Éducation physique française au XXe siècle/Entre les deux guerres
Dès 1919, menacée dans ses missions civiles - Demeny est mort et Hébert en refuse la direction - l'école de Joinville réaffirme son autorité en publiant un projet de règlement général d'E.P. complété en 1922 pour les élèves du secondaire. Celui-ci vise la résistance physique à travers l'usage éclectique d'une gymnastique construite puis naturelle et sportive qui composera les fondements de la méthode française. La leçon s'organise en deux temps : une première partie réservée aux exercices et une seconde aux applications pour les plus grands car ce n'est qu'après avoir obtenu un bel épanouissement organique par la pratique de l'E.P.... que l'adolescent pourra... se spécialiser avec succès dans les sports. L'école de Joinville - qui devient école supérieure d'E.P. en 1925 - s'ouvre au travail naturel et aux sports.
Le travail de publication se poursuit par le Règlement de la méthode française (1925-1930) plan général et progressif d'éducation physique de l'enfance au perfectionnement athlétique et militaire. Conformément à la doctrine de l’éclectisme qui commence à contester l'hégémonie du rationalisme pur et dur celui-ci reprend le meilleur des diverses méthodes. Les exercices localisés et les exercices d'application trouvent place dans la leçon alors que le sport et les jeux font l'objet de séances particulières. La leçon elle-même se déroule selon le plan suivant :
- mise en train, évolutions (exercices d'ordre) ;
- assouplissements bras, jambes, tronc, vertébro-thoraciques, mouvements de coordination asymétriques ;
- exercices d'application : marche, grimper, saut, lever-porter, course, lancer, attaque-défense. Le placement de la course aux deux tiers de la séance reprend à Hébert le concept d'intensité maximale.
- retour au calme.
Le corps médical qui dénonce l'insuffisance de la formation y pallie dès 1927 par la création d'instituts régionaux d'éducation physique (I.R.E.P.) annexés aux facultés de médecine. Le mouvement s'accélère et dès 1928, à l’instigation de Philippe Tissié, 11 I.R.E.P. préparent au C.A.E.G qui se mue en Certificat d’aptitude à l’éducation physique (C.A.E.P .) en 1931. Le Cours supérieur de Paris, déplacé au Lycée Henry IV puis au Lycée Michelet devient école normale d'éducation physique en 1933 pour assurer la formation des maîtres du secondaire alors que le degré supérieur est remplacé par un certificat d'aptitude au professorat d'E.P. (C.A.P.E.P.).
Alors que les méthodes actives militent pour une démarche volontariste de l'élève et un comportement coopératif du maître qui justifieraient le sport celui-ci, facteur d'excès et d'accident, est expurgé de ses aspects vraiment actifs et l'E.P. se trouve placée en marge du discours pédagogique novateur. Car la gymnastique à d’autres urgences et la priorité, après la guerre de 1914-18, est de préserver un capital humain dont le développement industriel a besoin : les I.O. du 20 juin 1923 restent donc hygiénistes. L'E.P. participe à l'élaboration de la santé à l'école primaire et en compensant la sédentarité des activités intellectuelles, à sa préservation dans l'enseignement secondaire. Sous le Front populaire, sport et E.P. restent deux domaines distincts et le brevet sportif populaire né en 1937 est bien un brevet d'hygiène préventive dont tout excès de performance est banni. Ce souci d'hygiène entraîne le 22/5/1937 la création d'une demi-journée de plein air pour tous les élèves de l'enseignement secondaire et les cinq heures hebdomadaires d'E.P. deviennent une réalité.