Breton/Grammaire/Prononciation/Voyelles

Début de la boite de navigation du chapitre

Quand on prononce une voyelle, les cordes vocales vibrent toujours ; le rétrécissement au passage de l'air n'étant pas suffisant pour produire un bruit – une consonne – le son distinctif de la voyelle résulte de la seule résonance de la cavité buccale.

Voyelles
Icône de la faculté
Chapitre no 2
Leçon : Prononciation bretonne
Chap. préc. :Phonétique
Chap. suiv. :Consonnes
fin de la boite de navigation du chapitre
En raison de limitations techniques, la typographie souhaitable du titre, « Prononciation : Voyelles
Breton/Grammaire/Prononciation/Voyelles
 », n'a pu être restituée correctement ci-dessus.
LES VOYELLES
antérieures centrales postérieures
fermées
i • y
ɨ • ʉ
ɯ • u
ɪ • ʏ
ɪ̈ • ʊ̈
ɯ̽ • ʊ
e • ø
ɘ • ɵ
ɤ • o
ɛ • œ
ɜ • ɞ
ʌ • ɔ
a • ɶ
ɑ • ɒ
pré-fermées
mi-fermées
moyennes
mi-ouvertes
pré-ouvertes
ouvertes

Voyelles brèves

modifier
  1. Toute voyelle non accentuée est brève.
  2. Une voyelle accentuée est brève si elle est suivie d'une autre voyelle ou d'un groupe de consonnes.
  3. Si une voyelle accentuée est brève devant les consonnes l, m, n, r, cette brièveté est marquée dans l'orthographe par le doublement de la consonne.
  4. Une voyelle accentuée est généralement brève devant les sons /ɲ/ (gn), /ʎ/ (lh), /ʃ/ (ch), /w/ (w) et /j/ (i + voyelle, y).
  5. Une voyelle accentuée tend à être brève devant toute consonne sourde (f, ch, c'h, h, k, p, s, t).
   Exemples : voyelles brèves
  • Les voyelles brèves sont en gras
  1. (a-drek) [a'dre:k] (derrière) • (bepred) [be'pre:t] (toujours) • (diribin) [di'ri:bin] (pente descendante) • (koleniñ) [ko'lẽ:nĩ] (mettre bas) • (skuilhadenn) [sky'ljɑ:dɛn] (épandage)
  2. (aotrou) ['otru] (seigneur) • (kreskiñ) ['kreskĩ] (grandir) • (pistig) ['pistik] (élancer) • (losker) ['loskɛr] (pyromane) • (pluskenn) ['plyskɛn] (épluchure)
  3. (pellenn) ['pɛl:ɛn] (pelote) • (mammenn) ['mãm:ɛn] (source) • (kannañ) ['kãn:ã] (blanchir) • (berrbad) ['bɛrbat] (éphémère)
  4. (pignat) ['pinjat] (grimper) • (kailhar) ['kaljar] (fange) • (sachañ) ['saʃã] (attirer) • (diwall) ['diwal:] (protection) • (kreien) ['krɛjɛn] (gratin)
  5. (ufern) ['yfɛrn] (cheville) • (ucher) ['yʃe:r] (huissier) • (plac'h) ['plax] (fille) • (ahont) ['ahõnt] (là-bas) • (bukañ) ['bykã] (viser) • (repu) ['repy] (refuge) • (bosenn) ['bosɛn] (peste) • (rotel) ['rotɛl] (compost)
  • Les voyelles brèves i, u et ou sont les mêmes qu'en français : kirri ['kiri] (voitures) comme "Syrie", kurun ['ky:ryn] (tonnerre) comme "suture", poulloù ['pul:u] (mares) comme "roucouler".

Voyelles longues

modifier
  1. Hors les cas évoqués précédemment, les voyelles accentuées sont longues : tad ['ta:t] (père)telenn ['te:lɛn] (harpe)ti ['ti:] (maison)toenn ['to:ɛn] (toit)tudenn ['ty:dɛn] (personnage).
  2. Les voyelles longues bretonnes sont plus fermées que les voyelles brèves correspondantes (la langue est plus rapprochée du palais) et elles tendent à se fermer au fur et à mesure qu'elles se prolongent.
  3. Les voyelles longues sont plus fortement accentuées à l'attaque qu'à la fin.

  Prononcer une voyelle brève au lieu d'une longue peut conduire à des quiproquos embarrassants, tels ceux-ci (authentiques) :

  • kan [kã:n] kann [kãn:]

(Annonce dans un fest-noz)
« Alan Stivell a gaso ar c'hann » Alan Stivell a gaso ar c'han
« Alan Stivell mènera la bagarre » Alan Stivell mènera le chant

  • keloù ['kɛ:lu] kelloù ['kɛl:u]

(D'une femme à un homme)
« Ker pell zo ne'm eus ket bet eus ho kelloù » Ker pell zo ne'm eus ket bet eus ho keloù
« Il y a si longtemps que je n'ai eu de vos testicules » Il y a si longtemps que je n'ai eu de vos nouvelles

Voyelles nasalisées

modifier

En français, seules quatre voyelles peuvent être nasalisées : ta [ta] tant [tã], plaire [plɛʀ] plein [plɛ̃], beurre [bœʀ] brun [bʀœ̃], botté [bɔte] bonté [bɔ̃te].
En breton, toutes les voyelles peuvent être nasalisées.

   Exemples : voyelles nasalisées
  • aval [a:val] (pomme) → kval ['kã:val] (chameau)
    • Le "ñ" veut parfois dire que la voyelle peut être nasalisé ou non : kanañ (chanter, à l'infinitif) est prononcé ['kã:nã] ou bien ['kã:nã]. Ceci vaut pour la voyelle "a" ou "i".
  • evel [e'vɛl] (comme) vor ['ẽ:vor] (mémoire)
  • fazi ['fa:zi] (erreur) → faezh ['fɛ:zĩ] (abattre)
    • La nasalisation de "i" semble se faire en général dans le Breton Vannetais.
  • soja ['so:ʒa] (soja) → sjal ['sõ:ʒal] (penser)
  • pusun ['pysyn] (poison) → ps [pỹs] (puits)
  • bleunienn ['blø:njɛn] (fleur) → bleuñv ['blø̃:w] (floraison)

Voyelles doubles

modifier

On appelle « voyelles doubles » deux voyelles qui à l'écrit symbolisent un son, par exemple en français : ai /ɛ/ (haie), eu /ø/ (heureux) et /œ/ (heurter), oi /wa/ (poire).
Les voyelles doubles bretonnnes sont eu et ou.

   Exemples : voyelles doubles
  • EU /ø/ ((fr) deux)
azeuldi [a'zø:ldi] (temple)beure ['bø:re] (matin)cheuc'h ['ʃøx] (chic)deur ['dø:r] (tracas)eurvezh ['ø:rvɛs] (durée d'une heure)
  • EU /œ/ ((fr) neuf)
feurm ['fœrm] (loyer)meurdezus [mœr'de:zys] (majestueux)peurbadus [pœr'bɑːdys] (éternel)teurvezout [tœr'vezut] (daigner)
  • EU /œ̃/ ((fr) brun)
deun ['dœ̃ːn] (fond)geun ['gœ̃ːn] (marais)leun ['lœ̃ːn] (plein)
  • OU /u/ ((fr) doux)
bouc'hal ['buhal] (hache)chouchenn ['ʃuʃɛn] (hydromel)dour ['du:r] (eau)gouriz ['gu:ris] (ceinture)koumoul ['kumul] (nuages)