Recherche:Journée d'étude — Nouvelles intermédiations dans les dispositifs de co-recherche

Cette journée s’inscrit dans un travail transdisciplinaire débuté depuis plusieurs années afin de mieux comprendre l’institutionnalisation de partenariats entre organisations du tiers secteur et établissements d’enseignement supérieur et de recherche dans des dispositifs de co-recherche. Elle a pour objectifs de répondre aux questions suivantes :

  • Nouvelles fonctions et nouveaux métiers : légitimité et reconnaissance
  • Quel rôle pour le tiers secteur de la recherche ?

L'enjeu est de discuter les cadres d'analyse de ces co-recherches et d'équiper les acteurs pour la fabrique de lien.


Date : Le 4 octobre 2022

Lieu : Amphithéâtre d'INRAE – 147 rue de l’Université, Paris

Organisation (αβ) : Marc Barbier (IFRIS), Elise Demeulenaere (Centre Alexandre-Koyré), Alexandre Hannud Abdo (LISIS), Evelyne Lhoste (LISIS), Allison Loconto (LISIS)

Synthèse de la journée : Synthèse de la journée

Contexte modifier

L’institutionnalisation des partenariats de co-recherche résulte d’une double dynamique initiée par des acteurs émergents (groupes concernés, mouvements du libre, open source,...) et de l’économie sociale et solidaire (éducation populaire, innovation sociale....), puis relayée par les établissements publics d’enseignement supérieur et de recherche autour de concepts normatifs tels que les « sciences en société », open science, recherches participatives..., sans oublier l’utilisation des savoirs de contributeurs bénévoles (bird watchers, collecteurs de tiques...). Cette institutionnalisation se traduit dans des politiques publiques.

Pour refléter cette double dynamique, nous nommons co-recherches, toutes ces activités qui impliquent des acteurs du tiers secteur[Notes 1] et des chercheurs académiques. Ces acteurs se mettent ensemble pour résoudre un problème mal ou non pris en charge par le marché ou les pouvoirs publics (Barré, 2020). Il s’agit alors de produire et utiliser des connaissances dans des situations incertaines et sujettes à controverses (Loconto, 2021). Ces connaissances sont variées mais elles ont toutes en commun de produire des changements : connaissances scientifiques, apprentissages organisationnels, innovations élargies dans leurs processus et leurs objectifs, normes et règles, politiques publiques, marchés, pratiques sociétales, et bien sûr l'encapacitation des acteurs (éducation populaire, université, éducation nationale).  

Cette journée a été précédée de plusieurs autres journées de travail. D'une part, une série de séminaires organisés par le groupe de travail « intermédiations en recherche » de l’Alliss entre 2016 et 2018 ont fait l'objet d'un numéro thématique des Cahiers de l’action (2020). Ils ont montré que ces intermédiations jouaient un rôle crucial dans les processus de co-recherche : mise en lien et animation d'un collectif autour d'un problème commun ; traduction, capitalisation et transfert des résultats ; entrepreneuriat institutionnel... Ces activités diverses sont portées par des personnes différentes travaillant en étroite collaboration. Ces personnes partagent des valeurs sur la façon dont se font les liens entre science et société et une éthique de ce que doivent être les rapports au sein du collectif (Barré, 2020). D'autre part, des journées d'étude organisées par l'IFRIS, le LISIS et le Centre Koyré, les 29 et 30 septembre 2020 se sont penchées sur les besoins et limites actuels de l’institutionnalisation des recherches participatives : déficit d’acculturation réciproque provoquant des incompréhensions, voire de la défiance, et impactant la qualité des données recueillies et l’efficacité de la résolution des problèmes traités ; besoin d’outiller les acteurs et de structurer le champ, de reconnaitre la légitimité du tiers secteur et d’inciter les chercheurs à s’impliquer. Ces besoins et limites s’inscrivent dans un contexte de stabilisation d’un champ d’action stratégique des recherches participatives qu’il convient d’interroger (Lhoste, 2022).

1 La notion de « Tiers Secteur de la Recherche », désigne le secteur non marchand (associations, syndicats, collectivités locales), le secteur marchand à but non lucratif (économie sociale et solidaire, groupements professionnels), les organisations à but lucratif de petite taille (auto-entrepreneurs, groupements agricoles ou artisanaux) (sources Akrich et col. 2017 et recommandation du conseil scientifique du CNRS pour une stratégie de recherches participatives. 15 octobre 2021).

Programme modifier

9:00 Accueil modifier

9:30 Ouverture modifier

Jean-Baptiste Merilhou-Goudard (INRAE - DISPSO)

9:45 Introduction : Participation – policies – foresight modifier

Matthias Weber (Center for Innovation Systems and Policy, Vienna, Austria)

10:30 Atelier 1 : L’institutionnalisation de démarches de co-recherche dans les Établissements publics scientifiques et techniques (EPST) modifier

Animation et organisation : Elise Demeulenaere (CNRS) et Marc Barbier (INRAE, IFRIS)

Fil rouge : nouveaux métiers, nouvelles fonctions et nouveaux statuts dans les dynamiques de co-recherche, dans les domaines de l'alimentation, de la biodiversité et de la recherche biomédicale

Co-construction des connaissances dans et pour les circuits alimentaires courts et de proximité / Les nouveaux métiers des sciences participatives dans le domaine de la biodiversité / La façon dont les publics concernés se sont invités dans la recherche biomédicale & handicap, dont des espaces se sont institutionnalisés au sein de l'INSERM ; et ce que l'institutionnalisation produit

Intervenants :

  • Yuna Chiffoleau (INRAE)
  • Romain Julliard (Muséum national d'Histoire naturelle, directeur du Programme Mosaic), Alexandra Villarroel (Coordinatrice Particip-Arc et Vigie Muséum)
  • Janine Barbot et Myriam Winance (INSERM, CERMES3)

12:00 Atelier 2 : L’affirmation du tiers secteur dans les co-recherches modifier

Animation et organisation : Evelyne Lhoste et Ale Abdo (LISIS)

Fil rouge : de l’auto-organisation à l’institutionnalisation du TSR : enjeux et limites

Intervenants :

  • Agro-alimentaire : Juliette Peres – Responsable développement - FAB'LIM, Le Labo des territoires alimentaires méditerranéens.
  • Socio-culturel : Jules Desgouttes – co-coordinateur de Artfactories/autresparts, centre de ressources et plateforme de recherche et d’action pour la transformation des rapports art/territoires/populations.

13:30 Déjeuner modifier

14:45 Atelier 3 : Les agents intermédiaires dans les transitions environnementales et sociales modifier

Animation:Hajar El Karmouni - Institut de Recherche en Gestion, Univ. Gustave Eiffel

Fil rouge : conseiller pour les transitions : freins et succès

Intervenants :

  • Isabelle Richard – Bureau de recherche en psychologie environnementale
  • Ewa Zlotek-Zlotkiewicz ­– KLASK « docteurs au service de l’innovation sociale »
  • Christophe Besson-Léaud – Alliance sens et économie, communauté des (co)producteurs d’une économie responsable et de territoires résilients

16:15 Grand témoin modifier

Rachid Cherfaoui - Institut Godin

17:00 Conclusions et clôture de la journée modifier

Allison Loconto (INRAE) - directrice adjointe du LISIS.

Pour en savoir plus modifier

Prendre au sérieux la société de la connaissance : livre blanc . Akrich M. et al. (2017)

Les dispositifs de co-recherche et intermédiations : Construire la recherche avec la société civile : les enjeux de la démarche d’intermédiation, Cahiers de l’action 2020/1 (N° 55)

Les recherches participatives et co-recherches : Trajectoire d’un champ d’action stratégique : les recherches participatives sont-elles solubles dans la science ? Lhoste (2022, Technologie et innovation, volume 7)

De la standardisation à l’intermédiation : une sociologie des interactions. Vade me cum: L’Intermédiation de la consommation et production durables (Vol. 2): Loconto (2021)

« Qu’est-ce qu’un lieu intermédiaire ? » Artfactories/autresparts, atelier de réflexion#20, Amiens, 2016, rapporté par Sebastien Gazeau https://autresparts.org/archives/8

Memento : une archive vivante des pratiques d’occupation temporaire d’espace. Mémo#01 - Mise en récit Thomas Arnera, 2020 https://autresparts.org/archives/932

Notes modifier

  1. La notion de « Tiers Secteur de la Recherche », désigne le secteur non marchand (associations, syndicats, collectivités locales), le secteur marchand à but non lucratif (économie sociale et solidaire, groupements professionnels), les organisations à but lucratif de petite taille (auto-entrepreneurs, groupements agricoles ou artisanaux) (sources Akrich et col. 2017 et recommandation du conseil scientifique du CNRS pour une stratégie de recherches participatives. 15 octobre 2021).