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Foi
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Chapitre no 12
Leçon : Fonctions mentales
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Foi (Joker)

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    Il y a des configurations mentales où le jugement arbitraire est incapable de juger, la direction volontaire incapable de décider et pourtant si ces configurations sont stressantes il y aurait lieu de trouver une solution. Pour l'exemple prenons le cas de la mort. Face à la mort le jugement arbitraire constate : je ne dispose  d'aucune expérience, je n'ai donc aucune possibilité de juger, je me déclare incompétent. Il fait cependant appel à l'analytique qui peut proposer : « s'il n'y a rien après la mort, je ne souffrirai pas, s'il y a quelque chose, je m'y adapterai ». Ravi, le jugement arbitraire valide cette proposition comme efficace. Il y a dans cette proposition une structure logique et quelque chose de péremptoire qui n'appartient pas à l'analytique : « je m'y adapterai », mais qui relève de la foi. La foi est une sorte de joker que le vivant peut utiliser quand il est incapable de résoudre et même d'aborder un problème, une angoisse, une souffrance, et dont l'action, même si elle est déraisonnable est préférable à l'inaction car elle desserre un blocage et allège un stress.
    La foi a une saveur de confiance péremptoire, au cœur de son émergence, je trouve une aspiration au dépassement de soi, une conviction que ce dépassement est possible et une foi en soi comme acteur de ce dépassement.
    Dès son origine le vivant est placé dans un univers dont il ne sait absolument rien, un univers qui le menace et dans lequel pourtant il doit survivre. Pour survivre, alors qu'il ne dispose que de quelques impressions immédiates et aucune des bases qui leur seraient nécessaires, il doit tout construire, tout inventer, surmonter tous ses échecs, il a besoin d'une confiance absolue en lui-même, de la certitude absolue de sa capacité à survivre, se construire et se dépasser. Cette confiance est déraisonnable et irrationnelle, car c'est un être précaire et faillible, mais c'est de cette confiance qu'il tire sa force. C'est cette puissance qu'il projette qui s'exprime dans la foi. Il a d'autant plus besoin de cette puissance que ses moyens sont faibles, que ses tentatives sont hasardeuses et désespérées. La foi lui assure une certaine sérénité face à l'abîme qui l'entoure, l'espoir de s'en sortir, mais elle ne fonctionne, ne lui vient en aide que dans cette puissance, c'est-à-dire que par nécessité elle doit totalement ignorer le doute. Cette foi il la projette dans ses propres structures, mais aussi dans un imaginaire que lui propose l'analytique. Cet imaginaire c'est le transcendant, il ne peut être soutenu par le jugement arbitraire, il ne peut être soutenu que par la puissance de la foi. Ce transcendant est par sa construction et son rôle, personnel, il doit être au mieux adapté aux besoins de chaque personne, mais il peut être partagé et devenir de ce fait collectif, ou à peu près collectif. Sans ces collectifs, l'histoire n'aurait pas été la même, ces collectifs ont construit des civilisations, mais ils ont aussi connu des dérives, de ces dérives sont nés des désordres et de ces désordres les pires des barbaries, car la foi présente un paradoxe : comme fonction mentale elle sert le vivant, donc sa mission de survie, mais elle lui est si importante que pour elle il peut mourir.