DMS 1/Dictature du langage
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MONOGRAPHIE n°9 La dictature du langage sur le sens
modifierLa dictature du langage sur le sens n'a pas de raison d'être, d'abord parce que le langage est impropre pour penser, il est linéaire, arbitraire, culturel, lacunaire et souffre d'une syntaxe réductrice minimaliste. Ne nous laissons pas abuser par ceux qui nous invitent à penser verbalement, ce serait enfermer notre pensée dans un espace exigu, stérile et incohérent, explorons au contraire la liberté d'une pensée créatrice hors du langage. Donnons notre sens aux signes que nous employons et créons pour communiquer avec les autres, et laissons s'indigner ceux qui refusent de laisser chacun penser comme il l'entend et veulent nous obliger à penser grâce à des significations conventionnelles collectives aliénantes. Nous nous débrouillerons toujours pour nous faire comprendre de ceux qui pensent librement.
Afin de mieux exprimer notre pensée dans un langage
modifierEn introduction examinons d'abord la gravure qui accompagne cette monographie, tirée d'un ouvrage de Robert Fludd édité en 1615. La pensée de ce médecin, grand humaniste de la Renaissance, est claire. C'est une pensée conceptuelle complexe et pour l'exprimer il utilise un dessin, une carte heuristique, destinée à faire découvrir sa pensée au lecteur, et d'abord à l'exprimer pour lui même. Comme toute figure géométrique fausse, ce dessin permet de représenter analogiquement des relations entre des concepts et des masses de sens, l'architecture d'une pensée, qu'il est plus difficile d'exprimer verbalement. Cependant, il est toujours possible de l'exprimer par une suite de paragraphes comme le fait Fludd dans son livre. Dans cette gravure apparaissent aussi des termes latins. Sans nous attarder sur leur sens, remarquons que ces signes sont les siens, ceux qu'il a choisis et qu'il a associés au sens de sa pensée, comme nous pouvons le faire nous-mêmes. Il faut bien comprendre qu'il ne s'agit pas ici de transmettre fidèlement sa pensée aux autres (un autre sujet de préoccupation générale) mais seulement de traduire sa pensée dans un langage qui ne peut être que son propre langage et pas celui des autres. En effet, le langage ordinaire n'est pas suffisamment riche pour ce faire, et les signifiés conventionnels collectifs prêtés au signes (sous réserve qu'ils existent vraiment, ce que je nie) ne correspondent pas à nos sens personnels. Notre pensée doit tout d'abord être claire. C'est une condition préalable, et pour cela il existe des techniques de résolution de problèmes et d'élucidation du flou. Cet article suppose que cette condition soit remplie. Ensuite deux difficultés se présentent : Que ce soit bien votre langage et pas un langage conventionnel social structuré par des concepts qui ne sont pas les vôtres, et enfin que vous disposiez de suffisamment de signes pour exprimer votre pensée. La première étape vise à construire votre langage. Et pour cela : rattachez votre sens personnel à tous les signes que vous employez et distinguez le du sens que les autres peuvent donner à ces signes. Vous verrez alors apparaître dans votre champ sémantique deux langages : Le vôtre, et celui des autres. Vous constaterez rapidement que ce dernier est multivalent car, à côté des significations conventionnelles, chacun donne des nuances de sens différentes, quand ce n'est pas l'opposé ou l'inverse, à ces signes. N'oubliez pas que vous devez associer vos signes à vos sens personnels et pas l'inverse, car le lien n'est pas réciproque (c'est ainsi et vous ne pourrez rien y changer, se sont des contraintes formelles de notre fonction analytique). Dès que vous aurez commencé à installer cette nouvelle structure de distinction en vous, cette construction de votre langage deviendra automatique et vous n'aurez plus guère besoin de vous en soucier, votre fonction analytique s'en chargera. Vous constaterez aussi que des signes (des mots) ne vous conviennent pas et que vous les rejetez comme appartenant strictement aux autres (par exemple : Dieu, anges, âme, paradis, etc. si vous êtes athée et sont donc totalement vides de sens pour vous, ceci est vrai dans tous les domaines) et que vous avez besoin de plus de signes. Pour construire votre langage vous devez d'abord faire une sélection de vos signes, les affecter à vos sens, donc beaucoup en détourner de leurs sens conventionnels, ce qui vous permettra de réduire la polysémie qui règne dans le langage. Préférer les termes simples aux termes académiques purement conceptuels. Les percepts sensoriels du monde ne posent guère de problèmes, ce sont les percepts mentaux, moraux ou psychiques qui en posent, car dans ces domaines la langue française est pauvre et ne nous vient pas en aide. Il vous sera parfois utile d'ajouter des indices à des signes, par exemple pour "geste" et "toucher" (quels beaux signes) pour distinguer le geste° et le toucher° mental du geste* et du toucher* physique. Vous serez peut-être aussi tenté de n'utiliser les verbes qu'à l'infinitif, et de signifier le temps, le mode et la manière avec des adverbes. Récupérer des symboles de toute nature est également possible. N'hésitez pas non plus à créer des signes composés pour de nouveaux concepts. Il n'y a pas de règles pour ce faire car c'est votre langage. En fait cette démarche est avant tout une procédure d'affinement des nuances de votre propre sens et une démarche de cohérence sémantique que vous pourrez pratiquer en méditation. Donc c'est en soi un exercice mental bénéfique. Ne vous inquiétez pas de perdre votre capacité de communication avec les autres. Au contraire, car meilleure sera votre cohérence sémantique, mieux vous saurez naturellement vous exprimer dans les langages de vos interlocuteurs immédiats et, plus généralement quand vous vous adressez à un plus large public, dans le langage des autres. Vous vous apercevrez alors que cette conscience et cette distinction du sens personnel loin de créer une cacophonie générale améliore la communication entre les hommes.