Colonisation et décolonisation/Empire français en 1931
L'Empire colonial français à son apogée
modifierLe 6 mai 1931, quand s'ouvre « l'Exposition coloniale internationale et des pays d'outre-mer » à Paris, la France est la deuxième puissance coloniale du monde après l'Empire britannique. L'Empire français s'étend sur 12,5 millions de km² (soit 22 fois la superficie de la Métropole) répartis sur tous les continents et regroupant 65 millions de « sujets français ».
La plupart des territoires sont des colonies. En Afrique, elles sont regroupées dans deux espaces géographiques distincts : L'AOF (Afrique occidentale française) et l'AEF (Afrique équatoriale française). En Asie du Sud-Est, l'Indochine est aussi une colonie. En Afrique du Nord, la Tunisie et le Maroc sont des protectorats, tandis que l'Algérie est considérée comme un département français depuis 1848. Au Moyen-Orient, la France se voit confier par la SDN (Société des Nations) un mandat pour accompagner la Syrie et le Liban, des nouveaux États issus de la disparition de l'Empire ottoman après le traité de Sèvres en 1920, à devenir indépendants.
Une « vitrine » de l'impérialisme français
modifierL'Exposition coloniale est inspirée par le maréchal Lyautey, un artisan de la colonisation. La grande majorité des politiques est favorable à l'exposition, soutenue par le parti colonial. Elle rassemble au bois de Vincennes, de mai à novembre 1931, 8 millions de visiteurs, dont 1 million d'étrangers. Elle concentre sur quelques hectares des pavillons et des bâtiments représentatifs de chaque peuple colonisé. L'exposition devait provoquer chez le visiteur l'illusion d'un voyage dans le monde colonial. Elle propose en fait à un public large et naïf une lecture idéalisée du colonialisme.
En matière politique, la IIIe République a besoin d'éveiller et d'entretenir la conscience impériale des Français. Elle veut exalter les richesses et les peuples qui composent son empire car ils permettent à la France de maintenir son rang de puissance mondiale. Le pouvoir politique veut aussi montrer que la France, possédant un Empire, est mieux préparée pour affronter la crise économique mondiale des années 1930. En matière culturelle, le pouvoir politique justifie la « mission civilisatrice » de la France dans le cadre d'une politique d'assimilation. Il donne l'illusion aux Français d’être non pas 40 millions en métropole, mais 100 millions d'habitants. Ceci visait à renforcer le sentiment de prestige patriotique.
Limites et oppositions
modifierL'exposition se devait de « séduire et instruire » les Français pour que l'esprit colonial pénètre les masses populaires. Cependant, ses présentations frisent la caricature et ce « zoo humain », composé de véritables villages africains, asiatiques, ou encore kanaks, reconstitués, montre leurs habitants dans des mises en scène indécentes. L'Exposition est un succès au sens où elle attire plusieurs millions de curieux, majoritairement plus séduits par l'exhibition que par l'apprentissage culturel, mais le nombre d'entrées en 193 jours témoigne plus d'une curiosité que d'une réelle prise de conscience impériale.
Le PCF (Parti communiste français) et son syndicat affilié, la CGTU, lancent une grande campagne d'agitation contre « l'Exposition internationale de l'impérialisme » et organisent avec la ligue française contre l'impérialisme une « contre-exposition » intitulée La vérité sur les colonies. Mais son succès est plus que limité (environ 5000 entrées)
Des écrivains comme Louis Aragon, André breton et René Char se mobilisent aussi. L'Exposition coloniale a également choqué les élites indigènes, renforçant leur détermination à lutter contre la domination française.
Notes et références
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