même énergie utilisée dans le but de créer un être nouveau et traduit « une recherche constante, de la part de l’élite intellectuelle des peuples celtes, d’un contact avec les puissances supérieures, contact qui se traduit par une assimilation, une véritable «  digestion  » de ces puissances. Il s’agissait bel et bien d’intégrer la divinité dans l’humain, et en définitive d’incarner le dieu  ». L'arbre guerrier n'est pas encore un robot ou un cyborg, c'est plutôt le résultat d'une transformation que d'une création ou d'une adjonction, à ce titre il apparaît plutôt dans la littérature de fantasy, dans le Seigneur des Anneaux de Tolkien en particulier. La forêt qui marche représente une origine mythologique végétale et militaire du robot qui montre un lien entre le savoir druidique et la production de créatures artificielles comme la femme née des fleurs, qui serait elle-même plus proche d'un clone que d'un robot androïde, mais en préfigure la forme humanoïde et les conflits qui l'opposent à son créateur.
* Dans la légende grecque de Cadmos, le fondateur de Thèbes créa des soldats, les spartes, en semant des dents de dragon. Dans ce mythe, la Création est encore militaire, inspirée par la puissance féconde de la créature mythologique, le Dragon, dont les dents sont plantées dans la matrice, la Terre. La Création utilitaire devient une réalisation du héros fondateur et vient enraciner les spartes sur le sol de Thèbes. Comme chez les celtes, l'énergie employée est végétale, les soldats bourgeonnent à partir de graines magiques plantées dans le sol qui représentent une puissance divine où se mèlent des essences minérales et animales qui, plantées dans la terre, font pousser des soldats comme des arbres.
 
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[[Fichier:Cadmo luchando con el dragón Cadmus fighting the dragon.jpg|vignette|429px|Cadmos combattant le dragon, Marbre synthétique, José Manuel Félix Magdalena, 2016]][[Fichier:Gerome pygmalion-galatee.jpg|vignette|499px|Pygmalion & Galatée, Peinture à l'huile, Jean-Léon Gérôme (1824-1904), vers 1890]]
* Dans l’ancien Testament et dans la Kabbale juive, le Golem est un être humanoïde, artificiel, fait d’argile, animé momentanément de vie par l’inscription d’un verset biblique sur son front. Le Golem est un être inachevé, une ébauche, un matière brute sans forme ni contours. Dans le Talmud, le Golem est l’état qui précède la création d’Adam. Le Golem représente la Création humaine, et change les rôles : l’être humain devient le Créateur et quitte le statut de créature. Il se transcende par l’acte créatif, car celui-ci est réservé à Dieu. L’humain se fait volonté, action, forme de la créature passive, boue, matière, Terre. Ici, c’est la transcendance de l’humain qui apparaît liée à la Création, tout comme le thème du Robot explore le dépassement des limites humaines par le progrès technologique.
=== Renaissance : ===
* Léonard de Vinci réalise le 1er schéma d’un robot humanoïde vers 1495. C’est le dessin d’un chevalier mécanique capable de se lever, balancer les bras, bouger la tête et la mâchoire, issu de recherches anatomiques. Le chevalier mécanique réactualise la fonction militaire du robot, mais il perd sa consistance organique par abstraction du corps humain, en réduisant celui-ci à sa surface, à l'armure protectrice des chevaliers.
 
=== XVIIIème et {{S|19}}s : ===
[[Fichier:Golem figure.jpg|vignette|292px|Le Golem de Prague, figurine, Martin Pauer, 2007]]
* Le premier robot opérationnel connu est construit par Jacques de Vaucanson en 1738, c’est un androïde flûtiste. Il déclenche une vague littéraire sur les automates humanoïdes : ''L’homme épingle'' d’Hermann Mac Coolish Rotenberg Caistria en 1809 raconte l’histoire d’un homme qui désire se transformer en robot par amour pour sa machine à coudre. ''L’homme au sable''<ref>''L'homme au sable'', E.T.A. Hoffmann, 1817 ([[s:L’Homme_au_sable|Lire en ligne]])</ref> de l'écrivain romantique Ernest Théodore Amadeus Hoffmann, paru en 1817, décrit une femme mécanique à l’allure de poupée. ''The Huge Hunter, or the Steam Man of the Prairies''<ref>(en) ''The Huge Hunter, or the Steam Man of the Prairies'', Edward S. Ellis, 1865([[wikisource:The_Huge_Hunter|lire en ligne]])</ref> d’Edward S. Ellis en 1865 exprime la fascination américaine de l’industrialisation. Citons également ''L’homme électrique'' de Luis Senarens paru en 1885.
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* Frankenstein ou le Prométhée Moderne, de Mary Shelley, en 1818, est souvent désigné comme le 1er livre de Science-fiction, bien qu’imprégné de fantastique. Cet ouvrage porte une réflexion sur la création et ainsi une symbolique du Créateur et de la Créature, tous deux en quête d’identité sociale, sexuelle et transcendantale. C’est un livre clef de la culture gothique et du pessimisme romantique, considéré comme un des fondements du mouvement littéraire fantastique. Mary Shelley est aussi une des premières féministes. Frankenstein est non seulement caractéristique de la Science-fiction, par sa réaction pessimiste au progrès moderne, mais également de la littérature fantastique, car c’est la science qui fait surgir dans le réel l’impossible, l’atroce créature de Frankenstein. Ainsi, historiquement, ce livre signe un double acte de naissance des deux genres littéraires, qui resteront liés par cette genèse.
[[Fichier:Digesting Duck.jpg|vignette|280px|Le Canard de Vaucanson, intérieur supposé par un observateur américain, 1738]]
=== XXème siècle : ===
La technologie arrive au point où l’on peut prédire des créatures mécaniques non ludiques. Les réponses littéraires au concept de robot, qui suscite la crainte que les humains soient remplacés par leur propre création apparaissent.
 
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Le Robot évoque l’éducation des instincts animaux, par leur négation, leur conditionnement ou leur formatage. Il est aussi l’expression de principes économiques : l’industrialisation, les chaînes de montages, induisant une réflexion philosophique et politique sur la nature et l’identité humaines. L’humain est il autre chose qu’un travailleur ? Quel est son rôle dans la société et dans le devenir de la société ? De même, le Robot est un Éternel Retour, car il est une puissance créatrice créée elle-même par un créateur humain transcendé, lui-même créé par Dieu, le Créateur originel. Le robot symbolise une force créatrice qui se perpétue à travers les âges sous différentes formes, qui reviendrait éternellement afin de créer l’humain, puis la créature ou la création de l’humain, et enfin la fonction, l’utilité créatrice du Robot. Dès lors, la question de l’identité surgit : qui est le robot ? L’humain, le serviteur ? Dieu, le Créateur ? Le robot représente-t-il le principe d’action et de volonté du Créateur efficace, masculin, ou l'essence de la matière, de passivité de la Créature utilitaire, féminine ?
 
=== XXIème siècle : ===
* Définition du robot par le Petit Larousse 2003 :