Éducation physique française au XXe siècle/Le Sport pour tous
Le comité international pour l'éducation physique et le sport, fondé à la suite des J.O. de Melbourne (1956) à l'instigation de René Maheu, secrétaire général de l'U.N.E.S.C.O. inscrit dans ses priorités la pratique physique du plus grand nombre ; le modèle allemand offre alors une base importante de réflexion, portée au tout premier plan par l'intervention de Willi Daume au congrès de Mexico en 1968 où l'Allemagne expose son système sportif. Le Conseil de l'Europe met alors cette question à son ordre du jour ; les ministres des sports des pays membres se réunissent et une charte européenne du sport pour tous paraît en 1975. Celle-ci fournit un nouveau souffle au Comité pour le développement du sport (C.D.D.S.) de ce Conseil.
En France, l'initiative est relayée par les instances confédérales. La fusion en 1972 du comité national des sports (C.N.S.) et du comité olympique français (C.O.F.) au sein du C.N.O.S.F. avec Robert Pringarbe comme premier secrétaire général, assure un élan supplémentaire. Les travaux débouchent sur la création d'une commission sport pour tous qui siège de 1974 à 1978 au sein du C.N.O.S.F. Le départ de Robert Pringarbe en 1977 entraîne un fort ralentissement de l'activité mais le Sport pour tous réapparaît en 1985 parmi les objectifs prioritaires du C.N.O.S.F.
On peut s'étonner que, pendant cette période où le monde sportif manifeste un réel souci d'une éducation physique de la nation déconnectée des sports de compétition, l'éducation physique scolaire se soit si largement tournée vers les sports institutionnels pris dans la réalité de leur fonctionnement social contemporain. Comment et pourquoi entre 1970 et 1980 la profession de l'E.P.S. a-t-elle implanté à l'école le fonctionnement institutionnel compétitif des activités sportives alors qu'au sein même du monde sportif et des pouvoirs publics se dégageait un fort mouvement vers d'autres pratiques pour les adultes ? Alors qu'elles appelaient à autre chose, pourquoi a-t-on fait une interprétation aussi sportivisante des I.O. de 1967 et de leur Programmation d'accompagnement alors que l'Europe et le sport français aspiraient à autre chose hors de l'école même ?