Comprendre les violences conjugales

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Comprendre les violences conjugales
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Chapitre no 1
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La violence conjugale se retrouve sous diverses formes telles que la violence physique, sexuelle, psychologique et économique. Chacune de ces manifestations peut être aussi dévastatrice que les autres, et souvent, ces différentes formes s’accumulent et interagissent pour maintenir le contrôle et opprimer la victime.

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Les différents types de violences

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Violence physique

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Ce type de violence se définit comme : l’emploi de gestes violents dans le but de blesser son conjoint (Violences Conjugales, s. d.).

Au 3919, en 2022, 59% des victimes dénoncent des violences physiques (dont coups portés à main nue, coups de pied, 75%) (Chiffres Clés - Solidarité Femmes, 2023).

Liste non exhaustive d’exemples de violences physiques : être giflé.e, recevoir des coups (poings, ceinture…), être poussé.e, se faire tirer les cheveux…

Violence psychologique

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Ces violences sont caractérisées par : un comportement ou un ensemble d'actes qui visent à rabaisser ou à dénigrer (Violences Conjugales, s. d.).

Au 3919, en 2022, 89% des femmes victimes dénoncent des violences psychologiques et 77% dénoncent des violences verbales (Chiffres Clés - Solidarité Femmes, 2023).

Liste non exhaustive d’exemples de violences psychologiques : Propos dénigrants/dévalorisants tenus en public ou en privé, insultes, menaces, diffusion de vidéos à caractères sexuels…

Violence sexuelle

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Ces violences correspondent à un/des geste.s à caractère sexuel commis sans votre consentement, sous la menace ou le chantage (Violences Conjugales, s. d.).

Au 3919, en 2022, 14% des femmes dénoncent des violences sexuelles (Chiffres Clés - Solidarité Femmes, 2023).

Liste non exhaustive d’exemples de violences sexuelles: subir des attouchements sexuels sous la contrainte, subir une relation sexuelle sous la contrainte…

Les agressions sexuelles sont définies dans l’article 222-22 du code pénal comme “toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise”, tandis que le viol est définit, lui, dans l’article 222-23, par “tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise”.

Cependant, la notion de consentement est ici impliquée par l'élément de violence, contrainte, menace ou surprise mais il nous semble nécessaire de la définir plus explicitement.

La notion de consentement sexuel peut être défini comme : “ l’accord qu’une personne donne à son ou sa partenaire pour participer à une activité sexuelle. Cet accord peut être donné par des paroles, des gestes, ou les deux. Le consentement est impératif. Sinon, on parle de violence sexuelle…”. Il doit être donné librement, être éclairé, spécifique, réversible et enthousiaste. C’est à dire que c’est la personne elle-même qui doit donner son consentement et sans contraintes extérieures (menaces, manipulation, consommation excessive d’alcool / de stupéfiants…). Mais aussi que les personnes impliquées dans l’acte doivent être informées, au même niveau, des intentions et des pratiques, sans la présence de manipulation et d'omission. Il doit être spécifique afin de consentir ou non à certains actes et réversible car il peut être retiré à tout moment et pour toutes les raisons. Enfin il doit être enthousiaste afin que la relation soit désirée et non obligée.

Violence économique

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Ce type de violence se définit comme : un comportement qui vise à vous priver d'autonomie financière, et à vous placer sous le contrôle de votre conjoint, ou de votre partenaire de Pacs ou d’union libre.

Liste non exhaustive d’exemples de violences économiques : contrôle total des ressources du couple et de leur utilisation, privation de ressources de l'autre membre du couple, mise en danger de votre patrimoine…

Dans une situation de violence conjugale, plusieurs moyens sont utilisés par l’agresseur pour établir une relation de pouvoir et contrôler les choix de la victime. Des comportements violents ciblant la vie économique de la victime sont très souvent présents, parce qu'ils sont particulièrement efficaces pour limiter les choix de la victime à long terme. Ces formes de violence, souvent très subtiles au départ, contribuent à l’emprise et font en sorte que le conjoint s’approprie les décisions économiques de la famille, crée une dépendance économique envers lui et affecte la capacité de la victime à subvenir à ses besoins de base et à ceux de ses enfants advenant une séparation.

6 formes de violence économique : Contrôler les dépenses et la gestion financièreCritiquer les achats ; surveiller les comptes, de carte de crédit, personnels ; ridiculiser sa façon de gérer son argent ; imposer ses choix quant aux décisions financières qui concernent la victime ou la famille. Voler de l’argentPrendre de l’argent liquide sans permission ; utiliser une carte de débit ou de crédit sans consentement ; utiliser l’argent d’un compte conjoint d’une façon qui ne respecte pas l’entente initiale ; emprunter de l'argent sous de faux prétextes ou sans intention de respecter une entente de remboursement; exiger de l’argent sous la contrainte ou la menace, etc. Usurper l’identité de la personneUtiliser des informations connues (date de naissance, nom de famille de la mère, etc.) pour se faire passer pour la victime ; obtenir des cartes de crédit ; créer des dettes à son nom. Limiter l’accès à l’information relative aux finances de la familleMentir sur sa propre situation financière personnelle ou sur la situation financière de la famille; dissimuler des revenus personnels; cacher des factures ou des avis importants; etc. ; Contrôler la vie professionnelle ; Faire pression pour que la victime cesse de travailler ou diminue ses heures de travail (souvent en la culpabilisant relativement aux besoins des enfants); faire en sorte de limiter le développement professionnel de la victime, en l’empêchant d’étudier, en contrôlant les emplois auxquels elle postule ou en la forçant à refuser des promotions; créer des problèmes professionnels, de l’absentéisme, des difficultés de concentration dues à la violence; forcer la victime à travailler dans son entreprise pour peu ou pas de rémunération; etc. ; Utiliser l’argent pour contraindre la victime à rester dans la relation ; Menacer de se venger financièrement si la victime choisissait de rompre la relation : de «couper les vivres», de quitter son emploi pour ne pas payer de pension alimentaire, de ne plus payer les dettes communes, de ne pas respecter un accord de remboursement pour de l’argent prêté par la victime, etc.

Au 3919, en 2022, 26% des femmes dénoncent des violences économiques. 5% dénoncent des violences administratives.

Cyberviolences

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Ce type de violence est considéré comme : l’utilisation malveillante par un conjoint ou ex-conjoint d’outils numériques ou de nouvelles technologies (téléphones, portables, ordinateurs, internet, objets connectés, réseaux sociaux, jeux vidéos etc) pour contrôler, surveiller, harceler, intimider, diffamer, exposer, menacer son (ex-)partenaire.Elles s’inscrivent souvent dans un continuum de violences conjugales et interviennent généralement de manière simultanée ou après les premières violences. Comme pour les violences économiques, elles sont présentes sous diverses formes.

Cyberharcèlement

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Le cyberharcèlement correspond aux “agissements malveillants répétés, dans un cadre public ou restreint : intimidations, insultes, menaces, rumeurs, publication de photos ou vidéos compromettantes, etc. L’utilisation du téléphone via les appels, les SMS, les réseaux sociaux sert de moyen pour nuire et envahir de manière très fréquente voir permanente le quotidien de la victime.”

Cybercontrôle

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Le cybercontrôle correspond aux “comportements répétés du partenaire (ou ex) visant à connaître et vérifier régulièrement au moyen des outils numériques les déplacements et les relations sociales de sa partenaire (ou ex)  : exiger que sa partenaire soit joignable en permanence, qu’elle envoie des photos confirmant exactement où et avec qui elle est, l’empêcher de répondre à des appels, etc.”

Cybersurveillance

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La cybersurveillance comprend “ensemble d’action visant à assurer un contrôle continu des déplacements, agissements et relations sociales de sa partenaire (ou ex) au moyen des outils numériques, par exemple via un logiciel espion ou avec le GPS (technologie de localisation).”

Cyberviolences sexuelles

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Les cyberviolences sexuelles correspondent à la “prise de vidéos ou de photos pendant un acte sexuel et menacer de les diffuser – ou mettre la menace à exécution – pendant la relation ou après la fin de celle-ci dans le but d’humilier la victime.”

Cyberviolences économiques ou administratives

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Cyberviolences économiques ou administratives “consistent à réduire l’autonomie financière et/ou à contraindre les démarches (notamment administratives) de sa partenaire (ou ex). Par exemple, changer les mots de passe des comptes bancaires ou administratifs (Pôle Emploi, OFII, CAF…) pour lui en interdire l’accès.”

Cyberviolences via les enfants

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Cyberviolences via les enfants “consistent en l’utilisation des enfants pour exercer un contrôle sur les actions et déplacements de sa partenaire (ou ex) et/ou pour la surveiller grâce à leurs réseaux sociaux ou la menacer.” Quelques chiffres : 198 000 personnes ont été mises en cause en 2022 pour violences conjugales, dont : 69% pour des violences physiques ; 4% pour des violences sexuelles ; 27% pour d'autres types de violences.

Les violences enregistrées en 2022 sont : physique pour les deux tiers (66%) ; verbal ou psychologique dans 30% des cas ; sexuelles pour 4% Or, les violences ne sont pas toujours faciles à prouver. Entraînant la victime dans une série de questions aussi difficiles à répondre qu’à surmonter, l’exposant à une autre forme de violence. Dans un article publié en novembre 2023 sur Le Monde, Audrey Darsonville, professeure de droit pénal, et François Lavallière, magistrat, nous font part de quelques impasses souvent rencontrées : Comment prouver que l’acte était violent quand la victime n’a pas eu la force de résister ou n’a pas pu s’opposer ? Comment attester que l’auteur avait placé la victime dans une situation de contrainte morale annihilant tout consentement ? Comment établir le défaut de consentement quand celui-ci est un fantôme dans la loi ?

Notion de contrôle coercitif

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La notion de contrôle coercitif est importante à connaître et à prendre en compte dans un contexte de violences conjugales car elle permet de cerner les mécanismes sous-jacents et insidieux de la mise en place et du maintien de comportements violents.

Le contrôle coercitif est défini comme une forme continue de violences, comme un acte ou un schéma comportemental de contrôle ou de menace utilisé contre une personne, un.e partenaire intime ou un.e ex-partenaire, dans le but de la rendre dépendante, de la priver de sa liberté d’action. Cela peut se caractériser par des intimidations, des humiliations, de la surveillance, de la manipulation et de l’isolement qui permettent d’exercer un contrôle. Les méthodes de manipulation peuvent être physiques, psychologiques, émotionnelles etc. L’auteur de contrôle coercitif isole sa victime de toute forme de soutien, l'empêche d'accéder à de nouvelles ressources, réglemente sa vie et la prive d’indépendance ou de moyens pour y accéder.

Le cycle de la violence conjugale

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Le cycle de la violence conjugale est un modèle qui décrit la dynamique récurrente des violences domestiques, montrant comment la violence s'intensifie au fil du temps et enferme la victime dans un cycle destructeur. Ce modèle est souvent divisé en quatre phases distinctes : l'escalade, l'explosion, le transfert, et la “lune de miel” (Sfla, 2021).

Phase 1 : L’Escalade

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Mise en place du système d’emprise

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Durant cette phase, l'agresseur commence à instaurer un climat de tension croissante. Il utilise des pressions psychologiques pour contrôler et isoler la victime, créant un environnement d'anxiété et de peur. La victime, consciente de cette atmosphère hostile, essaie de maintenir la paix en modifiant son comportement, en surveillant ses paroles et ses gestes afin de ne pas provoquer son agresseur. Cette période est marquée par une intensification progressive des comportements abusifs, qui peuvent inclure des critiques incessantes, des menaces voilées ou directes, et une surveillance constante.

Phase 2 : L’Explosion

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Épisode de violences

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Cette phase se caractérise par un éclatement de la violence. L'agresseur semble perdre le contrôle de lui-même et commet un acte de violence physique, sexuelle, ou émotionnelle. En réalité, il utilise cette violence pour asseoir son pouvoir et renforcer son contrôle sur la situation. La victime, souvent sous le choc et désemparée, essaie de désamorcer la situation et de calmer l'agresseur. Cet épisode violent est souvent imprévisible et extrêmement traumatisant pour la victime

Phase 3 : Le Transfert

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Minimisation de la violence

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Après l'épisode de violence, l'agresseur tente de minimiser l'incident. Il rejette la faute sur la victime, la rendant responsable de la violence qu'elle a subie. Cette inversion des responsabilités plonge la victime dans une profonde confusion et culpabilité, l'incitant à croire qu'elle est la cause de son propre malheur. L'agresseur peut également rationaliser son comportement, le justifiant par le stress ou d'autres facteurs extérieurs.

Phase 4 : La « Lune de Miel »

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Moyen utilisé par l’auteur pour reconquérir la victime

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Pendant cette phase, l'agresseur cherche à regagner la confiance de la victime. Il promet de changer, fait des excuses et peut même montrer des signes de remords. La victime, épuisée et désorientée par les phases précédentes, veut croire en ces promesses de changement. Elle lui donne une nouvelle chance, modifie ses propres comportements dans l'espoir d'améliorer la situation et peut constater certains efforts apparents de l'agresseur pour changer.

Accélération des épisodes de violence

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Malheureusement, ce cycle ne cesse de se répéter, et les phases de violence tendent à s'intensifier et à se rapprocher au fil du temps. La victime se retrouve de plus en plus épuisée, psychologiquement et physiquement, perdant peu à peu espoir et confiance en sa capacité à échapper à cette spirale. Souvent, il faut un événement déclencheur pour que la victime réalise l'ampleur du danger auquel elle est exposée, comprenant que son agresseur cherche à la détruire, mettant potentiellement sa vie et, éventuellement, celle de ses enfants en danger.

La place de l’amour dans les violences conjugales

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Il est souvent difficile pour les victimes de faire la distinction entre les conflits “normaux”, que peuvent traverser les couples, et les violences conjugales. Selon les résultats de l’enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (ENVEFF, 2000), 29 % des femmes déclarent ne plus aimer leur partenaire violent après des violences répétées. Néanmoins, le sentiment d’amour persiste et paraît indestructible pour beaucoup, puisque 18 % des femmes qui subissent des brutalités physiques et 47 % déclarent être toujours amoureuses de l’homme qui les maltraite physiquement ou sexuellement. Cette place de l’amour crée donc une certaine ambivalence dans le lien victime-agresseur et constitue souvent le principal obstacle à la rupture dans un contexte de violences conjugales [1].

Les facteurs de risque

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Les facteurs de risque ne sont pas nécessairement des causes directes de violence conjugale. Une combinaison de facteurs individuels, relationnels, communautaires et sociétaux augmente la probabilité de devenir victime ou agresseur dans un contexte de violence conjugale. Certains de ces facteurs sont communs aux victimes et aux agresseurs.

La question du genre

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La société est influencée par un ensemble de normes, de croyances et de pratiques sociales. Notre perception et nos réactions face à la violence conjugale peuvent influencer de manière significative sa prévalence et sa gravité.

Dans les couples hétérosexuels, hommes et femmes se comportent souvent en fonction de ce qu’ils et elles pensent que leur identité et celle de l’autre implique, impose. Les rapports de genre jouent un rôle fondamental dans les relations conjugales, bien qu’ils ne soient pas les seuls facteurs explicatifs de ces violences..

Appliquer un tel cadre d’analyse aux violences conjugales implique de reconnaître que nos relations de couple sont influencées par notre socialisation. Cela signifie que nous avons intégré, à des degrés divers, une vision du monde et une façon d’appliquer des normes liées à notre identité sexuelle. En plus des comportements normatifs attendus dans le couple, il est également essentiel de considérer le contexte plus large de domination masculine dans lequel se vivent ces relations [2].

La place de de la masculinité

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Les normes sociétales qui encourageant les hommes à exercer le contrôle et la domination, ainis que la perception de la femme comme subordonnée peuvent justifier l'utilisation de la violence, dans l’idée de maintenir une dynamique de pouvoir. Les personnes étiquetées comme « femmes » sont statistiquement plus vulnérables à la violence conjugale [3]. Cette vulnérabilité est amplifiée par le fait que leurs plaintes sont souvent insuffisamment prises en compte, et ce, même dans les pays ayant significativement révisé leur législation. Cependant, il est crucial de noter que les violences conjugales peuvent également affecter les hommes et que la violence peut être perpétrée par des individus de tous genres. Par conséquent, il est essentiel de reconnaître que la lutte contre les violences conjugales nécessite de remettre en question les normes de genre.

Les facteurs socio-économiques

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Les facteurs socio-économiques peuvent également jouer un rôle dans les violences conjugales. L'instabilité économique et le stress que cela peut engendrer peut venir exacerber les tensions au sein du foyer, augmentant les risques [4].

La culture

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Enfin, la culture joue également un rôle important dans les violences conjugales. Les normes, croyances et valeurs propres à chaque société influencent les comportements individuels et les interactions entre les individus. Dans certaines cultures, la violence peut être un moyen de maintenir le contrôle au sein du foyer. De plus, les attentes traditionnelles liées aux rôles de genre peuvent renforcer les déséquilibres de pouvoir entre les partenaires, favorisant ainsi les comportements abusifs [5].

Facteurs relationnels

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L’isolement social constitue un facteur de risque significatif pour les violences conjugales. Les femmes qui sont socialement isolées, ayant peu de contacts familiaux ou amicaux, présentent un risque accru. En effet, la littérature révèle qu’environ 40% des femmes victimes de violences conjugales sont confrontées à un isolement social [6].

Facteurs individuels

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Parmi les facteurs individuels, les antécédents de violence familiale ou l’exposition à la violence pendant l’enfance augmentent le risque d’agression ou de victimisation à l’âge adulte. En particulier, avoir été exposé à la violence pendant l’enfance double le risque de développer des comportements violents à l’âge adulte [7].

Par ailleurs, la consommation excessive d’alcool et de toxiques est aussi identifiée comme un facteur majeur de divers comportements violents, y compris les violences conjugales. En effet, la consommation excessive d’alcool est fortement corrélée à des niveaux élevés d’incidents de violence [8]. Les hommes consommant de l'alcool de manière excessive, seraient plus susceptibles d'être violents envers leurs partenaires. Cela peut s’expliquer par des changements cognitifs induits par l’alcool, affectant notamment la maîtrise de soi et l’attention, ainsi que par l’augmentation des distorsions liées au pouvoir et au contrôle. De plus, pour certains hommes, l’association entre la violence conjugale et l’alcool pourrait refléter une expression de la masculinité [9] En outre, certains troubles psychologiques tels que les troubles dépressifs, anxieux et de la personnalité, notamment le trouble borderline, peuvent aggraver les tensions et les comportements agressifs au sein des relations intimes, augmentant ainsi le risque de violence [10]. Comprendre ces liens est crucial pour concevoir des interventions efficaces visant à prévenir et à traiter les violences conjugales, en intégrant la santé mentale dans les stratégies de soutien et d’éducation.

Théories explicatives des violences conjugales

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Comprendre les violences conjugales par la théorie de l’attachement

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Comme nous l’avons évoqué précédemment, les violences conjugales représentent un phénomène multidimensionnel aux ramifications complexes, impliquant à la fois des interactions entre les individus et leurs histoires familiales mais aussi et de leurs schémas d'attachement. L’une des théories explicatives des violences conjugales est celle de la théorie de l’attachement.

En nous penchant sur les premières relations familiales et leurs impacts sur le développement des modèles internes de fonctionnement, cette approche nous permet d'analyser les schémas de comportement qui influencent les relations interpersonnelles tout au long de la vie adulte. Parmi les cadres théoriques permettant d'explorer le phénomène des violences conjugales, la théorie de l'attachement, développée par John Bowlby, offre une vision sur la manière dont les expériences précoces avec les figures parentales, nommées également donneurs de soins ou figures d’attachements, influencent les comportements relationnels à l'âge adulte. Mais aussi, comment les modèles d'attachement développés pendant l'enfance peuvent prédisposer les individus à des comportements violents dans leurs relations conjugales ultérieures. A ce sujet, il écrit en 1988 : « L’attachement est actif depuis le berceau jusqu’à la tombe ». Le système d’attachement, selon Bowlby (1969), régule les comportements d'attachement de l'enfant en période de détresse émotionnelle. Les figures d’attachement principales qui procurent le réconfort et la sécurité permettent un développement optimum de régulation émotionnelle chez l'enfant, contribuant ainsi, à la création de modèles internes opérants (MIO) positifs pour soi-même et pour les autres (Bowlby, 1973, 1984; Cicchetti & Lynch, 1993).

Selon Zaouche-Gaudron et Pierrehumbert (2008), Bowlby définit les MIO comme des représentations mentales, conscientes et inconscientes, qui guident les perceptions et les actions de l'individu. Ces derniers se développent à partir des interactions précoces avec les figures d'attachement et influencent les réponses de l'individu dans des situations de stress. Ainsi, les remarques négatives, les critiques, la démonstration de colère et la violence des parents ou donneurs de soins, sont susceptibles d’être perçues par les enfants comme un rejet voire un abandon, et ainsi, favorisent le développement de MIO négatifs et nuisent à l’instauration de modèles relationnels sains (Ainsworth, Blehar, Waters & Wall, 1978). A ce propos, Hotaling et Sugarman (1986, 1990) ont réalisé une analyse approfondie des risques de violence conjugale, en examinant 52 études comparatives et plus de 97 facteurs potentiels. Leur recherche a révélé que le fait d'avoir été victime ou témoin de violence parentale durant l'enfance est le facteur de risque le plus constant pour la violence conjugale.

D’autre part, la théorie de l'attachement propose que l'attachement dit insécure se développe en réponse à la violence parentale et peut se caractériser par des comportements violents à l'âge adulte. Mary Main (1990), parle de « stratégies insécures » développées par l’enfant, qui visent à l’adaptation et à sa survie en cas de figure d’attachement plus détachées des besoins de l’enfant, et qui n’apporte que peu d’attention et d’affection à celui-ci. Bowlby (1988) affirme que les expériences d'attachement influencent plusieurs domaines de la vie, dont les relations de couple et la parentalité. Ainsi, les individus ayant un attachement insécure sont majoritairement présents dans les populations cliniques (Genet & Wallon, 2019).

En 1998, Roberts et Noller ont découvert que la violence physique exercée par les femmes sur leur conjoint, était influencée par l’attachement anxieux des hommes, mais qu’à l’inverse, ses résultats n’étaient pas retrouvés. Ils ont également remarqué que l'anxiété d'abandon chez les deux partenaires était associée à l'usage de violence physique, plus particulièrement si l'un des partenaires n’est pas à l'aise dans l’intimité. Ces observations mettent en avant que l'anxiété d'abandon est un facteur significatif dans la violence exercée par l’un des partenaires dans le couple. Les études longitudinales de Waters et al. (2000) et Ehrensaft et al. (2003) confirment que l'exposition à la violence domestique dans l'enfance est un prédicteur significatif de la perpétration de violences conjugales à l'âge adulte. Il est à noter que la plupart de ses études peuvent présenter des biais de part leurs méthodes qui sont quasi toutes des auto-évaluations rétrospectives d’expériences.

Comprendre les violences conjugales par la théorie de la congruence cible

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L’une des autres théories explicatives des violences conjugales est celle de la congruence cible conceptualisée par Finkelhor et Asdigian (1996) à partir de la théorie des activités de routine et de style de vie. Selon ces derniers, les violences conjugales peuvent s’expliquer par le fait que certaines caractéristiques des victimes de violences conjugales sont plus susceptibles d’y être exposées de par leur « congruence avec les besoins, les motifs ou les réactivités des auteurs » (Finkelhor & Asdigian, 1996 dans Sween & Reyns, 2017). En somme, les auteurs de violences conjugales seraient attirés par certaines caractéristiques des victimes. Selon Sween et Reyns (2017), le risque de victimisation augmente par le biais de trois mécanismes de la congruence cible : la vulnérabilité de la cible (la victime présente des caractéristiques qui lui empêchent de résister à la victimisation, par exemple une petite taille), la grafiabilité de la cible (la victime présente des caractéristiques que les auteurs veulent manipuler, par exemple le sexe féminin), l’antagonisme de la cible (la victime présente des caractéristiques susceptibles d’engendrer des réactions impulsives ou colériques de la part des auteurs).

Très peu d'études ont adopté le prisme de la théorie de la congruence cible pour tenter d’expliquer les mécanismes psychologiques des violences conjugales. La première étude est celle de Sween et Reyns (2017). Leurs résultats ont démontré que la grande fiabilité de la cible, c’est-à-dire le fait d’avoir des caractéristiques qui attirent les auteurs de violences conjugales, engendre davantage de risques de violences conjugales que la vulnérabilité de la cible ou que l’antagonisme de l’auteur. Zavala (2017) soutient également cette idée puisqu’il a démontré que la grande fiabilité de la cible et la vulnérabilité de la cible sont des facteurs de risques importants de violences conjugales. Enfin, l’étude de Elvey et McNeeley (2019) a démontré que les trois mécanismes de la congruence cible (vulnérabilité, grafiabilité, antagonisme) seraient des facteurs de risques de violences conjugales.

Comprendre les violences conjugales par la théorie des troubles de la personnalité

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Certaines recherches se sont essayées à expliquer les violences conjugales par des théories basées sur la psychopathologie et notamment par la théorie des troubles de la personnalité. Certains troubles de la personnalité ont été particulièrement identifiés chez les auteurs de violences conjugales. En effet, les personnalités limites et antisociales seraient des types de personnalité associées à un haut risque de violences conjugales chez les hommes (Dutton et al., 1996 ; McKeown, 2014). Très peu d’études ont investigué les liens entre troubles de la personnalité et violences conjugales commises par des femmes. Goldenson et al. (2007) ont identifié que les femmes auteurs de violences conjugales présenteraient également des personnalités limites et antisociales. Le fait de retrouver ces troubles de la personnalité chez les auteurs de violences conjugales peut s’expliquer par le fait que ces individus ont des difficultés de gestion des émotions et des pensées. Ces troubles de la personnalité sont intimement liés à des styles d’attachement insécures anxieux ou évitant (McKeown, 2014).

Comprendre les violences conjugales par les expériences adverses de l’enfance (ACE)

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Enfin, certains chercheurs ont tenté d’expliquer les violences conjugales par les expériences adverses de l’enfance (adverse childhood experiences, ACE). Selon Felitti et al. (1998), les ACE regroupent les expériences vécues durant l’enfance (avant 18 ans) et pouvant faire état de maltraitance, de violences, de négligence, de dysfonctionnements familiaux (par exemple, une mauvaise relation parent-enfant, la consommation de substances des parents, l’exposition à des violences.

De nombreuses études se sont intéressées aux liens entre ACE et violences conjugales. Il a été démontré que l’exposition indirecte à la violence pendant l’enfance augmente le risque de violences psychologiques, verbales et physique à l’âge adulte (Curtis et al., 2023 ; Grest et al., 2018 ; Narayan et al., 2017) mais que cette exposition à la violence dans l’enfance n’avait d’impact sur les violences conjugales à l’âge adulte que lorsqu’elles se sont produites après les 2 ans de l’enfance (Narayan et al., 2017). De plus, Sunday et al. (2011) ont démontré que les individus adultes ayant été exposé pendant l’adolescence à des violences physiques sont plus susceptibles de commettre des actes de violences physiques envers leur partenaire intime. Murrell et al. (2007) soulignent également le fait que les hommes ayant été exposés à des violences domestiques dans l’enfance commettent des actes de violences conjugales plus graves comparativement à des hommes non exposés à ces mêmes actes dans l’enfance. Enfin, dans leur étude longitudinale sur 15 ans, Thulin et al. (2021) soutiennent l’hypothèse que les ACE et notamment que l’exposition à la violence à l’adolescence, sont prédictifs de violences conjugales à l’âge adulte 15 ans plus tard. Ces résultats corroborent avec ceux de Capaldi et al. (2012) qui avaient identifié le fait d’être victimes de violence ou témoins de conflits intrafamiliaux comme éléments prédicteurs de violences conjugales à l’âge adulte. En somme, l’exposition à la maltraitance (victime ou témoin) dans l’enfance ou l’adolescence ainsi que les ACE augmentent le risque de perpétrer des violences conjugales à l’âge adulte et/ou d’en être victime (Costa et al., 2015). Beaucoup d’études se sont donc intéressées aux liens entre ACE et violences conjugales mais sans fournir d’explication à cette relation. Dans leur méta-analyse regroupant 27 études sur les ACE et les violences conjugales, Zhu et al. (2024) suggèrent que l’exposition aux ACE est susceptible de déterminer les expériences à l’âge adulte et ainsi le risque de violences conjugales. Plusieurs mécanismes sont abordés pour tenter de comprendre le processus sous-jacent entre ACE et violences conjugales. L’exposition aux ACE pourrait engendrer des difficultés de développement de comportements relationnels sains et que cette association entre ACE et violences conjugales s’inscrit dans une perspective de parcours de vie (Zhu et al., 2024).

La première hypothèse avancée est que les mauvaises relations entre parents et enfants (par exemple, abus répétés par la figure d’attachement envers l’enfant) ont un impact sur le sentiment d’appartenance de l’enfant et son sentiment de sécurité et ainsi sur leur perception du monde et leurs tendances à s’engager dans des relations plus agressives et mal adaptatives (Widom & Wilson, 2015 ; Zhu et al., 2024). Le prisme de la théorie de l’attachement pour expliquer les violences conjugales est expliqué dans la première partie.

La deuxième hypothèse avancée par les auteurs pour comprendre les relations entre ACE et violences conjugales est celle des mécanismes neurophysiologiques : les changements physiologiques associés liés au développement de l’individu associés aux ACE conduiraient à davantage de comportements violents (Zhu et al., 2024). Ceci s’explique par le fait qu’une exposition récurrente au stress peut avoir des retentissements négatifs sur le développement neurologique de l’enfant, ce qui peut conduire à des réactions mal adaptatives au stress et ainsi à des comportements de violences dans les relations intimes (Zhu et al., 2024).

Conséquences des violences conjugales

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Les violences conjugales ont des conséquences dévastatrices non seulement sur les victimes directes, mais aussi sur leurs enfants et l'ensemble de leur entourage familial. Ces conséquences variées, allant de l'atteinte physique à la dégradation de l'estime de soi, en passant par des troubles psychologiques profonds, contribuent à la destruction du noyau familial. De plus en plus mises en avant par la recherche, elles nous permettent aujourd'hui de mieux comprendre leur ampleur et leur gravité.

Les types de violences conjugales comprennent la violence physique, émotionnelle, sexuelle et économique. Chacune d'elles entraîne des répercussions spécifiques sur les victimes. Par exemple, la violence physique peut provoquer des blessures corporelles et des traumatismes durables, tandis que la violence émotionnelle mine l'estime de soi et peut conduire à des troubles de l'anxiété et de la dépression (Smith & Segal, 2019). Les enfants exposés à ces violences subissent également des dommages considérables. Berger (2005) souligne que ces enfants peuvent ressentir la violence comme si elle leur était personnellement infligée. Les conséquences pour eux sont multiples et peuvent être physiques, psychologiques ou développementales (Becker, 2008). Ils peuvent, par exemple, souffrir de lésions traumatiques lorsqu'ils tentent de s'interposer ou de développer des troubles somatiques et psychologiques à long terme. La recherche montre que ces enfants sont à risque accru de développer des comportements agressifs, des troubles de l'attention et des difficultés scolaires (Edleson, 1999).

Le soutien de l'entourage familial est souvent insuffisant, ce qui exacerbe les effets des violences. L'incompréhension familiale et les stigmates associés peuvent isoler davantage la victime, aggravant ainsi sa détresse psychologique et son sentiment de honte et de culpabilité. Les proches, souvent impuissants ou ignorants des réalités de la violence conjugale, peuvent renforcer le sentiment d'abandon et d'isolement de la victime (Walker, 2009).

En résumé, les violences conjugales ont des conséquences graves et multiformes qui affectent non seulement les victimes directes, mais aussi leurs enfants et leur famille élargie. Une compréhension approfondie de ces dynamiques est essentielle pour fournir un soutien adéquat et aider à la reconstruction de l'estime de soi et du bien-être psychologique des victimes et de leurs enfants.



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Prévenir les violences conjugales  
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