En grammaire, une conjonction est un élément qui sert à joindre deux mots ou groupes de mots.
- Les conjonctions de coordination marquent l'union (et), l'alternative (ou), l'opposition (mais, pourtant), etc.
- Les conjonctions de subordination établissent une dépendance entre les éléments grammaticaux qu'elles unissent (comme, quand, etc).
Les mêmes rôles existent en (br), avec cependant de nombreuses différences par rapport au (fr) ; beaucoup d'adverbes (br)s jouent un rôle de conjonction.
Coordination
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En étudiant soigneusement le tableau ci-dessus, on remarque qu'il manque deux éléments de la célèbre phrase mnémotechnique « mais, ou, et, donc, or, ni, car »[1].
- La conjonction hogen (mais) et les adverbes koulskoude (cependant, néanmoins, toutefois), padal (cependant, pourtant) jouent le rôle du (fr) or en (br) : laouen eo Nolwenn hogen Anna n'eo ket (Nolwenn est joyeuse or/mais Anna ne l'est pas) • laouen eo Nolwenn koulskoude Anna n'eo ket (Nolwenn est joyeuse or/cependant Anna ne l'est pas) • laouen eo Nolwenn padal Anna n'eo ket (Nolwenn est joyeuse or/pourtant Anna ne l'est pas).
- • Notez les nuances de sens ; hogen, koulskoude et padal sont interchangeables en traduction de or, mais ne le sont pas dans la sphère (br)nante.
- La conjonction (fr)e donc a pour équivalents (br)s les adverbes eta (donc) et neuze (alors) : laouen eo Nolwenn, Anna zo ivez eta (Nolwenn est joyeuse, donc Anna l'est aussi) • laouen eo Nolwenn, neuze eo laouen Anna ivez (Nolwenn est joyeuse, donc Anna est joyeuse aussi).
- • Notez que ivez vient ici après le verbe, tandis que neuze le précède ; eta est toujours en fin de phrase, on ne peut pas dire
eta Anna zo ivez.
Subordination
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Subordination par « que » en (br)
modifier- En (br), la subordination directe d'une proposition complémentaire à la principale se fait généralement via une particule verbale : ret eo e lennfec'h (il faut que vous lisiez) • evel-se e teskot (c'est ainsi que vous apprendrez) • lavarout a reer n' eo ket gwir (on dit que ce n'est pas vrai) • hogen me a oar ez eo gwir (mais moi je sais que c'est vrai).
- Le mot « que » est polyvalent en (fr) ; il peut marquer le but, la cause, la concession, la condition, la conformité, la conséquence, l'exception, la manière, l'opposition, la restriction, le temps.
- À cette polyvalence répond en (br) l'usage de divers mots et constructions, que nous présentons ici. Cette liste est cependant loin d'être exhaustive.
- ♦ But
• Ces cours visent à ce que vous appreniez le breton → Pal ar c'hentelioù-mañ eo e teskfec'h brezhoneg
• Ces cours ont été créés afin que vous appreniez le breton → Krouet eo bet ar c'hentelioù-mañ a-benn ma teskfec'h brezhoneg
• Ils sont conçus de [telle] manière que vous appreniez progressivement → Savet int en doare ma teskfec'h a-bazennadoù
• Ces exemples sont simples de peur que vous vous découragiez → Eeun eo ar skouerioù-mañ rak aon na kollfec'h kalon
• Ils sont classés pour que vous ne vous perdiez pas → Rummet int evit ma ne vefec'h ket kollet
- ♦ Cause
• À ce que je vois, ça a commencé → War a welan, krog eo
• C'est normal, attendu que que je suis en retard → Reizh eo, o vezañ ma 'z on diwezhat
• D'autant plus en retard que j'ai cassé ma montre → Seul ziwezhatoc'h ma 'm eus torret ma eurier
• Dès lors que j'ignore l'heure, j'arrive en retard → Adal ma n'ouzon ket an eur ez erruan diwezhat
• Du fait que je suis en retard, j'ai loupé le début → Dre ma 'z on diwezhat em eus c'hwitet war an deroù
• Parce que le concert a commencé → Abalamour ma 'z eo krog ar sonadeg
• Vu que les musiciens étaient à l'heure → Dre an abeg ma oa ar sonerien d'an eur
- ♦ Concession
• Bien que le climat change, il y a les giboulées de mars → Goude ma kemm an hin, bez' emañ skouladoù miz Meurzh
• Encore que le temps se réchauffe → Daoust ma tomma an amzer
• Où que l'on soit sur la Terre → Pelec'h bennak e vefed war an Douar
• Quelque sceptique que tu sois → Forzh pegen amgredik e vefes
• Quelques sceptiques que soient certains → Pegen amgredik bennak e vefe lod
• Quoique les preuves ne manquent pas → Evit bezañ ma n'eus diouer a brouennoù ebet
• Quoi que nous fassions, faisons-le vite → Gant ma raimp, greomp buan
• Si ce n'est que les années passent → Nemet e ya ar bloavezhioù hebiou
• Tout savants que nous soyons → Petra bennak ma 'z omp gouiziek
- ♦ Condition
• Anna y sera à condition que Nolwenn y soit aussi → Anna a vo eno a-bouez ma vo Nolwenn ivez
• Anna n'y sera pas à moins que Nolwenn y soit → Anna ne vo ket eno nemet ha Nolwenn a vo ivez
• Anna y sera du moment que Nolwenn y sera → Anna a vo eno adal ma vo Nolwenn
• Pour peu que Nolwenn veuille y être, Anna y sera aussi → Gant ma venno Nolwenn bout eno, Anna a vo ivez
• Anna y sera pourvu que Nolwenn y soit → Anna a vo eno betek ma vo Nolwenn eno
• Nolwenn décidera selon que Anna y soit ou pas → Nolwenn a zivizo diouzh ma vo Anna pe get
- ♦ Conséquence
• Il fait froid à [un] tel point que la mer gèle → Yen eo an amzer ken a skorn ar mor
• Vous travaillez de [telle] manière que vous apprenez → Labourat a rit en [hevelep] doare ma teskit
• Je fais en sorte que vous appreniez → Ober a ran diouzh ma teskfec'h
• Il fait froid, si bien que les oiseaux se sont tus → Yen eo an amzer kement ma 'z eo tavet an evned
• Vous travaillez tellement que vous ne sortez plus → Kement e labourit ken ned it mui er-maez
- ♦ Exception
• Tout était calculé, sauf que la voiture tomberait en panne → Pep tra a oa rakjedet, nemet e vije sac'het ar c'harr
- ♦ Manière
• Vous progressez à mesure que vous étudiez → War varrekaat ez it a-feur ma studiit
• Je connais Anna ainsi que Nolwenn → Anaout a ran Anna koulz ha Nolwenn
• Vous progressez au fur et à mesure que le temps avance → War varrekaat ez it bep ma teu an amzer
• Je connais Anna aussi bien que Nolwenn (la connaît) → Anaout a ran Anna ker mat ha ma ra Nolwenn
• On m'a plagié sans que je le sache → Goubreizhet on bet hep ma ouifen
- ♦ Opposition
• Comment se connecter alors que je ne connais pas le mot de passe ? → Penaos kevreañ goude ma n'anavan ket ar ger-tremen ?
- ♦ Rapport
• Il y en a autant que je le pensais → Bez' ez eus kement ha ma soñje din
• Il y en a moins que je le pensais → Bez' ez eus nebeutoc'h eget ma soñje din
• Il y en a plus que je le pensais → Bez' ez eus muioc'h eget ma soñje din
• Il n'en reste plus que dix → Ne chom nemet dek anezho
• Il y en a tellement que je ne peux pas les compter → Kement zo anezho ma ne c'hallan ket o c'hontañ
- ♦ Restriction
• Me voici à l'heure, à part que ça se passait hier → Setu-me d'an eur, nemet e c'hoarveze dec'h[4]
- ♦ Temps
• Les smartphones sonnent alors même que le spectacle a commencé → Seniñ a ra ar poellgomzerioù ha pa emañ boulc'het an abadenn
• Anna arriva après que Nolwenn fut prévenue → Anna a erruas war-lerc'h ma voe kelaouet Nolwenn
• Anna arriva aussitôt que Nolwenn l'eut appelée → Anna a erruas diouzhtu ma voe galvet gant Nolwenn
• Anna arriva avant que Nolwenn l'eut appelée → Anna a erruas a-raok ma voe galvet gant Nolwenn
• Nolwenn est joyeuse chaque fois que son amie arrive → Laouen e vez Nolwenn bewech ma 'z erru he mignonez
• Nolwenn est joyeuse depuis que son amie est arrivée → Laouen eo Nolwenn abaoe ma 'z eo erru he mignonez
• Nolwenn est joyeuse dès que son amie arrive → Laouen e vez Nolwenn kerkent ha ma 'z erru he mignonez
• Il n'y a pas loin d'ici que Nolwenn soit avec Anna sur la scène → N'eus ket pell ac'hann da Nolwenn bout gant Anna war al leurenn
• Anna est joyeuse du moment que Nolwenn l'est aussi → Laouen eo Anna adal ma 'z eo Nolwenn ivez
• Nolwenn accorde sa harpe en attendant que les spectateurs arrive → Kentoniñ he zelenn a ra Nolwenn da c'hortoz ma errufe an arvesterien
• Elle joue seule jusqu'à ce que son amie arrive → He-unan e son betek ma errufe he mignonez
• Nolwenn joue de la harpe pendant que son amie chante → Seniñ a an delenn a ra Nolwenn e-pad ma kan he mignonez
• Les smartphones sonnent tandis que Nolwenn joue de la harpe → Seniñ a ra ar poellgomzerioù endra ma son Nolwenn an delenn
• Nolwenn joue de la harpe tant que son amie chante → Seniñ an delenn a ra Nolwenn keit ha ma kan he mignonez
Remarques
modifier- Les conjonctions hogen, met, rak ne sont jamais suivies d'un verbe conjugué.
- Inversement, peogwir est toujours suivi d'un verbe conjugué ; en fait, peogwir = pa eo gwir (puisqu'il est vrai) et est donc suivi de la particule verbale e(z).
- Jamais de particule verbale après ma, mar et pa.
- Les conjonctions ma et pa s'élident en m' et p' devant les pronom personnels e, he, hon, ho et o : p'e welan (quand je le vois) • p'he gwelan (quand je la vois) • p'hor gwelan (quand je nous vois) • p'ho kwelan (quand je vous vois) • p'o gwelan (quand je les vois) ; à la première et la deuxième personne du singulier, c'est le pronom qui s'élide : pa 'm gwelan (quand je me vois) • pa 'z kwelan (quand je te vois).
- L'élision de la conjonction se produit également devant la particule verbale : el lec'h ma 'm eus kousket (là où j'ai dormi) • p'hon eus klevet (quand nous avons entendu).
- Quand une locution conjonctive se compose d'une préposition et de ma, comme evit ma (pour que), on peut remplacer la conjonction ma (que) par la préposition da (à) à condition de la conjuguer et de la faire suivre par le verbe à l'infinitif : evit ma teskfec'h (pour que vous appreniez) → evit deoc'h deskiñ.
- Cette construction est très usité en opposition via la locution conjonctive evit da, où evit est conjuguée : eviti da vezañ deuet (bien qu'elle soit venue).
- À la conjonction (fr)e « que » employée isolément correspond généralement la conjonction ma ou la particule verbale e(z), selon le sens de la phrase ; cette distinction n'est cependant pas absolue.
- La conjonction ma vient surtout après des verbes exprimant un état de choses souhaité : gourc'hemenn a ran ma vin selaouet (j'ordonne que l'on m'écoute).
- La particule verbale e(z) vient surtout après des verbes exprimant un état de choses existant : gwelout a ran ez on bet klevet (je vois que l'on m'a écouté(e)).
- La conjonction de coordination ha est l'équivalent de la conjonction de subordination « si » dans les interrogations indirectes : Nolwenn demanda si Anna viendrait → Goulenn a reas Nolwenn ha dont a raje Anna • Je ne sais pas si cela lui plaira → Ne ouzon ket ha plijout a raio dezhi.
- Dans ces constructions, ha est suivie d'un infinitif ; elle devient hag-eñ si elle est suivie d'un verbe conjugué : Goulenn a reas Nolwenn hag-eñ e teuje Anna • Ne ouzon ket hag-eñ e plijo dezhi.
Notes
modifier- ↑ Oubliez cette suite, car « Mais où est donc Ornicar ? » peut induire deux fautes d'orthographe répandues : *où au lieu de "ou" et *est au lieu de "et".
- ↑ Troglodyte : l'oiseau Troglodytes troglodytes ; équivaut au (fr) « Nolwenn est gaie comme un pinson (Fringilla coelebs) ».
- ↑ Notez la forme d'habitude.
- ↑ « Quel relou ! » → Pebezh loñseg !
Exercices
modifierFaites ces exercices : Conjonctions. |