Systèmes monétaires/Monnaie Locale & Complémentaire

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Monnaie Locale & Complémentaire
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Chapitre no 11
Leçon : Systèmes monétaires
Chap. préc. :Monnaie libre
Chap. suiv. :Création monétaire
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Systèmes monétaires/Monnaie Locale & Complémentaire
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Introduction

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En biologie, la (bio-) diversité permet à un milieu naturel d’être résistant à toute attaque virale ou parasitaire et de palier provisoirement à la disparition de telle ou telle espèce ou niveau trophique. La diversité est également source d’abondance et de richesse. En effet, chaque espèce présente des besoins spécifiques. Les inter-spécificités permettent grâce à la diversité, la coopération et les complémentarités. C’est cette organisation qui a été sélectionnée durant l’évolution.

Il en est de même pour l’économie, où cette diversité peut porter sur différents champs tels que les acteurs, les utilisateurs, les supports d’échanges, le système monétaire etc. (Veblen)[1]. Depuis le début du vingtième siècle, mais plus encore en période de crise comme dans les années 1990 et 2000, les Monnaies Locales Complémentaires (MLC) fleurissent en France et dans le monde. Entre les Systèmes d’Echanges Locaux (SEL), prémices des MLC actuelles sous forme de banque de temps et le « bitcoin » appelé aussi « l’anti-monnaie locale » le besoin d’un système monétaire alternatif, riche en valeur et en sens a permis aux MLC de se renforcer et s’affiner au fil des années. Chili, Canada, Japon, États-Unis, Allemagne, Suisse, Royaume Uni, Brésil (qui en compte près de 200)… On dénombre aujourd’hui plus de 10 000 monnaies locales complémentaires durables réparties sur les cinq continents.

Complémentaire à la monnaie nationale, comme son nom l’indique, la monnaie locale ne prétend pas remplacer l’euro ou le dollar. Elle ne vient que pallier un ou plusieurs manques dont les citoyens d’un territoire souffrent. Qu’il s’agisse de redynamiser les échanges, de se réapproprier l’outil monétaire, de le rendre plus éthique ou plus « vert », de soutenir les PME ou encore de recréer du lien social, ces objectifs ont en commun avec la monnaie complémentaire, de s’adresser à un territoire spécifique et de répondre à la volonté des habitants, des acteurs économiques locaux et des politiques de redevenir consomm’acteurs. Ces trois piliers, nécessaires au bon fonctionnement d’une monnaie locale, représentent eux aussi un écosystème complexe, où des associations et intervenants permettront d’articuler les différentes volontés afin d’arriver à un compromis final.

L’adoption de l’article 16 de la loi relative à l’économie sociale[2] et solidaire le 31 juillet 2014 marque un véritable tournant dans l’histoire des MLC en leur accordant une reconnaissance juridique. Elles sont définies comme des « dispositifs d'échange locaux de biens, de services et de savoirs, organisés autour d'une monnaie spécifique permettant à la fois d'évaluer et de régler des échanges ». Ce nouveau cadre facilite également l’association des collectivités locales au projet, décuplant l’impact potentiel. Les monnaies locales complémentaires seront-elles les monnaies de demain ?

Dans un premier temps, nous présenterons les monnaies locales en définissant leur valeur, objectifs et limites. L’évolution des monnaies au cours de l’histoire constituera notre deuxième partie. Enfin nous terminerons notre présentation par une étude de cas de la région Nord Pas de Calais qui regroupe plusieurs monnaies locales.

Présentation des monnaies locales

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Objectifs

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Les monnaies locales complémentaires sont des monnaies simples créées dans une zone géographique limitée. L’adjectif « complémentaire » souligne une articulation de ces monnaies au système monétaire en vigueur. Toutefois ces monnaies locales n’ont pas l’objectif, de remplacer l’euro, mais plutôt de pallier une partie de ses carences. D’après P. Derruder « il ne s'agit pas de faire en petit avec elles ce que les devises internationales font en grand »[3].En effet, La crise de 2008 a montré les limites d’un système libéral dérégulé et dominé par la spéculation. Des initiatives de création de monnaies parallèles à la monnaie nationale (avec un usage à échelle réduite, principalement locale) ont vu le jour : « Partant du constat que seuls 2% de la masse monétaire circule au sein de l’économie réelle, nombreux sont ceux qui se sont saisis des MLC pour proposer une réappropriation de la monnaie par les individus et un retour à une économie respectueuse de l’humain et de son environnement au sens large du terme. » (Jean-Philippe MAGNEN et Christophe FOUREL)[4],[5]. Les MLC ont pour vocation d’être pérennes, comme nous pouvons le voir avec l’exemple du WIR, qui est une monnaie locale créée en 1934, et toujours en circulation en Suisse. Elle permet aux PME de maintenir leurs emplois grâce à ses effets contrats-cycliques (Lietaer / Tréhet)[6].

Les 3 principaux objectifs des monnaies locales sont : localiser les transactions (en favorisant celles réalisées avec des entreprises locales), dynamiser les échanges, transformer les pratiques et les représentations de l’échange (Jean-Philippe MAGNEN et Christophe FOUREL)[4].

  • Relocaliser les transactions permet de renforcer le lien social et la cohésion communautaire. En effet, en utilisant une MLC les citoyens s’engagent à consommer des produits locaux (fixés dans la charte de création de la MLC en question) et ainsi à s’inscrire dans un effort solidaire en faveur des artisans et petits producteurs et non plus des multinationales qui importent leurs produits. Lors du change euro/monnaie locale, l’argent récolté ne retourne pas dans le système financier, il est gardé afin de financer des projets locaux ciblés tel que les transports doux, l’agriculture biologique et locale, l’identité régionale etc.
  • D’après Isabelle Laudier[7], les MLC poussent leurs utilisateurs à consommer dans une logique de circuits-courts et ainsi favorisent une économie de proximité qui redynamise les régions. On constate qu’une MLC est échangée 6 à 7 fois minimum avant de sortir du circuit monétaire et de rentrer à la banque alors que l’euro n’est échangé en moyenne que 2,4 fois d’après Philippe Charbois, responsable administratif du Crédit Coopératif de Toulouse.
Pour favoriser ces échanges certaines MLC sont définies sur un principe « fondant », c’est-à-dire que leur valeur est dégressive : la valeur faciale des coupons diminue périodiquement (par trimestre, semestre, etc…). Les MLC n’ont donc pas de cours et ne peuvent donc pas créer de spéculation. Quoi qu’il en soit, le détenteur doit parfaire la somme initiale en appliquant sur son coupon un timbre qu’il achète. Des frais de conservation sont ainsi imposés à la monnaie. Dans un système de fonte glissante, à chaque fois qu’un coupon change de main, cela renouvelle la période de validité du coupon (Jérôme Blanc et Marie Fare)[2].
  • Les MLC orientent la consommation vers des voies plus « responsables » (plus respectueuses d’un développement durable et éthique). Elles poussent les partenaires (acheteurs et commerçants) à créer des liens et à prendre conscience de la valeur de leurs échanges.

Limites

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Cependant, les MLC sont confrontées à quelques limites. Tout d’abord une limite légale pouvant restreindre leur développement. En France, une monnaie complémentaire ne peut être créée qu'à condition d'être indexée sur l'euro. Ainsi, un citoyen voulant s'en procurer devra au préalable fournir la somme équivalente en euro. Dans certains systèmes la MLC ne peut circuler qu'à l'intérieur d'un réseau bien défini auquel tous les utilisateurs doivent adhérer. Il n’est donc pas possible de qualifier ces monnaies de « libres ». Si ces mesures peuvent paraître comme un frein à leur développement, elles permettent cependant de faciliter l'instauration d'un climat de confiance avec les commerces locaux et les consommateurs.

D’autres limites peuvent également être mentionnées telles que les risques de blanchiment, ou encore les risques fiscaux (notamment concernant le paiement de la TVA). Cependant, ceux-ci restent bien supérieurs pour les monnaies « traditionnelles ».

L’évolution des monnaies locales

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Origine des monnaies locales

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Depuis la sédentarisation de l’homme il existe des monnaies locales. On peut citer l’exemple de l’ostracon égyptien qui était géré par les scribes. Au Moyen Âge on pouvait voir la prolifération de ce type de monnaie. On en trouve par exemple 17 rien que dans le Languedoc. Il s’agit ici de monnaies complémentaires de la monnaie royale. Les monnaies complémentaires ont donc accompagné les hommes depuis longtemps, attirés par leur aspect pratique et local.

Dans les années 1920-1930, on peut constater la prolifération de monnaies locales en Afrique basées sur un système de « troc ». Les paiements dans de nombreux secteurs ne se font pas par des billets ou des pièces mais par des estimations des valeurs d’objets : « La monnaie est un système d’évaluation qui peut exister sans identifiant matériel » (Pierre Edoumba)[8].

Les années 1980

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Dès les années 1980 les premières MLC contemporaines voient le jour : les monnaies locales de première génération. On retrouve les LETS, SEL et banques de temps. Ce sont des systèmes de crédit mutuel basés sur une unité de compte interne ou sur le temps : l’heure d’activité est l’unité de compte. Elle est créée dans l’échange sous la forme d’un crédit et engendre du pouvoir d’achat. Elles ne sont pas convertibles en monnaie nationale et les entreprises continuent à régler la TVA et autres taxes en monnaie nationale. Malheureusement, la majorité des cercles d’échanges compte moins de 100 membres. Cela crée une insuffisance de la diversité de l’offre. L’apport principal de ces monnaies est l’impact qu’elles ont sur le comportement individuel : promotion du partage (covoiturage, location…), promotion de l’égalité, la solidarité et la valorisation de toutes les activités.

Après les années 2000

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En 2005, grâce aux projets des villes dites « en transition » initiés par Rob Hopkins et l’université de Kinsale en Irlande, les monnaies locales se sont démocratisées et depuis ne cessent de se multiplier en Europe et dans le monde. Qu’il s’agisse des Ithaca, Palmas, Regio… Toutes ces nouvelles formes de monnaies locales sont convertibles en monnaie nationale et l’émission de celles-ci est permise par des réserves en monnaie nationale. On peut insérer la monnaie locale dans la consommation quotidienne et les cercles d’échanges ne sont plus restreints aux adhérents mais à un territoire entier.

Lorsque l’usage est limité aux PME locales, il y a création d’un surplus d’activité : création d’un effet multiplicateur qui permet de localiser et dynamiser les échanges sur le territoire. Il apparaît ensuite la monnaie fondante : la valeur de chaque billet diminue de façon programmée pour une période donnée le but étant d’affranchir la monnaie des taux d’intérêts et d’accélérer la vitesse de circulation.

La localisation des échanges avec les monnaies locales permet de diminuer l’empreinte écologique et valoriser les activités locales. Malgré tout, les projets deviennent de plus en plus complexes et leur coût augmente. On cherche à combiner plusieurs objectifs et types d’acteurs. Il est donc nécessaire de créer des projets avec l’aide des entreprises, collectivités locales voire d’organisations nationales ou internationales.

Vers des monnaies de cinquième génération : cela serait un type de monnaies locales qui s’inscrirait sur le progrès technique, des quotas de pollution et émissions de gaz à effet de serre. L’idée est d’affecter aux particuliers et entreprises des quotas sur une carte où l’unité de compte serait le carbone. Chaque paiement qui touche aux domaines de l’énergie, de l’électricité ou autre serait facturé en carbone. Cette monnaie ne pourrait émerger que du gouvernement et son fonctionnement serait national : il ne s’agit plus d’initiatives locales, et on ne cherche plus à relocaliser les échanges. Le but de cette monnaie est donc avant tout la préservation de l’environnement et la sensibilisation de la population à ce sujet.

Étude de cas : les monnaies locales en Nord-Pas-de-Calais

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Le SOL : monnaie à vocation économique, écologique et sociale

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Au début du XXIème siècle, les acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) ont imaginé un projet à dimension Européenne : le SOL, abréviation de solidaire. Partant du constat qu’en parallèle de l’inégalité Nord-Sud, il existe également des inégalités au sein des territoires nationaux et régionaux, le philosophe Patrick Viveret, magistrat à la Cour de comptes et auteur du rapport «Reconsidérer la richesse»[9] initie le projet en collaboration avec Jean Philippe Poulnot, du groupe Chèque Déjeuner. Le SOL a été expérimenté dans cinq régions françaises : Alsace, Bretagne, Ile-de-France, Nord Pas de Calais et Rhône Alpes. Il bénéficiait de l'appui des Conseils Régionaux de ces trois régions, de la MACIF, MAIF, Crédit Coopératif et Chèque Déjeuner, ainsi que du Fonds Social Européen (Programme Equal)[10]. En quelques années, le projet prend fin. À Lille, les quelques 500 utilisateurs et 60 commerçants ne suffisent pas à la durabilité de la monnaie. Le schéma des MLC a été une grande innovation sur le plan économique, mais le manque de techniques et de soutien juridique a été fatal au projet. Aujourd'hui on peut cependant affirmer que le projet SOL a été une grande réussite : premier essai à grande échelle, il a permis le lancement et la démocratisation des MLC au sein du grand public. Depuis plus de dix ans, toutes les failles ont été retravaillées afin de perfectionner et pérenniser le système. Le projet SOL est donc à l’origine de la plupart des monnaies locales européennes et leur réussite aujourd'hui y est directement liée. Le SOL lillois regroupait 60 commerçants, 450 solistes (utilisateurs) et fonctionnait avec un système de puce électronique pour les paiements. Il rejoint la moyenne de 414 utilisateurs pour 86 prestataires et une masse monétaire circulante de 26 139  d’après l’analyse comparative internationale regroupant 17 pays, au printemps 2014[11]. En juillet 2014 les MLC se démocratisent et prennent de la vigueur grâce à la légalisation de leur utilisation. Ce nouveau cadre juridique les rend beaucoup plus stables et pratiques puisque de nouvelles possibilités d’utilisation s’ouvrent à elles. Depuis, la volonté des citoyens Lillois et des collectivités locales de réamorcer une MLC propre à cinq territoires de la métropole à savoir Lille, Roubaix, Armentières, Villeneuve d'Ascq et Tourcoing relance le projet, en partenariat avec l’APES (Acteurs Pour une Economie Solidaire), organisme régional regroupant plus de 350 structures et associations œuvrant dans le domaine de l’ESS et la MEL (Métropole Européenne de Lille).

Le Bou’Sol

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En mai 2013, une monnaie locale, le « Bou ’Sol », a été créée sur le territoire du boulonnais, lancée par Frédéric CUVILLIER, président de la Communauté d’Agglomération du Boulonnais, et de l’APMC (Association pour la Promotion de la Monnaie Citoyenne du Boulonnais). M. CUVILLIER souligne dans le magazine du Bou ’sol publié en novembre 2014[12] que « Le Bou’ sol vise à dynamiser la production et la consommation du territoire. En renforçant les circuits courts, la monnaie locale peut améliorer la résilience du territoire, notamment en période de crise... Une monnaie locale n'est donc pas un gadget, mais avant tout un outil de coopération économique ».

Regroupement de 3 types d’acteurs dans le réseau « Bou’ Sol »

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  • La banque SOL (auprès de l’APMC, et des prestataires-relais), qui émet les Bou’ Sol et régule la circulation des billets.
  • Les consommateurs (appelés « solistes »), qui dépensent leurs Bou’ Sol chez des prestataires membres du réseau Bou’ Sol.
  • Les prestataires (commerçants, associations, …) qui font partie du réseau Bou’ Sol et s’engagent ainsi à respecter une charte.

D’après l’APMC[12] le réseau Bou’ Sol de prestataires s’agrandit chaque mois d’avantage. Il rassemble soixante-dix commerçants du Boulonnais, appartenant à 4 filières différentes : l’alimentation (tel le restaurant « La vie est Belle » situé à Wimereux, « Artisans du Monde », le « Kawa Coffee House », ou encore une fromagerie : « Philippe Olivier »,…), les transports (bus, location de vélos, auto-école solidaire), les services de proximité (fleuristes, services à domicile), ainsi que les loisirs (concerts, la librairie « L’horizon »,…).

D’après Bruno Hermand[13], le nombre de consommateurs réels au Bou’ Sol est exactement connu (250 consommateurs en 2016) puisqu’il faut adhérer au réseau via une cotisation annuelle pour utiliser couramment le Bou’ Sol. Néanmoins, l’AMPC estime qu’au moins 1 000 personnes ont déjà utilisé cette monnaie locale lors d’événements locaux. Ces utilisateurs ont en effet une « adhésion découverte ». Ils peuvent échanger leurs euros contre des Bou’ Sol à l’entrée d’un festival boulonnais, et ainsi les utiliser directement dans les différents stands de l’événement. Cette « adhésion découverte » permet ainsi de faire la promotion de cette monnaie locale, et donc d’attirer de nouveaux consommateurs.

Afin d’améliorer la diffusion du Bou’ Sol, un partenariat avec « La Poste » a été mis en place cette année. Les solistes peuvent désormais se tourner vers de nombreux acteurs pour l’obtention de cette monnaie, tels le Crédit Municipal, la maison de l’Etudiant, ou encore certains prestataires (ex : Biocoop, La Poste).

Les particularités de cette monnaie

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  • Conversion des euros en Bou’Sol
Chez les prestataires, 1  vaut 1 Bou’ Sol. Pour ce qui est du consommateur, 100  apportés à la banque SOL sont échangés contre 105 Bou’ Sols. Ce gain de 5% incite ainsi le consommateur à rejoindre le réseau Bou’ Sol. Selon la communauté d’agglomération du Boulonnais, le pouvoir d’achat des solistes s’élève à 6,6% si la monnaie est utilisée dans les 2 mois après son émission.
  • Une monnaie fondante
Au dos des billets figure une date, correspondant à la date d’émission du billet + 3 mois. En effet, le soliste a 3 mois pour utiliser son billet dès l’émission de ce dernier. Après la date d’expiration, le soliste ne peut plus payer avec ce billet expiré. Il doit ainsi passer par une banque SOL ou un point relais, qui réactivera alors son billet. La valeur du billet est ainsi toujours constante, mais juste inutilisable si la date est expirée. Cette monnaie fondante favorise ainsi la circulation de la monnaie, et non l’épargne des Bou’ Sol.

Conclusion

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Dans nos sociétés, la mesure de la richesse se calcule à partir d’activités économiques conduisant à des flux monétaires. Comme en témoigne le calcul du produit intérieur brut (PIB), cette méthode ne s’intéresse pas à la nature des biens produits et des activités réalisées, à ses impacts sociaux, écologiques et à la finalité de l’échange. Ainsi le PIB, indicateur suprême de la richesse d’un pays, comptabilise le nombre d’accidents, de destructions écologiques ou humaines, tant qu’un flux monétaires est engendré. En revanche, les plus-values environnementales, sociales et éthiques des activités de l’économie sociale et solidaire ne sont pas prises en compte[14]. Aujourd'hui, 98 % des flux monétaires ont lieu dans la sphère financière et non dans l'économie réelle et 85 % de la monnaie est créditée[15]. Ces constats posent de vraies questions quant au pouvoir de création monétaire et au contrôle démocratique de la monnaie.

L’économie se doit pourtant d’utiliser un ensemble de moyens et d’outils mis au service des populations dans une relation respectueuse des équilibres naturels. Pour cela, il nous apparaît que les différentes monnaies locales constituent réellement un outil permettant aussi bien la compensation des conséquences liées aux crises spéculatives financières, de plus en plus fréquentes, que le renforcement de l’exercice de la citoyenneté. En effet, l’utilisation de monnaies locales permet un renforcement majeur des liens sociaux à travers les échanges réalisés, tout en favorisant d’une manière significative la consommation locale par des circuits courts de proximité. Cette même consommation est ainsi le plus souvent gage de qualité.

Une monnaie à vocation locale permet au final, pour reprendre D. Clerc et J.B. de Foucauld[5], de limiter les opérations financières à haut risque et les bulles spéculatives dont l’explosion est dramatique par les effets collatéraux qu’elle provoque ainsi, et, parallèlement, de réduire les effets de «  coagulation » de la richesse dans certains pôles.

A l’image du Bou'sol, les monnaies locales permettent de fidéliser une clientèle et l’inciter à consommer local, ce qui peut être un avantage dans un centre-ville où la fermeture de nombreux commerces locaux devient de plus en plus menaçante. L’autonomie et la responsabilité entrepreneuriale sont alors favorisées, tout en refusant la spéculation ambiante.

Toutefois, comme le souligne avec lucidité Bernard Lietard, l’un des meilleurs spécialiste mondiaux de ce sujet : « Il serait naïf de considérer les monnaies locales complémentaires comme une potion magique susceptible de résoudre tous les problèmes présents et à venir. Néanmoins, repenser la monnaie est un élément indispensable à toute réflexion, si elle doit déboucher sur des solutions opérationnelles»[6]. En effet, ces MLC ne sont pas assez développées pour permettre à elles seules, aux petits commerces locaux de s’en sortir rien qu’en étant payés par ce moyen. Il faudrait alors coupler ces monnaies à d’autres aides ou initiatives.

Références

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  1. Dominique Dron, institut Veblen, « Pour une régulation écosystémique de la finance » octobre 2015. Disponible sur : Pour une régulation écosystemique (consulté le 03/05/16)
  2. 2,0 et 2,1 Jérôme Blanc, Marie Fare, « Les monnaies sociales en tant que dispositifs innovants : une évaluation », Innovations 2012/2 (n°38), p. 67-84. Disponible sur : cairn.info (consulté le 05/05/16)
  3. Philippe Derruer, Marie Fare, «Les monnaies locales complémentaires : pourquoi, comment ?», 2012 Editions Yves Michel (consulté le 20/04/16)
  4. 4,0 et 4,1 Jean-Philippe Magnen et Christophe Fourel « D’AUTRES MONNAIES POUR UNE NOUVELLE PROSPÉRITÉ» Mission d’étude sur les monnaies locales complémentaires et les systèmes d’échange locaux. Disponible sur : Rapport monnaies locales complémentaires (consulté le 02/05/16 )
  5. 5,0 et 5,1 Partie « Monnaies, citoyenneté » du rapport, p 9. « En quoi la réappropriation de la monnaie par les citoyens est-elle importante aujourd’hui ? » (D. Clerc et J.B. De Foucauld)
  6. 6,0 et 6,1 Bernard Lietard et Pascal Tréhet « Plateforme de monnaie régionales autofinancées» Mission d’étude sur les monnaies locales complémentaires et les systèmes d’échange locaux. Disponible sur : Rapport monnaies locales complémentaires (consulté le 02/05/16 )
  7. Isabelle Laudier « Quels apports de l’étude des circuits courts pour la compréhension des enjeux territoriaux des monnaies locales complémentaires» Mission d’étude sur les monnaies locales complémentaires et les systèmes d’échange locaux. Disponible sur : Rapport monnaies locales complémentaires (consulté le 03/05/16 )
  8. Pierre Edoumba « Aperçu sur les monnaies d'Afrique ». Disponible sur : persee.fr > (consulté le 07/05/16)
  9. Patrick Viveret, Rapport «Reconsidérer la richesse» La Tour d'Aigues, Éd. de l’Aube, 2002. Sous le parrainage du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement). (consulté le 09/05/16)
  10. Site du sol. Le programme EQUAL du Fond Social Européen a soutenu de 2000 à 2006 le développement en Europe de projets innovants de coopération transnationale visant à combattre les inégalités et discriminations sur le monde du travail. (consulté le 09/05/16)
  11. Joackim Lebrun de l’APES, entretien téléphonique réalisé 04/05/2016
  12. 12,0 et 12,1 Frédéric Cuvillier, « La lettre de l’économie sociale et solidaire en Boulonnais », novembre 2014. Disponible sur Bou'sol Mag N°2 (consulté le 02/05/16)
  13. Bruno Hermand entretien téléphonique avec un membre de l’association APMC réalisé le 11/05/16
  14. Rapport “Le projet sol : pour retrouver le sens des valeurs” de C. Whitaker, P.Delille [1] (consulté le 09/05/2016)
  15. Georges Lesieu (Président de la commission Économie Sociale à la Macif)
  • En juin-juillet 2016 = le tour de France des alternatives monétaires [ voir ]  
  • L'association de la « Monnaie normande citoyenne » a été créé en novembre 2017 pour mettre en place une monnaie d'envergure régionale (Région Normandie). Cette monnaie normande devrait favoriser le développement de la région par les circuits courts, le commerce de proximité et le développement durable.