DMS 2/Pensée infralinguistique

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Pensée infralinguistique
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Chapitre no 6
Leçon : DMS 2
Chap. préc. :Problèmes psychiques
Chap. suiv. :Authenticité et subjectivité
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MONOGRAPHIE n°32 Quale de pensée infralingue

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Penser en infralingue

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    L'infralingue est la nature du champ sémantique sur lequel est nécessairement construit notre langage. Le langage est notre technique de communication avec autrui, mais ce n'est pas un bon outil pour penser et traduire fidèlement la réalité de notre sens (voir les monographies 2 et 3 : "Linguistique" et "Sémantique"). Donc, il vous faut apprendre, si vous voulez penser plus juste et exploiter comme il convient vos fonctions mentales, à penser en infralingue, et ce n'est pas une mince affaire.
    a) Première étape : Au lieu de penser en phonèmes, remplacez les par des : tic, tac, toc, tec. C'est peu de chose mais cela permet de prendre une certaine distance avec la langue et sa syntaxe.
    b) Deuxième étape : Prenez des bouts de textes en remplaçant les verbes d'action par des infinitifs additionnés d'adverbes de temps ou de manière, s'il y a lieu, les verbes d'état par des participes présents, supprimez tous les termes inutiles, séparez les unités de sens et analysez leurs relateurs. Exemple : (...) si j'avais agi autrement avec mon ami, il ne m'aurait pas menti, et notre projet commun existerait encore. = (constater que) si agir-passé autrement avec mon ami /implique/ il non mentir-passé moi /plus implique/ notre projet commun existant encore. Le contexte mental (constater que), éludé dans la première phrase, est important et peut être remplacé par d'autres verbes. Les relateurs : /implique/ et /plus implique/ sont plus explicites alors qu'ils n'étaient que sous entendus par le contexte. Certes ce n'est pas très élégant, mais c'est plus proche de notre pensée infralingue. Enfin, remarquez qu'il y a beaucoup de sous entendus, dans cette phrase, que votre interlocuteur serait incapable de deviner : (autrement), (mon ami), (projet) qui sont chez vous très riches de sens et que vous percevez en infralingue.
    c) Quand vous réfléchissez verbalement en méditation, de temps en temps arrêtez votre pensée et essayez de reconstituer en infralingue le sens de votre construction verbale précédente, laissez émerger votre champ sémantique pour enrichir des termes comme (autrement), (ami), (projet) dans le dernier exemple. L'idéal serait que cette pensée analysée en infralingue concerne votre fonctionnement mental. L'objectif est de parvenir à un écoulement fluide et rapide de votre pensée infralingue, et vous constaterez qu'elle devient de moins en moins linéaire et s'enrichit de satellites, ce qui demande un entraînement quotidien. Remarquez que cette pensée est plus froide, plus harmonieuse et sans ambiguïté, même si vous y décelez du flou, du complexe et du paradoxal, parce que cette expression n'est pas un miroir de vous-mêmes, mais simplement vous-mêmes sans miroir.
    Ne craignez pas de perdre votre langage. Au contraire, il deviendra plus précis, plus spontané et plus élégant. Ceci s'explique parce que vous n'éprouvez plus le stress sémantique de la difficulté d'exprimer votre pensée avec des mots, vous avez savouré votre pensée infralingue juste et claire, qui se traduit automatiquement dans un langage qui n'est plus votre problème mais celui des autres.
    Dans la pensée infralingue pure, hors de toute présence du monde extérieur et des sensations sensorielles de votre corps dans le quale, vous n'y trouvez que des percepts, des concepts et des assemblages conceptuels de percepts et de concepts. Ces percepts et ces concepts n'ont pas la même valeur, si l'authenticité des percepts est indiscutables, les concepts restent soumis à un jugement subjectif, même s'ils sont construits sur une base de percepts (et cela vaut mieux sinon ce ne sont que des simple idées).
    La pensée infralingue est essentiellement pratique et s'accompagne de gestes mentaux. C'est cette pratique et les résultats qu'elle atteint qui la justifient et la valorise même quand elle véhicule des concepts douteux, car ce qui compte dans une pratique c'est le faire y compris avec des modèles et des figures conceptuelles fausses ou seulement partiellement vraies. Christophe Colomb a découvert l'Amérique avec de fausses cartes, mais l'océan, le vent, les courants, les voiles, le bateau et l'équipage étaient vrais. Et bien, ici c'est pareil !  
    Quand vous vivez ce type de quale, apprenez à distinguer les concepts (ce qui peut être faux), des percepts qui peuvent être jugés plus ou moins intéressants, utiles, nouveaux, étonnants, banals ou ordinaires, mais pour lesquels le jugement de vérité n'a pas de sens.
    Les qualia de langage sont complexes puisqu'on y trouve la superposition de percepts d'origines physique et mentale avec des interactions riches. Par ailleurs, deux cas sont à distinguer :
    a) Le quale de l'expression linguistique.
    b) Le quale de la réaction psycholinguistique à l'expression de l'autre.

Quale de notre expression linguistique

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    Il n'y a pas grand chose de changé par rapport au quale de la pensée infralingue, sauf que nous sommes animé d'une intention en nous adressant à l'autre et que nous produisons des signes à son attention, grâce à une structure comportementale complexe de notre motrice couplée à notre analytique et aux structures de notre langage. Ce qui est curieux c'est que nous vivons ici une superposition de notre pensée et de nos signes. Cette confusion fait que nous avons l'illusion que ces signes expriment parfaitement notre sens, alors qu'il n'en est rien, et surtout pas pour l'autre. Si on n'y prend pas garde, on peut arriver à des situations extrêmes où avec trois termes et deux interjections, on a l'impression d'avoir tenu un long discours, sans compter tous les quiproquos que cela peut produire chez l'autre. Vous devez en être conscient et soigner au maximum votre expression pour être mieux compris de l'autre. 

Quale de notre réaction psycholinguistique

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    Notre réaction psycholinguistique, c'est notre réaction au langage, à la parole de l'autre, voire à un texte. Ce quale est encore plus complexe que le précédent. Constatez le paradoxe sémantique, le fait que vous n'éprouvez pas le sens de l'autre mais uniquement ses signes et que vous devez interpréter son langage, grâce à l'imaginaire déductif de votre fonction analytique 2, dans votre propre sens, avec l'aide de votre capacité d'empathie cognitive si vous êtes en sa présence. Prenez conscience que l'autre se trouve dans la même situation que vous quand vous lui parlez, avec peut-être moins de subtilité analytique que vous.
    Dans cette situation, vous êtes davantage attentif aux éléments extérieurs que vous pouvez capter car tous comptent pour votre interprétation, gestes, mimiques, intonations de la voix, etc. Votre fonction analytique vous livre une "traduction" automatique dans votre propre sens, mais souvent elle hésite, et parfois cale. Dans le même temps votre jugement arbitraire 7j vous envoie une rapide succession de messages, il juge à la fois l'autre, ce qu'il veut vous dire, ses intentions, mais aussi la performance plus ou moins fiable  de votre analytique. Enfin votre direction volontaire 7d incite cette même fonction analytique à préparer des réponses verbales à l'autre. Dans cet exercice de jongleur, toutes vos fonctions mentales sont en éveil et interagissent. Les produits de leur synergie, du fait de l'intrication des interprétations, jugements, émotions, souvenirs, questionnements et décisions, sont évidemment très subjectifs.