Amphitryon/Acte II scène 1, commentaire no 1

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Acte II scène 1, commentaire no 1
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Chapitre no 2
Leçon : Amphitryon
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Introduction

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Molière, de son vrai nom Jean-Baptiste Poquelin (15 janvier 1622 - † 17 février 1673) est un dramaturge et comédien français, contemporain de Louis XIV.

Il passe à la postérité pour être l'un des dramaturges de comédie français les plus connus de son temps. Son œuvre, traduite dans la plupart des langues majeures à travers le monde, inclut L'École des Femmes (1662 - 1663), Le Misanthrope (1666), Le Tartuffe (1669 à la deuxième parution) ou encore le mondialement connu L'Avare (1668).

Ses œuvres ainsi que sa personnalité ont fait l'objet de source d'inspiration pour divers artistes qui s'ensuivront. Il occupe aujourd'hui une place centrale dans le monde de la littérature francophone, prenant place parmi les auteurs les plus étudiés à l'école et par les académiciens. Il prête son nom à la périphrase "langue de Molière" pour désigner la langue française, au même titre que la "langue de Goethe" pour l'allemand ou la "langue de Dante" pour l'italien. Il a écrit la comédie Amphitryon en 1668 pendant le premier mouvement de l’époque : le classicisme. Cette pièce en trois actes, adaptée d'une pièce du même nom par Plaute qui était inspirée par le mythe grec, est publié après l'interdiction du Tartuffe il y a quatre ans et évoque le thème de l'illusion au théâtre ainsi que la relation entre les deux classes sociales : les valets et leurs maitres, un parallèle de la société de l'Ancien Régime. Dans cette première scène du deuxième acte, le valet Sosie tente de conainvre son maître Amphitryon de la situation exceptionnelle dans un dialogue particulièrement tendu.

Question possibles

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  • Où réside l’intérêt de ce dialogue entre maître et valet ?

Une relation traditionnelle

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Des types comiques bien identifiées

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Tout d'abord, ils sont des types comiques bien identifiées. Amphitryon joue le rôle d'un maître autoritaire, grâce à son usage des phrases expressives et courtes qui amplifient sa pensée et son comportement dans une réplique brève. Par exemple, « Quels contes ! » ce qui constitue le fait que Sosie raconte des histoires fausses et du point d'exclamation. « Ce galimatias maudit ? » est un autre exemple, elle est une phrase interrogative courte qui doute de la validité de l’histoire de Sosie de manière péjorative. Une autre source d'autorité est l'abondance des phrases impératives dans le texte comme « mais dis » et « explique-toi ». En effet, ce premier est un ordre donné par Amphitryon qui caractérise sa position de pouvoir dans ce dialogue. L'injonction du subjonctif est aussi un exemple qui énonce un ordre comme « Te confondre le Ciel de me parler ainsi ! » qui remporte l'idée qu'Amphitryon souhaite du malheur à Sosie par intervention divine et donc la légitimité de son autorité. Tous ces éléments sont amplifiés par le vocabulaire péjoratif présent dans le texte qui rappelle l'infériorité de Sosie face à Amphitryon comme : « galimatias maudit », « méchante plaisanterie », « souffrir », « repaisse », « confonde » et « maraud ».

En revanche, Sosie joue le rôle d'un valet poltron et souffre-douleur qui est caractérisé par le champ lexical du bastonnade comme le vers « mon dos sent encore une douleur très forte » ainsi que le verbe « a battu » conjointement au terme « bâton » qui forme un polyptote, renforçant l'idée qu'il est faible et vulnérable face à son maître. De plus, le pronom personnel « moi » du vers « Je ne l'ai pas cru, moi […] » construit un polysémie du personnage de Sosie et et son double, démontrant qu'il est impuissant dans la situation présente.

Il existe aussi un rapport de force à priori sans surprise entre Amphitryon et Sosie. En effet, l'usage des négations comme « non » éloigne ces deux personnages en les caractérisant avec des attitudes et des opinions différentes. La même idée est démontrée par la présence d'antithèses dans le texte.

En outre, Amphitryon tente de faire chanter Sosie pour qu'il reçoit une conclusion irréfutable. La phrase « Te confonde le ciel de me parler ainsi ! » est exclamative pour mettre en valeur son émotion et le verbe « confondre » est conjugué au subjonctif pour souligner une envie du personnage de voir son souhait réalisé. L'exclamation renforce son exaspération et c'est plus une menace que du chantage, une façon d'exercer une violence verbale sur le valet.

La domination du valet

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Dans le dialogue, le valet domine la parole en utilisant la répartie avec des reprises lexicales comme « Le moyen d'en rien croire, à moins qu'être insensé ? » avec « Je ne l’ai pas cru, moi, sans une peine extrême. ». Sosie riposte la réplique d'Amphitryon en employant le même vocabulaire que lui comme « croire » avec « cru » pour créer une réponse directe et effective à son maître et démontrer que Sosie est capable de se défendre dans une dispute animée. Le même effet est transmis par les vers « Mais enfin n’es-tu pas entré dans la maison ? » avec « Bon, entré ! Hé ! de quelle sorte ? » en reprenant le participe passé « entré » pour mettre en valeur et réfuter la nature du terme.

De plus, l'abondance des répliques brèves de Sosie soulignent le fait qu'il est maître de lui et déterminé, comme « Vraiment ! », « Moi. » et « Non. ».

Les références au réel justifient aussi les arguments de Sosie car ils mettent en lumière la réalité de la situation. Ils peuvent être constitués par l'usage du présent d'énonciation pour présenter les faits qui se déroulent au moment où Sosie les exprime, comme par exemple « mon dos sent encore une douleur », « ce ne sont point des badinages », « le moi qui vous parle » et « vous dis-je ». Les présentatifs évoquent aussi cet effet, par exemple : « c’est » et « il y a ».

Finalement, l'insolence du valet valide sa domination sur la dialogue, créant un dynamique inversé entre le maître et son valet qui est un caractéristique crucial d'une comédie classique de ce thème. L'usage du langage familier comme « Bon, entré ! Hé ! » démontre le manque de respect de Sosie en diminuant la qualité de sa parole qui est normalement désigné à quelqu'un inférieur à lui. La question rhétorique dans le vers « Faut-il répéter vingt fois de même sorte ? » conjointement à l’hyperbole « vingt fois » renforce la domination de Sosie en impliquant qu'Amphitryon ne comprends pas la complexité de la situation et donc présente un signe de faiblesse face à son valet.

Transition

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Bien que la relation entre le maître et le valet soit traditionnelle et typique des comédies classiques, c’est la situation exceptionnelle et extraordinaire qui bouscule et évolue cette relation.

Une situation exceptionnelle

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Des faits incroyables : le dédoublement

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En premier temps, la variation sur la construction du terme « moi » décrit une compréhension confuse de la situation exceptionnelle du dédoublement. Sosie emploie le pronom personnel à la première personne comme « je » et « moi » pour désigner lui-même mais il l'utilise aussi le nom commun à la troisième personne comme « ce moi », « ces deux moi » et « le moi du logis » pour désigner son double, décrivant une série d'événement déroutants à Amphitryon. L'usage de dénombrement pour désigner, ce qui est sensé être, une seule identité crée une illusion de la réalité devant Amphitryon.

Le décalage d'apparence et de vérité univoque est évident dans la dialogue entre Amphitryon et Sosie. Par exemple, les outils d'opposition comme « non » et « mais » dénote la division de ce que les personnages perçoivent comme la vérité. De plus, le polyptote de « croire » désapprouve l'idée de penser sans preuve, impliquant les limites de la connaissances des deux personnages.

La confusion du discours de Sosie

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En deuxième temps, la confusion du discours de Sosie génère une ambiguïté qui entoure le dialogue. Effectivement, on observe ceci dans l'usage de plusieurs temps de conjugaison lorsque Sosie constate « Et j'étais venu, je vous jure / Avant que je fusse arrivé ». Le plus-que-parfait de l'indicatif, par « étais venu », le présent de l'indicatif, par « jure » et le plus-que-parfait du subjonctif, par « que je fusse arrivé » sont tous présents dans le texte, ce qui complique le cadre temporel du discours de Sosie, en utilisant trois temps différents et deux modes grammaticales différents dans la même phrase.

De plus, l'admiration de Sosie pour le double contredit sa réputation. Par exemple, Sosie utilise le conjonction « comme » pour établir une proximité entre le double. Il établit même une supériorité sur son maitre en décrivant son double, dénotée par l'expression « [le double] a le bras fort, le cœur fort », en effet la présence du double permet Sosie de se glorifier indirectement. En outre, il évite de trop se glorifier en créant un récit qui dit que cette double est une version améliorée de lui-même par le comparatif de supériorité « ce moi plus robuste que moi ».

Le surnaturel prend le pouvoir

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En troisième temps et enfin, on remarque que la scène est sous le signe de la déraison et de la folie. En effet, il y a un champ lexical du surnaturel indique la situation devient extraordinaire, par exemple, « troubler », « contes », « songe », « galimatias », « aliéner », « mystère », « extravagant » et « insensé » qui implique l’absence de sens ou de raison.

Dans ce cas, Amphitryon est dans le déni et admet son impuissance par la demande des « moyens » de croire mais en même temps il détourne le sujet en utilisant des expressions comme « mais enfin », « je m'exhorte » et « As-tu vu ma femme ? ». On observe effectivement le vacillement de l’identité humaine. Premièrement, la hiérarchie sociale est redéfinie où Sosie s'est présenté comme son propre maître par l'intermédiaire de son double dans l'avant dernier vers « Ce moi qui s'est montré mon maître ». De plus, on voit la confiscation de l'identité de Sosie par l'usage du pronom personnel « lui » et l'expression « Ce moi qui le seul moi veut être ».

Conclusion

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En conclusion, le dialogue s'intéresse à démontrer le bouleversement de la relation traditionnelle entre Amphitryon et Sosie sous la situation exceptionnelle ainsi que comment leurs réactions à l'incident évoluent leurs caractères.