Choix des investissements/Anti-sélection

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L'ANTI-SELECTION

Anti-sélection
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Chapitre no 3
Leçon : Choix des investissements
Chap. préc. :Taux de rendement interne
Chap. suiv. :Information symétrique
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Choix des investissements/Anti-sélection
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Nous pouvons classer les contributions à la théorie financière en deux groupes. Les premières contributions s’appuient sur une hypothèse de perfection des marchés. Elles ont pour but de déterminer un prix (plutôt plancher) à partir duquel un produit financier peut être émis ou échangé. Les contributions du second groupe n’ont pas le même objectif. Elles visent à comprendre le décalage entre l’accord parfait et l’accord réellement observé entre des co-contractants. Par construction, les contributions du second groupe ont davantage d’implications stratégiques. Notons que parmi les contributions les plus récentes, certaines font le lien entre ces deux groupes. Nous étudions dans cette séance un cas d’anti-sélection, c’est-à-dire un des effets d’une asymétrie d’information entre des co-contractants.


Caractérisation de l’anti-sélection

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L’asymétrie d’information est une dimension importante des imperfections entre Co-contractants.

Les asymétries survenant après la signature du contrat, dites post-contractuelles, engendrent de l’aléa moral lorsque le contrôle du mandataire est faible (e.g. rationnement de crédit). Les asymétries précontractuelles, où l’on ne peut déterminer la qualité du cocontractant provoquent une sélection biaisée et sont coûteuses pour les agents de qualité élevée (Le cas échéant, le coût de l’anti-sélection peut être envisagé comme un coût de transaction).


Définition : La sélection adverse (anti-sélection) est une situation où l’une des parties prenantes dispose d’une information qu’elle utilise pour en tirer bénéfice.

Sur un marché où il existe une asymétrie ex ante sur la qualité des entrepreneurs, des coûts de financement élevés attirent plutôt les entrepreneurs peu performants. A contrario, des coûts de financement faibles n’attirent pas que les entrepreneurs performants, mais tous les entrepreneurs. Les entrepreneurs les moins performants deviennent les passagers clandestins dans le système contractuel (free riders): C’est ce qui caractérise une situation d’anti-sélection.


L’auto-sélection peut limiter l’anti-sélection. Un magasin de vinyles peut laisser les prix libres sur certains disques dont il ne perçoit pas toute la valeur aux yeux des acheteurs, afin de limiter le problème d’asymétrie d’information. La théorie du signal peut être mobilisée pour comprendre l’intérêt qu’ont les associations de laisser le choix du montant du don à la discrétion du donateur (l’asym. d’info. s’étend au delà des co-contractants).


Une modélisation de l’anti-sélection

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On s’intéresse à deux agents : l’émetteur (l’entrepreneur) et les investisseurs sur les marchés de capitaux. L’entrepreneur est par hypothèse mieux informé que les investisseurs. Il a la responsabilité de la politique financière de l’entreprise. Nous examinons la signature d’un contrat de prêt à la lumière de cette asymétrie d’information. Le modèle ne tient pas compte d’un aléa moral de l’entrepreneur. On ignore toute variation de comportement de l’entrepreneur une fois le contrat signé (les bénéfices personnels sont supposés nuls B = 0).


Hypothèse: L’entrepreneur dispose d’une information privilégiée sur sa probabilité de réussite. L’entrepreneur n’a aucune ressource financière propre (A = 0). Le projet est entièrement financé par un investisseur externe pour un montant I. Le projet génère un revenu R en cas de succès et 0 en cas d’échec. Les investisseurs sont neutres au risque et ils n’ont pas de préférence temporelle. Le taux d’intérêt est nul.

L’emprunteur est un bon entrepreneur si sa probabilité de succès est p. C’est un mauvais entrepreneur si sa probabilité de succès est q < p. Le projet mené par un bon entrepreneur est rentable, pR > I.


On distingue deux cas:

pR > I > qR et  pR > qR > I

L’emprunteur dispose d’une information privilégiée quant à sa véritable nature. Aucun investisseur sur le marché (qui est compétitif puisque le taux de rentabilité requis est nul) ne peut distinguer un ”p-entrepreneur” d’un “q-entrepreneur”. L’investisseur fixe les probabilités α et 1-α d’observer, en face de lui dans son bureau, un entrepreneur bon ou mauvais. Ce sont proportions estimées pour chaque type d’entrepreneur sur le marché. Ex ante la probabilité de succès d’un investisseur est de : m = αp+(1-α)q.