Vieux norrois/Grammaire/L'alphabet

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Le vieux norrois est attesté dans deux graphies : l'alphabet runique et l'alphabet latin dès l'an 1000 environ. Dans ce cours d'introduction, nous nous intéresserons cependant principalement à l'alphabet latin.

L'alphabet
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Chapitre no 2
Leçon : Grammaire du vieux norrois
Chap. préc. :Introduction
Chap. suiv. :Les noms et les pronoms
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L'alphabet runique (ou futhark) modifier

L’alphabet runique ou Futhark — terme formé à partir du nom des six premières lettres de cet alphabet — était l'alphabet utilisé par les anciens peuples de langues germaniques, tels que les Anglo-saxons (pour écrire le vieil anglais) ou les Scandinaves (pour écrire le vieux norrois).

Origines modifier

L'alphabet runique fut créé par les locuteurs de dialectes et de langues germaniques afin d'écrire leurs langues. Bien que quelques érudits prétendent que les runes seraient entièrement issues de l'alphabet grec ou latin, la plupart des experts considèrent qu’il est un mélange de diverses origines. Seebold, Krause, Jensen et Coulmas pensent que l'alphabet runique est un mélange d'alphabets — italique nordique/alpin avec une influence latine — qui aurait été l'alphabet des Heruli, une tribu germanique vivant dans les Alpes.

Les différents futharks modifier

L'alphabet original des runes nordiques; le futhark à 24 lettres ou vieux futhark, représentant les 24 constellations visibles par les anciens Scandinaves, dont les Vikings, est souvent appelé la « ligne rune » et était organisé en trois groupes de huit runes chacun,dénommés ættir (familles) : les ættir de Freyr (ou Frey), Hagal et Tyr respectivement, la première rune de chaque groupe donnant son nom au groupe.

Les noms proto-germaniques des runes de vieux futhark sont : Fehu, Uruz, Þurisaz, Ansuz, Raido, Kenaz, Gebo, Wunjo, Hagalaz, Naudiz, Isaz, Jera, Eihwaz, Perþo, Algiz, Sowilo, Tiwaz, Berkano, Ehwaz, Mannaz, Laguz, Ingwaz, Dagaz, et Othala.

Voici les 24 runes originelles :

  f   u   þ   a   r   k   g   w
  h   n   i   j   ï   p   z   s
  t   b   e   m   l   ŋ   d   o

La rune ayant valeur de u peut également avoir pour valeur phonétique v. Cette dernière valeur phonétique a été aussi attribuée à la 8e rune, dont la valeur phonétique la plus répandue reste cependant w. Ces divergences s'expliquent par la grande étendue géographique d’utilisation du système runique, qui englobait l’Islande, l’Angleterre, l’Écosse et plus particulièrement les actuelles Finlande, Suède, Norvège, Danemark, et Allemagne. Les prononciations fluctuaient alors avec la culture, différente d'une région à l'autre. Cette vaste répartition géographique des runes explique aussi les multiples noms que chacune d'elle porte selon la région dans laquelle on se trouve; pour exemple la première rune, f, s’appelle autant Fehu, que Feoh, Fé, ou Faihu.

Le th correspond à la prononciation anglaise sourde ([θ]). Le j est mouillé, comme dans « rouille » ([j]).

La raison de l’ordre particulier des runes, complètement différent de ceux des alphabets latin, étrusque ou grec, est aujourd’hui inconnue. On sait en revanche que cet ordre a été établi assez tôt et n’a subi depuis que des variations mineures et occasionnelles : les premières suites alphabétiques retrouvées (pierre de Kylver, début du Ve siècle) en font déjà état. Les diverses hypothèses soulevées pour expliquer cet ordre, généralement fondées sur des considérations religieuses et mystiques, sont loin de faire l’unanimité et ne reposent sur aucun fait concret.

L'alphabet latin (augmenté) modifier

Il peut être utile pour cette partie de savoir lire l’alphabet phonétique international.

Voyelles modifier

Il a été nécessaire d'augmenter la taille de l'alphabet latin normal pour transcrire le vieux norrois :

Voyelles fermées Valeur
i [i]
í [iː]
y [y]
ý [yː]
u [u]
ú [uː]
Voyelles ouvertes Valeur
e [ɛ]
é [eː]
ø [ø]
œ [œː]
o [ɔ]
ó [oː]
æ [ɛː]
a [a]
á [aː], [ɑː]
ǫ [ɒ]

Note : * ǫ, ę et ø (ligature par superposition de o et de e) datent du XIIe siècle.
* æ vient du vieil anglais.

Diphtongues modifier

Le vieux norrois connaissait trois diphtongues : æi, ǫu et æy. Ces diphtongues étaient transcrites par des digrammes dans les manuscrits[1].

Consonnes modifier

Ce sont les mêmes qu'en français sauf :

  • ð = le th anglais de l’article « the » ()
  • þ = le th de l'anglais « thin » ()
  • f = tantôt f (à l'initiale ou en contact avec un son sourd), tantôt v.
  • g = en principe comme dans « gare », mais parfois comme le y de « payer » (devant i et j).
  • h = toujours fortement aspiré ; il n’y a pas de h muet.
  • j = toujours comme le y initial français devant voyelle (« yaourt »).
  • s = toujours comme deux ss français (rósa : rossa) (en clair le s latin)[2].

Exemple : Úlfsgangr, Yngvarr

Références modifier

  1. Article wikipédia
  2. Pour les exemples ce forum.