Le langage (programme français de 2019)/Quelques références culturelles sur le langage
Cette page-bonus présente une liste d'éléments culturels sur le langage, qui n'appartiennent pas directement au programme mais qui peuvent être enrichissants pour la culture personnelle.
- Le tableau de Brueghel l'Ancien (1559), les proverbes flamands, illustre des proverbes par des personnages faisant différentes actions, c'est un jeu sur le sens littéral des expressions. Culturellement, certains proverbes sont communs à plusieurs langues (prendre le taureau par les cornes existe ainsi en espagnol), d'autres varient mais conserve le même sens, d'autres, enfin, sont uniques dans une langue.
- La question de la traduction est notamment étudiée par le linguiste, critique littéraire et romancier Umberto Eco. Un proverbe italien dit : "Traduttore, tradittore" (traducteur, traître) : de fait, traduire, c'est parfois trahir, et l'on ne peut rendre avec précision les concepts véhiculés par une langue. Cette question de la traduction impossible est notamment développée par le logicien américain Quine. Faisons l'expérience de pensée qu'un linguiste de terrain entende un indigène dire "gavagaï" en voyant passer un lapin. On peut penser que "gavagai" traduit "lapin", mais comment savoir si ce n'est pas plutôt un segment temporel de lapin, ou même le concept de lapin, le "caractère lapin" ? Cet exemple, célèbre, montre avec humour que le concept n'est pas toujours traduisible.
- Le linguiste suisse Ferdinand de Saussure évoque dans son Cours de Linguistique Générale (1916, posthume) la linguistique en tant que branche de la sémiologie (science du signe). Ainsi, le langage est-il un système de signes, une structure (en linguistique il existe le courant du structuralisme, repris en anthropologie par Lévi-Strauss). Chaque signe se compose d'un signifiant (ex: \ka.naʁ\) et d'un signifié (l'image mentale de l'animal "canard", le canard réel s'appellera "référent"). L'arbitraire du signe désigne l'absence de lien entre le signifié et le signifiant. Cette théorie, très célèbre, est affinée par le linguiste Benveniste.
- Les mythes fondateurs du langage (la tour de Babel, par exemple) partent souvent du principe que les premiers êtres humains parlaient tous la même langue, puis se dispersèrent (par un déluge, par exemple), physiquement ou symboliquement, et parlèrent des langues différentes.
- Avec le langage se pose la question de la valeur de vérité. Une proposition, en sémantique et en logique, pouvant être vraie ou fausse. Il existe cependant des "zones d'ombre" : Russell, logicien du vingtième siècle, donne la phrase "le Roi de France est chauve". Sachant que la France n'a pas de Roi, on pourrait dire que la phrase est fausse. En fait, c’est plus complexe : dire que la phrase est fausse revient à dire "le Roi de France n’est pas chauve", et donc présupposer qu'il y a un roi (qui n'est pas chauve). C'est le problème de la présupposition : une partie de l'énoncé que les locuteurs estiment acquise et vraie, souvent de manière implicite.
- A Paris, dans le sixième arrondissement, il existe un musée de la linguistique, Mundolingua.