Fonctions mentales/Encyclopédie

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Encyclopédie
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Chapitre no 11
Leçon : Fonctions mentales
Chap. préc. :Concentration
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Encyclopédie mentale

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    Pour prendre un exemple relativement trivial que connaissent je pense les grands collectionneurs, et plus généralement les gens passionnés, pour visiter mentalement leur collection ou leur passion, il s'agit d'outils mnémotechniques, ce peut être l'image d'une bibliothèque, d'un salon, d'un palais, etc. En ce qui me concerne, depuis l'enfance je suis passionné de cartographie. Un jour je me suis rendu compte que j'avais dans ma mémoire un planisphère et pas seulement le globe d'une mappemonde mais le jeu de cartes qui allait avec, j'avais rien fait volontairement, cela s'était construit tout seul. Ce n'était pas très précis, les frontières étaient un peu floues, mais j'ai tout de suite vu son utilité et je me suis attaché à le compléter, à l'utiliser et lui assigner d'autres domaines que la géographie. Depuis c'est devenu un portail, une encyclopédie portative, à chaque lieu de ce planisphère ne correspond pas seulement une image géographique mais aussi de l'histoire, de l'économie, de la culture, de l'art, etc. en fait, toutes sortes d'informations, d'images et de concepts, et sans beaucoup d'efforts de ma part parce que cela continue à se construire tout seul. Cette mappemonde structure un vaste espace de ma mémoire, c'est une énorme masse de sens attachée à un outil mnémotechnique. Je sais que si j'en ai besoin, il me suffit d'y penser, elle vient immédiatement, comme une grosse sphère floue, mais dans ce flou, je sais me diriger pour accéder à des territoires et des lieux plus précis et de là à tout le reste, et au-delà je peux bifurquer ailleurs dans d'autres zones de mes passions. La concentration et l'analytique gèrent des liens complémentaires : arbitraires pour l'un, formels pour l'autre, dont les effets conjugués semblent faciliter ce genre de promenade.
    C'est l'intérêt des grandes architectures géométriques associées à des ensembles de sens, comme leur structure est logique, elle ne réclame aucun effort ni de concentration, ni de visualisation. Pour l'exemple, dans la culture chinoise il y a le Yi-King avec ses soixante-quatre cases, je n'ai jamais pratiqué personnellement mais c'est tellement simple : à partir de deux traits se construisent des trigrammes et des hexagrammes, et tout cela se dégouline sur l'échiquier parfaitement à sa place, chaque case renvoie à un semble de sens précis que chacun peut enrichir à sa guise et qu'ensuite par leurs liens se complète tout seul. Par exemple la case « sze » représente l'armée mais elle ne se contente pas de décrire l'armée et son général, mais aussi leurs rapports et ce qui fait un bon général, donc aussi la tactique militaire, donc l'art de la guerre de Sun Tzu, mais ce qui est vrai pour Sun Tzu l'est aussi pour César, Napoléon, Clausewitz, et toutes les techniques et stratégies modernes.
    Ces structures cognitives sont des architectures à effet « boule de neige », elles agglutinent du sens, une propriété qu'elles partagent avec mes structures comportementales. Dans ces dernières le sens y est tellement agglutiné, tellement confondu dans la masse  de mes expériences successives, que j'éprouve généralement beaucoup de difficulté à y déceler le moindre de mes souvenirs, sauf pour celles que j'ai consciemment réformées ou mises en place.