Breton/Grammaire/Prononciation/Consonnes

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On appelle « consonnes » les sons produits par un rétrécissement ou un arrêt du passage de l'air, expiratoire dans le cas du français et du breton. Les consonnes ne forment une syllabe que par émission d'une voyelle.

Consonnes
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Chapitre no 3
Leçon : Prononciation bretonne
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Chap. suiv. :Orthographe
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Consonnes sonores, sourdes

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  • Le rétrécissement de l'air produit les consonnes dites « sonores », que l'on écrit : g, d, b, gn, n, ng, m, l, lh, r, j, z, v, w, y.
   Exemples : consonnes sonores
  • g /g/ — gar [gɑːr] jambe(fr) gare
  • d /d/ — dall [dal:] aveugle(fr) dalle
  • b /b/ — bag ['bɑːk] bateau(fr) bague
  • gn /ɲ/ — pignat [ˈpiɲat] ronger(fr) pignon
  • n /n/ — nann [nãn] non(fr) non
  • ng /ŋ/ — anken [ˈãŋkɛn] chagrin(fr) ping-pong
  • m /m/ — mare [ˈmɑ:re] période(fr) marée
  • l /l/ — lili [ˈli:li] des lis(fr) lilas
  • lh /ʎ/ — dilhad [ˈdiʎat] des vêtements • espagnol llano, italien gli
  • r /r/ ou /ʁ/[1]roue [ˈrue] roi(fr) roué
  • j /ʒ/ — jol [ˈʒɔ:l] sève(fr) joli
  • z /z/ — zoken [zoˈke:n] même(fr) zodiaque
  • v /v/ — vad [ˈvɑːt] du bien(fr) vide
  • w /w/[2] — gwadek [ˈgwɑːdɛk] saignant(fr) guano
  • u /ɥ/[2] — kuit ['kɥit] exempté(fr) lui
  • y /j/[2]yar [ˈjɑːr] poule(fr) yak
  • L'arrêt du passage de l'air produit les consonnes dites « sourdes », que l'on écrit : k, t, p, h, ch, c'h, s, f.
   Exemples : consonnes sourdes
  • k /k/ — kas [ˈkɑːs] envoyer(fr) casse
  • t /t/ — tach [ˈtaʃ] clou(fr) tache
  • p /p/ — par [ˈpɑːr] mâle(fr) par
  • h /h/ — had [ˈhat] semence(fr) haricot
  • c'h /x/ — marc'h [ˈmarx] cheval • allemand bach , espagnol jota, russe хлеб
  • ch /ʃ/ — chom [ˈʃom] rester(fr) chaume
  • s /s/ — sede [ˈsede] voici(fr) céder
  • f /f/ — fur [fyr] sage(fr) furie

Articulation

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Selon la manière dont elles sont articulées, les consonnes se classent selon le tableau ci-dessous.

sonores sourdes
fricatives z /z/ v /v/ j /ʒ/ h /h/ c'h /x/ ch /ʃ/ s /s/ f /f/
latérales l /l/ lh /ʎ/
nasales gn /ɲ/ ng /ŋ/ n /n/ m /m/
occlusives g /g/ d /d/ b /b/ k /k/ t /t/ p /p/
roulées r /r/
semi-voyelles w /w/ w /ɥ/ y /j/
Fricatives

Les fricatives sont des consonnes émises par rétrécissement du passage de l'air en un endroit donné, ce qui produit une sorte de frottement.

  • La consonne h /h/ résulte du frottement de l'air entre les cordes vocales. Elle est davantage marquée que le /h/ « aspiré » du français ; on l'entend dans l'anglais "hot", "house".
  • Le c'h /x/ breton n'a aucun équivalent en français ; il s'articule entre l'arrière du palais et l'arrière de la langue.
  • Il se prononce /x/ en tant que consonne initiale ou finale d'un mot : dans c'hoari ['xwa:ri] (jeu), marc'h ['marx] (cheval) et yac'h ['ja:x] (sain) il sonne comme le CH allemand, le J espagnol ou le Х russe.
  • Hors cas de mutations par adoucissement, il tend vers /h/ à l'intérieur de mots : marc'hallac'h [mar'halax] (place du marché)oc'hen ['ohɛn] (des bœufs).
  • Les fricatives f /f/ et v /v/ s'articulent en breton entre les deux lèvres, alors qu'en français elles le sont entre les dents supérieures et la lèvre inférieure. Entre deux voyelles, /f/ se prononce presque /v/ et /v/ est presque muet : ufern ['y:vɛrn] chevilleavel ['a:vɛl] (vent).
Latérales

Les latérales se prononcent en fermant presque le passage de l'air avec la langue, de sorte qu'il ne s'échappe que par un des côtés, rarement par les deux. Quand on prononce /l/, le bout de la langue ferme le passage et l'air passe par les côtés.

  • En breton, la langue se creuse beaucoup plus qu'en français, ce qui se perçoit surtout en finale, après une voyelle brève accentuée : koll ['kɔl:] (perdre), à comparer avec l'anglais mill [mɪl:], moulin.
  • Après une consonne sourde, le /l/ breton s'assourdit comme le /l/ français en finale et devant une consonne sourde : riskl ['riskl] (danger), à comparer avec le français cycle [sikl].
  • lh /ʎ/ n'a plus d'équivalent en français classique : il est devenu /j/ comme dans ail [aj] ; mais on l'entend dans million ([miljõ]) prononcé [miʎõ] avec les accents dérivés de l'occitan, dans le Midi. On entend souvent des Bretons – même non bretonnants – qui, pour dire soudain, emploient le bretonnisme "au milieu tout"[3] prononcé [o'miʎø'tu].
Nasales

Les nasales sont produites en abaissant le voile du palais pour diriger une partie de l'air vers les fosses nasales. On les articule entre l'arrière du palais et l'arrière de la langue, comme /k/ et /g/.

  • Les consonnes nasalisées n et gn existent en français ; ng /ŋ/ n'existe pas en français classique, mais on l'entend dans les accents méridionaux (du paing) et dans les anglicismes (jogging).
Occlusives

Les occlusives sont obtenues en fermant le passage de l'air en un point donné puis en l'ouvrant brusquement.

  • Devant une voyelle accentuée, les sourdes k, t et p sont souvent plus fortes qu'en français : kador ['ka:dor] (chaise)tachenn ['taʃɛn:] (terrain)begel ['be:gɛl] (nombril)
  • L'occlusive g /g/ est toujours dure, elle ne se prononce jamais comme la fricative j /ʒ/ : genoù se prononce ['ge:nu], jamais comme le français genou [ʒənu].
Roulées

La roulée /r/ est prononcée en approchant la pointe de la langue des gencives en arrière des dents supérieures ; l'air en passant produit une série de vibrations, de roulements. En breton comme en français, /r/ tend à disparaître et à laisser la place à la consonne grasseyée /ʀ/ (le /r/ parisien), rendu par la vibration de la luette contre l'arrière de la langue.

  • Après une consonne sourde, /r/ s'assourdit dans les mêmes conditions que /l/ : le /r/ final de restr ['rɛstʀ] (fichier informatique) se prononce comme celui du français équestre [ekɛstʀ]
Semi-voyelles

Les semi-voyelles sont en quelque sorte des fricatives, mais elles sont articulées comme des voyelles à travers un rétrécissement plus fort.

  • Elles ont leurs équivalents en français : gwad ['gwa:d] (sang) comme goitre [gwatr]mui [mɥi] (plus) comme nuit [nɥi]reier ['re:jɛr] (rochers) comme théière [tejɛʀ]
  1. Roulé ou grasseyé
  2. 2,0 2,1 et 2,2 Semi-consonne.
  3. Breton : a-greiz-holl, soudain.