Campagnes françaises au Moyen Âge/Techniques agraires

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Techniques agraires
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Chapitre no 3
Leçon : Campagnes françaises au Moyen Âge
Chap. préc. :Les produits de l'agriculture et de l'élevage
Chap. suiv. :La vie des paysans
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Rotation des cultures modifier

La rotation (assolement) des cultures est utilisée pour pallier les insuffisances de l'amendement[1]. Elle consiste à faire se succéder sur une même parcelle différentes cultures selon les années, afin de ne pas épuiser la fertilité du sol. Exemple :

année 1 : céréale d'hiver : bon blé ou hivernois en première sole
année 2 : céréale de printemps : blés de printemps (gros blés ou trémois), qui sont des céréales secondaires, ou des légumineuses comme les lentilles, pois, fèves en deuxième sole
année 3 : jachère

À la fin du cycle, on retourne en année 1 et ainsi de suite.

La rotation biennale se pratique sur deux ans ; la rotation triennale sur trois. Il existait des rotations sur 4 ans ou plus (rotation dite celtique : 12 ans de prés et 4 ans de culture..) Il a souvent été avancé que la France du Nord pratiquait la rotation triennale alors que le Sud était le domaine du biennal ; parallèlement, on a souvent dit la supériorité technologique du nord sur le sud. Il a pourtant été démontré que les Alpes du Sud comportaient des parcelles cultivées selon un cycle de trois ans[2]. La rotation biennale implique des récoltes limitées : le paysan ne fait qu'une récolte sur deux ans. La rotation triennale n'est un progrès que si elle est pratiquée sur un terroir agrandi (champs ouverts dits "''openfield''"). Elle permet une récolte de blé et une récolte d'avoine (par exemple) sur trois ans. Les céréales de printemps offrent un rendement moindre que celles d'hiver, en partie parce qu’elles sont plus fragiles : par conséquent, le système triennal n'offre qu'une récolte et demie en moyenne sur trois ans[3]. L'avoine engraisse surtout le bétail : la rotation triennale augmente donc la productivité de l'élevage et la quantité de fumure. Les semailles du printemps interviennent à un moment de l'année où les paysans n'ont pratiquement rien à faire dans les champs. Le climat méditerranéen et la pauvreté pédologique entravaient l'épanouissement de la rotation triennale (printemps relativement secs défavorables à l'avoine, au millet et aux légumineuses). Dans le bocage, l’assolement triennal, dont le rendement est très faible (4 à 6 grains pour un dans le cas du blé, et une grande partie est prélevée par la semence), est une impasse technologique qui donne la priorité aux cultures de subsistance et à la vaine pâture : Le grain va au propriétaire, la tige à la communauté (droit d'éteule), c’est pourquoi la faucille est réservée à la moisson et la faux à la fenaison.

Le réel progrès est la culture de plantes légumineuses sur les terres en jachère à partir du XIIIe siècle : la Flandre disposait déjà de nombreuses cultures dérobées[4]. Elles fixent l'azote et évitent l'appauvrissement du sol. De plus, elles nourrissent les animaux.

Dans tous les cycles intervient une année de jachère au cours de laquelle la parcelle n’est pas cultivée afin que sa fertilité se reconstitue naturellement. En réalité, la jachère n'était pas une terre laissée à l'abandon : après les récoltes estivales, elle était parcourue par le bétail qui la nettoyait des derniers épis et chaumes. Au cours de la vaine pâture, les animaux déposaient leurs déjections qui enrichissaient le sol. Plus tard dans l'année, la jachère subissait un labourage intensif afin de nettoyer et d'aérer la parcelle. On ajoutait de la marne et des fumures. Enfin, le hersage préparait la terre pour le cycle suivant.

La rotation des cultures était pratiquée dans tout l'Occident médiéval selon des modalités très diverses[5].

  1. Samuel Leturcq, La vie rurale ..., page 38.
  2. Samuel Leturcq, La vie rurale ..., page 42.
  3. Samuel Leturcq, La vie rurale ..., page 44.
  4. Samuel Leturcq, La vie rurale ..., page 46.
  5. Samuel Leturcq, La vie rurale ..., page 39.

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