Département:Météorologie

Département : Météorologie
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La météorologie a pour objet l'étude des phénomènes atmosphériques tels que les nuages, les précipitations ou le vent dans le but de comprendre comment ils se forment et évoluent en fonction des paramètres mesurés tels que les pression, la température et l'humidité. Le mot vient du grec antique où meteor désigne les particules en suspension dans l'atmosphère et logos veut dire discours ou connaissance.

C'est une discipline qui traite principalement de la mécanique des fluides et de la thermodynamique mais qui fait usage de différentes autres branches de la physique, de la chimie et des mathématiques. Purement descriptive à l'origine, la météorologie est devenue un lieu d'application de ces disciplines. Pour ce faire elle doit s'appuyer sur un réseau cohérent d'observations : le premier du genre -qui concerne un territoire multinational étendu- apparaît en 1854, sous la direction du français Le Verrier qui établit un réseau européen de données atmosphériques et fonctionne de manière opérationnelle dès 1856.

La météorologie moderne permet d’établir des prévisions de l'évolution du temps en s'appuyant sur des modèles mathématiques à court comme à long terme. La météorologie a des applications dans des domaines très divers comme les besoins militaires, la production d'énergie, les transports (aériens, maritimes et terrestres), l'agriculture, la médecine, la construction, la photographie aérienne ou le cinéma. Elle est également appliquée pour la prévision de la qualité de l'air.

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Nous sommes le 18 janvier 2050, j’ai 78 ans et je suis contente d’être de retour à Grenoble, où j’ai vécu dans les années 1990, et où est née une de mes filles.

À cause de mon âge, j’ai parfois du mal à entendre, et ma mémoire me joue des tours. C’est pour cela que j’ai écrit ce témoignage que je vais vous lire. Pour bien comprendre comment on en est arrivés à la situation d’aujourd’hui, il faut remonter aux années 2015-2025, parce que beaucoup de choses se sont jouées à ce moment-là.

En 2015, la France avait fait le choix risqué d’accueillir la COP21, la 21ème réunion annuelle de la convention cadre des nations unies sur le changement climatique. Et avait réussi à construire le premier accord universel visant à renforcer l’action internationale, coordonnée, pour maîtriser le changement climatique, cet accord de Paris sur le climat. L’objectif principal de cet accord était d’atteindre un pic et une diminution des rejets mondiaux de gaz à effet de serre, pour contenir le réchauffement largement en dessous de 2°C, voire autour de 1,5°C par rapport au climat préindustriel.

À l’époque, j’étais chercheuse en sciences du climat à Paris Saclay, membre du Haut conseil pour le climat, en France, et j’ai été co-présidente d’un des groupes de travail du GIEC, le groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, chargé d’évaluer l’état des connaissances scientifiques vis à vis du changement climatique, pour son 6ème cycle d’évaluation (de 2015 à 2023).

Ce mois-ci, le GIEC va rendre son rapport pour son 10ème cycle d’évaluation… au moment où nous avons déjà franchi, sur la dernière décennie, 2°C de réchauffement planétaire. Depuis mon époque, que puis-je dire… 30 ans d’émissions de gaz à effet de serre en plus, 30 ans de réchauffement supplémentaire, des impacts de plus en plus difficiles à gérer, qui creusent les inégalités, et des pertes irréversibles – il pleut maintenant en janvier à plus de 3000 mètres d’altitude, beaucoup de petits glaciers ont disparu, le fonctionnement des stations de ski qui restent actives n’est possible que par l’enneigement artificiel quand il est possible, les crises d’approvisionnement en eau, les pertes de rendements agricoles, les bouleversements des écosystèmes marins, aquatiques, terrestres, les dépérissements de forêts, avec encore ici les traces des récents incendies. Les étés sont devenus insupportables à Grenoble et à Lyon, avec leurs canicules interminables, et la prolifération des moustiques porteurs de nouvelles maladies.

En 2023, on faisait pourtant le début de l’expérience de ces effets, qui avait été anticipé depuis plusieurs décennies par la communauté scientifique, et je parlais parfois de « tragédie grecque ».

Il faut bien comprendre que les connaissances par rapport au fonctionnement du climat, aux risques liés au rejet croissant de gaz à effet de serre n’ont fait que s’affiner depuis la fin du 20ème siècle.

J’ai toujours du mal à comprendre pourquoi ces connaissances scientifiques et l’expérience d’impacts de plus en plus graves n’ont pas été pris au sérieux dès le début.

En France comme dans le reste du monde, des groupes industriels, parfois aussi des scientifiques d’autres disciplines, des partis politiques se sont fait marchands de doute, relayant des discours populistes justifiant l’inaction climatique, alimentant le déni et l’indifférence d’une large partie des décideurs et de l’ensemble de la population. Beaucoup de gens, même de bonne volonté, en France, pensaient que cela ne les concernait pas : après tout, la France qui avait construit au 20ème siècle des ouvrages pour la production d’hydroélectricité puis dans les années 1970 un parc de réacteurs nucléaires, le tout motivé par son indépendance énergétique, avait l’électricité quasiment la moins émettrice de gaz à effet de serre du monde, et puis grâce à l’isolation des logements, à des moteurs plus performants, et à une meilleure efficacité de certaines pratiques agricoles, les émissions de gaz à effet de serre de la France baissent régulièrement depuis les années 1990 – une baisse qui avait atteint près de 5% en 2023, donnant l’impression qu’un cap suffisant était tracé – mais cette baisse était davantage lié à l’inflation qu’aux actions structurantes pour construire une réelle transition écologique.

On ne prenait pas au sérieux les bénéfices d’une action résolue pour le climat, par exemple pour la santé publique (une meilleure qualité de l’air, une alimentation plus saine, davantage d’activité physique), alors que cela aurait pu motiver une action plus ambitieuse, en s’appuyant sur des transformations de société choisies collectivement.

Et puis, pendant longtemps, la France, avec ses façades océaniques, son climat globalement tempéré, ne semblait pas aux premières loges des impacts d’un climat qui se réchauffe. On pensait que cela concernait les générations futures, des régions lointaines plus vulnérables, les ours polaires....

On a donc continué de construire dans les zones inondables, sur les sols argileux, et au ras de la mer, on a continué à subventionner les pratiques agricoles qui reposaient sur une irrigation importante ou l’enneigement artificiel en moyenne montagne, ce qui a augmenté en fait notre exposition aux aléas climatiques et notre vulnérabilité. On a aussi continué un aménagement du territoire qui détruisait des milieux naturels, des sols agricoles, poussait les gens à s’éloigner des centres villes, les rendait dépendants de la voiture individuelle. On a aussi laissé faire un marketing agressif qui a poussé les particuliers qui le pouvaient à acheter des voitures de plus en plus grosses, de plus en plus lourdes. La crise des gilets jaunes avait paralysé toute décision en lien avec les transports routiers, responsables de près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre en France. Et tout était fait après la pandémie de COVID19 pour relancer le secteur aérien et le tourisme international – y compris les JO d’hiver en 2030.

On ne voulait pas toucher aux modes de vie, à une activité économique pilotée par la surconsommation.

Les importations de gaz et de pétroles nous rendaient pourtant très dépendant d’autres pays pas franchement attachés aux droits humains, ni au respect des frontières, ce qui donnait lieu à toutes sortes de compromissions avec les valeurs historiques de la République française. Le premier bilan mondial de l’Accord de Paris a eu lieu en 2023.

C’est à ce moment-là que la convention des Nations Unies sur le changement climatique a organisé dans les années 2020 une succession de conférences des parties, les fameuses COP, dans des pays gros producteurs d’énergies fossiles : la COP28 aux Emirats Arabes Unis, puis la COP29 en Azerbaïdjan, la COP30 au Brésil, et la COP31 en Australie, avec à chaque fois une participation croissante de lobbyistes des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre, énergies fossiles et agro-industrie en tête. Même si chaque COP donnait lieu à quelques avancées pour sauver les apparences, l’action pour le climat n’était pas à la hauteur des enjeux.

Par exemple, à la COP28, en 2023, le fond mis en place pour les pertes et dommages n’était financé qu’à hauteur de 700 millions de $ (autant que les salaires des footballeurs les mieux payés à monde à l’époque), alors que les besoins étaient estimés à horizon 2030 de l’ordre de 100 à 400 milliards – largement insuffisant pour aider les communautés les plus vulnérables à faire face. L’objectif mondial pour l’adaptation était bien identifié, mais insuffisamment financé. Et la trajectoire d’émissions de gaz à effet de serre issue des engagements de la COP28 ne permettait qu’une faible diminution des émissions de gaz à effet de serre de 2020 à 2030, de l’ordre de 10%. Cela n’a pourtant pas empêché le président de la COP28, lui-même PDG de la compagnie nationale de pétrole et de gaz, de déclarer avoir mis le monde dans la bonne direction, avec un plan d’action robuste pour garder l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C en ligne de mire, un plan piloté par la science.

Résultat des courses, les émissions mondiales de gaz à effet de serre ne commencent à diminuer sérieusement qu’aujourd’hui, en 2050, alors qu’on aurait déjà pu atteindre la neutralité carbone maintenant si on avait mis en œuvre les solutions disponibles dès les années 2020.

Du coup, le cumul des émissions mondiales de CO2 a continué à augmenter, et l’accumulation de chaleur dans le climat s’est poursuivie. Nous avons dépassé un niveau de réchauffement de 1,5°C au début des années 2030, et maintenant, en 2050, nous venons de dépasser 2°C de réchauffement planétaire, échouant ainsi à tenir les objectifs de l’accord de Paris, et la situation empire année après année. Bien sûr, les premiers évènements extrêmes liés à l’influence humaine sur le climat avaient marqué les esprits – et puis on s’y est habité. Ceux de ma génération se souviennent de la canicule de 2003 et son hécatombe, de la canicule de 2019, quand le brevet des collèges avait été reporté avec plus de 46°C près de Nîmes – et ce n’était que le début.

Ce qui était l’année la plus chaude du début des années 2020 en France (l’année 2022) est maintenant devenu la norme, 3°C de plus que le climat de 1900 en métropole.

Certains d’entre vous se souviennent-ils de cette période 2022-2023 ? Elle avait déjà été marquée par une succession de vagues de chaleur et ses milliers de victimes, des incendies hors de contrôle (en France, autour de la Méditerrannée, ou au Canada), des situations graves de sécheresse et d’inondations avec l’intensification du cycle de l’eau et de sa variabilité. Il n’y avait plus d’approvisionnement quotidien en eau potable à Mayotte. Les glaciers des Alpes avaient même perdu 10% de leur volume en deux ans. Avec l’évènement El Nino, le pic de température de 2023 flirtait déjà pour la première fois avec un niveau de 1,5°C de plus qu’en 1850-1900.

Et maintenant, en 2050, on se rend bien compte rétrospectivement que ces évènements des années 2020 n’étaient que le début de l’aggravation des conséquences du changement climatique. En région Rhône Alpes, vous avez dû faire face à une vague de chaleur de six semaines l’été dernier, avec des pics à plus de 50°C et des sécheresses d’une intensité inédite, et un débit du Rhône ridiculement faible. C’est aussi la conséquence de la perte du manteau neigeux et des glaciers, qui n’alimentent plus les cours d’eau à la fin de l’été. Malgré les efforts d’adaptation, les pertes de production agricole ont encore été très lourdes, avec cet effet sèche cheveux.

Je me souviens qu’à la fin de l’été 2022, j’avais été invitée à faire un séminaire de rentrée gouvernemental, quand le gouvernement français voulait mettre en scène sa stratégie de planification écologique, qui montrait bien les enjeux de transformations à mettre en œuvre. Pourtant, le président de la République s’était interrogé, quelques mois plus tard, en janvier 2023, en se demandant qui aurait pu prévoir la crise climatique.

Les assureurs ont été parmi les premiers à tirer la sonnette d’alarme, en montrant l’augmentation des coûts des catastrophes dites naturelles, avec des coûts qui ne faisaient qu’augmenter pour les sécheresses et les inondations. Bercy avait publié une étude sur l’assurabilité des risques climatiques, début 2024. On se rend compte aujourd’hui qu’on avait massivement sous-estimé ces risques climatiques, notamment ceux liés à la montée du niveau de la mer. Le rythme de montée du niveau de la mer continue à accélérer, et il y a maintenant une compréhension bien plus fine des implications de l’instabilité de l’écoulement de multiples secteurs de l’Antarctique, qui font revoir fortement à la hausse les projections de montée du niveau de la mer attendues dans les prochaines décennies.

Dans les années 2020, on avait déjà bien compris à l’époque qu’en France, 2 personnes sur 3 étaient exposées aux aléas climatiques sévères, que ce soit en montagne, en plaine, sur le littoral ou dans les outre-‐mer, et que plus de 3 milliards de personnes vivaient dans des contextes hautement vulnérables face aux risques climatiques.

Les freins à la transformation du système alimentaire mondial ont été particulièrement forts, alors qu’on comprenait bien dès les années 2020 les enjeux pour ce secteur, responsable d’environ 30% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Pourtant, dès les années 2020, l’ampleur des transformations nécessaires était bien identifiée, de même que les leviers d’action disponibles pour diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre. On avait aussi montré toutes les solutions déjà disponibles pour transformer les systèmes énergétiques, la gestion des terres, les villes, l’industrie, les grandes infrastructures, et quelles réorientations des financements étaient nécessaire, au service des solutions. On avait aussi montré que pour contenir le réchauffement à un niveau bas il ne fallait pas se contenter de jouer sur l’offre mais aussi sur la demande, en favorisant la sobriété en énergie, en matériaux non renouvelables, et avec une alimentation saine et respectueuse de l’environnement. Beaucoup de connaissances en sciences humaines et sociales étaient déjà disponibles pour imaginer comment construire des transformations de nos sociétés, pour que leur développement ne laisse personne derrière, soit résilient par rapport à un climat qui change, et aille vers la neutralité carbone, en protégeant les plus vulnérables, en protégeant les écosystèmes et la biodiversité.

C’est en ce sens que nous disions que chaque choix compte, pour inscrire l’action climat plus largement dans cette transformation de nos sociétés, et pour permettre de combiner innovation technologique, innovation sociale, et innovation frugale.

Dans le monde, les pays et entreprises producteurs d’énergies fossiles ont tout fait pour saper le besoin de transformations majeures, en plaidant pour des transitions qui soient graduelles, en mettant en avant la demande d’énergie à laquelle ils devaient répondre. Encore une fois, une machine de déni était à l’œuvre, mais plus insidieuse que le climatoscepticisme antérieur, notamment par une désinformation largement diffusée sur les réseaux sociaux pour semer le doute par rapport à tous les leviers d’action pour sortir des énergies fossiles. Comment en sommes-nous en sommes arrivés à un tel niveau de réchauffement et d’impacts en 2050 ?

Dans les années 2020, malgré les engagements pris par le passé, le soutien international à l'Accord de Paris a commencé à diminuer. Dans les années qui ont suivi, les émissions de CO2 ont été réduites aux niveaux local et national, mais les efforts ont été limités et pas toujours fructueux.

La perturbation du bilan d’énergie de la Terre s’est intensifiée. Les événements les plus extrêmes, pluies torrentielles, sécheresses intenses, vagues de chaleur, submersions ont commencé à se répéter dans des régions peu peuplées, lointaines, et n’ont pas renforcé le niveau de préoccupation ailleurs. Néanmoins, les vagues de chaleur sont devenues de plus en plus fréquentes dans les villes et l’enneigement a diminué dans les stations de montagne des Alpes, des Rocheuses et des Andes.

Vers 2030, malgré le fait que le réchauffement planétaire ait déjà atteint 1,5°C, aucun changement majeur n'est intervenu dans les politiques publiques. À partir d'une phase El Niño-La Niña intense dans les années 2030, plusieurs années catastrophiques se sont produites alors que la température à la surface de la Terre commençait à approcher les 2°C. De grandes vagues de chaleur sur tous les continents ont eu des conséquences mortelles dans les régions tropicales et les mégalopoles asiatiques, en particulier pour ceux mal équipés pour se protéger et protéger leurs communautés des effets des températures extrêmes. Des sécheresses intenses se sont succédé dans les régions bordant la mer Méditerranée, le centre de l'Amérique du Nord, la région amazonienne et le sud de l'Australie. A cause de l’augmentation des pluies torrentielles, de terribles inondations se sont produites dans les hautes latitudes et les régions tropicales, en particulier en Asie.

Des écosystèmes majeurs comme les récifs coralliens, les zones humides, les forêts ont été détruits au cours de cette période, ce qui a perturbé considérablement les moyens de subsistance locaux. Les systèmes de gestion des feux de forêt ont été débordés, et c’est maintenant quasiment la moitié de la surface du pourtour de la méditerranée qui est touchée. Une sécheresse sans précédent a eu d'importantes répercussions sur la forêt amazonienne, qui est également touchée par une déforestation croissante. Une grande partie de Miami a été détruite par un ouragan avec des pluies intenses et associées à de fortes ondes de tempête. Une sécheresse de deux ans a touché à la fois les grandes plaines des Etats-‐Unis, l’Europe de l'Est et la Russie, diminuent la production agricole mondiale, ce qui entraîne d'importantes augmentations des prix des denrées alimentaires et compromet la sécurité alimentaire. Aujourd’hui, en 2050, pendant les saisons sèches, le débit de nombreux cours d’eau a diminué à cause de la disparition de la neige et des petits glaciers de montagne. La fonte des glaciers a effacé la mémoire du climat dans les carottes de glace – ce qui était la matière première de mon activité de recherche pour connaître les climats passés.

En Arctique, la surface des sols gelés a reculé de près d’un tiers, provoquant des dégâts considérables sur la plupart des infrastructures et les écosystèmes, avec des incendies de toundra de plus en plus fréquents, et le dégel du permafrost rejette année après année toujours plus de CO2 et de méthane dans l’atmosphère. On observe de plus en plus de blooms d’algues toxiques sur les côtes. Les pêcheries tropicales ont beaucoup souffert également, à cause de l’acidification des océans, de la baisse de leur teneur en oxygène, et de vagues de chaleur marines toujours plus intenses. Les tensions géopolitiques autour de l’Arctique ne font que croître maintenant que la banquise disparaît régulièrement à la fin de l’été, pour la navigation et pour la pêche. La circulation de l’océan atlantique continue à ralentir, ce qui a terme sera très préoccupant pour la répartition des pluies dans les régions tropicales. Les évènements de très haut niveau marin, qui arrivaient une fois par siècle au 20ème siècle, se produisent tous les ans dans beaucoup de régions. Certaines grandes villes ont eu les moyens de se protéger ou de planifier leur déplacement, mais la situation est très tendue dans de grandes zones de deltas, pour les activités agricoles, et les dommages sont considérables pour les zones de basses terres des petites îles, dont les populations cherchent l’aide d’une communauté internationale de plus en plus divisée. Les niveaux de pauvreté augmentent à une très grande échelle, et le risque et l'incidence de la famine augmentent considérablement à mesure que les réserves alimentaires diminuent dans la plupart des pays ; la santé humaine en souffre. En plus des effets sanitaires des déplacements de vecteurs de maladies et de ces vagues de chaleur intenses qui sont à la limite des capacités physiologiques pour travailler dans de nombreuses régions, beaucoup d’adultes souffrent maintenant de nostalgie, ce sentiment de deuil lorsqu’on a perdu un environnement auquel on était attaché, les modes de vie et les traditions culturelles qui y étaient associés, de manière irréversible.

Il y a des niveaux élevés d'agitation publique et de déstabilisation politique en raison des pressions climatiques croissantes, ce qui fait que certains pays deviennent dysfonctionnels. Les principaux pays responsables des émissions de CO2 veulent maintenant déployer dans l’urgence des plans d’action pour tenter de faire baisser les émissions, et tentent d'installer des usines de captage et de stockage du carbone, dans certains cas sans essais préalables suffisants, ou en ajoutant à la destruction des milieux naturels.

Les investissements massifs dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables arrivent trop tard et ne sont pas coordonnés ; les prix de l'énergie montent en flèche en raison de la forte demande et du manque d'infrastructures. Dans certains cas, la demande ne peut être satisfaite, ce qui entraîne des retards supplémentaires. Certains pays proposent d'envisager une modification du rayonnement solaire basée sur l’injection de particules de soufre dans la haute atmosphère; cependant, les négociations internationales intensives sur le sujet prennent beaucoup de temps et ne sont pas concluantes en raison des préoccupations majeures concernant les impacts potentiels sur les précipitations de mousson et les risques en cas d'interruption. Les températures mondiales et régionales continuent d'augmenter fortement tandis que des solutions tardives pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre sont maintenant mises en œuvre, en ce milieu de siècle, alors que c’est maintenant qu’il aurait fallu atteindre la neutralité carbone.

Les perspectives pour les décennies à venir et la fin de ce siècle sont maintenant très préoccupantes. Plusieurs secteurs de l’Antarctique sont en train d’être déstabilisés, et cela impliquera une accélération encore plus forte du rythme de la montée du niveau des mers. On parle maintenant de plus d’un mètre 50 à la fin de ce siècle, et plusieurs mètres sur les siècles suivants. Il y a aujourd’hui, en 2050, un milliard de personnes qui vivent au ras de la mer. Le monde tel qu'il était en 2020 n'est plus reconnaissable, avec de grandes difficultés à maintenir l’espérance de vie, la productivité du travail en extérieure, et la qualité de vie s’est réduite dans de nombreuses régions en raison des vagues de chaleur trop fréquentes et d'autres extrêmes climatiques. La sécheresse et le stress sur les ressources en eau rendent l'agriculture économiquement non viable dans certaines régions et contribuent à l'augmentation de la pauvreté. Les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement durable sont en grande partie annulés et les taux de pauvreté augmentent, en particulier à cause de l’accroissement de conflits. Presque tous les écosystèmes subissent des impacts irréversibles, les taux d'extinction des espèces augmentent dans toutes les régions, les incendies de forêt s'intensifient et la biodiversité diminue fortement, entraînant des pertes considérables pour les services écosystémiques. Ces pertes aggravent la pauvreté et réduisent la qualité de vie. La vie de nombreux groupes autochtones et ruraux devient intenable sur leurs terres ancestrales. Les dommages économiques globaux sont considérables, en raison des effets combinés des changements climatiques, de l'instabilité politique et de la perte de services écosystémiques.

L'état de santé et le bien-être général de la population sont considérablement réduits maintenant, en 2050, par rapport aux conditions de 2020 et nous savons qu’ils continueront de se dégrader au cours des décennies suivantes. Je m’interroge, sur ce que j’aurais pu faire de plus, dans les années 2020 dans mon rôle de scientifique, ce que la communauté scientifique aurait pu faire pour être mieux entendue. Estce que nos rapports étaient vraiment trop techniques, trop difficiles à lire ? Est-ce que nous aurions dû arrêter de produire des connaissances pour ne faire que les partager, alors que cela n’était pas notre métier ? Vous savez, à l’époque, on nous disait que nous étions anxiogènes, alors que nos rapports montraient aussi bien les risques que les solutions, et tous les leviers permettant d’agir au service du bien-être de tous. Je me souviens à quel point j’étais reconnaissante à l’engagement des jeunes pour le climat, à l’époque.

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